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07/08/2008

Soljenitsyne

Dommage d’ouvrir à nouveau ce blog et de devoir commencer par le décès de Soljenitsyne. C’était là assurément ce qu’on appelle un grand écrivain. Ce qui me dérange, cependant, c’est que l’Occident a surtout vu en lui l’opposant au régime communiste et c’est cet homme manifestement qu’il honore aujourd’hui, en insistant bien sur les chants orthodoxes qui sont désormais permis en Russie post-stalinienne.

En réalité, Soljenitsyne était beaucoup plus que cela. D’abord, ce fut un opposant aux régimes dictatoriaux, dont il a dû subir l’injustice. Il se fait que là où il se trouvait ce régime était communiste, mais eût-il été fasciste qu’il se serait indigné de la même façon, ne l’oublions pas.

Car c’est à cela qu’on reconnaît un grand homme, dans le fait qu’il ose s’attaquer seul à des systèmes puissants et surtout dans le fait qu’il reste fidèle toute sa vie à la ligne de conduite qu’il s’est tracée, sans jamais se laisser influencer.

Ensuite, il ne faut pas perdre de vue son génie d’écrivain. Il a fait autre chose que de dénoncer un pouvoir inique (ce qui est déjà beaucoup), il a su en parler en maniant les mots avec dextérité et en agençant son récit de main de maître.

Enfin, c’est quelqu’un qui se penchait avec compassion sur la vie des hommes, dont il a tenté de peindre la destinée dans ses romans. Je pense surtout au « Pavillon des cancéreux », qui constitue un sommet sur la réflexion devant la mort inéluctable qui approche.

Pour terminer, n’oublions pas qu’il se sentait profondément russe et qu’il est retourné vivre dans sa patrie dès qu’il l’a pu. N’en faisons donc pas un chantre du libéralisme, ce qu’il n’était pas. Lui, il luttait pour la dignité humaine, ce qui est un tout autre combat.


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Commentaires

Bonjour Feuilly, contente de te relire. Je partage tout à fait ton point de vue. L'occident est resté (désespérément! ai-je envie de dire) et primairement, à la limite, anti-communiste... Et pourtant, le communisme, en tant que tel, existe-t-il encore ou a-t-il vraiment existé, l'a-t-on jamais atteint quelque part, à une époque? Peut-être en Chine, jusqu'à la mort de Mao.

Maintenant, est-ce que c'était facile à vivre, ce n'est pas à moi de le dire, qui n'ai jamais voyagé dans ces pays...

Mais l'anti-communisme est toujours une réalité, que ce soit la Russie, le Vietnam, la Chine, (on le voit avec les discours à double tranchant sur les JO), la Corée, Cuba, ou tout pays (comme la Serbie) susceptible d'avoir gardé des sympathies (politico-économiques) avec les grands ex (parce qu'après tout, le libéralisme économique est entré dans plusieurs de ces pays, ne rêvons pas!) - pour la Russie, le Vietnam et la Chine, on peut en être sûr!

Cela m'irrite profondément, mais je suis impuissante! Je me souviens de paroles totalement insensées dans les années 80: "il faut profiter avant que les Russes viennent nous prendre nos richesses". Certes, on n'entend plus ce genre de chose, mais on voit toujours des intellectuels qui tiennent le haut du pavé prendre fait et cause pour un oui ou pour un non, plutôt pour un non (je pense à Glücksman, par exemple...)

Écrit par : Pivoine | 07/08/2008

Glücksman m'a profondéent déçu au moment de la guerre d'Irak. Il n'a pas raisonné en philosophe mais s'est servi de sa position d'intellectuel pour donner l'avis de son camp (proche finalement du sionisme: détruire l'Irak pour protéger Israël et non protéger la planète des armes de destruction massive supposées ).

le problème, c'est que tous les régimes communistes ont fini en dictature, ce qui renforce l'idée chez certains qu'on ne sera jamais aussi bien qu'avec le régime libéral, qui opte lui, pour la liberté. Mais quelle liberté? Celle d'entreprendre et de s'enrichir surtout.

Avec la Russie, ce qui est amusant, c'est que chaque fois qu'on nous en parle, on ne se lasse pas de nous montrer combien le culte orthodoxe y est vivace, ce qu'on ne fait pas chez nous avec nos églises catholiques (peu vivaces,il est vrai) et encore moins avec nos mosquées.

Écrit par : Feuilly | 07/08/2008

Salut Feuilly, tout bronzé

Une précision venue de Pologne :
Il faut dire "Les pays dits Communistes", et non " Les pays communistes."
Il n'y a, pour l'heure, jamais eu un seul pays communiste au monde.
Il y a eu l'Ukraine pendant six mois-un an avec Makhno.
Il sont été vaincus par l'armée dite communiste, celle de Trotski.

Écrit par : Redonnet | 08/08/2008

Bonjour Bertrand,

Oui, tout à fait. Citons tout de même l'épisode de la «Commune» de Kronstadt, écrasée dans le sang, évidemment.

http://barataria.be/bara/kron/bulkroplus.html

Écrit par : Feuilly | 08/08/2008

Exact...
Le mot d'orde des marins de Kronstadt : Le pouvoir aux Soviets, pas au parti.
Soviets, tu le sais, au départ conseil ouvrier élu directement, membres révocables à tout instant.

Écrit par : Redonnet | 08/08/2008

"révocables à tout instant". Une sorte de révolution permanente, en somme, qui empêche que les institutions ne se figent (et surtout qu'elles ne se figent au profit de quelques dirigeants).

On devrait proposer cela à Sarkozy.

Écrit par : Feuilly | 08/08/2008

-> Redonnet, peut-être la Chine communiste, juste du temps de Mao ? Il y avait la Commune chinoise. Et tout le reste naturellement.

Écrit par : Pivoine | 18/08/2008

Ce fut vite une dictature: révolution culturelle, les intellectuels obligés d'aller aux champs, etc. Ce n'est plus vraiment la volonté du peuple, cela.

Écrit par : Feuilly | 18/08/2008

Les commentaires sont fermés.