19/01/2016
Des riches et des moins riches
On apprend que sur notre planète, 62 personnes posséderaient autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l'humanité. A moins que vous ne soyez une de ces 62 personnes, vous trouverez comme moi, je suppose, que cette situation est absolument scandaleuse. Si le concept de la lutte des classes, si cher à Karl Marx autrefois, semble un tantinet dépassé de nos jours, il faut pourtant prendre conscience que la situation est devenue plus inégalitaire qu’au dix-neuvième siècle.
Certes, vous me direz que le niveau de vie de la population occidentale n’est pas si mauvais que cela et en tout cas n’est en rien comparable à la situation de la classe ouvrière décrite autrefois par Zola. Sans doute, mais il y a deux choses qu’il ne faut pas perdre de vue : d’abord, il faut prendre conscience que l’Occident conserve une position privilégiée. Autour de nous, les pays d’Afrique ou d’Amérique latine, par exemple, sont toujours victimes d’une pauvreté endémique et continuent à vivre dans des conditions matérielles déplorables. Ensuite, il faut savoir que chez nous les choses évoluent à grands pas. Toute notre sécurité sociale et tout notre droit du travail sont quotidiennement remis en question par le néolibéralisme ambiant. Malgré leurs diplômes, les jeunes ne trouvent pas de travail ou doivent accepter des salaires de famine et des contrats précaires. On licencie à tour de bras, le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter et ceux qui travaillent sont exploités au maximum car dans le cadre de l’économie de marché, il faut être compétitif. Autrefois chaque pays protégeait son commerce et son industrie par des barrières douanières. On nous a expliqué que tout cela était dépassé et que les frontières n’existaient plus. Du coup, chaque firme privée est obligée de proposer sur le marché des produits moins chers que ceux fabriqués par ses concurrents. Il faut donc mettre la pression sur les travailleurs, les payer le moins cher possible et en licencier un certain nombre.
Dans cette affaire, seul le patronat y a gagné. Mais les petites entreprises et même celles de taille moyenne ne s’en sortent pas, tant la concurrence est impitoyable. Elles font faillite ou se font racheter par de grands groupes, qui détiennent finalement toute la richesse. Le traité transatlantique que nos dirigeants européens s’apprêtent à signer va consacrer le triomphe des multinationales, qui pourront attaquer les Etats en justice auprès d’une juridiction privée si ces Etats ont le toupet de leur imposer des critères environnementaux ou sociaux (salaire minimum, protection des travailleurs, sécurité au travail, etc.) qui freineraient leur droit à s’enrichir.
Bref, le fossé entre les riches et les pauvres va encore s’accentuer et dans vingt ans c’est toute la classe moyenne européenne qui risque de se retrouver dans la même situation que la plupart des citoyens d’Afrique aujourd’hui. Il ne faut pas être grand clerc pour prédire que les années qui viennent seront particulièrement sombres. Ce que vivent les Grecs aujourd’hui est un avant-goût de ce qui nous attend demain.
http://www.rtbf.be/info/economie/detail_en-2015-62-person...
https://www.rtbf.be/info/economie/detail_les-1-les-plus-r...
Enfants afghans dans un dépotoir de Kaboul
27 août 2008 |Agence France-Presse (photo)
00:05 Publié dans Actualité et société | Lien permanent | Commentaires (16)
Commentaires
Tout cela est fort juste, hélas !
Et les politiques, aux premiers rangs desquels pavoise en France la "socialistaillerie" sont complices de ces insupportables inégalités.
Pense que Valls a dépensé 36 000 euros pour envoyer ses vœux alors qu'il parle de réduire le montant des indemnités de chômage !
Les rois ne faisaient pas pire que ces bandits !
Écrit par : bertrand | 19/01/2016
La "socialisterie" : que voilà un beau néologisme qui dit bien ce qu'il veut dire. :))
Écrit par : Feuilly | 19/01/2016
Nous ne serrons pas d'assez près nos hommes politiques. Nous avons pris la très fâcheuse habitude de les laisser faire.
Écrit par : Michèle | 19/01/2016
@ Michèle : le problème, c'est qu'il n'y a parmi eux aucun homme d'Etat, je veux dire par là des personnes qui se dévouent pour le bien de la collectivité. Ce sont des carriéristes. Comment expliquer qu'il n'y en a pas un pour s'opposer au futur traité transatlantique ?
Écrit par : Feuilly | 19/01/2016
Bien sûr qu'il y en a qui s'opposent. Ils n'ont pas la majorité parlementaire et donc la protestation reste lettre morte.
La socialistaillerie est à droite, à la solde de Bruxelles, c'est-à-dire des puissances de l'argent qui font la pluie et le beau temps. Quant au peuple, il pourra peut-être un jour faire bouger les lignes quand il comprendra que c'est avec les livres et pas avec les caddies qu'on vit une vie d'homme.
Écrit par : Michèle | 19/01/2016
@ Michèle : mais le nombre de lecteurs est en chute libre. :((
Écrit par : Feuilly | 20/01/2016
Sans faire partie de ceux qui parlent de "conspiration", je ne pense pas du tout que les gouvernements veuillent le bien-être des gens mais le bien-être d'une masse faisant partie de leur groupe. De leur puissance. L'individu ne compte pas, sauf aux yeux de qui le connaît et l'aime. Si on tombe malade pendant que des recherches sont entamées sur les effets d'un médicament, nous savons bien qu'on va nous le prescrire et que nous ferons partie des statistiques qui feront avancer la recherche. Mais s'il y a risque de cancer ou de quoi que ce soit on va attendre que des milliers de personnes ayant ces symptômes soient connues pour modifier le médicament ou le supprimer. Il est illusoire de croire qu'une fois arrivés dans les hautes sphères de la politique, une fois que l'on peut aider les siens à coup de népotisme et favoritisme, on se souvient encore de ce qu'on ressentait quand on "voulait changer le monde".
C'est moche, mais je pense que c'est ainsi...
Écrit par : Edmée De Xhavée | 20/01/2016
@ Edmée : absolument. Et si un politicien reste un peu trop idéaliste, il est aussitôt rappelé à l'ordre par son parti (il doit apprendre qu'on ne critique jamais l'Arabie ou Israël par exemple ou qu'on doit accepter le traité transatlantique sans discuter). S'il continue quand même, on s'arrange pour s'en débarrasser (voir l'affaire DSK à NY. lui qui voulait remplacer le dollar dans les transactions internationales).
Je lisais justement sur un site "conspirationniste" que l'affaire des réfugiés à Cologne avait été montée de toute pièce pour discréditer Merkel (qui avec le patronat allemand disait qu'il fallait accueillir à bras ouverts cette main d'oeuvre bon marché). Et pourquoi se débarrasser de Merkel ? Pcq elle s'opposait aux fameux tribunaux privés prévus par le traité transatlantique, lesquels permettraient aux multinationales d'imposer leur loi aux Etats les plus puissants.
Si c'st vrai, c'est incroyable. Impossible à vérifier évidemment. Mais d'un autre côté, comment expliquer les événements de Cologne ? Bref, nous sommes bien démunis.
Écrit par : Feuilly | 20/01/2016
"Démunis" dans tous les sens du terme, nous qui ne faisons pas partie des 62 veinards et qui n'avons que notre voix (mots et vote) pour nous faire entendre.
Écrit par : christw | 23/01/2016
@ christw : hélas, notre voix est bien faible et ne porte pas loin.
Écrit par : Feuilly | 24/01/2016
Bonne semaine Feuilly sans fautes j'espère
Je ne suis pas bilingue bof
Amour, amour et amour na!
Écrit par : george | 26/01/2016
Pourquoi sans fautes ?
Écrit par : Feuilly | 26/01/2016
Sans fautes pour "Feuilly".
Écrit par : Michèle | 28/01/2016
Mais notre voix existe et c'est important, je trouve.
Écrit par : christw | 29/01/2016
D'autres exemples me viennent à l'esprit, l'Europe (via une parlementaire ou ministre danoise) mettait la Belgique en demeure de récupérer les 700 millions d'euros de cadeaux d'impôts auprès de ses multinationales. On n'en parle plus guère, mais l'idée était plutôt d'aller en appel contre l'injonction européenne (pour une fois que l'Europe intervenait en notre faveur) que d'appliquer la clause et pour cause, la peur que les multinationales délocalisent... Ce qu'elles feraient d'ailleurs si tel était leur intérêt.
Face à un tel chantage, n'importe quel parti, fût-il de gauche, aurait du mal à imposer sa voix... Pour les partis traditionnels, cela ne fait aucun doute (même le PS), pour le PTB, pour ne pas le nommer, je ne sais pas...
Récemment, ps et ptb wallon(s) étaient d'accord pour taxer les plus gros revenus, mais on a parlé de mesure "anxiogène". J'étais soufflée ! Anxiogène ! Moi je trouve anxiogène l'idée de ne pas pouvoir payer des frais médicaux et autres pour mon père de 90 ans qui a bossé toute sa vie, fait la guerre, et comment, et n'a pas une pension suffisante pour vivre vraiment décemment. Et il y a pire que lui............. Et ça, c'est vraiment anxiogène, parce que personne chez nous n'a de gros revenu.................
Autre mesure, typique MR, concernant le problème des enfants/conjoints/parents malades, proposition de loi que des employés, dans une société X, offrent des jours de congés de leur pot à eux, aux autres employés qui doivent s'absenter pour garder un enfant malade (en général, ils sont malades de 6 mois à 3 ans, je veux dire, tout le temps malade). Alors qu'on devrait étudier un système 1) de garde d'enfants malades... 2) de jours de congé assimilables à du chômage technique par exemple.
Bref, encore une privatisation qui ne dit pas son nom (Matin Première interviewera les auditeurs demain à ce sujet).
Écrit par : Pivoine | 03/02/2016
@ Pivoine : oui, l'Etat belge permet aux multinationales de ne pas payer d'impôts, ou presque. L'Etat français ne fait pas mieux puisque Hollande a donné des milliards au patronat avec l'idée idiote que celui-ci allait engager et que le chômage allait diminuer. or il savait évidemment bien qu'on n'engagerait personne.
Oui, cette idée des congés qu'on peut donner à des collègues qui en ont besoin pour soigner leur enfant est scandaleuse. On compte sur la générosité des collègues pour résoudre une situation familiale par ailleurs dramatique tandis que ni le patronat ni l'Etat ne font rien. Autrefois les travailleurs étaient solidaires entre eux contre le patronat (syndicats, etc.). Aujourd'hui, on leur demande d'être solidaires en suppléant aux carences du système capitaliste.
Ca me fait penser au film des frères Dardenne, "Deux jours, une nuit" où une employée ne sera pas licenciée si ses collègues acceptent de renoncer à une prime. Le film veut promouvoir la solidarité et lutter contre l'égoïsme, mais il devrait surtout condamner le patronat (ce qu'il ne fait qu'à la fin).
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19544790&cfilm=219102.html
Écrit par : Feuilly | 03/02/2016
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