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05/04/2013

Tempus fugit

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges

Jeter l'ancre un seul jour ?

 

Ces vers bien connus de Lamartine, souvent découverts à l’adolescence, me semblent petit à petit prendre un sens bien concret. Les saisons défilent, les années passent, et nous emportent avec elles. C’est là, certes, un lieu commun. Il n’empêche que la vérité est là. A peine le sapin de Noël a-t-il été rangé que Pâques est déjà derrière nous. On attend l’été, qui passera comme un éclair et déjà les frimas de novembre seront là, avec leurs brouillards glacés.., Une année sera passée sans que nous ayons pu jeter l’ancre et nous arrêter un instant. Notre navire file tout droit vers l’horizon, vers le grand mystère des limites du monde.   


cadran_solaire_09.jpg  

00:05 Publié dans Errance | Lien permanent | Commentaires (8)

Commentaires

"Vulnerant omnes, ultima necat", ça aussi, c'est un lieu commun. Mais les lieux communs, nous avons besoin d'y revenir parce qu'ils sont "l'essentiel". Que de digressions savantes n'avons-nous pourtant faits pour les occulter !
Beau texte. Et qui va au cœur de mes préoccupations.

Écrit par : Bertrand | 05/04/2013

Me fait penser à ce poème de Jean Bourgeois dans "Tout va bien" (Immobiles Voyageurs) :

CE QUI S'EN VA

Chaque petite minute enfuie
Sertie sitôt sa mort
Dans la nuit du passé
Doucement
Sa lumière s'affaiblit
Nos mains tendues, nos yeux
Sont inutiles
Hier
Bientôt
N'est déjà plus

Écrit par : Michèle | 05/04/2013

Avec Virgile, dans le livre I des Géorgiques,
se dire que rien de ce qu'on a fait ne fut inutile :)


qui, semine jacto,
insequitur cominus arva,
ruitque cumulos
arenæ male pinguis ;
deinde inducit satis
fluvium
rivosque sequentes ?
Et, quum ager exustus
æstuat herbis morientibus,
ecce elicit undam
supercilio
tramitis clivosi :
illa cadens
ciet raucum murmur
per saxa levia,
temperatque scatebris
arva arentia.
Quid, qui,
ne culmus procumbat
aristis gravidis,
depascit luxuriem segetum
in herba tenera,
quum primum sata
æquant sulcos ?
quique deducit
arena bibula
humorem collectum
paludis ?
præsertim
si mensibus incertis
amnis abundans exit,
et tenet late omnia
limo obducto,
unde lacunæ cavæ
sudant humore tepido.



Que dirai-je de celui,
qui, la semence étant jetée,
presse (travaille) aussitôt les champs,
et renverse les amas
de terre peu grasse ;
et ensuite introduit-dans ses blés semés
un courant-d’eau
et des ruisseaux qui-suivent ?
Et, lorsque son champ desséché
est-brûlant dans ses herbes mourantes,
voilà qu’il fait-sortir l’eau
du sourcil (sommet)
d’un chemin en-pente (d’une colline) :
celle-ci en tombant
produit un bruyant murmure
à-travers les rochers polis,
et rafraîchit par ses cascades
les champs arides.
Que dirai-je de celui qui,
de peur que la tige ne tombe
sous les épis chargés,
fait-brouter la surabondance des blés
quand ils sont encore en herbe tendre,
aussitôt que les semailles
égalent les sillons (sont à leur niveau) ?
et de celui qui fait-écouler
du sol imbibé
l’eau amassée
d’un étang ?
surtout
si dans les mois incertains
le fleuve regorgeant sort-de son lit,
et occupe au-loin toutes les campagnes
de son limon répandu-sur elles,
d’où (par suite de quoi) les fossés creux
sont humides d'une eau tiède.

Écrit par : Michèle | 07/04/2013

@ Bertrand : en vieillissant, nous comprenons mieux le sens des lieux communs. Ce n'est pas que nous soyons devenus plus sages, mais étant plus âgés, ils nous concernent davantage.

@ Michèle : "Hier, bientôt n'est déjà plus" : comme c'est bien dit... Merci pour Virgile. "Supercilium" a bien le sens de "sommet", en effet : http://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php?q=supercilio

Écrit par : Feuilly | 09/04/2013

Ce n'est pas que nous soyons devenus plus sages,
Mais étant plus âgés, ils nous concernent davantage

Prose ou versification spontanée (!) ?

Écrit par : Bertrand | 10/04/2013

@ Bertrand : et le premier vers est un alexandrin ! Me voilà comme monsieur Jourdan qui lui faisait de la prose sans le savoir.

Écrit par : Feuilly | 10/04/2013

Oui, dommage pour le second car il y avait, de surcroît, une belle coupure à l’hémistiche ! Comme dirait Ferré...
Y'a qu'à remplacer" concernent" par "vont"

Écrit par : Bertrand | 11/04/2013

Ou : "Mais étant plus âgés, ils nous concernent plus."

Écrit par : Feuilly | 11/04/2013

Les commentaires sont fermés.