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12/08/2009

La mer

Je marche pieds nus sur le chemin sablonneux. Devant, ce seront bientôt les dunes et leurs herbes folles, indomptées, un peu coupantes aussi (il va falloir faire attention). Et puis ce sera la mer, celle qu'on ne voit jamais, celle dont on ne fait que rêver. Enfin, d'habitude. Derrière, se dressent les montagnes, je le sais, inutile de me retourner. Hier encore je gravissais leurs pentes, avec de solides bottines et un sac à dos. C'est de là-haut, tout là haut, que j'avais vu la mer, véritable toile de fond dans un tableau de la Renaissance. Malgré la chaleur, elle était d'un bleu intense et semblait éternelle. Les Grecs déjà, l'avaient parcourue, puis les Romains et tous ces autres venus du Nord, issus de ces pays sans soleil où la neige et le froid tiennent lieu de paysage.

La mer était donc là, comme dans le poème de Valéry, sorte de « toit tranquille où marchent des colombes », et soudain l'envie m'était venue d'aller la voir de plus près, de sentir son odeur, de la toucher du bout des doigts et de goûter la saveur du sel sur ma peau.

Je suis redescendu des sommets dans la nuit qui tombait déjà et qui n'en finissait plus d'effacer les contours et les distances. Ce n'est qu'en franchissant le pont de la petite rivière que j'ai su que j'étais tout en bas. La chaleur était intense, obsédante, enveloppante aussi, comme dans ces rêves qu'on fait parfois et dont on sort au réveil trempé de sueur. Dans le lointain des forêts, un hibou solitaire hululait.

Aujourd'hui, je marche pieds nus sur le chemin sablonneux.

Au-dessus de moi le ciel est bleu, immense, d'encre profonde et de désir.

La lumière est aveuglante.

Je marche et dans ma tête défilent toutes les attentes et tous les espoirs. Une légère brise, déjà, se fait sentir. Voici les dunes et leurs herbes coupantes. Qu'y aura-t-il derrière ?

 

IMGP0239.JPGPhoto personnelle

 

 

Commentaires

La mer "cache mal qu'elle est métaphore de la femme qui cache mal qu'elle est métaphore de cela qu'on cherche sans lui connaître de nom (et qu'un raccourci permet de nommer désir).
J'aime cette métaphore d'une métaphore qui structure ce beau poème.

Que (la mer) cache mal son caractère métaphorique n'est pas une faiblesse du poème bien au contraire.
L'opacité du réel devient transparence sous votre plume."

Ce sont, à propos d'un autre de tes poèmes, les propos que tint un jour notre ami Jalel et je n'en ai jamais oublié la dernière assertion tant elle me para(î)(ssai)t juste.
De sorte qu'aujourd'hui je la reprends à mon compte pour ce poème, qui continue le grand poème que tu écris.
Dans une si belle évidence.

Écrit par : Michèle | 14/08/2009

Dis donc, cher Feuilly, le ressac t'aurait-il emporté dans ses écumes sauvages et vers des horizons bleutés, des plages solitaires frappées par des vents ensoleillés, une île où "la main de l'homme n'aurait jamais mis le pied...?
C'est que tu nous manques, vois-tu...En toute amitié.

Écrit par : Bertrand | 24/08/2009

Bonne fête, chère Natacha.

Écrit par : Michèle | 26/08/2009

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