01/06/2007
Vocabulaire
N’allez pas confondre une Nigériane avec une Nigérienne, les mots ayant leur importance Mais encore faudrait-il que vous sachiez où se trouvent ces deux pays et lequel se situe au Nord-Est de l’autre… Hé hé !
Comme il ne faut pas confondre un Hindou avec un Indien. Tous les Indiens ne sont pas hindous, mais est-ce qu’il y a des Hindous qui ne sont pas indiens ?
En tout cas il y a plusieurs Indiens, ceux d’Inde et ceux d’Amérique. Dans ce dernier cas on parle alors d’Amérindiens, par commodité. Encore faut-il distinguer ceux du Nord et ceux du Sud. Il est facile de les différencier. Ceux du Sud sont en voie de disparition tandis que ceux du Nord ont déjà disparu.
Une Indienne sera donc une femme vivant en Inde (qu’elle soit hindoue ou non) ou en Amérique (pour autant, bien entendu, qu’elle soit de race indienne. Georges Bush, par exemple et comme chacun sait, n’est pas un Indien même s’il joue souvent au cow boy). Mais une indienne (sans majuscule) est une toile de coton légère et colorée. Tout le monde peut s’habiller d’une simple indienne, les Indiennes hindoue d’Inde, mais aussi les Nigérianes du Nigeria.
Et les hommes dans tout cela ? N’allez pas confondre le substantif bonhomme avec l’adjectif homonyme. Un bonhomme (qui n’est pas forcément un homme bon) est une personne jugée sympathique ou au contraire qui inspire la réserve ou la méfiance. Ainsi, on dira : « Ce bonhomme me fait peur ». Le féminin est bonne femme (en deux mots). Par contre, pour un dessin représentant grossièrement l’être humain, on parlera toujours de bonhomme. L’adjectif bonhomme, quant à lui, signifie « qui exprime la franchise, la simplicité » (avoir un air bonhomme). Le substantif correspondant est évidemment bonhomie (avec un seul M), qui signifie « caractère d’une personne bonhomme » (et non bonne).
Bon, bon. Nous en aurons fini quand nous aurons parlé des bons-chrétiens, mot qui ne désigne pas les supporters de Benoît XVI mais une variété de poire.
On dit d’ailleurs « C’est une bonne poire » pour dire finalement qu’une personne a tellement l’air bonhomme qu’elle se fait toujours avoir. Etant trop bonne, elle en devient bonasse (le substantif correspondant est bonasserie, à ne pas confondre avec bonneterie, lequel soit-dit en passant s’écrit sans accent sur le « e »)
J’en ai fini et ne vais pas vous ennuyer avec la bonace, terme vieilli qui désignait le calme plat en mer (du latin malacia lequel a été contaminé par « bon »).
Il suffit maintenant de mettre tout cela en musique :
Une bonne femme nigériane se rendant au Niger vêtue d’une indienne rencontra un bonhomme bonasse. C’était un Indien hindou qui travaillait dans une bonneterie. « Que votre indienne est jolie », dit l’Indien à la Nigériane, « ne voudriez-vous pas me la céder pour mon épouse? ». « Merci pour le compliment, vous êtes trop bon », répondit la dame, mais ma religion m’interdit de parler aux hommes, qu’ils soient bons ou pas et encore moins de me dévêtir devant eux. ». « Je comprends », répond l’Indien, de mon côté je suis hindou et apprécie votre pudeur. Allons, n’en parlons plus. Comme je suis bonne-poire, je vous offre quelques bons-chrétiens pour la route. » « J’espère qu’ils sont bons », répond la bonne femme d’un air bonasse.
Ps. : je connais une ville qui possède une rue « de la bonne femme ». Ce terme n’est pas à opposer à "bonhomme » et pour en comprendre le sens il faut remonter à l’étymon latin : mala fama. Cette notion de « mauvaise réputation » fut ensuite transformée, par ironie ou par discrétion, en bonne réputation. On retrouve là l’hypocrisie habituelle de la bourgeoisie qui n’ose pas désigner les réalités par leur nom, ici en l’occurrence le monde de la prostitution.
13:52 Publié dans Langue française | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : langue française, vocabulaire
Commentaires
Nom d'un petit bonhomme ! Voilà un texte amusant.
Écrit par : Jacques Layani | 01/06/2007
Un bon travail étymologique, en tout cas...
Écrit par : Franswa P. | 05/06/2007
Jacques Layani était peut-être Algérien, mais était-il Algérois ? Il a peut-être des parents niçois, mais ceux-ci ne peuvent plus être niciens même s'ils maîtrisent le nissart ou niçard. Et durant ses vacances en montagne, il a sans doute croisé des Savoisiens qui ne veulent pas être pris pour des Savoyards, ou bien alors des Finlandais qui ne comprenaient que le finnois à moins qu'en Bretagne ce ne soient des Léonards qui se méfient des Léonais aux habitudes léonines, ou bien de Limousins qui ne sont pas Limougeots, de Berrichons qui ne sont Berruyers, de Lorrains ne remontant pas aux Lotharingiens, d'Allemands ne comprenant pas l'allémanique, de Français n'ayant jamais résidé en Franconie, de Bohémiens ne vivant pas la vie de bohème, de Roumains n'ayant jamais vu Rome mais se faisant traiter de Roumis, voire de Roms, de Gallois aux blagues gauloises à moins qu'elles ne soient galiciennes, galates ou galaciennes.
Écrit par : Dominique | 06/06/2007
Eh, eh, Feuilly, avec qui veux-tu lutter ? Dominique, c'est le James Bond de la langue.
Écrit par : Jacques Layani | 06/06/2007
Excellent, en effet, Dominique.
Je ne connaissais pas la Ligue savoisienne (refus de l'annexion de la Savoie à la France), laquelle a été infiltrée, à un certain moment, par l'extrême-droite de Le Pen.
A l'opposé, citons le"Projet d'adresse de la Convention Nationale aux Savoisiens", présenté à l'Assemble en 1792 par le fameux Anacharsis Cloots:
"La république des conquérants de la liberté vous félicite, frères et amis, du succès de nos armes dans un pays jadis démembré de la France par la discorde féodale et un pays qui va se repatrier sous la sauvegarde des droits de l'homme. Les Allobroges des trois départements du ci-devant Dauphiné partagent la joie de tous les Français, en embrassant les Allobroges des nouveaux départements du Mont-Cenis et du Mont-Blanc.
Vous sortez d'un long esclavage, vous êtes novices dans l'art de vivre libres; la malveillance de votre clergé, de votre noblesse, de votre magistrature, vous indiquera des routes périlleuses. La sagesse de nos conseils sera la seule autorité que nous exercerons sur vous; votre bonheur est l'unique fruit que nous prétendons tirer de l'abaissement de vos tyrans."
Écrit par : Feuilly | 06/06/2007
Je précise quand même que Rom (ou Rrom selon la graphie tzigane) ne vient pas de la ville de Rome, mais d'une langue indienne et veut dire homme en rom. Tous les autres noms, sauf les Léon, sont de même origine. Il existe un bon nombre de doublets pour les noms anciens : flamand, flandrin ou arrageois, artoisien ou artésien, breton et britannique, venète, vénitien, vannetais, voire Wende (tribu située autrefois en Pologne), le serbe et le sorabe ont quelque chose en commun, tout comme le slovène et le slovaque qui sont des langues slaves (il y a eu quelques confusions diplomatiques au sujet de leur drapeau ou de leur hymne et George Bush a confondu les deux pays en atterrissant en Slovénie). Parfois la distinction est de sens historique et linguistique, le persan et le perse sont deux états différents de la même langue qui s'appelle aujourd'hui le plus souvent le farsi (ce qui veut dire perse).
Ah ! et si on veut voir de belles indiennes, cela se trouve dans la ville de mon enfance :
http://www.musee-impression.com/musee/default.html
Écrit par : Dominique | 06/06/2007
La Galice, avec son cap Finistère, comme celui de Bretagne.
http://celtes.pigeat.com/galice.htm
Bretagne qui est la dernière demeure des Gaulois avec le pays de Galles...
Notons que Galles se dit Wales en anglais. A rapprocher de Wallons et Wallonie?
Écrit par : Feuilly | 06/06/2007
Galles, Gaule, Wallonie ont exactement la même origine comme la Galicie, la Galice et la Galatie. La même racine est utilisée dans les régions alémaniques pour désigner les locuteurs romands ou romans : Welsche, Walsche, l'étranger et de manière parfois péjorative les Français (à rapprocher de l'adjectif anglais welsh). En Alsace, le Welsche est le locuteur lorrain roman, et il existe des villages welsches en Alsace (Rodolphe Burger de l'ancien groupe KatOnoma a enregistré des chansons dans ce dialecte très particulier qui n'est pas tout à fait du lorrain ou du vosgien. Le passage de w initial germanique à g français est parfaitement attendu (ward, garde). Le w belge s'est conservé à cause de la proximité avec les populations de langue germanique et si l'on dit Welsche, cela devient un w allemand et non néerlandais.
Écrit par : Dominique | 06/06/2007
Par contre, si V = B (Vasco en espagnol = Basque), je ne comprends pas pourquoi la Gascogne ne se dit pas la Vascogne ou la Bascogne (Pays des basques).
La Wallonie, en effet, s'il n'y avait pas eu l'influence germanique se dirait donc la Gallonie.
Écrit par : Feuilly | 06/06/2007
Le Robert historique nous dit que Vasco est devenu Wasco (influence germanique). Donc on comprend mieux que ce V/W se soit finalement transformé en G.
G, GW, W, tout cela est proche.
Mais une influence germanique près des Pyrénées? Les Wisigoths, sans doute.
Rappelons en passant que l'Andalousie c'est en fait la Vandalousie, le pays des Vandales.
Écrit par : Feuilly | 06/06/2007
Le temps de vérifier... Il y avait des fabriques d'indienne à Bruxelles (ex. guide de Jean Boterdael sur Molenbeek St Jean, éditions CFC).
Pas mal, je ne connaissais pas le terme la bonace < latin "malacia". Pourtant, on doit bien le trouver dans un roman marin quelconque...
Et je reste étourdie après la lecture des commentaires... (Ca remonte loin tout ça...)
Écrit par : Pivoine | 29/06/2007
" Étant trop bonne, elle en devient bonasse (le substantif correspondant est bonasserie, à ne pas confondre avec bonneterie, lequel soit-dit en passant s’écrit sans accent sur le « e ») "
Bonneterie me fait penser à bonneteau (rapport de sonorité et non de sémantique).
Le bonneteau, chacun le sait :), est l'activité des bonneteurs, lesquels intervertissent très rapidement, sur une table ou une caisse, quelques cartes parmi lesquelles se trouve un as, que le parieur doit être capable de retrouver.
Écrit par : Michèle | 25/02/2011
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