Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/06/2009

Pierre Leroux (3)

En 1843, Leroux crée une imprimerie à Boussac, dans la Creuse. Il n'est pas très éloigné de son amie Georges Sand, qui elle vit principalement à Nohant, dans l'Indre (entre Châteauroux et La Châtre). Leroux fait d'abord  venir sa famille (notamment son frère) et quelques proches. Il veut instaurer un phalanstère sur le modèle conçu par Fourier. Le phalanstère idéal est une sorte d'hôtel coopératif situé au milieu de 400 hectares de terrain agricole et où vivraient plus ou moins deux mille personnes.   Il comporterait des couloirs chauffés et de grands réfectoires. Le but est de faire vivre et de faire travailler les hommes en communauté, un peu sur le modèle qui sera réalisé dans les kibboutz.

Le projet de Leroux est plus modeste et se développe, lui, autour d'une imprimerie (ce qui lui permet par ailleurs de publier ses écrits et de les répandre, notamment via les revues L'Eclaireur et La Revue sociale ). Petit à petit, des disciples séduits par ses idées vont venir se joindre à la communauté initiale, qui comportera en tout plus ou moins 80 personnes. Devenu franc-maçon, Leroux essaie de trouver de nouveaux adeptes. Comme il s'agit d'auto financer son institution, on dit qu'il recrute surtout ceux qui ont de la fortune. On sait par ailleurs que Georges Sand l'aida beaucoup financièrement et qu'à la fin elle fut lassée de le voir toujours tenter de soutirer de l'argent à ses amis aisés. Certains verront Leroux comme un idéaliste qui tente désespérément de réaliser ses idées par tous les moyens. D'autres diront au contraire que c'est un opportuniste qui ne pense qu'à quémander de l'argent pour des projets farfelus. Question de point de vue, évidemment, qui ouvre cependant un vaste débat. Quelle perception avons-nous des grands hommes du passé ? Nous ne les connaissons que par leurs écrits ou par les témoignages de leurs contemporains. L'Histoire officielle, souvent, s'est emparée de leur légende, les glorifiant sans cesse et déformant finalement leur vraie personnalité. Il nous aurait fallu les connaître personnellement pour nous faire une idée, mais là aussi notre point de vue n'aurait pu être que subjectif. Difficile donc, d'atteindre la « vérité » des êtres, surtout s'ils appartiennent au passé.

Commentaires

Je ne résiste pas au plaisir de vous proposer un extrait de « La grève de Samarez » que vous lire ou télécharger sur le net:

…L'autre jour, il m'a pris fantaisie de m'avancer en bateau jusqu'à ce rocher noir que vous voyez là-bas, près des Minquiers, là où le flot brise et jaillit en écume. Qu'ai-je trouvé? Les cadavres de deux hommes qu'une troupe d'affreux homards était en train de dévore.
…Est-ce donc pour apprêter une nourriture abondante et délicate aux homards que la mer s'est irritée?
Mais cette nourriture, c'est de la chair humaine : est-il dans l'ordre que les hommes soient dévorés par les poissons ? Voilà le désordre sur la terre !
Et puis ces hommes n'étaient pas d'abominables scélérats punis de Dieu pour leurs crimes. Aux lambeaux qui restaient de leurs vêtements, il était facile de reconnaître que c'étaient des matelots ou des pêcheurs. Voilà l'injustice dans le monde !
Et puis enfin ces deux pauvres hommes avaient peut- être des enfants; ou bien ce sont leurs vieux parents qui les ont attendus et pleurés. Voilà la cruauté !
Où donc est le Dieu sage, bon, et miséricordieux?
De deux choses l'une : ou voilà le mal, le mal existe; ou bien il n'y a pas de mal, parce qu'il n'y pas de Dieu, parce que l'ordre de la Nature n'est qu'apparent, parce que rien n'est juste ou injuste, parce que ce qui est mauvais pour l'un est bon pour l'autre.
Pierre LEROUX (1863)

Écrit par : Halagu | 12/06/2009

Merci pout cet extrait. On dirait le passage où Camus, dans "La Peste", s'interroge sur la bonté de Dieu devant la mort d'un enfant.

Le titre de ce livre, « La grève de Samarez » vient du fait que la première partie du manuscrit a été rédigée lors de l'exil à Jersey.

Écrit par : Feuilly | 12/06/2009

Je vous remercie aussi pour cet extrait, Halagu.

Écrit par : Michèle | 13/06/2009

Les commentaires sont fermés.