Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/12/2008

Réflexion sur la littérature (2)

« Ayant assimilé le système de communisme primordial que pratiquent les Amérindiens, ainsi que leur profond dégoût pour l’autorité, et leur tendance à une anarchie naturelle, je pouvais imaginer que l’art, en tant qu’expression individuelle, ne pouvait avoir cours dans la forêt. D’ailleurs, rien chez ces gens qui pût ressembler à ce que l’on appelle l’art dans notre société de consommation. Au lieu de tableaux, les hommes et les femmes peignent leur corps, et répugnent de façon générale à construire rien de durable. Puis j’ai eu accès aux mythes. Lorsqu’on parle de mythes, dans notre monde de livres écrits, l’on semble parler de quelque chose de très lointain, soit dans le temps, soit dans l’espace. Je croyais moi aussi à cette distance. Et voilà que les mythes venaient à moi, régulièrement, presque chaque nuit. Près d’un feu de bois construit sur le foyer à trois pierres dans les maisons, dans le ballet des moustiques et des papillons de nuit, la voix des conteurs et des conteuses mettait en mouvement ces histoires, ces légendes, ces récits, comme s’ils parlaient de la réalité quotidienne. »

M.G. Le Clézio : Dans la forêt des paradoxes. Extrait du discours…

Le roman est mort, la littérature est morte, entend-on tous les jours. Gros mensonge, évidemment, la littérature existera toujours. Et là, dans cette forêt profonde et primitive, dès que deux hommes s’assoient au coin du feu, elle apparaît aussitôt, la littérature, sous la forme d’histoires qu’on se raconte ou qu’on invente, sous la forme de mythes fantastiques qui parlent de la création du monde. L’homme est fait pour conter, semble-t-il. Notre propre passion des livres ne remonte-t-elle pas à ces histoires merveilleuses qu’on nous lisait quand nous étions enfants ? Aux origines de notre vie comme aux origines de l’humanité, nous retrouvons les contes, issus de la grande tradition orale. La littérature existait donc avant l’écriture elle-même. Elle est tentative d’explication du monde ambiant, monde qu’elle rend par ailleurs compréhensible par l’interprétation qu’elle en donne.

indien-yanomami.jpg

Commentaires

"La littérature est morte" encore de l'ethnocentrisme car dans ce genre de remarque de quelle littérature parle-t-on ?
De la nôtre ?
La littérature a existé avant l'écriture mais aussi ailleurs...
Pas seulement en Occident
Pas seulement en France.
"Les mythes venaient à moi"
C'est encore possible, laissons-nous surprendre.

Écrit par : Rosa | 21/12/2008

"La littérature est morte"? J'avais précisé "entend-on tous les jours", ce qui veut dire que ce n'est certainement pas mon opinion. Par contre, pour ce qui est de certains écrits expérimentaux, ils ont fait leur temps il me semble.

Et pourquoi auriez-vous voulu que la littérature n'ait existé qu'en Occident? Jamais de la vie. Elle existe partout où il y a des hommes, la langue même n'y fait rien. Elle est universelle.

Écrit par : Feuilly | 21/12/2008

Méfions-nous en effet des annonceurs d'obsèques sans cadavre.
En principe l'annonceur est, lui, mort depuis longtemps, ce qui le fait préjuger de certaines fins auxquelles il n'a plu accès.

Écrit par : B.redonnet | 22/12/2008

Elle préexiste d'autant plus à l'écriture qu'on peut être une enfant, assise à l'arrière, dans une voiture, qui ne sait encore ni lire ni écrire et qui se raconte déjà des histoires, qui vit déjà dans un monde imaginaire peuplé d'humains et d'êtres vivants.

Écrit par : Pivoine | 22/12/2008

C'est vrai, Pivoine. C'est beau, cette enfant qui rêve à l'arrière de la voiture et qui se raconte des histoires pour passer le temps.

Écrit par : Feuilly | 22/12/2008

« je pouvais imaginer que l’art, en tant qu’expression individuelle, ne pouvait avoir cours dans la forêt » oui c’est très étrange cette réflexion… parce que moi au contraire je me serais fait la réflexion inverse… l’art est peut-être plus difficile à trouver dans nos sociétés marchandes et consuméristes que dans les société primitives… où l’art doit-être justement plus originelle… surtout quand on connait l’étymologie même de l’art… C’est une confusion de l’art avec son objet… musée… livres etc.. C’est oublier qu’effectivement… un geste… une parole… une trace est une expression artistique… Sur ces paroles qui n’engagent que moi bien entendu… je te souhaite de bonnes fêtes Feuilly… Et merci pour tous ces agréables moments de lectures offerts… à l'année prochaine :-)

Écrit par : Andrea Maldeste | 23/12/2008

Bonnes fêtes de Noël.
Yvon.

Écrit par : Yvon | 23/12/2008

Bonnes fêtes à tous, aux connus et aux inconnus... Jolies photos sur votre site, Yvon.

Écrit par : Feuilly | 24/12/2008

Les commentaires sont fermés.