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07/05/2009

"La fontaine pétrifiante" de Christopher Priest




Nous avions parlé, il y a bien longtemps (le 26.10.07), de la lecture et de l’écriture considérées comme un refuge intérieur et j’avais posé cette question : « Cette activité intellectuelle qui nous apparaît à nous comme une échappatoire, une percée décisive contre la bêtise ambiante, ne peut-elle être qualifiée de fuite en avant, de refuge, voire de régression ? »


En effet, alors que les hommes, habituellement, agissent pour s’imposer dans le monde, le lecteur (ou celui qui écrit), en se complaisant dans l’imaginaire, semble rester en retrait et donc demeurer fondamentalement passif. A moins qu’on ne considère qu’il agite des idées subversives, allant à l’encontre de la société de ses semblables et de leurs pensées communes…


J’avais alors avancé la notion « d’île » pour illustrer l’isolement bien réel de cet écrivain/lecteur, que celui-ci soit passif ou subversif, finalement, car dans tous les cas il vit dans un autre monde.


Visiblement, c'est cette idée d’île qui avait amené Ellisa (une commentatrice aussi discrète que fidèle) à me conseiller par la suite le livre de Christopher Priest, « La fontaine pétrifiante » (voir les commentaires de la note en question). Pris par mes autres lectures, il me fallut encore six mois pour aborder ce volume, mais je dois dire que je ne regrette pas de l’avoir enfin ouvert.


Le héros, en plein divorce, se réfugie à la campagne et il cherche dans l’écriture un moyen de retrouver son équilibre. Il s’enferme dans une pièce toute blanche (blanche comme les pages qu’il va remplir) et décide de raconter sa vie pour comprendre qui il est vraiment. Mais, assez vite, il se rend compte qu’il ne peut pas citer les personnages réels qu’il a connus, par discrétion principalement. Il prend donc l’initiative de modifier leurs noms. Mais il se sent encore limité. En effet, ce qu’il dévoile de ces personnages, c’est son point de vue à lui et par forcément ce qu’ils sont vraiment. Du coup, il décide de passer par l’intermédiaire d’une fiction pour mieux raconter ce qu’il a vraiment vécu (belle réflexion sur l’écriture, donc et sur la nécessité de recourir à l’imaginaire pour atteindre la vérité).


Il imagine donc un monde irréel, composé essentiellement d’îles enchantées, où les protagonistes ont envie d’oublier le continent où ils vivent habituellement (et on devine que pour cet auteur anglais, ce continent, c’est l’Angleterre, en fait). L’écrivain narrateur (pas Priest, mais le héros qui divorce et qui écrit pour survivre) se retrouve dans cette histoire et il rencontre une jeune femme à laquelle il donne les qualités qu’il aurait voulu trouver chez son ex-épouse. Mais, petit à petit, on ne sait plus si on est dans la réalité ou dans l’histoire inventée. Les faits se croisent, s’interpénètrent, etc. Lui-même finit tellement par croire à l’histoire de son roman qu’il ne sait plus trop qui, de son épouse réelle ou de l’héroïne imaginée, est la femme dont il est amoureux.


Le lecteur s’y perd aussi car dans l’histoire écrite par le héros, on ne retrouve pas seulement les personnages de sa vie sous un autre nom et vus sous une autre optique, mais le héros lui-même avec son manuscrit (celui qu’il est en train d’écrire dans sa maison isolée à la campagne, donc).


Finalement, il y a Priest qui nous raconte l’histoire de quelqu’un (lequel parle à la première personne) et qui écrit un livre pour survivre (premier niveau), il y a ce même personnage qui nous donne de larges extraits de son roman en chantier (deuxième niveau) et dans cette histoire racontée (avec le cheminement entre les îles) on retrouve le manuscrit en question et cela constitue donc un peu comme un troisième niveau (puisque le manuscrit dont il est question au premier niveau se retrouve dans le deuxième). Vous suivez ? Rassurez-vous, chez Priest, c’est plus limpide qu’ici.


Au premier niveau, le héros-narrateur est donc divorcé tandis que dans son manuscrit, comme je l’ai déjà dit, il est amoureux d’une femme qui a les qualités qu’il aurait voulu que sa vraie femme possède. Le problème devient complexe quand sa vraie femme revient et qu’il ne sait plus qui il préfère, du personnage réel ou du personnage inventé. Car finalement les qualités rêvées chez son héroïne, son ex-épouse les possède aussi mais il semblerait qu’il ne les avait pas suffisamment remarquées.


Ce livre est donc une véritable mise en abyme. Centré sur l’écriture, il parle aussi, comme tous les grands livres, de l’existence et de la mort. Ainsi, dans les îles, le héros du manuscrit a la possibilité de suivre un traitement médical qui le rendra immortel. Ces îles entre lesquelles sa compagne (la fictive, celle du manuscrit) désire voyager éternellement vers des ailleurs enchanteurs (on retrouve le thème de bateau cher à Rimbaud) symbolisent les rêves et donc l’imaginaire. Ecrire est donc bien une fuite vers un monde meilleur, un monde où tout serait possible (l’immortalité, une femme adorable à aimer, des paysages enchanteurs).


Le problème (car il y en a un), c’est que pour devenir immortel, le héros doit perdre la mémoire de son passé et donc de lui-même. Pour ne pas oublier son identité, on lui demande donc de raconter préalablement sa vie afin qu’il puisse se reconstituer une personnalité à partir du récit de son passé. Mais ce récit, notre héros l’a déjà fait, c’est le fameux manuscrit dont nous parlons. Malheureusement, on se souvient que ce n’est pas une autobiographie au sens strict, mais avant tout une fiction. C’est donc à partir de cette fiction qu’il va se reconstruire. A la fin, il finit par croire qu’il est le personnage inventé dans son manuscrit et plus celui qui a divorcé. C’est la réalité qui fait alors figure de fiction (manière de dire que les réalités inventées par l’écriture ont une existence propre et qu’elles sont finalement plus réelles que notre morne existence).


« Mon imagination m’avait installé dans l’existence. J’écrivais sous l’empire d’une nécessité intérieure, et cette nécessité me commandait de créer une vision plus claire de moi-même. Ecrire, c’était devenir ce que j’écrivais », explique le héros au début. Il ne croyait pas si bien dire. L’imaginaire a si bien remplacé la réalité qu’il en arrive à noter : « Je fis comme si elle était Gracia, même si elle l’était en réalité. »


A la fin, on se demande si le héros n’a pas perdu l’esprit puisque dans la vraie vie du premier niveau (à Londres et non dans les îles imaginaires) il finit par rechercher la femme qu’il a créée dans son roman. Il croit la voir, lui parle, tandis que les gens se retournent sur lui, intrigués par son délire. Pourtant il décide de la quitter et de tenter de revenir vers son ex-femme (laquelle le prend pour un fou car elle a remarqué que le fameux manuscrit qu’il transporte toujours avec lui ne contient que des pages blanches). Dramatiquement, le livre s’achève sur une phrase inachevée, phrase inachevée que nous avions déjà rencontrée dans le premier niveau, ce qui fait que tout se rejoint et que le lecteur ne sait plus du tout où il se trouve et qu’il finit par douter de tout.


Si la réalité inventée par mon imaginaire est préférable à la vraie réalité, on peut dire qu’écrire est fabuleux mais aussi que c’est une sorte de fuite en avant pour ne pas accepter cette réalité. Cela s’apparente donc à un refuge sur une île, comme je disais au début et comme veut le signifier Priest lui-même avec ses îles où on vit éternellement. Mais si ce monde que j’ai imaginé finit par devenir réel pour moi, c’est alors la réalité qui est imaginaire (et du coup elle devient digne de mes aspirations). « La vie est un songe » (la vida es sueño) disait Calderone de la Barca. Il ne croyait pas si bien dire.


Fabuleux livre, que nous a conseillé là Ellisa. Qu’elle en soit remerciée !




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Commentaires

J'aime bien la première de couv.
La baie est sacrément bouchée.

Écrit par : michèle pambrun | 07/05/2009

La mer, les îles et l'écriture. Tout est là.

Écrit par : Feuilly | 07/05/2009

Je lis sous la plume d'Ellisa, que le titre original est [The Affirmation] "abusivement traduit", donc.

Écrit par : michèle pambrun | 07/05/2009

Ravie que ce roman vous ait plu... et pas moins ravie de constater que vous vous êtes fait autant "balader" que moi par Christopher Priest...
Une phrase du roman reprend bien ce que vous en avez écrit :
"Il y avait le moi qui écrivait. Il y avait le moi dont je me souvenais. Et il y avait le moi sur lequel j'écrivais, le protagoniste de l'histoire. (...) J'étais devenu ce que j'avais écrit. J'étais défini par mon oeuvre" (défini est en italique dans mon édition).

La métaphore de l'île s'amorce dès l'idée émise de quitter Londres pour le cottage de son ami. On peut lire :
"Le cottage se dressait dans un paysage de cultures, au bout d'un chemin de terre d'environ deux cents mètres qui partait de la route reliant Weobley et Hereford. Il était isolé et à l'abri des regards indiscrets (...)"
Plus loin : "Mon isolement me pesait".
Il s'apparente bientôt à Robinson (version de Tournier -Vendredi ou les limbes du Pacifique- pour mon souvenir personnel ) :
"À mesure que les jours passaient mon humeur s'assombrit. Je devins moins soucieux de mon environnement. Je restais des jours sans changer de vêtements, je cessais de me laver et de me raser et je me nourrissais que des aliments les plus simples et les plus pratiques. Je me réveillais tard (...)".
Le cottage-île se rétrécit d'ailleurs, par les travaux à effectuer pour rénover une pièce, qui devient LA pièce blanche. Ici peut-être moins une mise en abyme d'ailleurs qu'une intériorisation. Puis il y aura l'histoire, le voyage, les îles...

Le titre, oui, pour moi, est abusivement traduit, au sens où il donne une clef de lecture, mais une clé abusive. Je présume que l'édition en collection titrée SF appelait un titre accrocheur...
Pour le jeu de lecture (crayon à la main) j'avais noté ceci :
"Sa nomination inspira plus tard à Deloinne un livre passionné intitulé Renonciation".
Et aussi :
"En créant Séri j'avais échoué mais j'avais découvert autre chose. Gracia s'était affirmée."


Puis-je me permettre d'incliner quelque peu les éventuelles lectures que votre note aura suscitées, en soulignant légèrement le choix des noms des femmes, Gracia par exemple... Ou l'une des fiancées du narrateur qui s'appelait... Alice.

Et à vous Feuilly, de vous (re-) parler ici d'Aristote... Île, Aristote, Gracia... Les mots pour dire.
Mhum ? Qu'en pensez-vous ?

Écrit par : ellisa | 07/05/2009

@ Ellisa,

« J'étais devenu ce que j'avais écrit. J'étais défini par mon oeuvre" Fabuleux en effet. On voudrait pouvoir dire la même chose que le héros de Priest…

Pour ce qui est de l’idée d’insularité, elle apparaît très tôt, comme vous le signalez (le cottage isolé, la pièce blanche, par laquelle le protagoniste se coupe du monde, son isolement, lié au divorce, au décès de son père et aux relations difficiles avec sa sœur, son unique parente, son emploi perdu etc.) Rien d’étonnant, donc, à ce que son imaginaire le pousse à inventer ce monde composé de centaines d’îles (plus ou moins paradisiaques, celles-là), reliées entre elles par ces voyages en bateau qui sont très fréquents dans le livre. Le bateau constitue d’ailleurs un microcosme en lui-même, tandis que l’idée (qu’il implique) de voyage, de découverte d‘un ailleurs merveilleux, renforce le caractère désirable de ce monde que le héros s’est créé.

Robinson ? Encore que le vrai Robinson recrée petit à petit la société qu’il a quittée (en imposant son autorité à vendredi, il recrée les rapports hiérarchiques de classe. De plus, il cherche à améliorer son quotidien, ce qui correspond un peu à notre société matérialiste). Ici le héros s’échappe essentiellement dans le rêve. Oui, il est plus proche du Robinson de Tournier, en effet.

Remarquez que s’il redevient un peu sauvage (il ne change plus de vêtements, etc.), c’est le contraire qui se passe avec son ex-épouse. Alors que celle-ci avait une allure négligée durant son mariage, elle redevient coquette une fois qu’elle vit seule. Il y aurait là matière à creuser...

La pièce blanche : intériorisation, oui. Mais cela renvoie aussi à la page blanche de l’écrivain ainsi qu’à un monde vierge de toute chose. Le héros recommence à zéro à partir de rien (il a d’ailleurs tout perdu : parents, épouse, etc.). C’est donc par la seule force de son imagination qu’il va recréer un monde à sa mesure.

Le titre : « The Affirmation » est éclairant : affirmation de soi, bien entendu. Mais aussi réflexion sur la véracité ou la non véracité de tout ce que l’on affirme (les îles sont-elles un mensonge ? Et les autres hommes, je ne les connais que subjectivement. Ce que j’en dis peut être faux etc.)
Par contre « la fontaine pétrifiante » existe dans le livre. Elle rend les objets immortels en les transformant en pierre, ce qui préfigure tout de même l’immortalité du héros après son traitement médical. Mais je conçois, en effet, qu’il y a là un côté « racoleur » de la part de l’éditeur français.

Les noms des femmes. Gracia. Cela évoque la grâce (alors que sa description physique pendant la période du mariage n’est pas engageante : cheveux gras etc.), grâce qu’elle n’acquiert qu’une fois redevenue célibataire.

Aristote et son idée d’insularité ? La cité grecque vue comme une île (forcément entourée de la mer car la mer est partout en Grèce) de taille raisonnable avec la ville au milieu, à égale distance de ses frontières (pour mieux intervenir militairement et pour mieux assurer l’approvisionnement en nourriture). C’est la perfection du cercle, finalement (qu’on opposera à la pièce blanche qui elle est rectangulaire).
Mais cette île suppose aussi le repli sur soi (les autres, ce sont les barbares). Ici, au contraire, le héros découvre l’amour sur ses îles, alors qu’il était bien seul dans la vie réelle.

Mais je devrais approfondir cela. Relire ce que disait Aristote. J’y reviendrai, promis.

Écrit par : Feuilly | 07/05/2009

Aristote, La Poétique, tout simplement ; infiniment.
Chaque île est un mot en soi non ?

Écrit par : ellisa | 07/05/2009

J'apprécie l'engagement toujours à l'oeuvre dans tes lectures, les éclairages (historiques et littéraires), le regard décalé.
Beau travail de chronique littéraire dans cette Marche romane dont on ne saurait se passer.

Écrit par : michèle pambrun | 07/05/2009

@Ellisa: Chaque île est un mot ou chaque mot est une île? Dès lors une phrase deviendrait un archipel. Voilà une idée qui me plaît bien.

@ Michèle: L'éclairage historique? Sans doute, mais pour ce qui est d'Aristote, ce n'est pas moi qui l'ai invité. Ceci dit, il est le bienvenu.

Écrit par : Feuilly | 07/05/2009

Les deux bien-sûr, le voyage est langage etc.

Pour ce qui est de la fontaine pétrifiante elle-même notons, hem, que le héros se prénomme... Peter n'est-il pas ?... Fontaine vs pétrifiante est une dialectique intéressante. Mais vers quoi ?

Écrit par : ellisa | 07/05/2009

@ Ellisa: oui, c'est tentant comme explication (ce Peter serait donc prédestiné à être pétrifié?). Mais ne perdons pas de vue que nous sommes dans une traduction. Peter pour Pierre, d'accord, mais comment dit-on "pétrifiant" en anglais? Pierre, c'est "stone", ce qui n'a rien à voir.

Mais c'est vrai que pétrifier se dit "petrify" Il faudrait voir si l'étymon du prénom "Peter" est bien le même que le verbe "petrify". Il est probable que les deux viennent du grec "petros", rocher (voir pétrole en français, l'huile de pierre). Vous auriez donc raison.

La fontaine renvoie par définition à l'élément liquide: l'eau qui n'en finit plus de jaillir, qui jaillit "éternellement" (tiens donc) tandis que la pierre est l'élément solide.

L'eau renvoie à la mer et la pierre à l'île. La fontaine qui change tout en pierre, ce serait donc la mer (= voyage en bateau) qui crée les îles (lieu paradisiaque). Il faut se tremper dans la fontaine pour devenir pierre, comme Peter doit traverser la mer pour découvrir les îles, cet Eden biblique d'avant la faute, où il trouve par ailleurs la femme de ses rêves (c'est elle, n'oubliez pas, qui au cours de leur première excursion en amoureux lui dévoile l'existence de cette fontaine magique).

Fabuleux, tous ces symboles quand on commence à y réfléchir.

Merci pour ces pistes de réflexion.

Écrit par : Feuilly | 07/05/2009

Le mot latin est un emprunt au grec ancien "petra" (roche, roc), mot dont l'étymologie est mal établie. Selon Van Windekens ce serait un dérivé avec réduction phonétique, de la racine "skep", de "skeptestai" (regarder, examiner) >scope. "Skeptestai" a donné les dérivés "skopê" (guet), "skopia" (hauteur d'où l'on guette), "skopelos" - de "skopos", surveillant, guetteur, espion - employé pour une hauteur, des rochers, un promontoire rocheux, c'est-à-dire un rocher qui "guette le navigateur" : > écueil.
"Petra" remonterait à un ancien °skp-etra formé avec le suffixe -etra qui s'observe dans "pharetra" (carquois) et qui désigne des instruments. "Petra" réaliserait ce sens instrumental : le rocher "sert à guetter" les navigateurs.
"Petra" est un mot populaire peut-être d'abord en usage chez les marins.

Écrit par : michèle pambrun | 07/05/2009

Oui, l'étymon est bien entendu πέτρα et non πέτρoz.
Il y a d'ailleurs eu une discussion sur le texte biblique à ce sujet, à propos de la la phrase "Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église." Le premier mot (prénom) est πέτρoz et a été formé à partir de πέτρα. En français, on parle toujurs de "pierre", mais le sens serait: "tu es un petit cailloux et sur le roc (= Dieu) je bâtirai mon Eglise. Le chef de l'Eglise ne serait pas le pape mais Dieu selon cette théorie.

Enfin, cela nous éloigne un peu de la fontaine pétrifiante. Encore qu'il s'agisse aussi d'immortalité...

Écrit par : Feuilly | 07/05/2009

C'est fabuleux comme on a accès à un livre en simplement prêtant attention aux échanges qu'il provoque. Car un livre ne se limite pas à lui-même, il est également constitué, dès sa diffusion, par l'ensemble mouvant des séries d'échanges que sa circulation suscite.
C'est ce que nous rappelle Pierre Bayard lorsqu'il explique comment, dans "Le Nom de la rose", Baskerville est parvenu, sans le lire, à connaître le contenu du livre d'Aristote, le second volume de la "Poétique".
Baskerville connaissait bien sûr, la "Poétique" et pouvait ainsi reconstituer la logique interne d'une "suite".
Et les livres dont nous parlons, qu'ont-ils à voir avec les livres "réels" ?
La mémoire que nous en avons -y compris avec le texte sous les yeux- en est sans cesse réorganisée par notre situation présente et ses enjeux inconscients.

Écrit par : michèle pambrun | 08/05/2009

Ce qui m'intéressait, c'est, dans l'histoire de la constitution du mot et de son usage, l'association (opposition plus qu'alliance) de l'eau et de la pierre. "Petra" ayant été en usage D'ABORD chez les MARINS. Et puis le rocher étant L'ECUEIL pour les navigateurs.
Ce sont des évidences, mais qui ont de drôles d'échos quant au roman évoqué.

Écrit par : michèle pambrun | 08/05/2009

Tout texte a autant de sens que de lecteurs, finalement. Chacun vient avec son passé personnel et surtout ses lectures antérieures. Tout cela oriente inévitablement la lecture en cours.

Écrit par : Feuilly | 08/05/2009

C'est quand même débile d'avoir édité ce roman dans la catégorie SF.
Pas débile pour le commerce je sais bien. Mais quand même l'auteur a son mot à dire, non?
Qu'en est-il de la version originale, Ellisa ? Est-elle aussi classée dans cette catégorie ?

Écrit par : michèle pambrun | 08/05/2009

Singulière situation où le héros du roman devient lui-même écrivain et l’écrivain devient lecteur de son propre texte. Ou alors, l’écrivain apparait en souffleur, et l’acteur en lecteur de palimpseste… et inversement. J’arrête, le vertige des cimes me guette!

Écrit par : Halagu | 08/05/2009

Le vertige, c'est exactement cela... Puisque dans l'histoire qu'il écrit, le héros se promène avec le manuscrit qu'il est justement en train d'écrire.

Écrit par : Feuilly | 08/05/2009

michèle, je ne sais que répondre à votre question. J'ai regardé encore le site de Christopher Priest, concernant l'édition originale et sa réception, c'est un roman. Je suppose qu'il y a eu des rééditions, mais je ne sais pas sous quelle distinction.
Il semble que ce roman vous intéresse, je suis contente, armez-vous d'un crayon, ça aide un peu...

Écrit par : ellisa | 12/05/2009

Un crayon (et un carnet), je suivrai vos conseils, Ellisa. Merci.

Écrit par : michèle pambrun | 12/05/2009

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