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07/02/2011

De l'origine des mots (suite de la suite)

Errer : il existe deux verbes « errer » en ancien français. Un qui vient du latin « iterare » et qui signifie, aller, cheminer, marcher et un autre qui provient de « errare », se tromper, s’égarer (voir « erreur » et « erroné » en français moderne). De la famille du premier, il ne subsiste que des expressions souvent mal comprises comme « chevalier errant » (qui s’en va à l’aventure) ou Juif errant (condamné à marcher sans fin).

 

Cière ou chière : ce mot désignait le visage (latin « cara »). « Faire bonne chère », c’était donc accueillir les gens avec un visage souriant. De là, forcément, le mot a été employé pour désigner un accueil chaleureux, puis le bon repas que cela impliquait souvent.

   

La prime était une subdivision temporelle de la journée. Cette division, qui est restée dans le langage ecclésiastique, remonte en fait aux Romains, qui avaient divisé en 12 heures la durée qui va du lever au coucher du soleil. « Prime » est donc la première heure du jour (6 heures du matin). La haute prime, c’est quand l’aube est déjà bien passée, soit à 8 heures. La « tierce » ou troisième heure correspond donc à 9 heures du matin. La « none » ou neuvième heures correspond à 15 heures (6 + 9 = 15). Quant à la « sieste », ou 6° heures, elle désigne donc midi (6 + 6 =12). Le terme est resté pour désigner le petit somme que l’on fait à midi après le déjeuner.

 

Se partir : toujours utilisé à la forme réfléchie dans Aucassin et Nicolette, ce verbe signifiait « séparer, diviser, partager ». Il nous reste l’expression « avoir maille à partir », la « maille » étant une petite monnaie sans grande valeur. Il s’agissait donc de diviser entre plusieurs personnes une piécette qui ne valait déjà pas grand-chose en elle-même, ce qui ne manquait pas de provoquer des querelles. A la fin du Moyen Age, « se partir » a signifié « s’en aller, se  séparer de quelqu’un » (le sens n’est donc plus un objet que l’on divise, mais une personne dont on se sépare), de là notre « partir » qui signifie s’en aller. On retrouve donc des mots comme « départ » et « en partance » qui véhiculent l’idée de départ et des mots comme « partage », « part », « partie », qui conserve l’idée de partager.

 

Souple (du latin supplex, supplicis, qui plie les genoux en suppliant les dieux) désignait au Moyen Age une personne humble puis finalement une personne triste, abattue. A partir de « humble », le sens à glisser à « qui se plie facilement », car celui qui demande et implore n’est pas en position de force et doit forcément faire des concessions. Aujourd’hui, souple désigne des objets qui plient avec facilité.

Notons que le terme « supplice » vient lui aussi de « supplex », ce qui peut se comprendre car celui qu’on torturait avait tendance à implorer sa grâce à genoux .

 

 

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Commentaires

En terme de pêche, les sardines de prime sont des sardines prises au coucher du soleil.

La "maille" représentait à peu près la moitié du denier qui valait 3 fr. 49, sous Pépin et sous Charlemagne.

Château-Gaillard ! (ou fut enfermée Marguerite de Bourgogne) : voilà un nom qui me rappelle "Obscurité" puisqu'il en est fait mention à cause des clefs impressionnantes que possède dans son (faux) bric-à-brac, le serrurier de Limoges... :)

Écrit par : Michèle | 07/02/2011

Avant "prime", première heure du jour, il y a "laudes" = à l'aurore.
Laudes est le nom qui est donné à l'héroïne du roman de Sylvie Germain, la "Chanson des mal-aimants" ; car elle est (cette héroïne) déposée, petite fille dans son berceau-cageot, au portail d'une maison de religieuses, quand la cloche de l'office des laudes sonne.

Écrit par : Michèle | 07/02/2011

Que j'aime tous ces mots!

Écrit par : Natacha S. | 07/02/2011

@ Michèle : des sardines de prime ? Je ne connaissais pas cette expression.

@ Natacha : oui, les dictionnaires (mais surtout le Robert historique) sont de véritables romans. On y passerait la nuit.

Écrit par : Feuilly | 08/02/2011

Par curiosité j’ai cherché s’il y avait une relation entre le verbe se partir et le mot partition. Wikipedia m’a tout expliqué. Voici sa définition mathématique du mot partition : Une partition d'un ensemble X est un ensemble P de sous-ensembles non vides de X deux à deux disjoints et qui forment un recouvrement de X. Autrement dit P est une partition de X si et seulement si les parties de P sont non vides et tout élément x de X se trouve dans l'une exactement de ces parties.

J’ai beaucoup apprécié le « autrement dit » qui est arrivé à point nommé pour calmer mon embarras. Maintenant je sens que je peux intégrer l’X même avec mon QI dont la valeur absolue est non vide, mais néanmoins inférieure à celle d'Einstein.

Écrit par : Halagu | 09/02/2011

@ Halagu : avouez que mes définitions sont plus faciles à comprendre...

Écrit par : Feuilly | 09/02/2011

C'est une excellente idée. J'aime beaucoup cette recherche enrichissante.J'ai toujours envié mes camardes latinistes qui ont une grande facilité à structurer un texte et une meilleure culture générale.

Écrit par : Halagu | 09/02/2011

@ Halagu :
Il y a bien sûr le latin, mais je trouve que ça se complique de l'ancien et du moyen français.
Regardez l'échange d'hier sur "porcum singularem" et/ou "porcus singularis" :
Ce n'est pas à l'un des six cas du latin que référence est faite mais aux deux cas de l'ancien français, le cas sujet et le cas régime-complément.
Or, si au lycée on a (pour les latinistes bien sûr) utilisé les déclinaisons latines, on n'a jamais étudié comment s'était faite l'évolution de la langue pour passer des six cas du latin aux deux cas sus cités. Cette étude-là relève de la philologie romane, d'études supérieures et donc moins démocratisées.

Écrit par : Michèle | 09/02/2011

Les commentaires sont fermés.