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05/12/2008

Le calumet de la paix

Ne quittons pas encore l’Amérique. Une fois qu’ils eurent débarqué sur ce nouveau continent, les Européens se mirent à observer les mœurs des Indiens (avant de les massacrer). C’est ainsi qu’est passée en français l’expression bien connue « fumer le calumet de la paix ». Elle désignait donc la coutume des Indiens d’Amérique du Nord qui consistait à fumer avec ses ennemis pendant qu’on négociait la paix. Ce qu’on sait moins, c’est qu’il existait également un calumet de la guerre, qu’on allumait lors des négociations de la dernière chance. Ce qu’on ne sait pas du tout, c’est que ce calumet pouvait aussi avoir un usage thérapeutique, selon la sorte d’herbe qu’on y faisait brûler.

D’une manière générale, de toute façon, ce rituel relevait de l’art de l’hospitalité. Dans notre civilisation, boire un verre ou manger avec quelqu’un, lui faire partager sa table, est un signe de bienvenue, d’échange, d’acceptation. Refuser de se joindre au repas proposé fait office d’affront. Lévi-Strauss (fort à l’honneur ces derniers temps et fort justement d’ailleurs) a beaucoup parlé des manières de table dans ses «Mythologiques ». Préparer un repas, c’est introduire la culture (par la cuisson et tout le cérémonial qui tourne autour) dans la nature, autrement dit c’est affirmer la singularité de l’homme par rapport à l’animal.

Avant, c’était facile : Nul ne doutait que Dieu eût créé l’homme à son image. Ce dernier était donc un demi-dieu. D’ailleurs il occupait le centre de l’univers, à savoir la terre, autour de laquelle tournait le soleil. Une fois que cette vérité fut battue en brèche (après quelques difficultés d’ailleurs, voir par exemple la rétractation de Galilée ou la mort sur le bûcher de Giordano Bruno), l’homme n’était plus qu’un être parmi d’autres qui errait sur une planète emportée dans un cosmos infini. Bref, il devenait un animal comme les autres, ni plus ni moins et perdait toute spécificité. Et voilà qu’à ce moment on découvre là-bas, en Amérique, des sauvages dont le mode de vie se rapproche fort dangereusement de celui des animaux. Reflet d’une période historique révolue, ils offrent cependant à l’Européen le reflet de sa propre image à travers les siècles. Si certains s’extasient devant la pureté de ces sauvages innocents qui semblent vivre au paradis terrestre, d’autres comprennent l’importance de l’enjeu : à trop vouloir se rapprocher de la nature, on redevient animal. Et de brandir les deux grandes lois qui sont les fondements mêmes de l’humanité et de la culture : la cuisson des aliments et la prohibition de l’inceste.

Manger un aliment cuit, c’est donc se rattacher à la culture. Inviter quelqu’un à partager ce repas avec vous, c’est réaffirmer que l’on forme ainsi une petite société, où règne la sympathie et l’échange.

Ces sauvages qu’étaient les Indiens de l’Amérique du Nord le savaient aussi pourtant. Ils cuisaient leurs aliments et fumaient ce fameux calumet (de la paix ou de la guerre) qui symbolisait et résumait les intentions que les protagonistes avaient les uns envers les autres.

Objet de culture par excellence, le calumet, fait de bois décoré, de verroteries et de plumes, comportait un fourneau en pierre (rouge pour la paix, blanche pour la guerre).

Notons que ce mot « calumet »n’est pas d’origine indienne (comme « sachem » ou « tipi ») mais qu’il vient du mot français chalumeau via sa forme normande (ou picarde) « calumet », d’après le latin « calamus », roseau (voir « chaume »)

Comme toujours et comme nous l’enseigne la linguistique diachronique, le « ka » latin initial devient « ch » en français d’île de France (ex : capra donne chèvre) tandis qu’il reste « ka » en langue d’oc (capra donne cabra). Dès lors, « calamus » donne logiquement « chalumeau » en français tandis qu’on retrouve une forme « calumo » en Provence. Pour ce qui est du picard et du normand, c’est évidemment sous l’influence des parlers germaniques que le « ka » s’est maintenu. C’est que les mots eux aussi sont le fruit de bien des voyages. Il aura fallu les migrations et les invasions germaniques d’une part (avec leurs guerres et leurs massacres) et la découverte de l’Amérique d’autre part (avec là aussi des guerres et des massacres) pour que ce calumet arrive jusqu’à nous, symbole d’une paix sans cesse remise en question, comme nous le montre encore l’histoire contemporaine.


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Commentaires

Bonsoir,

Pour les amateurs, je tiens un blogue consacré aux fictions mettant en scène des peuples précolombiens.

Voilà, c'est dit ;oD

Écrit par : Ferocias du Blog Les Peuples du Soleil ( Fictions précolombiennes et Livres anciens) | 05/12/2008

Bonjour Feuilly,

Ton billet est intéressant d'un point de vue didactique et je l'ai lu avec beaucoup de plaisir. Je suis pourtant resté sur ma faim parce que tu abordes un sujet qui m'est très sensible. Tu l'abordes trop gentiment à mon goût.Tu me diras, avec raison sans doute, que là n'était pas ton propos.
N'empêche. On ne peut aborder la question des Indiens d'Amérique du Nord sans débattre avec passion sur le génocide immense, organisé, méthodique, hallucinant et qui n'a rien à envier à la trop sinistrement célèbre "solution finale", opéré par les nouveaux venus désireux de se constituer en Etat.
On ne peut l'éviter parce que c'est sur ce génocide, sur cette extermination de cultures parmi les plus fécondes et les plus intelligentes dont la planète puisse se réjouir de les avoir abritées, que se sont fondés les USA. Je saute évidemment des chapitres.
Je sais que tu sais ça. Mais j'insiste. On oublie gentiment quand on parle de l'Amérique en général et des USA ou du Canada en particulier, qu'on parle de nations fondées sur le sang et le crime alors qu'on crie et qu'on s'émeut et qu'on pleure de honte - à juste titre- dès qu'on parle de l'Allemagne nazie. Le temps ne fait pourtant rien à l'affaire : L'épuration ethnique est une montruosité. Elle a échoué (en partie) en Allemagne, je veux seulement dire par là que le IIIème Reich n'a pas duré mille ans, elle a réussi aux USA et ça, aucun honnête homme, aucune honnête femme au monde ne peut passer outre. Un seul mot d'ordre qui vaille : Boycott intégral.

A propos de ce que contenait le calumet, c'était souvent de l'herbe euphorisante (les coquins !), de la mescaline souvent. Quand Géronimo disait qu'il "allait consulter sa puissance", son être intérieur, sur un colline, avant de prendre une grande décision, il allait fumer et se donnait des hallus ou voyageait plus loin à l'intérieur de lui. Tous ceux qui ont goûté la marijuana comprendront ça. Pour les autres, suffit d'essayer...
Je voudrais retouver le long texte, le texte grandiose, magnifique, prohétique qu'avait édité Greenpeace : "La fin de la vie, le début de la survivance".
Si tu as un tuyau...
Amicalement

Écrit par : B.redonnet | 05/12/2008

Il y a aussi le calame... avec lequel on écrit. D'où : lapsus calami.

Mais voilà que ce blog se retrouve tout enfumé, à cause de tous ces calumets.

Quelle calamité !

Écrit par : Jacques Layani | 05/12/2008

@ B.redonnet : ici => http://www.le69-3.org/spip.php?article353

Écrit par : Andrea Maldeste | 05/12/2008

@ Bertrand: bien sûr, mais ma note se voulait exclusivement philologique au départ. J'avais déjà dévié en parlant de Lévi-Strauss et des manières de table, alors... J'avais tout de même fait une discrète allusion au massacre des Indiens, ne pouvant pas m'en empêcher.

@ Andréa Maldeste: Voir aussi le discours de Sitting Bull de 1875 qu'Aédia avait posté sur son blogue:

http://lafuitedesjours.canalblog.com/archives/2008/11/06/11252504.html#trackbacks


@ Jacques Calami (non, Layani): heureux de te revoir parmi nous. Effectivement, le calame désigne lui aussi le roseau et il il vient lui aussi du latin calamus, lui-même provenant du grec καλαμος. Le Robert historique donne aussi l'étymon indo-européen "kalamo" (voir ancien haut allemand "halam", allemand actuel "halm", russe "soloma", etc.).
Merci de rappeler cette expression "lapsus calami" qu'on n'entend plus beaucoup, je trouve.

Écrit par : Feuilly | 05/12/2008

Finalement le chichon c'est le calumet de la paix actuel.
La mescaline, ça se fume ?

Comme vous je suis convaincue que le repas est au centre de la culture et que le retour à la barbarie qui nous guette viendra de la disparition des repas.
à propos du nom "calumet", cela signifierait donc que ce sont les envahisseurs qui ont nommé cette pratique indienne : le nom indien aurait-il disparu.

Quant à l'homme à l'image de Dieu je ne le considère pas comme une manifestation d'ethnocentrisme : plutôt que tout homme est admirable et doit être respecté. Si les conquérants du Nouveau Monde en avaient été convaincus l'ethnocide, encore pire que le génocide, n'aurait pas existé.

Écrit par : Rosa | 05/12/2008

Ceci dit, si Jacques fait un jeu de mots avec "calumet" et "calamité", l'étymologie lui donne raison.
En effet, calamité vient du latin "calamitas" qui désignait un fléau frappant les récoltes et plus particulièrement la tige du blé. Il semblerait donc que ce "calamitas" ait lui-même comme origine notre "calamus" (roseau, tige).

Écrit par : Feuilly | 05/12/2008

@ Rosa : effectivement, il est à craindre que les repas pris sur le pouce, en solitaire, témoignent d’un changement de mentalité, je n’y avais pas pensé. Je suis toujours frappé, dans les grandes villes, de voir toutes ces personnes qui mangent un sandwiche tout en marchant dans la rue ou en attendant leur métro. J’attribuais cela à la frénésie qui nous anime tous (ne pas perdre une minute) et à la rapacité des commerçants qui ne proposent même plus de salle où on peut se restaurer sur place. On reste sur le trottoir pour commander le sandwiche, on paie et au revoir. Mais vous avez raison, derrière cette manière de faire, c’est toute la symbolique du repas partagé qui est remise en cause. Et ne parlons pas de l’uniformisation du style Mac Donald.
Pour le calumet, c’est bien cela. Ce n’est pas le mot indien, mais le mot que les envahisseurs lui ont donné. Les espagnols disent « pipa india » et les anglais « calumet » ou « peace pipe ».
Si l'homme à l’image de Dieu, tout de même, c’est considérer cet homme comme le roi de l’univers. La terre et les étoiles n’auraient été créées que pour lui. Quant aux animaux, le motif de leur existence, ce serait de servir l’homme.
Regarder les intégristes juifs. Ils sont persuadés que le peuple d’Israël et lui seul est l’élu de Dieu. Les intégristes musulmans qui imposent leur foi par la force ne font pas mieux. Ils sont persuadés d’être supérieurs aux non-musulmans. Dans tous les cas on retrouve cette idée d’être distingué par la divinité. Le catholicisme de l’ancien régime était du même ordre, finalement. L’homme n’avait pas à se définir ni à se chercher. Il était voulu par Dieu (d’où la condamnation du suicide).
A partir du moment où la terre n’est plus le centre de l’univers, la présence même de l’homme semble devenue arbitraire et être le fruit du hasard.
Quant au génocide, il est absolument horrible. Et il y en a eu pas mal dans l’histoire de l’humanité. Les Juifs en 40-45, mais aussi les Arméniens, les Rwandais et tous les Indiens d’Amérique. Et quand les Français massacrèrent des villages entiers lors de la conquête de l’Algérie, si ce n’est pas un génocide, c’est tout de même un acte barbare qui repose sur le mépris de l’indigène.

Écrit par : Feuilly | 05/12/2008

Cher Feuilly je ne suis toujours pas d'accord sur votre interprétation de "l'homme à l'image de Dieu."
Je ne pense pas qu'elle signifie la toute puissance de l'homme ni que l'homme-dieu soit au centre de l'univers.
Il ne s'agit pas non plus d'être distingué par la divinité.
Je pense que cela signifie au contraire que tous les humains sont égaux et également respectables car à "l'image de Dieu", que Dieu soit considéré comme existant ou non. L'homme dans toute sa fragilité, sa misère, pauvre, malade, ignorant, criminel, humilié est respectable.
J'ai un souvenir très précis d'une rencontre avec un Chinois qui m'avait dit :
"si nous pensons que l'homme est à l'image de Dieu..."
J'en avais été étonnée tellement cette conception de l'homme est éloignée de la pensée chinoise traditionnelle et je lui avais demandé au nom de quoi il s'exprimait ainsi.
Il m'avait répondu qu'il était chrétien et que c'était pour ce précepte que de nombreux Chinois se convertissaient au christianisme, le sentiment de trouver une dignité en tant qu'homme que la culture chinoise ( et je ne parle même pas du communisme) ne leur accordait pas.
Cette rencontre m'avait fait beaucoup réfléchir.
Pour nous c'est évident car nous sommes imprégnés depuis des siècles par cette conviction issue de la culture judéo-chrétienne. Nous ne connaissons plus les racines de cet héritage.
Les Lumières ont laïcisé cette pensée, puis les Droits de l'homme
mais à l'origine il y a cette conviction que l'humain est appelé à la transcendance.
Je comprends qu'on ne partage pas cette conviction mais je voulais juste revenir sur l'interprétation symbolique de cette expression.

Écrit par : Rosa | 06/12/2008

Rosa. Vous n’êtes pas d’accord parce que vous raisonnez en croyante et c’est votre droit. Mais vous interprétez ces mots (l'homme à l'image de Dieu) avec une vision contemporaine et elle en vaut bien une autre. Cependant, c’est justement parce que nous sommes les héritiers des Lumières et que les droits de l’homme font partie de nos valeurs actuelles que vous pouvez lire ces mots comme cela.

Ceci dit, je ne vois pas où est la contradiction et l’exemple du Chinois que vous citez est éclairant. En effet, il dit lui-même se tourner vers le christianisme parce que l‘individu y est reconnu en soi, pour sa dignité intrinsèque. C’est ce que j’affirmais finalement à propos de la réflexion anthropologique de l’Ancien Régime, si ce n’est que je ne parlais pas des individus mais de l’espèce humaine dans son ensemble. L’espèce humaine se distingue des autres parce qu’elle est différente et cette différence repose uniquement sur la volonté de Dieu, qui nous a rendus intelligents et dignes.

Ceci dit, si cette notion d’image de Dieu vous perturbe, ce que je peux concevoir, gommez-la de mon texte et vous verrez que celui-ci conserve tout son sens. L’homme croyait être le centre (géographique et « affectif ») de l’univers de par la volonté de Dieu, qui l’avait créé. Personnellement, je retrouve un peu dans cette conception les rapports parents/enfants : l’enfant qui se sait voulu, aimé et protégé se sent important et il trouve logique que le monde tourne autour de lui. Une fois devenu adulte, c’est autre chose… Mais bon, ce n’est là que mon opinion personnelle, qui explique pourquoi je suis toujours très réservé en face des croyances religieuses.

Ce n’est pas notre propos ici, cependant. Ce que je veux dire (maladroitement peut-être), c’est que la découverte de l’Amérique d’un côté et des lois de l’univers de l’autre, on complètement transformé la manière dont l’homme se voyait. D’un côté il découvre des sauvages qui sont ses frères et qui vivent presque comme des animaux et de l’autre il se rend compte qu’il n’est qu’un grain de sable dans l’infini cosmique. Epistémologiquement parlant, une telle découverte a de quoi bouleverser les bases mêmes sur lesquelles reposait la société.

La réponse qui fut apportée pour surmonter ce choc, on la connaît, c’est la toute puissance de la science, qui veut dominer la nature et permettre à l’homme de s’imposer et finalement de devenir lui-même un dieu.

Nous connaissons aujourd’hui les limites de ce type de raisonnement, ce qui nous amènera peut-être à reconsidérer en profondeur la manière dont nous nous voyons.

Écrit par : Feuilly | 07/12/2008

L'énumération comme célébration du nom des principales tribus des indiens d'Amérique du Nord, exterminés :
Aire subarctique : Cree, Ojibwa, Chippewa / Côte Nord-Ouest : Tlinglit, Haida, Kwakiutl / Nord-Est : Sauk et Fox, Winnebago, Menomenee, Potowatomi, Algonkin, Micmac, Mohawk (Iroquois), Seneca (Iroquois), Miami Illinois, Shawnee / Grandes Plaines : Blackfoot, Cree des Plaines, Piegan, Atsina (Gros Ventre), Assiniboin, Crow, Sioux Teton, Sioux Dakota, Sioux Oglala, Cheyenne, Pawnee, Iowa, Arapao, Kiowa, Osage, Comanche, Wichita / Plateau : Nez-Percé, Modoc / Grand Bassin : Shoshone, Paiute / Sud-Ouest : Hopi, Navajo, Apache / Sud-Est : Chickasaw, Cherokee / Californie : Hupa.

Source : "L'esprit des Indiens", de Anna Lee Walters.

Anna Lee Walters, descendante d'une tribu Pawnee jadis installée dans l'Oklahoma, est écrivain, enseignante et elle dirige les Presses universitaires de la Communauté Navajo.

Écrit par : michèle pambrun | 07/12/2008

" Hommes blancs ! On ne vous a pas demandé de venir ici. Le Grand Esprit nous a donné ce pays pour y vivre. Vous aviez le vôtre. Nous ne vous gênions nullement. Le Grand Esprit nous a donné une vaste terre pour y vivre, et des bisons, des daims, des antilopes et autres gibiers. Mais vous êtes venus et vous m'avez volé ma terre ; vous tuez mon gibier ; il devient impossible pour nous de vivre. Maintenant, vous nous dites que pour vivre il nous faut travailler : or le Grand Esprit ne nous a pas faits pour travailler, mais pour vivre de la chasse. Vous autres, hommes blancs, nous demandez : pourquoi ne devenez-vous pas civilisés ? Nous ne voulons pas de votre civilisation ! Nous voulons vivre comme vivaient nos pères, et leurs pères avant eux. "

Crazy Horse, chef Sioux Oglala, peu après son arrestation en 1877

Écrit par : michèle pambrun | 07/12/2008

Vous avez sans doute vu le film ' danse avec les Loups' ...Film qui m'a profondément touché ....
En ce moment je re-lis : Mille femmes Blanches , de Jim Fergus. Roman qui est un véritable chant d'amour pour le peuple Indien aux travers de maginifiques portraits de femmes et une condamnation sans appel de la politique du gouvernement Américain d'alors ......
J'avais offert ce livre à ma meilleure amie , passionnée par les peaux Rouges ... Elle vit en ce moment en Bolivie où elle s'est occupée d'un orphelinat accueillant des jeunes Amérindiens ...
Aujourd'hui elle cherche à partir (elle est en train de faire toutes les démarches )pour aller s'installer dans une réserve ( parceque l'on parle encore de réserves en 2008 ce qui me fait frémir ) au Dakota , ou au Montana .... J'ai écris un petit essai sur l'histoire de mon amie : comme une plume au vent.... qui n'a rien de littéraire mais pour raconter la passion d'une femme pour un peuple sacrifié ...

Écrit par : Débla | 07/12/2008

Merci de ce témoignage, Débla. Quant au film "Danse avec les loups", oui effectivement je l'ai vu et je l'ai adoré. Il est clair aussi qu'on n'aurait pas réalisé ce genre de film il y a 50 ans (c'était plutôt la mode aux westerns). La conscience collective a changé et on se tourne maintenant vers les Indiens comme vers une civilisation qui avait quelque chose à nous apprendre (la nature, etc.). Hélas, il est trop tard.

Michèle, je retiens surtout cette phrase: "le Grand Esprit ne nous a pas faits pour travailler, mais pour vivre de la chasse" qui symbolise bien le fossé culturel qui séparait les Indiens des blancs . D'un côté un peuple de chasseurs-cueilleurs et de l'autre un peuple sédentaire (qui a besoin de s'approprier la terre des autres pour cultiver).

Relisons Lévi-Strauss, qui a étudié les mythes de tous ces peuples. Il y a là une richesse culturelle qui valait bien celle des envahisseurs.

Et les massacres continuent. Le pillage quasi-organisé des musées de Bagdad relève de la même logique: anéantir les symboles d'une civilisation.

Écrit par : Feuilly | 07/12/2008

Débla, ce sera un bonheur de lire ton essai.
Bien à toi.
Michèle

Écrit par : michèle pambrun à Débla | 07/12/2008

J'écoutais cet après-midi, dans le cadre du Festival "Contes en Hiver, Chaîne de contes en Pyrénées", que nous organisons à la Ligue de l'Enseignement, les histoires d'Amérindiens de la tribu Haida, racontées par le grand, l'immense conteur et musicien qu'est Michel Hindenoch.

Écrit par : michèle pambrun | 07/12/2008

La réponse qui fut apportée pour surmonter ce choc, on la connaît, c’est la toute puissance de la science, qui veut dominer la nature et permettre à l’homme de s’imposer et finalement de devenir lui-même un dieu.

Là on est vraiment d'accord !
C'est vrai que ce qui me dérange est qu'on emploie une expression d'ordre spirituel pour désigner une réalité, celle dont vous parlez, qui pour moi en est fort éloignée.

En fait je souscris totalement à vos propos sur la relation faussée dès le départ entre l'homme occidental et l'améridien. J'ai une belle-fille péruvienne qui parle le Quechua... Montaigne avait déjà affirmé cette supériorité de la culture amérindienne sur celle importée par l'Occident..

Écrit par : Rosa | 07/12/2008

Donc elle parle le quechua, l'espagnol et sans doute le français... Pas mal pour un début.

Quant à la science pure, je suis bien d'accord avec vous pour dire qu'elle a ses limites. Je ne suis pas un scientiste. En fait nous sommes d'accord sur tout, sauf sur la foi. Et là, chacun est libre de choisir son chemin, n'est-ce pas?

Écrit par : Feuilly | 07/12/2008

Nous sommes d'accord sur l'essentiel.
Difficile aujourd'hui de trouver son chemin, à chaque tournant, la déstabilisation vous guette. Entre les réactionnaires qui prétendent redécouvrir la spiritualité et les scientistes idolâtres de la modernité comment retrouver sa route ?
On dit que l'avancée en âge apporte la sagesse, pour ma part je trouve éprouvant de découvrir avec l'âge une montagne d'incertitudes à la place des convictions joyeuses de la jeunesse.

Écrit par : Rosa | 09/12/2008

Avec l'âge, on devient plus nuancé. Le regard se veut plus large et tout devient plus complexe.
La jeunesse, au contraire, s'approprie la première idée venue pour se rassurer elle-même.

Écrit par : Feuilly | 09/12/2008

Pour continuer sur ce que dit Bertrand à propos de ce que contenait le calumet, les Algonkins (tribu du Nord-Est) appelaient la mixture constituée de tabac sauvage et de plantes et matériaux divers, "kinnickkinnick".
Les tribus du Sud-Ouest voyaient dans le tabac l'une des quatre plantes sacrées qui leur avaient été données au commencement des nations.
J'aime parler du tabac aujourd'hui où l'on fait partout la chasse aux fumeurs.

Écrit par : michèle pambrun | 12/12/2008

Seriez-vous une fumeuse de calumet, Michèle? J'espère au moins que vos volutes de fumée évoquent la paix ou nous ouvrent les portes du rêve.

Écrit par : Feuilly | 12/12/2008

l'exemple du génocide est plus proche que nous le pensons; lire LE GENOCIDE FRANCO FRANCAIS ... pour découvrir le génie malfaisant de nos ancêtres. Quelques mois après l'adoption de la Declaration de l'HOMME ET DU CITOYEN éclatait la guerre de VENDEE ... 500 000 victimes massacrées, la mise en service des FONDERIES DE CHAIR HUMAINE, des TANNERIES DE PEAU HUMAINE ( la plus importante située à MEUDON ).

PAS DE QUOI PAVOISER ...

Écrit par : ANTIRACKET | 12/02/2009

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