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20/08/2012

La conquête du Sud

La sauvagerie du sac de Béziers avait eu pour but d’effrayer la population languedocienne, dans l’espoir qu’elle renonçât à toute résistance. Qu’arriva-t-il après cette destruction de Béziers ?  Les croisés n’allaient pas attaquer le Comte de Toulouse, puisque celui-ci avait habilement rejoint leur camp. Ils n’allaient pas non plus attaquer le roi d’Aragon, qui était trop puissant (et sur les terres duquel le catharisme était peu répandu). Alors ils se tournèrent vers Carcassonne, la cité de Raimond Trencavel.

Celle-ci semble imprenable, avec ses kilomètres de remparts et ses nombreuses tours. Pourtant, il aura suffi de s’emparer des points d’eau pour la faire capituler (il faut dire que la ville était surpeuplée, avec tous les habitants de la région qui s’y étaient réfugiés). Trencavel, invité à négocier la reddition, se rendit dans le camp ennemi, un drapeau blanc à la main, mais il fut aussitôt arrêté et il mourut mystérieusement dans sa prison quelques semaines plus tard. Il n’avait que 24 ans. Curieux. Dieu semble décidément savoir où sont ses intérêts. Bref, à la place du jeune Trencavel, on nomma Simon de Montfort, qui eut pour mission de purger la région de toute hérésie et de la soumettre.

Tous les princes croisés étant rentrés chez eux dans le Nord, celui-ci se retrouve tout seul, avec une troupe de cinq cents soldats. C’est bien peu. Alors il règne par la terreur. Les seigneurs occitans qui violent leur serment de soumission sont traînés par des chevaux ou pendus. D’autres encore sont rendus aveugles ou se retrouvent sans nez.

C’est à ce moment que les habitants de Narbonne proposent leur aide contre la ville de Minerve. Simon de Montfort profite de ces dissensions entre Occitans pour assiéger la ville. Grâce à un énorme trébuchet, il parvient à détruire le chemin couvert qui permet le ravitaillement en eau. Minerve se rend et cent quarante hérétiques qui refusent de renier leur foi sont brûlés vifs. Devant cet exemple, d’autres villes capitulent.

De son côté, le roi d’Aragon n’apprécie pas trop les troubles qui se déroulent sur ses terres du Languedoc (les seigneurs occitans sont ses vassaux et lui leur suzerain). Il tente de calmer le jeu, d’une part en reconnaissant les possessions de Simon de Montfort et d’autre part en demandant au comte de Toulouse de démilitariser ses états. Ce dernier refuse. Il est aussitôt excommunié, ce qui a pour conséquence qu’il va lever une armée et que d’allié des croisés il se retrouve leur ennemi. De petits seigneurs occitans le rejoignent et parmi eux Aimery de Montréal, qui s’enferme à Lavaur. Simon de Montfort fait le siège de la citadelle, aidé par l’évêque de Toulouse, qui le rejoint avec 5.000 soldats, La ville est bientôt prise, grâce à une mine qui permet d’ouvrir une brèche dans les remparts. Aimery de Montréal et ses chevaliers sont immédiatement pendus pour trahison, tandis que sa sœur, Dame Guiraude, est livrée à la soldatesque avant d’être précipitée vivante au fond d’un puits :

Estiers dama Girauda qu’an en un potz gitat : de peiras la cubriron , don fo dols e pecatz, que ja nulhs hom del segle, so sapchatz de vertatz no partira de leis entro agues manjat »

(« Quant à dame Giraude,dans un puits on l’a jetée et couverte de pierres ; ce fut bien grand péché car quiconque vers elle se tournait recevait du secours et du pain à manger).

Quant aux habitants, on en brûle entre trois à quatre cents. La terreur règne dans tout le Languedoc.

Abrégeons et retenons qu’après avoir fait le siège de plusieurs villes et avoir semé la désolation, Simon de Montfort se retrouve devant Toulouse. C’est là qu’il mourra, frappé par un jet de pierre provenant des murailles. Il faut croire que même Dieu était lassé de ses méfaits.  

 

Son fils prend la relève, mais il n’a pas l’autorité de son père et tous les barons languedociens en profitent pour se rallier au comte de Toulouse. Tout est à recommencer ! Le pape prêche une nouvelle croisade, au début de l’année 1218. Le roi Philippe Auguste  décide d’envoyer son fils Louis (futur Louis VIII) pour intervenir en Languedoc. Celui-ci tente surtout d’imposer dans le Sud l’autorité du Roi et dans le fond il se moque bien des motifs religieux.

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23:37 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Je suis toujours impressionné par les bontés dont l’Église a parsemé son chemin pour parvenir à l'hégémonie.
"France, fille aînée de l'église" dit-on...
On se trompe lourdement en forme d'euphémisme car on veut dire en fait : "France, bras armé de l’Église."
En Occitanie comme partout ailleurs.

Écrit par : Barnabé | 21/08/2012

Oui, c'est un peu ce que je veux montrer ici (mais pas seulement). J'y reviendrai dans la conclusion.

Écrit par : Feuilly | 21/08/2012

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