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25/03/2011

De l'ingérence humanitaire.

Je reviens sur cette guerre en Libye, qui est loin d’être une mince affaire. Ce sur quoi je voudrais réfléchir, en fait, c’est le droit d’ingérence humanitaire.

 

Quand les premières révoltes ont eu lieu en Tunisie, surprenant le monde entier, je me suis indigné comme tout un chacun lorsque la police de Ben Ali a commencé à tirer sur la foule.

 

La même situation s’est ensuite reproduite en Egypte, provoquant la même réprobation dans l’opinion internationale.

 

L’Empire américain, qui soutenait depuis toujours ces deux régimes, a senti que le vent tournait et qu’il fallait désormais s’appuyer sur d’autres intervenants s’il voulait rester crédible. Lui qui avait pourtant été autrefois à la base des pires dictatures latino-américaines n’a pas hésité un instant. Il a demandé à Ben Ali et à Moubarak de s’en aller. On les remerciait pour les services rendus, mais on leur faisait comprendre que leur temps était révolu et qu’il fallait maintenant quitter la scène. C’est que l’Empire sait où sont ses intérêts et il n’allait pas compromettre ceux-ci pour soutenir ses anciens amis, qui ne sont que des hommes finalement.

 

Les deux dictateurs n’eurent pas le choix. Après s’être fait un peu tirer l’oreille, ils ont compris qu’ils avaient tout à perdre en restant au pouvoir, à commencer par la vie. Comme ils avaient de plantureux comptes d’épargne à l’étranger et qu’ils étaient déjà âgés, ils sont donc partis discrètement à la retraite, ce qui arrangeait bien tout le monde (ceci dit, ce n’est qu’une fois qu’ils eurent quitté le pouvoir que certains pays étrangers ont décidé de bloquer leurs comptes en banque. On ne sait pas comment les intéressés auraient réagi s’ils avaient eu connaissance de cette mesure avant d’abdiquer).

 

Quand la révolte a commencé en Libye, certains se sont frotté les mains. On allait enfin être débarrassé du colonel Kadhafi. Malheureusement, celui-ci, fidèle à lui-même, n’était pas du genre à partir. De plus, la répression qu’il avait commencée à l’encontre du mouvement insurrectionnel se montrait plus sanglante encore qu’en Tunisie et en Egypte. Dès lors, que fallait-il faire ? Rester passif et contempler les massacres ? Position difficile à tenir. Prendre les armes et s’interposer ? C’est ce qu’on a fait. Peut-être a-t-on bien fait. Je ne sais pas. Ce qui est certain, c’est que la situation est beaucoup plus complexe qu’on ne veut bien le dire.

 

Va-t-on se contenter de la Libye ou va-t-on intervenir dans tous les pays arabes où les manifestants sont malmenés ?

 

Pourquoi par exemple parle-t-on beaucoup de la Syrie, où une centaine de manifestants seraient déjà morts (fait inacceptable, on est bien d’accord). Va-t-on aussi intervenir là-bas ?

 

Pourquoi ne parle-t-on jamais dans les journaux parlés de ce qui se passe à Bahreïn ? L’armée saoudienne est pourtant entrée dans ce petit état pour aider le pouvoir en place à faire régner l’ordre. Il y a eu beaucoup de manifestants tués.

 

Pourquoi ne parle-t-on jamais non plus de ce qui se passe en Arabie Saoudite ? Ce pays serait-il épargné par la vague de contestation qui déferle sur le monde arabe ?

 

On constate donc que les soulèvements populaires suscitent surtout des réactions de la part de l’Occident lorsqu’ils ont lieu dans des pays qui lui sont peu favorables.

 

Interviendra-t-on en Arabie ou à Bahreïn ? Cela m’étonnerait. Cela m’étonnerait même beaucoup.

 

L’Empire américain a-t-il perdu de son influence dans les pays qui se sont soulevés ? Non évidemment. En Tunisie c’est toujours l’ancienne équipe qui dirige. Quant à l’Egypte, c’est l’armée qui est au pouvoir. La même armée qui a toujours toléré les bombardements de Gaza (et qui a contribué à isoler cet îlot palestinien du reste du monde en fermant hermétiquement ses frontières) et qui les tolère encore aujourd’hui. Une armée qui se présente comme la garante de la démocratie mais qui s’est contentée de proposer des amendements à la Constitution et qui s’est bien gardée d’en proposer une toute nouvelle. Une armée qui à mon avis tirera également sur le peuple le jour où celui-ci réclamera de vraies réformes.

 

Revenons à la Lybie. Le mandat de l’ONU prévoit qu’il faut empêcher les massacres. On nous dit que la première phase de l’opération militaire est un succès et que Kadhafi ne peut plus employer son aviation ni déplacer ses chars. Victoire donc. On nous dit aussi avec fierté qu’un avion français vient d’abattre un appareil libyen qui venait de se poser. Tiens donc, ce n’est pas contradictoire, cela ? Kadhafi pourrait-il encore se servir d’une partie de son aviation ?

 

Au journal d’Antenne de 20H, on invite l’inévitable BHL. Le même qui dans son « Testament de Dieu » expliquait qu’Israël était le peuple choisi et rien que lui. Le même qui était venu nous raconter qu’il fallait attaquer l’Irak à cause des armes de destruction massive. Le même qu’on retrouve partout dès que les intérêts israéliens sont en jeu quelque part.

 

Qu’est-il venu nous dire aujourd’hui ? Que la première phase (sécuriser l’espace aérien) était un franc succès. Que les rebelles tardaient un peu à reprendre l’offensive, mais qu’il allait suffire de les armer pour parvenir à nos fins. Les armer ? Tiens donc ! Je croyais que le mandat de l’ONU nous demandait simplement de nous interposer entre les belligérants et d’empêcher Kadhafi de nuire ? Le journaliste lui-même semblait étonné de cette affirmation. On va donc armer les opposants ? Bien sûr dit BHL, d’ailleurs l’armée égyptienne le fait déjà, afin « d’aider ses frères ». Comprenez : cette armée est à la solde des USA et elle va nous aider à former les opposants libyens. Ce sont de simples citoyens, mais avec un peu d’entraînement ils devraient arriver à renverser Kadhafi. Tiens, s’étonne le journaliste. On ne sort pas un peu du mandat de l’ONU, là ? Et BHL de répondre que quitter la Lybie sans renverser Kadhafi n’aurait aucun sens. C’est vrai bien entendu et on le savait, mais je suis désolé, ce n’est pas ce que l’ONU avait dit. BHL ajoute en substance que nous ne devons pas avoir mauvaise conscience puisque c’est la ligue arabe elle-même qui a réclamé les frappes (comprenez : les régimes favorables aux USA : l’Arabie etc.).  Et BHL conclut que de toute façon il faut se préparer à une guerre longue. Tiens cela n’avait pas été dit non plus, cela.

 

Notons en passant, puisque la guerre va être longue, qu’elle va nous coûter cher. Un missile Tomahawk coûte 1,5 million de dollars pièce. A charge des contribuables des différents pays de l’alliance. Lesquels devront aussi supporter l’augmentation du prix du baril de pétrole. D’accord, il ne faut pas regarder à l’argent quand il s’agit de faire tomber un tyran et promouvoir la démocratie, mais quand même…

 

A une époque où tous les pays sont endettés et où on sabre dans les budgets des services publics pour essayer vainement d’arriver à un équilibre budgétaire, il est étonnant que personne ne se soit posé la question. Mais si au moins nous étions certains que nos efforts allaient contribuer au bonheur du peuple libyen, nous les consentirions avec plaisir. Cependant, on a vu ce qu’a donné en Irak cette ingérence étrangère avec appui de l’armée. Certes le dictateur est parti, mais que reste-t-il de l’Irak ? Un état divisé, appauvri, humilié. Il ne faudrait pas qu’une fois les Occidentaux partis, la Libye tombe dans la guerre civile. C’est qu’il y aura eu tellement de morts des deux côtés, que cela n’aidera pas à la fraternité entre les différentes tribus qui composent ce pays. Vous l’avez compris, comme en Irak, il faudra une longue présence étrangère pour assurer la stabilité après le départ de Kadhafi. Nous gèrerons la partie Est, là où sont les puits de pétrole et nous affaiblirons au maximum la partie Ouest…

 

Pour conclure, je reviens à ma question initiale sur le droit à l’ingérence humanitaire. Bien comprise, elle semble un devoir (quid cependant des soldats libyens tués qui ne font finalement que leur métier ?). Mais je ne suis pas certain justement qu’on ne se serve pas de nos bons sentiments simplement pour agrandir notre zone d’influence économique et politique en faisant basculer la Libye dans notre camp. En nous faisant payer la note, bien entendu.

 

Il ne restera plus alors qu’à éliminer la Syrie et l’Iran et la pax americana pourra régner sur une moitié du monde, pour le plus grand profit de quelques-uns.

 

Dunes-de-Libye-au-soleil-couchant.jpg

Commentaires

Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas intervenir partout qu'on ne doit pas intervenir nulle part. Si la "coalition" n'était pas intervenue, sûrement de Belles Âmes à qui on le fait pas, se seraient hérissées invoquant les juteux contrats pétroliers de l'Occident. Les bons sentiments ? Allons donc, pas en politique qui est l'art des mains sales !! Il n'y a pas de pureté de l'âme humaine et aucun acte n'est véritablement désintéressé.Il faut arrêter de jouer aux saints. Je n'aime pas Sarko, ni même Cameron. Je trouve cependant que ceci n'a rien à voir avec l'Irak de Bush que je considère comme un criminel de Droit commun. En effet ici il y a eu appel et on n'est pas au Tibet où il serait inimaginable d'intervenir. Il ne faut pas rire, les intérêts sont partout, disons que si on arrive à éliminer Big Khad, disons alors que ce sera un bénéfice collatéral... On ne sait certainement pas où on va, c'est sûr. Evidemment on n'est que dans les conjonctures dont la Politique est l'art d'appréciation. Ce qui est bien aussi, c'est la façon dont Russes, Chinois, Indiens voire Brésiliens se sont proternés devant Khadaffi : sont-ils donc mieux, ceux-là qui refusaient de participer à l'ingérence ? Si l'Occident n'a aucune leçon à donner (des siècles de colonialisme, des guerres infâmes, un génocide, quand même, un des plus techniques...) les autres sont aussi mal placés pour faire de la Morale. Morale et Politique ne font pas bon ménage, il n'y a que des accords temporaires, des alliances conjoncturelles, des rapports fluctuants. Mais, souvent, il faut décider, et décider au coeur de rapports de force, décider ce que nous détestons tous car nos choix portent en eux des conséquences insoupçonnables. Pourtant, nous n'avons pas le choix, il faut choisir. En démocratie représentative, on délègue ce choix. Et je n'aimerais pas à avoir à le prendre personnellement. Il faut un certain courage. Quand même.
L'Âme humaine est un labyrinthe obscur. Rien de propre, rien de sale.
Bien le bonjour

Écrit par : Opus | 25/03/2011

Certes, certes, et franchement je souhaiterais que vous eussiez raison. Mais je suis prudent. L'expérience m'a appris qu'on se sert souvent des émotions des peuples pour faire passer d'étranges mesures.

On nous a déjà menti sur Irak (armes de destrcutions massives) et sur l'Afghanistan (ces camps de terroristes n'étaient sans doute pas si menaçants que cela), alors...

Tout cela s'est fait très vite sous le coup de l'émotion. On s'est engagé dans une guerre et je ne sais pas comment on va en sortir. Même si l'intention de Sarkozy est purement désintéressée et même si son but est exclusivement humanitaire (mais je n'y crois pas), ces frappes qui dépassent maintenant le mandat de l'ONU risquent de nous attirer bien des inimitiés. Et puis surtout, pourquoi ne dénonce-t-on pas les renforts saoudiens à Barheïn? Il y a deux poids deux mesures.

Et BHL qui avoue (ce dont je me doutais) que l'armée égyptienne (pro-occidentale) envoie des armes aux rebelles. On sort de notre rôle initial (s'interposer entre les belligérants pour éviter un massacre) pour prendre clairement parti pour les insurgés. Insurgés (avec à leur tête un ancien ministre de Kadhafi, lequel aurait approuvé autrefois la torture des infirmières bulgares, autrement dit un opportuniste qui a changé de camp ) qui ne peuvent en effet que nous être reconnaissants. Ils seront donc prêts à accepter toutes nos conditions quand la guerre sera finie. On les aide aujourd'hui pour mieux les dominer demain.

Ce qui m'agace surtout c'est le soutien de Sarkozy à ses amis Ben Ali et Moubarak jusqu'à leur chute. Là, il ne s'est pas beaucoup inquiété du sort du peuple. Et puis subitement il adopte l'attitude opposée. Curieux quand même...

Qui nous dit que cette guerre n'est pas une préparation à une invasion de l'Iran?

Écrit par : Feuilly | 25/03/2011

Les dictateurs n'ont pas toujours de la chance : ils ne peuvent jamais compter sur un soutien indéfectible, le temps, l'usure de l'amitié, l'âge font qu'ils sont souvent abandonnés. Il faudrait créer des centres d'assistance pour dictateurs solitaires et âgés où ils puissent être accompagnés psychologiquement.
Qui s'est jamais soucié des intérêts des peuples particuliers ? prenez la guerre de sécession : le Nord s'oppose au Sud (soutenu par l'Angleterre) pour des "raisons humanitaires" ; en fait, le nord industriel a besoin d'une main d'oeuvre bon marché, peu qualifiée et qui puisse être flexible (c'est à dire qui puisse passer des mains d'un maître à un autre). L'anti esclavagisme est une philosophie, aux USA, à cette époque-là, mais il ne peut réellement porter le fer dans le réel que lorsque les conditions sociales, économiques, politiques (c'est à dire les conditions de l'intérêt dit "général") sont présentes. Bref on est généreux quand cela ne nous coûte rien et lorsque cela nous rapporte. Je partage bien entendu vos inquiétudes, lorsqu'on connaît les couleurs des "chefs de guerre français et anglais" et la façon dont ils traitent leurs propres immigrés.
Une chose encore : envahir le Basrhin ? Mon dieu, mais pourquoi donc ? Il y a belle lurette que l'Alsace est redevenue française -)))
Bien à vous.

Écrit par : Opus | 26/03/2011

@ Opus : « Les dictateurs n'ont pas toujours de la chance » ? En effet, vous avez raison. Encore que certains ont connu une retraite agréable, comme J-C Duvallier. Mais là aussi, les Duvallier, qui étaient tenus en haute estime comme rempart contre le communisme, furent plus ou moins abandonnés quand le peuple se montra le plus fort. Cependant Baby Doc se réfugia en France avec toute sa fortune, sans aucun statut officiel cependant, ce qui fit de lui, à mon avis, le plus riche des sans-papiers du pays.
J’aime bien votre exemple sur la guerre de sécession, qui est parlant. On se doutait bien que la lutte contre l’esclavagisme n’était pas liée uniquement à des considérations philanthropiques. Merci de le rappeler.
Ainsi, on pourrait se demander pourquoi personne ne s’émeut des viols en série qui ont lieu dans l’est de la RDC (ex-Zaïre) et qui sont perpétrés comme une véritable arme de guerre et de déstabilisation. Mais qui se soucie du sort de ces femmes ? Il y a bien quelques casques bleus dans la région, mais on ne leur a pas donné beaucoup de moyens. Pourquoi ? Je ne sais pas. Probablement parce que les Tutsis du Rwanda, qui viennent se venger en RDC de leurs anciens tortionnaires Hutus en les massacrant à leur tour, sont utiles à quelques-uns. A qui ? Il suffit de rappeler qu’en 2008 les autorités du Rwanda ont décidé que le français ne serait plus la langue officielle mais que celle-ci serait l’anglais pour comprendre. Ce qui se passe là-bas, dans ce coin d’Afrique, c’est un grignotage des anciennes colonies francophones par les marchands anglo-saxons. A la limite, le fait d’avoir demain des bases militaires en Libye pourrait être bien utile aux E-U pour mener une politique plus agressive sur le continent noir.

Écrit par : Feuilly | 27/03/2011

Je déteste Sarkozy et je n'ai aucune confiance en ses motivations : mais ce n'est pas une raison pour ne pas reconnaître que l'intervention en Lybie reste un mal nécessaire.
Ce qui distingue ces événements de ceux des pays que vous citez dans votre article c'est que l'armée n'est pas une armée nationale mais de mercenaires étrangers : un dictateur qui paie des étrangers pour massacrer son peuple. J'ai lu dans Libé que les militaires lybiens commençaient à se rallier aux insurgés.
Opportunisme ? N'est-ce pas ce qu'on a connu à la Libération ?

Quant à nos intérêts dans ces pays ils avaient déjà guidé le soutien de la France à l'Irak de Sadam Hussein. Total a plus d'intérêts en Afrique noire et est très peu implanté en Lybie.
Ceci dit mon mari est de votre avis donc beaucoup de discussions à la maison.

Écrit par : Rosa | 28/03/2011

@ Rosa : un mal nécessaire ? Sans doute. Et je comprendrais qu’on y aille pour de bonnes raisons. Ce qui m’ennuie, c’est le mensonge qu’il y a derrière. On dit qu’on n’y va surtout pas pour renverser Kadhafi mais pour protéger son peuple (voir résolution de l’ONU) tout en avouant à demi-mot que la seule manière de protéger ce peuple c’est justement de renverser Kadhafi.

Pourquoi pas, d’ailleurs, je ne vais pas défendre un colonel dictateur.

Mais il y a eu tellement de dictateurs qui travaillaient pour nous (quand on ne les avait pas placés nous-mêmes au pouvoir) dont on s’est bien gardé de critiquer la politique de répression, que cela me fait sourire dans le cas de la Libye. On s’en prend justement au seul dictateur qui n’allait pas dans notre sens et là, subitement, on se souvient que la démocratie existe et qu’il la bafoue.

Et puis, agira-t-on de même en Syrie ? Il faut en avoir les moyens…

Cette notion d’ingérence est dangereuse car à ce compte elle devrait permettre qu’on vienne aussi mettre le nez dans nos affaires. Pourquoi l’Iran n’attaquerait-il pas Israël parce qu’il colonise la partie de la Palestine qui avait été réservée aux Palestiniens par convention internationale en 1948 ? Ou même tout simplement pour non respect des frontières qu’Israël lui-même s’était données militairement en 1967 ?

Et puis Kadhafi n’est pas encore renversé qu’on a déjà une conférence sur l’après-Kadhafi, histoire de savoir comment on va se partager la gâteau.

Obama est prudent. Il n’est pas certain de pouvoir déloger le colonel avec un simple appui aérien. Il sait qu’il faudrait engager des troupes au sol. Bref, on a mis le doigt dans un engrenage.

Quant aux mercenaires, cela en dit long, en effet, sur la personnalité de Kadhafi (encore que certains disent que ces mercenaires seraient arrivés là via une société privée israélienne, qui soit ferait de l’argent avec tout, soit s’arrangerait pour que des massacres de civil aient lieu, ce qui justifierait amplement notre intervention). N’oubliez pas qu’à côté de la guerre sur le terrain, il y a également une guerre des communiqués et il est très difficile de s’y retrouver.

Pour l’Irak, vous avez raison. Je ne me fais pas d’illusion sur le non-engagement de Chirac. C’est parce que Total avait tout à perdre dans le renversement de Sadam.

Bon, ne vous disputez pas avec votre mari pour tout cela…(sourire)

Écrit par : Feuilly | 29/03/2011

Le scandale mon cher Feuilly est en effet qu'on ne fasse pas pour la Palestine ce qu'on fait pour la Lybie...Mais ce n'est pas parce qu'il y a ce scandale qu'il faut condamner certaines interventions.
On peut même espérer que ce vent de liberté profitera aux Palestiniens...

Écrit par : Rosa | 29/03/2011

On peut toujours rêver. J'y ai cru lorsqu'Obama est arrivé au pouvoir. Mais là, il est clair qu'il ne veut ou ne peut influencer le gouvernement israélien.

Écrit par : Feuilly | 30/03/2011

Je n'ai jamais eu ce genre d'illusions sur Obama, non à cause de lui mais du peuple américain.

Voilà qui pourrait appuyer votre point de vue sur la Lybie :

http://fr.news.yahoo.com/78/20110329/twl-quand-le-chef-des-rebelles-libyens-o-5231d91_6.html

mais aussi le mien !
L'opposition lybienne ayant été éradiquée, ne faut-il pas aider les rebelles malgré le risque d'enlisement...

Écrit par : Rosa | 30/03/2011

@ Rosa: vous êtes donc encore moins optimiste que moi...

Pour le rôle des chefs de l'opposition dans l'affaire des infirmières, j'en avais parlé dans un autre commentaire. C'est consternant. Le but est donc uniquement de faire tomber Kadhafi. Quant à savoir si le nouveau régime sera plus convenable, on s'en moque, tant qu'il travaille pour l'Occident. Les intérêts du peuple en révolte risquent bien d'être très vite oubliés.

Écrit par : Feuilly | 30/03/2011

Ce "brave" Dieudonné s'en mêle aussi. Voilà que pour lutter contre l'ingérence, à son tour il s'ingère, mais auprès de vieux colonel, lui.

http://fr.news.yahoo.com/69/20110330/twl-dieudonn-est-en-libye-pour-soutenir-b11dcaf.html

Écrit par : Opus | 31/03/2011

Tout devient paradoxal dans cette affaire. Chavez, qui est de gauche, soutient le dictaeur Kadhafi et le parti communiste de la république démocratique du Congo fait de même en condamnant fermement l'invasion impérialiste étangère. A l'opposé, Sarkozy, qui est de droite et qui s'est fait élire en partie pour ses propos tranchés sur l'immigration arabe, part en guerre pour soutenir la démocratie chez ces mêmes peuples arabes.

Un peu plus loin, c'est la Syrie et le Yémen qui s'agitent. Comment tout cela finira-t-il ?

Écrit par : Feuilly | 31/03/2011

Je ne suis plus très sûr des lignes : Chavez dit de "gauche" est aussi le camarade de l'Iranien au nom si difficile à prononcer pour un occidental ; les mines antipersonnelles de Khadaffi viennent du Brésil, dit aussi de "gauche". Nous vivons une époque trouble, un grand moment de rupture où il faut savoir lire noir sur noir. ceci dit, je n'ai pas l'impression que Dieudo soit une personnalité de "gauche" même au sens classique, plutôt un provocateur tout azimut qui surfe sur l'antipolitiquement correct, qui devient par la même une nouvelle coquetterie, et qui pourrait nous faire adhérer à n'importe quoi pourvu que cela s'opposât à une autre forme de n'importe quoi.
Ce qui est sûr, c'est que les modes de pensées, les structures du vingtième siècles sont en train de craquer de partout. Il faudra s'y faire. On passe à autre chose.
Comment cela finira-t-il ? Eternelle inquiétude de ceux qui justement ne sont jamais des prophètes, ni de verbeux Cassandre qui ont toujours su tout une fois l'événement passé. Les maîtres de la connaissance a postériori. Il est difficile de vivre dans l'actuel, et c'est pourtant notre lot à tous.
Bien à vous.

Écrit par : Opus | 01/04/2011

@ Opus : il y a tout de même un fil conducteur à travers ces contradictions : l'opposition à l'Empire capitaliste qui se met en place partout. Dès lors des partis de "gauche" en arrivent à soutenir des dictateurs locaux au nom de la non-ingérence. Ceci dit les Etats-Unis prônaient bien la démocratie tout en établissant des dictatures en Amérique latine...

Et quand je dis les Etats-Unis, c'est l'Occident que je vise, car avant les USA, l'Angleterre et la France faisaient la même chose. Et si on remonte plus loin, on trouvera Christophe Colomb et la mort des premiers Indiens.

Et ne rêvons pas. C'est dans la nature humaine de s'imposer quand on est le plus fort. Autant je soutiens les Palestiniens, autant je sais que si c'étaient eux qui avaient les armes, c'est Israël qui deviendrait la victime.

On pourrait d'ailleurs se demander ce que nous deviendrons le jour où ne serons plus les plus forts. Comment se comporteront les Chinois avec nous?

Écrit par : Feuilly | 02/04/2011

Jean Genet a dit un jour qu'il défendrait la cause palestinienne jusqu'à ce qu'ils obtiennent un état, pas plus loin. On peut de fait se demander ce qu'on fera de nous une fois évincés du podium. L’appétit de domination est partout, un être humain se détermine aussi par sa force, et son droit, bien souvent, correspond à sa puissance. La Chine a eu ses empires, ses peuples exploités (et ce n'est pas fini). Oserais-je parler de la Russie, de la Mongolie, des Suédois, des empires africains, de l'Egypte, des empires inca, aztèques... Partout crimes, sang et fureur.
Les morts triomphent surtout quand ils sont vivants.
Il est vrai, que parmi les singes que nous sommes, certains ont conservé, voire accrus, leur cerveau reptilien. Le Tyranosaurus -Roi règne en maître.

Écrit par : Opus | 04/04/2011

@ Opus: "Partout crimes, sang et fureur". Oui, tout est dit dans cette petite phrase. "Homo homini lupus est", disaient déjà les Romains (qui étaient les plus forts dans l'Antiquité). D'ailleurs, quand on y regarde bien, l'âge d'or des différents peuples correspond toujours à une époque de domination: l'Espagne du XVIe est celle de Cortès, la France du XVIIe correspond aux guerres de Louis XIV, etc.
Je suis fatigué de ce bain de sang permanent.

Écrit par : Feuilly | 04/04/2011

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