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07/11/2008

L'éternel instant

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Coule la rivière, qui fuit on ne sait où.
Toi qui passes, arrête-toi et écoute le bruit de l’eau en son instant d’éternité.

C’est ici, près du pont, qu’elle sanglote en un murmure tendre et doux.
C’est ici qu’une feuille tourne sur elle-même, lentement, presque immobile, comme si le temps s’était arrêté.

Tout, alentour, n’est que silence.
Seule la musique de l’onde emplit l’espace et ton cœur.
Ecumes à la surface des pierres, vaguelettes qui longent la rive, c’est ici que ça se passe, c’est ici que tout se joue.
Quelque part dans le bois, un oiseau chante, à l’abri des regards.

Un souffle d’air agite une branche, qui doucement vers l’onde se penche.
Bruissement de feuilles, à peine perceptible, mélodie végétale : un dieu vient de passer.
C’est ici qu’elle ralentit, la belle rivière, tandis que le soleil, d’un rayon oblique, la transperce, dévoilant des secrets insoupçonnés.
Là, un peu de mousse, là une algue qui s’étire paresseusement au gré du courant, plus loin quelques pierres d’émeraude sur un lit de sable.
Hôte de ces lieux, lentement, passe un poisson, immortalisant l’instant. Il frôle des cailloux aux reflets dorés, ondoie tout en souplesse, sans se presser, savourant ce moment éphémère.

Mais soudain, le vent s’élève sans crier gare, troublant l’onde calme. Les arbres s’agitent, le poisson disparaît. Un nuage a occulté le soleil, rendant opaque la surface liquide.
Il ne reste rien du bel instant d’éternité, rien que l’eau qui fuit vers son aval et qui court à sa perte. Rien que nous ne sachions déjà, mais que nous n’avions pas voulu remarquer, fascinés que nous étions par la beauté éternelle de l’instant éphémère.

La feuille elle aussi s’en est allée, emportée par le courant. Le rêve s’est brisé et la vie a repris ses droits. Comme cette onde, elle passe, nous accordant quelques instants magiques, avant de nous emporter vers des contrées inconnues, dont on ne revient pas.



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08:14 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : poésie

Commentaires

Ce laisser-partir, ce dessaisissement sont bouleversants...
"....tu seras poussé par les solitudes. As-tu l'idée du vide et de la solitude ? Ce qui fut jadis se meut là...sous les tentes du jour et la voûte des nuits...."
Faust II, acte 1 - Goethe

Écrit par : christiane | 07/11/2008

D'un état sédentaire la feuille est devenue nomade... faut-il voir une correspondance entre le pseudo et ce joli poème?

Écrit par : Andrea Maldeste | 07/11/2008

@ Andrea: une correspondance? Je n'y avais pas pensé mais c'est vrai que comme la feuille le temps nous emporte. Déjà le bel instant immobile semble s'éloigner.

Écrit par : Feuilly | 07/11/2008

La vie n'est pas dans la continuité, elle est une explosion de ces instants d'éternité dont parle le poème. Et vos mots sont le fil qui raccommode les blessures tant ils sont chargés de douceur, de silence et de lumière.

Écrit par : michèle pambrun | 08/11/2008

un dieu vient de passer.
La vie est passage et passages.
J'aime la sérénité du texte, sa luminosité pour un thème qui ne l'est pas trop, serein.

Écrit par : Rosa | 08/11/2008

Oui, Rosa. Et ces instants lumineux, on passe trop souvent à côté sans les voir. La vie pourtant n'est qu'une succession de ces petites choses, comme le dit Michèle Pambrun.

Écrit par : Feuilly | 08/11/2008

oui, mais il y a l'éphémère ! et le rêve s'est brisé

Écrit par : Rosa | 08/11/2008

Les commentaires sont fermés.