Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/03/2008

De l'équilibre intérieur

Il est des jours où l’agitation du monde vous semble dérisoire. A quoi bon faire le compte de toutes les injustices dont les informations nous abreuvent ? Il n’y aura jamais la paix en Palestine, le Tibet restera chinois et l’Irak continuera de se dissoudre dans une guerre civile fratricide pour le plus grand profit des marchands de pétrole (et nous en savons quelque chose quand nous passons à la pompe avec nos voitures : c’est notre manière à nous de contribuer à l’effort de guerre, même si nous condamnons farouchement cette dernière).

Plus près de nous, il y aura toujours des politiciens véreux, qui pensent plus à leur profit qu’à la gestion des affaires publiques. Et même s’il y en a quelques-uns d’honnêtes, nous savons tous qu’ils sont obligés d’entrer dans un système qui repose sur la duperie et le mensonge.

Nous aurons bon clamer haut et fort contre le libéralisme triomphant qui affame chaque jour un peu plus nos voisins immédiats, cela ne changera rien. Le combat est perdu d’avance, l’économie étant devenue mondiale. Ou votre pays fait de la résistance et il se fait manger, n’étant pas compétitif ou il approuve le nouvel ordre du monde et c’est vous, en tant que citoyen, qui vous faites manger (par exemple en devant payer une facture de gaz trente pour cent plus chère).

Donc, disais-je il est des jours où on a envie d’oublier tout cela et où on préfère plutôt se replier sur sa propre personne, non par souci d’égoïsme, mais simplement parce qu’on n’a qu’une vie et qu’elle est courte.

Que m’importe, finalement la marche du monde ? Seul compte le regard que je porte sur moi-même et l’équilibre que je peux ainsi trouver. C’est pour cela qu’un écrivain comme Montaigne est un ami précieux. Il sait d’abord parler de lui. Si par ailleurs il regarde le monde d’un esprit lucide, il le fait sans se départir de son bon sens habituel, sachant prendre certaines distances qui lui permettent de conserver son équilibre intérieur. C’est là une qualité rare, par les temps qui courent.

La poésie, à ce propos, me semble préférable au roman pour nous plonger dans ce qui est vraiment essentiel. D’un autre côté, je me dis parfois qu’elle est plus proche de l’enfance, justement par le fait qu’elle ne s’embarrasse pas de l’agitation du monde, préférant se concentrer sur la richesse intérieure de l’individu. Lire de la poésie nous empêche-t-il donc d’être lucide en n’étant pas axé sur les réalités extérieures ou au contraire cette activité nous réconcilie-t-elle avec nous même, ce qui est finalement le bien le plus précieux ?

Commentaires

Il est vrai qu'on a parfois envie de baisser les bras en se disant que certaines situations ne peuvent évoluer. Qu'il est difficile et contrariant de constater la politique faire un pas en avant puis deux pas en arrière.

Le dérisoire n'existe pas dans ce domaine : la résistance peut se faire à grandes enjambées mais aussi à pas de fourmis.
C'est une question de patience et de ténacité.
Ne dit-on pas que les petits ruisseaux forment les grandes rivières ?

Écrit par : Cigale | 31/03/2008

Oh, mais je n'ai pas dit qu'il fallait baisser les bras. Je dis simplement qu'il ne faudrait pas que cette énergie développée pour s'opposer à la direction que prend le monde (et qui pour moi n'est pas la bonne), il ne faudrait pas, dis-je, que cette énergie prenne toutes nos forces au point que nous ne puissions plus profiter de ce que la nature nous a donné, à savoir un certain équilibre intérieur.

Écrit par : Feuilly | 31/03/2008

En effet. Si "cette énergie développée pour s'opposer à la direction que prend le monde" prenait toutes nos forces, nous serions des vaincus définitifs. Et peut-être qu'en effet, préserver cet équilibre demeure la seule victoire possible de chacun d'entre nous. Voilà pourquoi ce monde "nouveau" tient tellement à former des "cons-citoyens". Bien à vous

Écrit par : solko | 01/04/2008

C'est vrai Solko, il y aurait beaucoup à dire sur cette société de communication. D'abord, on n'a jamais autant communiqué, mais sans doute pour ne rien dire. Ainsi, quand je vois tous ces jeunes l’oreille collée en permanence à leur portable, je me demande toujours ce qu’ils ont de si important à transmettre. Il en va de même dans tous les domaines d’ailleurs, que ce soit ces émissions littéraires qui tiennent plus du salon mondain que de la réflexion sur les livres ou ces débats où chacun y va de son opinion dans la confusion la plus totale. Le tout est de parler et de se faire voir, peu importe ce que l’on a à dire.

D’un autre côté, on se demanderait bien si ce côté grégaire et convivial n’est pas voulu. Rien de plus dangereux, en fait, qu’un penseur solitaire. A force de n’être que des concitoyens, nos contemporains oublient d’être simplement des citoyens, c’est-à-dire des gens capables de réfléchir et de savoir parfois dire non au système.

Écrit par : Feuilly | 01/04/2008

Simple désir de vous adresser un remerciement fort pour ce texte, qui ce matin me parle au coeur intensément.
Le penseur solitaire, comme ami précieux, cela me parle beaucoup.
Ils nous en manquent tellement....
... quoique, vous-même.... votre pensée propre fait du bien à lire...

Écrit par : alainx | 01/04/2008

'" Honte à cet effronté
Qui peut chanter pendant que Rome brûle....
Elle brûle tout l'temps ! " etc..etc..

Brassens détournant Lamartine et son fameux :

"Qui peut chanter quand Rome brûle,
s'il n'a les yeux et le coeur de Néron !"

A peu près... Et puis Lamartine, poète certes, mais quel connard de politicien ! Alors entre l'état désastreux du monde et la poésie, prudence, prudence..

Bien amicalement, Feuilly

Écrit par : redonnet | 01/04/2008

C'est vrai qu'il est parfois bon de se recentrer sur soi... mais, et ce même à travers la poésie, il ne faut pas oublier les autres... parce que là est là clé ! ;-)

Écrit par : Malena | 01/04/2008

@ Alain X: heureux d'avoir pu vous réconforter, sans trop savoir comment d'ailleurs. Me voilà donc consacré "penseur solitaire". Un peu de rêve en plus et je vais accéder au statut de Jean-Jacques Rousseau. Il me restera à écrire des "Confessions".

@ Redonnet: quand les poètes deviennent politiciens (ou l'inverse), cela se complique. On l'a bien vu avec Dominique de Villepin. Vous me direz qu'il n'était ni poète ni homme d'état... Soit.

@ Malena. Bienvenue sur ce blogue. Mais pour pouvoir s'ouvrir aux autres, il faut d'abord se sentir bien soi-même. Des moments de recueillement sont donc nécessaires. Ceci dit, je ne voulais pas parler ici d'un isolement physique et égoïste, mais plutôt d'une mise à distance (temporaire) par rapport à l'actualité et aux problèmes sociaux en général. A vouloir défendre toutes les causes, à s'insurger contre toutes les injustices, on finirait par oublier l'essentiel, sa propre personne et ceux qui nous sont proches. Ce qui nous amène à autre débat: la littérature doit-elle être engagée ou doit-elle plutôt explorer des réalités intérieures? D'un côté on risque de se perdre dans l'action et le compte-rendu journalistique, de l'autre on risque de tomber dans le roman nombriliste, dans lequel l'auteur se regarde écrire. Il faut un équilibre entre les deux, sans doute: refléter le monde et en donner sa propre vision (ce qui revient à le peindre tel qu'on voudrait qu'il soit).

Écrit par : Feuilly | 01/04/2008

Vous voyez ! ça continue. j'ai cliqué au hasard...mars 08...(un mois que j'aime tout particulièrement parce qu'il porte mes cycles de naissances en spirale...ascendante ou descendante...ça dépend du solstice !) et je tombe sur cette petite merveille de vous alors que je me suis glissée dans une tour d'insomnie pour veiller, méditer, lire (vous par exemple) et écrire (à vous par exemple, mais pas seulement car j'ai réouvert un petit carnet qui me sert à me retrouver !)
Elle est bien jolie cette méditation, pas fâchée avec le monde que vous regardez avec lucidité et tristesse - nous avons un peu le même regard- mais ouverte à un entre-soi qui est source d'apaisement. Chez moi ça décolle (dans les deux sens) des mots, pour entrer, bien souvent, dans un état un peu contemplatif où rien ne bouge, sauf les pensées, et ou parfois, je suis dans cette vacuité propice à l'accueil de l'hôte... d'inconnaissance... autour duquel je gravite comme un astre perdu...

Écrit par : Christiane | 08/07/2008

Oui, il faudrait avoir assez de force intérieure non pas pour ne pas voir le monde, mais pour rester appaisé et être capable de le regarder sans rancune, voire même de le modifier en fonction de nos rêves, de notre regard.

Mais souvent ce monde extérieur nous blesse par ses injustices ou bien son agitation nous fait oublier notre moi profond, là où nous sommes vraiment nous-même. Pourtant, si notre présence sur cette terre a un but, c'est certainement celui-là: rayonner par notre lumière intérieure, exister pleinement et oser être ce que nous sommes.
Nous y parvenons si rarement.

Écrit par : Feuilly | 08/07/2008

Là, nous pensons en même temps ! vous verrez le prochain post...com...réponse...(je ne sais pas comment appeler cela !) alors que nos écritures semblent aller l'amble...

Écrit par : Christiane | 08/07/2008

Les commentaires sont fermés.