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28/06/2009

Cercles concentriques

L'homme, de par son regard, a une vision  circulaire du monde, contrairement à ce que pourraient nous faire croire les rues bien rectilignes de nos villes.

La terre est ronde et ce que je peux observer du paysage quand je me place sur une hauteur, c'est un grand cercle dont j'occupe le centre. Du coup, dans la préhistoire déjà, l'homme s'est cru le centre de tout. Il l'a dit dans ses mythes et la religion l'a conforté dans ses convictions.

Pourtant, cet homme, qui par ailleurs est intelligent, s'est vite rendu compte que ce centre changeait d'endroit en même temps que lui lorsqu'il se déplaçait. Lui-même restait au milieu de tout, mais ce milieu pouvait se trouver n'importe où. C'est pourquoi le fait de se sédentariser le rassura. Non seulement il trouvait là un genre de vie plus commode et moins tributaire du hasard, mais aussi il se redonnait du même coup une place précise et unique dans l'univers : il était et pour toujours au centre de son monde à lui.

Il lui fallut alors, comme un animal, marquer son territoire. Faute de pouvoir dire qui il était, il pouvait au moins dire ce qui était à lui. Les premiers fossés furent creusés (qu'on se souvienne du sillon sacré que Romulus aurait tracé lors de la fondation de Rome, ce qui l'amènera aussitôt à tuer son frère Remus qui avait osé franchir cette limite symbolique) et les premières palissades dressées afin de se protéger des ennemis mais aussi afin de clôturer l'espace et de définir un cercle plus restreint qui ne serait qu'à soi. En effet, si le grand cercle de l'horizon englobe tous les hommes et tous les animaux, la clôture de mon jardin permet de distinguer le tien du mien.

L'homme imagina donc toute une série de cercles concentriques qui, dans l'immensité du monde, allaient délimiter son intimité.

Imaginez la scène. Elle est là, sous vos yeux.

Partout c'est la forêt, immense, infinie, primitive. Elle est le règne des animaux sauvages et symbolise tous les dangers.

Puis, à un endroit, la forêt laisse la place à une clairière. Ce sera d'abord un emplacement où la foudre a frappé. Les arbres calcinés n'ont pas repoussé et l'herbe a envahi le terrain. Plus tard, ce seront les moines qui auront, par petits morceaux, défriché cette forêt primitive, tentant d'imposer la loi des hommes (de Dieu ?) à la nature.

On a donc un premier cercle, constitué par la ligne des arbres à l'orée du bois.

Il y en aura bientôt un deuxième, car l'homme a décidé de vivre dans cette prairie riante, en retrait de la forêt sauvage, dont il dépend encore en grande partie pour se nourrir et se chauffer.

Il labourera la prairie ou une partie d'icelle et cultivera de l'orge et du froment, ce blé des terres pauvres et encore un peu sauvages. La nuit, quand tout est aboli, que plus rien n'existe et que le monde a cessé d'être, les animaux sauvages viendront piétiner les jeunes pousses de leurs sabots fendus ou même fouiner à même le sol de leur groin redoutable.

Au petit jour, l'homme contemplera, consterné, le massacre du blé tendre. Il lui faudra bien dresser une palissade pour protéger les semis futurs. Car aussi tenace qu'un insecte, il recommencera à ensemencer son champ, non sans l'avoir cette fois clôturé au préalable d'une ligne de pieux pointus. Ce sera le deuxième cercle dont je parlais plus haut.

Voilà donc le champ protégé, mais aussi définitivement délimité. La frontière est là, entre la nature et la culture, entre ce qui est public et ce qui est privé.

L'orée de la forêt, la palissade. Un premier cercle, puis un autre. La nature s'arrête au premier, le règne de l'homme commence en deçà du deuxième. Entre les deux, la clairière, la prairie, qui n'appartient à aucun des deux mondes et qui du coup appartient à tous.

Si le blé, maintenant bien protégé, se met à pousser à la chaleur de l'été, en hiver il faut se chauffer. La forêt n'est pas loin, on y fait des incursions, on abat quelques arbres, qu'on découpe et qu'on ramène chez soi, c'est-à-dire derrière la palissade. Car au centre du champ de céréales se dresse le repère de l'homme, son antre, sa tanière, autrement dit, sa maison. C'est là qu'il se réfugiera à la mauvaise saison, c'est là, déjà, qu'il se cache, une fois la nuit venue. Bien protégé des bêtes sauvages, il peut s'assoupir et écouter ses rêves.

Le matin, dans l'air frisquet du petit jour, il coupera le bois ramené la veille et en fera un tas bien ordonné. Une sorte de mur d'un mètre de haut qui va aller en s'allongeant (car l'hiver est rude dans ces contrées et il faut se montrer prévoyant cette fois, plus prévoyant qu'il ne l'avait été quand il avait ensemencé une première fois son champ). Bientôt, c'est un rempart de trente stères de bois qui entourera la maison.

Voilà le troisième cercle.

C'est un cercle plus fragile celui-là : un monceau de bois de chauffage, qui délimite la propriété. C'est toujours du bois, mais il est le fruit du travail de l'homme. Coupé, scié, mis en tas bien ordonné, il devient à son tour palissade, marquant une autre limite, celle entre l'intimité domestique et la sphère agricole, entre l'endroit où on vit et l'endroit qui permet de vivre.

Dans cette « clairière » privée, en son centre, la maison. C'est une cabane en bois, évidemment. Autre cercle (même s'il est carré), qui cette fois offre un abri, un espace fermé et couvert, où s'abriter des intempéries et des froidures de l'hiver.

A l'intérieur de tout cela, il y a l'homme. Il vit là avec sa famille.

Le temps a passé depuis le début de cette histoire, les générations aussi. Ce n'est pas lui qui a trouvé le premier cercle, l'orée autour de la clairière. Ce n'est pas lui non plus qui a défiché puis créé le deuxième cercle, la palissade protectrice. Ce sont ses ancêtres et les ancêtres de ses ancêtres. Et même ceux encore avant tous ceux-là. Bref, entre le néolithique et notre homme, beaucoup de blé a été fauché et beaucoup de bois a été coupé.

Et lui, il est là, l'héritier de tous, le garant de leur mémoire, en quelque sorte. Il ne se souvient pas vraiment, mais c'est inscrit dans ses gènes, c'est le principal.

Il y a plusieurs pièces, dans la maison, mais celle qu'il préfère, c'est ce petit coin qui n'est qu'à lui, un bureau et tout autour, le long des murs, couvrant ces murs, des livres et encore des livres. Une muraille de livres, en réalité.   

Et dans sa tête à lui, on trouve toutes sortes d'idées, qui grouillent dans tous les sens et qu'il met par écrit, parfois, quand il y en a trop, afin de les ordonner. Les ordonner comme il a fait du tas de bois à l'extérieur et tenter par-là de donner un sens à l'incohérence du monde.

Et quand finalement arrive l'hiver, rigoureux, quand la neige vient de la forêt et recouvre tout, il faut chauffer la maison. Alors l'homme prend du bois de chauffage, fragilisant du même coup la palissade extérieure. Plus l'hiver dure et plus la pile de bois diminue. A la fin elle disparaît presque, abolissant les limites entre le troisième et le deuxième cercle. Entre les pourtours de la cabane et ce qui était le champ de blé, mais qui n'est plus qu'un champ de neige, comme la clairière, comme la forêt, comme le monde entier. La neige recouvre tout, abolissant les limites.

C'est alors que du bois sortent les premiers loups, tenaillés par la faim.

 Post scriptum : pour ceux qui voudraient contempler cette cabane et ses cercles concentriques, c'est par ici.

 

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Commentaires

Tu fais le tour de la question de l'appartenance avec de bien jolis mots.
Il est vrai qu'une fois posé l'homme délimite son espace, dans le même coup il délimite sa vie... Je cherche pour ma part au grand dâm de quelques amis(es) de sortir de mon cercle ....
Je ne me sens plus heureuse dans mes limites ...
S'il ne tenait qu'à moi je repartirai dans ma caravane avec ma famille Tzigane..... Mais le temps de ma jeunesse est passé , la façon de vivre du nomade aussi.... Par toutes sortes d'empêchements il doit plus ou moins de sédentariser , il rentre ainsi dans un cercle ......
Quand je suis arrivé dans ce monde ( il y a plus de 37 ans ) la notion d'appartenance n'existait pas .... La caravane était posée souvent dans une clairière, au bord d'une rivière ou comme en Camargue au bord d'un étang ..... Le bois de chauffage était ramassé chaque jour pour les besoins du poêle et du feu de camp.... Jamais plus qu'une réserve qui était consommée au jour le jour .... Tout comme nous allions vendre notre linge de maison ou pratiquer la voyance, pour ramener la nourriture du jour....
C'était la façon de vivre du Tzigane, il ne s'enfermait pas dans son cercle ..... Il ne s'est jamis battu pour récupérer de ta terre, un territoire....
Je vis autrement depuis que j'ai quitté ce monde, mais malgré mon bien être actuel, je n'aime pas ma vie .... Trop encerclée, trop délimitée, trop conventionnelle....
Voilà quelques réflexions livrées ici, suite à ton texte ...
Je n'ai plus de blog, mais je viens te lire.....

Écrit par : Débla | 28/06/2009

"Je ne me sens plus heureuse dans mes limites"

Alors il faut en changer. Mais le peut-on vraiment? Et le peux-tu vraiment? On a tous des obligations morales qui font que...
Mais il faut quand même trouver
un équilibre et un espace qui ne sont qu'à soi, même s'il ne sont qu'intérieurs.

Quant aux Tziganes, je ne sais pas. Il n'ont pas de cercle géographique, c'est sûr. Mais n'ont-ils pas d'autres limites? Leur culture, etc.

Et puis, cette précarité que tu aimais à 20 ans, l'aimerais-tu aujourd'hui? N'est-ce pas ta jeunesse que tu recherches, en fait? L'esprit de ta jeunesse?

Écrit par : Feuilly | 28/06/2009

Dans FADO (Bourgois 2009 pour la traduction française) - textes brefs, récits de voyage en Roumanie, en Slovaquie, en Ukraine et sur les routes de Pologne - , Andrzej Stasiuk écrit ceci (p.82) :

Je pensais aux Tziganes en rentrant chez moi à la tombée de la nuit. Pour parler franchement, je pense assez souvent à eux. Lors de mes voyages je cherche leurs habitations lamentables et provisoires, en Slovaquie, en Roumanie, en Hongrie. Leur présence m'inquiète et, en même temps, suscite mon admiration. Leur vie marginale remet radicalement en question le sérieux de mon "européanité". Voici un peuple analphabète à la peau mate qui parcourt depuis des siècles l'Europe et l'européanité exactement comme s'il traversait des régions faiblement peuplées, pauvres et peu attrayantes. Parfois, ils trouvent quelque chose dont ils font usage, mais dans l'ensemble, ils donnent l'impression d'avoir apporté avec eux tout ce dont ils ont besoin. Tout indique qu'ils n'ont rien appris de nous et qu'aucune de nos gloires ne suscite leur admiration. Seraient-ils depuis plus de six cents aveugles et insensibles à nos réalisations ? Voyageraient-ils et s'installeraient-ils uniquement dans des pays déserts juste bons à être sans cesse abandonnés ? On a pourtant peine à croire que notre monde soit à ce point inintéressant. On a peine à croire qu'ils n'aient pas tenté de l'imiter, qu'ils n'aient pas essayé, fût-ce maladroitement, de le copier. Considérer nos milliers d'années de civilisation tout au plus comme une source de profit ou un terrain de campement !
Et si au moins cela recelait une menace barbare, une haine du sauvage pour le civilisé, une soif de vengeance ou de destruction... Mais non : ce n'est que de l'indifférence, un manque d'intérêt.

Je comprends que Débla, mieux à même aujourd'hui de mesurer toute la richesse de la vie qu'elle a connue avec les Tziganes, éprouve cette envie de faire sauter les cercles. L'empêchement, c'est qu'aujourd'hui les Tziganes eux-mêmes sont contraints de se sédentariser.

Écrit par : Michèle | 28/06/2009

"Mais non : ce n'est que de l'indifférence, un manque d'intérêt"
Il est quand même très critique, ce Stasiuk. Je ne dis pas qu'il a tort, mais il semble poser comme postulat que notre civilisation mérite l'admiration (ce qui est vrai) et que les autres doivent nous imiter (ce qui est moins évident). Ces gens ont leur culture propre, archaïque sans doute (du moins sur un plan matériel) mais qui semble riche sur un plan humain (encore que… il faut voir, la condition de la femme , etc.), alors pourquoi devraient-ils nous imiter ? Cette civilisation matérialiste ne les intéresse peut-être pas, surtout qu’ils ont toujours été rejetés. Comment adopter la culture de qui vous méprise ?

Écrit par : Feuilly | 28/06/2009

Je pense que Stasiuk dit tranquillement que les Tziganes sont des hommes libres et qu'ils ne se sont jamais laissés influencer par quelque supposée gloire que ce soit.
C'est toujours risqué de détacher des fragments d'un livre. Ce que Stasiuk offre dans ce livre ce sont des instantanés d'une civilisation en train de disparaître, celle de l' Europe centrale et orientale qui s'occidentalise à toute vitesse.

Écrit par : Michèle | 28/06/2009

Oui, par un extrait, on risque de comprendre le contraire de ce qu'il veut dire. La presse est d'ailleurs très habile dans ce genre de procédé.

Exemple entendu hier sur Euronews: des manifestants d'extrême-gauche manifestent à Sangate, près de Calais, pour dire qu'il faut laisser entrer tous les étrangers (je ne me prononcerai pas ici sur cette affirmation qui est peut-être excessive), que ce sont des hommes comme nous et qu’il n’y a pas de frontières à l’humanité. Commentaire du journaliste : l’extrême-gauche manifeste pour l’ouverture des frontières et la libre circulation des personnes (il n’a quand même pas osé ajouter « et des biens », ces gens-là ne possédant rien ou si peu), ce qui est quand même dénaturer complètement leurs propos car la phrase telle qu’elle est alors prononcée fait figure de revendication néo-libérale.

Écrit par : Feuilly | 28/06/2009

Merci de ce lien, Feuilly, et de ce joli texte qui, effectivement, comme tu le signalas sur Exil, prolonge et commente admirablement, j'allais dire "ethnologiquement," "Riches heures."
Il y a aussi, dans ta vision poétique, du "Contrat social", en même temps que du Malinowski.
J'aime qu'on appréhende le monde d'abord par sa rondeur, par son état de cercle, exactement comme l'est le cheminement de nos vies, du point zéro au point zéro
http://lexildesmots.hautetfort.com/archive/2008/10/28/le-grand-mouvement-des-choses.html
C'était aussi la vision des Indiens des plaines d'Amérique du Nord.

Quant à Stasiuk, Michèle a eu raison de rectifier. Car Andrzej Stasiuk dit excatement le contraire, là comme ailleurs, de ce que tu as entendu. Je viens de lire Fado, après le corbeau blanc, sur la route de babadag. Stasiuk, certainement l'un de plus grands de la littérature contemporaine, est, au contraire fasciné par l'errance. Et il faut aussi restituer le récit là où il est : en Europe centrale. Racines sédentaires, si tu me passes l'oxymore, du "nomadisme."

Par ailleurs, tu écris, à mon sens, un drôle de truc dans ton commentaire : " Alors il faut en changer. Mais le peut-on vraiment? Et le peux-tu vraiment? On a tous des obligations morales qui font que..."
Aucun homme ou femme libre ne peut se cacher derrière des obligations morales (pures inventions du Ciel pour clouer les hommes au pilori de l'ennui contemplatif et de l'obéissance) pour prétexter son incapacité à vivre pleinement ses désirs de vie.
Quand la famille, enfants, femmes...etc deviennent des obligations morales , l'amour est foulé aux pieds et quand l'amour est foulé au pieds, l'homme ou la femme libre amoureux (se) de l'amour a le devoir de prendre la voie des airs.
S'il ou si elle ne le fait pas, il (elle) cache sa propre impuissance à vivre derrière une boîte d'allumettes : la morale....Et ne trompe que lui-même, elle-même, et ceux qu'il ou qu'elle prétend aimer.
J'ai réagi là-dessus parce que c'est essentiel et constitutif de tout le reste, manière de vivre sa vie, de la chanter, de l'écrire, rapport aux autres etc....
" Ce qui est fait pas amour est toujours fait par-delà le bien et le mal ".
Nietzsche

Écrit par : Bertrand | 29/06/2009

A Bertrand,
Je peux te dire cher Bertrand, qu'on ne peut pas toujours même lorsqu'on le veut .... Tout dépend de l'obligation morale.... La mienne n'a rien à voir avec dieu ou le diable .... Mais avec un enfant handicapé et l'amour qui m'attache à lui ... Changer de vie voudrait dire déstabiliser quelqu'un de terriblement fragile qui s'accroche à ses repères comme à une bouée de sauvetage ..... Je n'en dirai pas plus ici ce n'est pas la place .... Mais voilà ce qui m'empêche de pouvoir ....

Écrit par : Débla | 29/06/2009

lorsque on le veut ....!

Écrit par : Débla | 29/06/2009

Je n'avais pas répondu, n'ayant pas à le faire à l aplace de Débla, mais il me semble en effet qu'il y des cas où la liberté est tout de même bien entravée.

Par contre il est certain que dans un couple, quand les obligations ont remplacé l'amour, alors c'est qu'il n'y a plus d'amour.

Écrit par : Feuilly | 29/06/2009

Ce que je disais - et que je maintiens - ne s'adressait pas à Débla en particulier, pas du tout du tout, mais était de portée générale et répondait à ce que tu disais toi.
De comment tu traduisais, tu commentais, son message.
Ce n'est pas du tout, du tout la même chose.

"On a tous des obligations morales qui font que...."
Je répondais donc à ce "tous" et aux points de suspension.
Cela me semblait évident.

Il ne me plaît pas, il est vrai, d'être associé à quelqu'un qui s'arrogerait le droit de faire des remontrances à qui que ce soit, surtout à Débla, et sur la manière de conduire sa barque.
D'autant que d'après tes précisions, Débla, tu n'es nullement concernée car tu dis agir par amour.
C'est le maître des lieux qui a parlé "d'obligations morales".
Pas toi.
Désolé de cette regrettable confusion si confusion il y a.

Écrit par : Bertrand | 29/06/2009

Oui, j'ai parlé d'obligations morales et en pensant, justement, au cas de Débla.
Elle avait dit "Je ne me sens plus heureuse dans mes limites". Ma réponse était donc (et c'est bien à elle seule que je m'adressais): il faut abolir les limites et partir. Mais j'ajoutais, connaissant sa situation: le peux-tu vraiment?

Écrit par : Feuilly | 29/06/2009

Je vois.
il y a interférence "sphère privée" et "sphère publique".
Je ne pouvais pas être au courant que tu étais au courant et que ton message était un message strictement personnel...
De la mauvaise utilisation des commentaires publics.
Me voilà au fait.
M'excuse de m'être immiscé dans une conversation privée.

Écrit par : Bertrand | 29/06/2009

Je dirai pour ma part que ce qui me semble essentiel dans la façon de conduire sa barque, c'est d'être en accord avec soi-même; avec le respect vis-à-vis de soi, et le respect vis-à-vis de ceux qui méritent respect.

L'amour. Je parle toujours de mon point de vue. De quel autre point de vue parlerais-je ? Pour son propre enfant (naturel ou adopté, même symboliquement) il est sans réserve et définitif. C'est le cas envers son propre enfant lorsqu'il est handicapé. Pour un enfant devenu adulte il obéit aux règles communes, amour et respect étant indissociables. Je me demande comment font les mères (et les pères) d'assassins.
L'amour amoureux fou, plus difficile celui-là. Jamais éternel, sauf exceptions, et il peut y avoir beaucoup d'exceptions. Mais l'amour, ça se construit, ça s'entretient comme tout ce qui est vivant.

Écrit par : Michèle | 29/06/2009

"il y a interférence "sphère privée" et "sphère publique"

Voilà. Tu parlais en général et moi en particulier.

J'aurais dû dresser quelques stères de bois de chauffage pour marquer la limite entre le champ privé et la prairie publique. Ce qui était finalement le thème de ce billet.

Écrit par : Feuilly | 29/06/2009

T'aurais dû mettre des stères, oui....
Ceci dit - et c'est vrai que c'est l'essence (ouf) de ce billet - ça fait une limite presque virtuelle. Belle, comme sculptée avec la matière même de la forêt, mais facilement franchissable. Ce sont là limites qui n'ont pas l'agressivité des clôtures, parpaings ou autres barbelés.
En plus, et tu l'as très bien dit, ce sont des limites renouvelables, dont on se sert pour se chauffer. Des limites qui tombent.
Des limites qui ménagent le paysage et mettent des bémols à la propriété privée, source de tant d'arrogances...

Écrit par : Bertrand | 29/06/2009

N'ayez aucune inquiétude mes amis(es) , ici est un lieu de paix , de courtoisie, de respect.....Donc un endroit qu'il me plait de visiter pour vous y rencontrer ....

Écrit par : Débla | 29/06/2009

Chère Débla, c'est un honneur de te côtoyer.

Écrit par : Michèle | 29/06/2009

Je pense à ce livre de Thoreau "Walden ou la vie dans les bois", publié il y a cent quarante ans :
(Thoreau vécut pendant deux ans dans une cabane au milieu des bois)

"Pour moi, l'un des inconvénients d'une si petite maison résidait dans la difficulté que j'éprouvais à me mettre à une distance suffisante de mon visiteur lorsque nous abordions les réflexions profondes, les grands mots. Il faut de l'espace pour que les pensées aient le temps de hisser la voile et de tirer quelques bords avant de toucher au port. Nos phrases ont besoin d'espace pour déployer et reformer leurs colonnes dans les intervalles de la conversation. Comme les nations les individus doivent posséder leurs frontières, naturelles et largement calculées, et même bénéficier d'importants espaces pour les séparer les uns des autres.... Dans ma maison, la promiscuité était telle que nous ne pouvions même commencer à écouter..."

Qu'en est-il dans la blogosphère, de nos perceptions de l'espace, distance et proximité ? Quels cercles Dantesques ?

Écrit par : Michèle | 29/06/2009

Merci Michèle....
La blogosphère est une large porte ouverte qui permet de " jeter " nos idées dans un espace qui semble illimité ... Il est en tout cas sans frontière.... Mais nous pouvons remarquer que cet espace se restreint très vite à un petit groupe de lecteurs, de commentateurs( rices) .... Malgré " l'infini " de la toile, les femmes , les hommes que nous sommes nous limitons donc ....
Nous formons sans nous en rendre compte des clans ....
Est ce notre condition d'humain, dans l'inconscient, qui nous dicte de former des clans, alors que la blogosphère nous donne tout l'espace necessaire aux échanges ?

Écrit par : Débla | 30/06/2009

@ Michèle :
« Qu'en est-il dans la blogosphère, de nos perceptions de l'espace, distance et proximité ? »
Grave problème.

Je reproduis ici un commentaire laissé hier chez Helenablue, dont je parcours parfois le site mais où je laisse rarement des commentaires (http://helenablue.hautetfort.com/archive/2009/06/28/image-de-soi.html) :

« L’impression, avec Internet, de rencontrer pas mal de personnes intéressantes, qui ont souvent les mêmes centres d‘intérêt que moi, les mêmes préoccupations et que je n’aurais jamais rencontrées sans cela. Certes, tout cela reste virtuel, je ne verrai sans doute jamais ces personnes, mais des liens se tissent et ces liens sont bien réels. La distance qui sépare les êtres n’est plus géographique en tout cas. Ou, pour le dire autrement, il faut recomposer une nouvelle carte du monde, où la proximité n’est plus définie par le nombre restreint de kilomètres, mais par les centres d’intérêts communs, par la complicité commune. Et cela, c’est merveilleux. »

Donc, abolition de l’espace physique au profit d’une proximité de pensée, en quelque sorte. Le problème commence quand on veut rencontrer la personne « en vrai » car là la distance géographique refait surface comme un obstacle souvent infranchissable, obstacle qui est en contradiction avec la complicité qui s’était créée. Pas facile, tout cela.

Sinon, Helenablue donnait à lire un article qui parle justement de tout cela. J’en ai retenu cette phrase :

« N'oublions pas qu'avant l'invention du téléphone, les gens ne parlaient de leur intimité que lorsqu'ils se voyaient. Avec le téléphone, des personnes que je connais me parlent de leur intimité sans que je les vois. Mais, avec le développement de l'Internet, on atteint un degré de plus. Des gens que je ne connaîtrai jamais me parlent de leur intimité. Et cela donne le sentiment que l'espace entre les personnes est bien plus court. »

Écrit par : Feuilly | 30/06/2009

@ Débla :
« cet espace se restreint très vite à un petit groupe de lecteurs, de commentateurs( rices) »
C’est inévitable, je crois. La Toile, comme la terre, est trop vaste, il faut se limiter sinon on s’y perd (dans les deux sens du terme) .
Mais c’est vrai qu’on recrée alors de petites habitudes. On tourne avec quatre ou cinq blogues où on retrouve les habitués, comme au café du commerce. Sans former un clan, il y a en effet une sorte de connivence entre les lecteurs qui ont l’habitude de se croiser dans les mêmes lieux.

Écrit par : Feuilly | 30/06/2009

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