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11/08/2012

Le Sud

Ils sont arrivés, nombreux, avec leurs chevaux et tout leur équipage.

Ils sont arrivés et se sont installés.

Combien étaient–ils ? On ne sait pas trop. Certains parlent de vingt mille hommes. Vingt mille hommes, c’est énorme !

En tout cas ils étaient là, avec leurs destriers, leurs armures et leurs machines de guerre.  Ils étaient là, campant sur les rives de l’Orb.  Il y avait des nobles, des chevaliers, mais surtout beaucoup de brigands, tous appâtés à l’idée de s’emparer des belles terres du Sud. Il y avait des prêtres, aussi, venus répandre la  Bonne Nouvelle.

Ils étaient là, campant devant Béziers  et observant.

Puis ils ont exigé qu’on leur livrât les infidèles les plus notoires.

De Béziers, du haut des remparts, on a répondu qu’ il n’y avait ici que de vrais chrétiens et qu’il était vain de savoir si, parmi ceux-ci, il y en avait de bons et de moins bons. On ajouta que tous suivaient l’enseignement du Christ et surtout que tous étaient de Béziers. Jamais un Biterrois n’allait en livrer un autre.  

Alors, Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux, qui commandait la croisade comme légat du pape,  donna l’ordre aux soldats de rentrer dans la ville. Ce qu’ils firent aussitôt, pillant, tuant, violant, brûlant, saccageant tout. On dit que toute la population fut massacrée. Toute la population, c’est terrible !

On dit aussi que les soldats,  un peu embarrassés quand même avant de se ruer sur la ville, avaient demandé à l’abbé comment ils allaient reconnaître les catholiques des hérétiques. Et Amaury  aurait répondu « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. » (1) On ne sait pas si la phrase est authentique ou si elle a été inventée. Cela n’a d’ailleurs aucune importance. Ce qui est sûr, c’est que ce fut un massacre épouvantable qui se perpétra ce jour-là.  

On était le 22 juillet 1209.      

La croisade contre l’hérésie cathare venait de commencer.

 

(1)    Le texte de Césaire d'Heisterbach dit «  Cædite eos. Novit enim Dominus qui sunt eius. »


Littérature

14:49 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature

Commentaires

Merci de ce texte.
Il réveille ma mauvaise conscience. Je ne connais rien de la croisade des Albigeois, du catharisme. C'est pourtant l'histoire de ma région, mais je n'aime pas le régionalisme, l'occitanisme m'emmerle. Et pourtant comment connaître et comprendre, en ignorant l'histoire ? :)
Il me faudrait de bons récits ou romans pour m'entrer cette histoire dans le crâne :)

Écrit par : Michèle | 11/08/2012

On a du mal, aujourd'hui, à imaginer ce rapport de force entre le Nord et le Sud. Comme on a du mal à imaginer l'Europe de l'Ouest sans influence américaine ou notre dernière décennie sans l'influence du FMI et des banques. .)))

Je n'aime pas trop le régionalisme non plus, qui me paraît trop étroit, sauf quand il s'agit du régionalisme des autres, qui du coup me semble exotique. Je sais, ce n'est pas trop logique ...

Écrit par : Feuilly | 11/08/2012

Pour information, il existe un excellent film, en noir est blanc, diffusé en 1966 dans le cadre d'une émission de télévision ''La Caméra explore le temps'' : Les Cathares de Stellio Lorenzi et Alain Decaux (Réalisateurs). Il est sorti dans la commerce, en 2004, sous forme de coffret de 2 DVD ( première partie, la croisade et deuxième partie, l'inquisition).
Vous pouvez le procurer à la Fnac ou sur Amazone. Curieusement, il n'y a pas beaucoup de films qui racontent l'histoire du catharisme et à mon avis c'est le seul film historique fiable.

Écrit par : Halagu | 12/08/2012

Je prends la liberté de réagir avant le maître des lieux pour vous remercier, Halagu. J'ai toujours beaucoup apprécié et ce sera davantage encore maintenant (avec la sagesse des années:), le travail de Decaux et Lorenzi, du temps où la télévision était une grande télévision. Je me procurerai ce double DVD. Qu'il est possible que j'aie vu dans une rediffusion.

Écrit par : Michèle | 12/08/2012

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_cam%C3%A9ra_explore_le_temps

Merci Halagu, je ne connaissais pas cette émission. Il faut dire qu'en 1966 j'étais gamin et en plus on n'avait pas la télévision chez nous (ce qui m'a obligé de découvrir les livres, ce qui n'était sans doute pas plus mal, quand on voit ce que cette télévision est devenue).

Écrit par : Feuilly | 12/08/2012

@ Michèle
Content de vous être utile. Depuis longtemps, je suis vos commentaires délicieux, avec beaucoup d’intérêt et d'admiration. Merci également.

@ Feuilly
Je suis à l'âge de ne plus pouvoir dire ''c'était mieux avant'', sans paraitre un vieux nostalgique. Alors j'évite. Plus sérieusement, il y avait, en effet, de belles créations. C'était du temps où la fameuse ménagère de moins de 50 ans ne faisait pas la loi en terme d’audience et ne servait pas d'argument de marketing. Il n'y avait pas internet non plus! Et ça c'est un regret.

Écrit par : Halagu | 13/08/2012

@ Halagu
Cher Halagu, je ne veux pas faire de la surenchère de civilités, mais je dirai que c'est moi qui vous remercie pour tout ce que j'ai pu lire de vous, ici même dans Marche romane, et chez Jalel El Gharbi.
Une leçon de pensée. D’Éthique (que Pierre Reverdy définit comme "l'esthétique du dedans").
Merci donc à vous :)

Écrit par : Michèle | 14/08/2012

...de tout ce que je peux lire de vous...

Le présent, c'est mieux que le passé composé, même si on compose toujours avec lui, le passé :)

Écrit par : Michèle, bis | 14/08/2012

Les commentaires sont fermés.