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20/08/2008

Le grand Lama

Ainsi donc le grand Lama du Tibet est en visite en Europe. Forcément, il profite des jeux olympiques en Chine pour rappeler un peu partout qu’il existe et que son pays est occupé. C’est de bonne guerre, soit.

Je m’étonne cependant de deux choses.

D’abord, je ne comprends pas pourquoi la France, qui est un état laïque et qui s’inquiète à juste titre des signes religieux « ostensibles et ostentatoires» affichés par les femmes musulmanes (en gros le foulard) ne se pose pas la question de savoir quel régime politique le Dalaï Lama instaurerait au Tibet s’il devait un jour être au pouvoir. Car enfin, il s’agit bien d’un religieux. Le pape revendiquerait l’agrandissement de sa cité du Vatican, tout le monde crierait au scandale et moi le premier. Or ici, ce ne sont pas quelques kilomètres carrés qu’il réclame, notre moine bouddhiste, c’est carrément tout un pays. Il semblerait donc que le fait religieux soit mal toléré en France-même mais qu’il soit tout à fait accepté quand cela se passe à l’étranger. Il suffit de voir comme nos télévisions se sont délectées de l’enterrement orthodoxe de Soljenitsyne ou comment elles ont applaudi lors du soulèvement des moines birmans pour se rendre compte qu’un régime théocratique de type féodal ne les dérangerait pas du tout.

Pourquoi, alors, si tel est bien le cas, nous parle-t-on tous les jours des dangers de l’islamisme ? Cela se passe pourtant aussi à l’étranger. Et bien, me répondront les plus sages d’entre vous, c’est parce que les moines bouddhistes sont bien gentils et pacifiques tandis que les intégristes musulmans sont d’affreux terroristes qui risquent, justement, de venir frapper au cœur même de notre beau pays. La preuve qu’ils sont méchants : ils viennent encore de nous tuer dix soldats en Afghanistan.

Sans doute et ce n’est pas moi (on connaît mon opinion sur la religion et la foi) qui vais défendre les intégristes islamistes, qui ne sont finalement que des nationalistes proches de notre extrême-droite. Mais d’un autre côté, j’ai comme l’impression que le fait religieux est surtout accepté quand il se situe dans les anciens pays communistes (et donc autrefois athées). Je me souviens avec quelle délectation on nous présentait, dans les années quatre-vingt-dix, le renouveau su culte orthodoxe en Russie. C’était un signe de grande liberté, les gens pouvaient enfin aller se recueillir dans les églises. Etrange, alors qu’au même moment on n’aurait pas vu une émission sur un monastère français, mais soit, passons.

Et le plus curieux n’est-il pas que c’est justement là où nous avons besoin d’aller pour défendre nos intérêts économiques (en gros, les pays où il y a du pétrole) que les religieux se montrent agressifs et peu coopératifs ? Il faudrait peut-être se demander pourquoi. Et si leur intégrisme était un moyen de rejeter idéologiquement l’Occident et sa culture de consommation ? Si tous ces gens voulaient simplement vivre tranquillement dans leur pays, en se fondant sur des valeurs peut-être différentes, des valeurs qui ne se basent pas uniquement sur la possession des biens de consommation ?

En attendant, c’est bien l’Otan qui est en Afghanistan pour faire la guerre et pas l’inverse. Sans doute y avait-il des camps d’entraînement où on préparait des jeunes à devenir des terroristes. Sans doute. Mais malheureusement voilà des années que nos troupes sont la-bas et il semblerait qu’elles n‘aient pas encore réussi à localiser ces fameux camps…

Allons, de qui se moque-t-on ? Les camps ont été démantelés il y a bien longtemps déjà, mais ce qui compte c’est de rester militairement présent là-bas. Cela tombe bien, car plus on s’en prend à ces pays, plus le nombre de candidats terroristes augmente. A ce rythme, dans un siècle la guerre d’Afghanistan ne sera pas encore achevée. Les Russes s’y étaient cassé les dents et nous sommes en train de faire de même. Mais comme chacun sait, il y a une grosse différence : les Russes sont des méchants qui avaient des visées expansionnistes tandis que nous nous sommes des gentils et nous nous battons pour la démocratie. C’est ce qu’on dit sur TF1, alors…

Une remarque encore à propos de l’Afghanistan : il parait qu’il n’y a jamais eu autant de champs de pavot et que les femmes y sont toujours voilées. Curieux. Il y a dix ans de cela, on nous avait pourtant promis que tout cela allait changer grâce à la démocratie que nos soldats venaient d’y installer de force. Comprenne qui pourra.

Mais revenons à notre grand Lama. La deuxième chose qui m’étonne dans notre attitude à son égard, c’est qu’on ne le défende pas plus, puisqu’on lui a volé son état. Quand l’Irak avait envahi le Koweït, tout le monde s’y était mis pour repousser l’affreux envahisseur (ceci dit, quand le même envahisseur avait déclaré la guerre à l’Iran, on ne l’avait pas réprimandé, au contraire, on lui avait vendu des armes). Quand la Russie envahit la Géorgie pour protéger ses ressortissants russes qui ont été attaqués par l’armée géorgienne, tout le monde crie au scandale et celui qui crie le plus fort, c’est Bush, lui qui a pourtant envahi l’Irak pour des raisons fort douteuses et mensongères.

Alors ? Et bien il semblerait, si on résume tout ceci, que le plus fort gagne toujours et a toujours raison. Si on ne remet pas le Lama sur son trône, c’est parce que la Chine est trop puissante, sinon ce serait déjà fait. Il serait devenu un homme de paille officiel (comme Karzaï et les autres), ce qu’il est déjà en fait puisqu’il sert indirectement nos intérêts (ou du moins ceux de nos amis américains). On l’accueille à bras ouverts puisque cela permet de faire pression sur les Chinois. Certes, on ne va pas leur demander l’indépendance du Tibet (sinon, si on revient toujours en arrière, pourquoi ne pas rendre leur terre aux Palestiniens ?) mais on pourrait trouver quelques petits arrangements, non ? Des accords commerciaux par exemple. On ferme les yeux sur le Tibet et vous nous achetez une dizaine de centrales nucléaires.

Tiens, c’est justement ce que Sarkozy vient de faire. Quel homme, tout de même. Evidemment, moi qui suis naïf, je n’ai toujours pas compris pourquoi on aide la Chine à construire des centrales tandis qu’on est à deux doigts de lancer une bombe atomique sur l’Iran qui développe la même technologie. Il est vrai qu’on avait fait la même chose avec l’Irak. Cela a permis d’aller la détruire un peu après, cette centrale. Construire et détruire, c’est toujours faire des affaires non ? La libre circulation des biens et des personnes comme on dit.


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Commentaires

(...) On l’accueille à bras ouverts puisque cela permet de faire pression sur les Chinois. Certes, on ne va pas leur demander l’indépendance du Tibet (sinon, si on revient toujours en arrière, pourquoi ne pas rendre leur terre aux Palestiniens ?)...Effectivement ce serait là déclencher des demandes d'indépendance en chaïne qui mettraient beaucoup d'états dans une situation délicate !

Écrit par : Aédia | 21/08/2008

Je ne sais pas si on peut parler de ces questions avec une telle assurance... Il y a l'apparence des évènements, des êtres, de leur motivation et puis en profondeur et presque , inaccessible, leur vérité...
Ce qu'il reste à éteindre, ce sont tous ces morts, ces morts pour rien. C'est tellement absurde et si facile de tuer. Tous ces morts qui auraient pu et dû ne pas être... Et défilent ces images insupportables d'hommes qui tombent, hébétés sans avoir le temps, parfois, de pousser un cri, sans une présence douce à leur côté, sans tombe...

Écrit par : Christiane | 21/08/2008

Ah ah, vous voilà devenue plus critique, Christiane. Je demandais moins d'éloges et vous avez si bien compris le message que vous êtes passée de l'autre côté.

1) Le Dalaï Lama agit logiquement pour sa cause. Je dis simplement que cela arrange bien les puissances occidentales.
2) L’Afghanistan : je reste persuadé que notre présence dans cette zone n’est pas liée au terrorisme (qu’elle ne fera que développer davantage) mais au pétrole. Il ne faut pas oublier non plus que les Talibans qui sont en face de nous avaient été armés autrefois par les Etats-Unis, lesquels avaient aussi bien soutenu Ben Laden. De même que si Sadam Hussein avait des armes chimiques, c’étaient celles que les mêmes Etats-Unis lui avaient fournies au moment des la guerre contre l’Iran. En fait, il faut aujourd’hui nettoyer une zone de ce que nous y avons semé par le passé. En attendant, ce sont des jeunes gens qui meurent pour rien et c’est cela qui est révoltant. Et ne parlons pas des populations civiles, qui paient toujours le plus lourd tribut. En Irak, autrefois (bombardements américains), comme aujourd’hui (attentats aveugles), mais aussi au Liban (1000 morts lors de la guerre de 2006) ou en Géorgie. Vous avez donc raison quand vous parlez de toute cette souffrance.

Écrit par : Feuilly | 21/08/2008

Et vous distinguez bien entre les apparences (ce qu’on voit des êtres) et leur vérité profonde (enfouie en eux). Si nous n’étions que par ce que nous avons fait, nous ne serions pas grand chose. Inversement, celui qui a accompli des exploits n’est pas plus pour autant (du point de vue de l’essence de l’être).

Écrit par : Feuilly | 21/08/2008

Non, mon cheminement n'est pas de "passer" de l'autre côté. Peut-être suis-je moins encline à vous suivre en ce domaine qu'en celui de la littérature....
Il faut que vous m'expliquiez. Je ne comprends pas cette position sur la dalaï-Lama. Je ne conçois pas le bouddhisme comme une religion et cet homme me paraissait un homme de paix. Birmanie, Tibet...pourquoi tue-t-on ces hommes ? En quoi cette "philosophie" est-elle l'apanage d'un régime théocratique et féodal ?
Et les talibans ? Ne les voyez-vous pas comme des extrémistes violents ?
La course au pétrole sous des semblants de guerre de libération, là je vous suis, pour la mort inutile de ces dix soldats et la colère de leur famille je vous suis encore mais j'aimerais, si vous en avez envie et le temps, que vous m'expliquiez votre pensée sur les deux premiers points.
je suis heureuse que vos amis reviennent peu à peu sur votre blog.
amitiés.

Écrit par : Christiane | 21/08/2008

Je découvre votre deuxième message. Autre cheminement de la pensée. La profondeur d'un être me pose moins de problème que son...écume. La première je la sens intuitivement, la deuxième me désarçonne...

Écrit par : Christiane | 21/08/2008

Bon, j'voulais dire un mot, mais....j'vous laisse entre copains, hein ?
Je r'passerai demain
Amicalement

Écrit par : Redonnet | 21/08/2008

Non, non, reste cher Bertrand. Christiane fait des efforts surhumains pour ne pas monopoliser le site à elle toute seule, alors...

Écrit par : Feuilly | 21/08/2008

Le Dalaï lama m’est plutôt sympathique en tant qu’homme. Il est ouvert, ce n’est pas un imbécile et ma foi son combat pour son pays est logique.
Mais…

Il faut tenir compte que si on le voit aussi souvent à la télévision, c’est que son combat en arrange d’autres, il ne faut pas se faire d’illusions. C’est parce qu’il s’agit d’aller titiller la Chine, qu’on le met en avant. Si son pays était la Palestine, on le traiterait de terroriste potentiel.

C’est vrai que la Chine a annexé purement et simplement le Tibet, ce n’est pas normal. Mais les Etats-Unis n’avaient-ils pas autrefois annexé une partie du Mexique ? (Etats du Texas, du Nouveau Mexique et même de la Californie). Quand le Maroc a plus ou moins annexé le Sahara occidental, a-t-on vu qu’on interrogeait tous les jours les opposants à cette annexion ? Va-t-on féliciter régulièrement les gens de l’IRA qui voudraient réunifier l’Irlande, scandaleusement colonisée en son temps ? Pourquoi le chef du PKK (parti du Kurdistan), Abdullah Öcalan est-il considéré comme un terroriste par la Turquie ? S’il devait demain sortir de prison, serait-il invité sur toutes les chaînes de télévision ? Serait-il reçu par nos ministres ? Oui, si nos relations avec la Turquie sont en froid à ce moment-là, non dans le cas contraire. Et pourquoi Massoud Barzani, le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien a-t-il, lui, été reçu par Bush ? Pourquoi ces différences ? Poser la question, c’est y répondre.

Mais pour revenir au Dalaï Lama, il n’en reste pas moins que c’est un religieux, d’une religion fort modérée, certes (et qui trouve de nombreux adeptes en Occident : tendance zen, yoga, etc.), mais d’une religion tout de même. Voyez ici ce qu’en disait notre amie Aedia. Voyez ce que je disais moi-même sur la crise birmane. Rien ne nous dit que le régime politique qu’il mettrait en place serait vraiment moderne et démocratique. En fait, si, il le serait dans la mesure où il aurait été porté au pouvoir par l’Occident. Il lui faudrait bien alors faire des concessions en ce qui concerne les biens de consommation et le libre échange.

Quant à Sarkozy qui va parler des droits de l’homme avec le président chinois, cela me fait rire. Mais il s’en moque bien du droit des Chinois. Il aura fait comprendre à son collègue qu’il était bien obligé d’aborder le sujet pour calmer son opinion publique, mais pour la reste, la seule liberté qui l’intéresse, c’est celle de la libre circulation des richesses. Ce qu’il veut, c’est pouvoir faire du commerce et construire des usines, le reste…Pour lui, le manque de transparence de la Chine réside dans le fait qu’elle joue dans le camp capitaliste tout en conservant une politique protectionniste et conservatrice datant du communisme. Evidemment elle ne peut que gagner.

En conclusion : quand la Chine réprime les habitants du Tibet et écrase leur culture (qui est mauvaise pour elle puisqu’à base de religion. Mais voyez 1789 en France…) il faut s’insurger, certes. Mais quand Pinochet massacrait tous les opposants à son régime, personne n’osait en parler. Voyez la junte argentine. La presse n’a soutenu les mères de la place de mai qu’après la guerre des Malouines, quand le régime est soudain devenu indésirable.

Bon, les Talibans, maintenant. Terroristes, certes et fous de Dieu. Ils me sont donc fondamentalement antipathiques. Ils sont racistes, nationalistes et intolérants. Soit. Mais ne peut-on les laisser dans leur pays ? Pourquoi y va-t-on ? Pour que les femmes afghanes ne portent plus le voile et puissent divorcer ? Ce serait un noble motif, mais tout le monde s’en moque des femmes afghanes. Ce qui compte c’est la présence militaire dans la région. Il faut s’en emparer et contrôler le pétrole, tout en faisant barrage à la Chine et à l’URSS. On occupe déjà une bonne partie. L’Arabie et les pays du golfe sont nos alliés. La Turquie est dans l’Otan et Bush voudrait qu’elle soit dans l’Union européenne. On est en Irak, au Pakistan et en Afghanistan. On avait commencé en Géorgie, mais cela coince un peu. L’étau se resserre, cependant. Il ne reste que la Syrie et l’Iran qui émergent. Et comme par hasard on en dit le plus grand mal. Va-t-on là-bas pour le bien des populations ? Regardez l’Irak. Ce pays, malgré son dictateur était riche et puissant. Les enfants allaient à l’école (vous qui étiez directrice cela doit vous parlez) et le niveau de vie n’était pas mauvais. Il y avait des universitaires, des ingénieurs, des médecins, bref, c’était tout sauf le tiers-monde. Regardez où ils en sont aujourd’hui, depuis que nous leur avons apporté la démocratie. Et c’est pour faire cela qu’en envoie nos soldats se faire tuer ? Sans oublier que ces mêmes Talibans, c’est l’Occident qui les avait armés autrefois. Un comble !

L’Occident joue une politique coloniale sous des dehors de liberté. Il en récolte des attentats (voir Paris, métro St Michel en 1985 je crois). Plutôt que de changer de politique, on va sur place démanteler les camps d’entraînement (tout en lançant des cris orfraie parce qu’on a été attaqué) et on en profite pour rester. Forcément le camp adverse riposte (nous avions fait la même chose devant les Allemands).

Ce qui est désespérant, dans tout cela, c’est que ce sont les populations qui paient le plus lourd tribu. Les enfants des villages bombardés par l’Otan comme les familles de ces soldats morts hier. Ce monde est fou.

Écrit par : Feuilly | 21/08/2008

"La profondeur d'un être me pose moins de problème que son...écume" J'ai déjà remarqué, en effet, que vous étiez fort clairvoyante en ce qui concerne la profondeur des personnalités.

Écrit par : Feuilly | 21/08/2008

Bien, je vais réfléchir à tout cela, ce qui va me demander un effort... surhumain ! Je vous laisse avec votre copain...
A plus tard...

Écrit par : Christiane | 21/08/2008

Il pleut. J'aime ce bruit si calme et l'odeur de la ville mouillée. Cela m'apaise.
J'ai relu tout ce que vous dîtes, c'est difficile. J'essaie de me libérer de tout ce que j'avais construit à partir de ma vision du monde et je cale. Le rapport de la violence et du pouvoir ? Comment avoir une éthique hors du pouvoir (politique) qui ne soit pas une utopie de non-violence ?
J'ai l'impression, mais je peux me tromper que vous condamnez, plus, certaines formes de violence que d'autres. Pour moi toute violence est intolérable et pourtant je sais qu'un monde sans violence est une utopie.
Il y a de la violence aussi dans votre ton quand vous condamnez la violence d'état. Avez-vous l'âme d'un insurgé ?
Je suis triste que Redonnet soit parti parce que je vous posais une question où son avis aurait été intéressant à connaître.
Je suis triste aussi de ce que vous avez dit. Je croyais que nous dialoguions.
Enfin, difficile de se comprendre parfois...

Écrit par : Christiane | 21/08/2008

Holà! Mais voyons, c'était de l'humour. De la part de Redonnet aussi, d'ailleurs. J'apprécie beaucoup vos propos, la seule chose qui m'embêtait, c'était cette manière de me trouver plein de qualités. D'abord c'est sûrement exagéré, ensuite vis à vis des autres lecteurs/lectrices, c'est un peu gênant, non?
Comme vous y aviez renoncé, je pouvais me permettre d'en parler avec humour, mais vous avez compris au premier degré. C'est le problème d'Internet, on n'a que l'écrit et pas les expressions du visage.

Pour le reste je répondrai plus tard.

Écrit par : Feuilly | 21/08/2008

Bon, je ne vous trouverai plus aucune qualité ...ici. N'oubliez pas mes questions.

Écrit par : Christiane | 21/08/2008

« J'ai relu tout ce que vous dîtes, c'est difficile. » J’en ai bien conscience. Je ne veux pas affoler tout le monde mais disons qu’avec le temps on finit par se méfier de tout et de tous, y compris donc des projets qui semblent les plus généreux. Je crois votre Lama sincère dans ce qu’il fait, disons qu’on l’exploite à son insu. Pour sa défense, je dirai encore qu’il a l’avantage d’être pacifiste. Il n’achète pas de munitions, il se sert gentiment de son don de persuasion. Il y a du Gandhi en lui, en moins prononcé cependant (et en moins efficace).

« J'essaie de me libérer de tout ce que j'avais construit à partir de ma vision du monde ». Je ne veux pas vous enlever vos rêves. Il en faut pour continuer à vivre. Disons que nous avons tous tendance à soutenir les projets qui nous semblent honnêtes. Le problème c’est qu’à notre époque de grande communication, on se sert de l’opinion (qu’on manœuvre donc) pour arriver à ses fins et tous les moyens sont bons.

« Une utopie de non-violence » ? Ce serait bien, en effet, mais il faut être réaliste. Les grands de ce monde se moquent pas mal de nos petites personnes. Ils n’hésiteront pas à faire massacrer quelques milliers d’individus pour arriver à leurs fins.

Je critique souvent ici les Etats-Unis et Israël parce qu’ils sont dans notre camp (enfin, disons plutôt que c’est nous qui sommes dans le leur), mais en face ce n’est pas mieux.

« J'ai l'impression, mais je peux me tromper que vous condamnez, plus, certaines formes de violence que d'autres. » Peut-être. Je ne m’attends à rien d’autre de la part d’un ennemi, mais quand il s’agit de mon propre camp, j’estime que j’ai non seulement le droit mais même le devoir de marquer ma désapprobation.
« Il y a de la violence aussi dans votre ton quand vous condamnez la violence d'état. Avez-vous l'âme d'un insurgé ? »

Oui, c’est vrai, il y a de la violence aussi. De la révolte, du dégoût, tout ce que vous voulez. Je respecte en premier les individus, la personne humaine. Tout ce qui va à l’encontre de cela ma semble haïssable. Pourquoi faut-il privatiser toute notre économie et permettre aux plus riches d’exploiter les plus pauvres ? Pourquoi faut-il que Bush aille faire la guerre là-bas et nous y entraîne ave lui ? Pour que son pays reste le plus puissant. Pour mettre la main sur le pétrole avant les autres. Pour pouvoir élargir son espace économique et permettre aux firmes privées qui l’ont mis au pouvoir de s’enrichir encore d’avantage. De son point de vue, c’est logique. Peut-être même a-t-il raison car s’il n’agit pas ainsi, un autre pays le fera à sa place. Vous me voyez assez désabusé, ce soir…

« Je suis triste que Redonnet soit parti parce que je vous posais une question ». Je crois que ses propos étaient ironiques. C’est un spécialiste de Brassens, alors… Mais rassurez-vous, il va revenir.

« Je suis triste aussi de ce que vous avez dit. » Je me suis déjà expliqué là-dessus. Nous dialoguons bel et bien. Ne soyez pas triste pour si peu, il y a bien d'autres sujets pour l'être.

Je joins les deux adresses que je n’ai pas pu mettre en lien tout à l’heure :
Sur le Dalaï Lama, le blogue d’Aedia : http://lafuitedesjours.canalblog.com/archives/2008/07/10/9875153.html#trackbacks

Sur la Birmanie : http://feuilly.hautetfort.com/archive/2007/10/02/a-contre-courant.html

Écrit par : Feuilly | 22/08/2008

Ce n'est pas "mon" lama ! Je n'ai pas de moulin à prière ni de robe safranée et je tiens à mes cheveux mais, il est vrai qu'il paraît être un homme de paix. Je n'aime pas plus que vous les obséquieuses courbettes que les puissants de ce monde occidental lui font car elles finissent par rendre suspect le message de paix qu'il semble vouloir transmettre et votre raisonnement (première réponse) installe peu à peu dans mes pensées son ironie et sa lucidité( ceci n'est pas un compliment ! signé ...Magritte !). Des deux côtés, l'autre serait utilisé à des fins non exprimées...
La paix, une utopie ? Je crois à la force de dénonciation et d'opposition des peuples contre l'escalade des armements. Mon utopie ? Si tous les gens descendaient dans la rue pour réclamer la paix je crois que cela aurait du poids mais, l'autre jour, quand je distribuais des tracts à la sortie de métro , sous la pluie, pour cela, les gens haussaient les épaules et les jetaient par terre. Enfin certains les gardaient. Les ont-ils lus ? et surtout, ont-ils étaient plus lucides après ? Hiroshima... Nagasaki... et toutes ces têtes nucléaires prêtes à être armées...
Mais il y a tant de violence et de de haine tapies dans le coeur des hommes que j'ai l'impression que les forces pacifiques pèsent peu dans la balance...
Révolte, dégoût, je partage.
Et si Redonnet (j'ai du mal à penser que c'est un nom précédé d'un prénom parce qu'il signe toujours "Redonnet") aime Brassens - c'est vrai, j'ai lu de bien belles choses sur son site à propos de Brassens - il partage certainement votre point de vue. Il a écrit qu'il reviendrait demain, donc c'est aujourd'hui. Je lirai ce qu'il écrira.
Dialoguer... c'est important, n'est-ce pas ? c'est le début de quelque chose qui pointe son nez comme une asperge dans le silence et la torpeur...
Bon, vous avez vu : j'ai relu et ...pas un compliment !

Écrit par : Christiane | 22/08/2008

C'est très bien comme cela, bravo!

Pour le reste, c’est vrai que si toutes les opinions publiques du monde faisaient pression en même temps, on arriverait sans doute à quelque chose. Car il suffit de voir comment les partis politiques modifient leurs programmes en fonction de l’électeur quand arrivent les élections. Regardez l’écologie. Tout le monde s’en moquait mais quand les partis traditionnels ont vu que des mouvements écologistes commençaient à naître, ils ont incorporé ces idées nouvelles dans leurs programmes (ou du moins ils l’ont fait croire).

Donc, si on prend la guerre en Irak, par exemple, on peut supposer que si 99% des Américains demandaient un retrait des troupes, ils l’obtiendraient car le candidat qui aurait fait campagne sur ce thème (pour être élu, lui, même si cela va à l’encontre de son opinion personnelle) serait bien obligé de prendre des mesures concrètes une fois au pouvoir.

Hélas, l’opinion se travaille dans le sens que l’on veut et c’est un peu ce que je disais dans cet article. Donc, pour la Chine, on se sert de nous (le Tibet est un beau prétexte, une cause on ne peut plus noble) afin que nous fassions pression sur la Chine. Le but ultime n’est pas la liberté des Tibétains, mais d’essayer de grignoter un petit morceau de Chine ou du moins de faire du chantage pour l’amener à faire certaines concessions (on vous laisse tranquille avec le Tibet mais vous acceptez d’acheter nos produits ou bien vous arrêtez de nous envahir avec des produits qui défient toute concurrence ou bien encore vous nous laissez implanter nos usines chez vous afin que nous profitions aussi de votre main d’œuvre bon marché).

Le problème, quand on réfléchit à tout cela, c’est qu’on finirait par ne plus soutenir aucune cause juste car on se demande toujours qui risque de récupérer notre combat à son profit.
Cela peut aller très loin. Prenez les profanations de tombes juives, qui sont souvent le fait de quelques groupuscules d’écervelés d’extrême droite. Quelques jeunes qui ne savent pas trop ce qu’ils font. C’est scandaleux, assurément et ces choses existent, il ne faut pas le nier. Cependant, quoi qu’on en dise, elles restent marginales. Or, il semblerait que ces faits isolés (et ô combien regrettables, je le répète) aient été amplifiés par le Mossad lui-même afin de semer la panique dans la population juive d’Europe et inciter ainsi ces personnes à émigrer en Israël (afin d’y concurrencer la démographie galopante de la population palestinienne). Je parlais un jour avec une personne juive qui me soutenait qu’il se sentait menacé ici, ce qui est tout de même exagéré. La population arabe l’est beaucoup plus, victime d’un racisme direct, d’autant que la judaïté s’affiche beaucoup moins (et donc se remarque beaucoup moins) : pas de djellaba, de foulards, etc. Alors, qui a raison, que faut-il croire ? A la fin on ne s’y retrouve plus.

Sans parler des coups bas dont nous ignorons souvent tout. Par exemple le bateau de Greenpeace coulé par Miterrand en 1985. Si cela était resté secret, nous ne l’aurions jamais su et donc nous n’aurions jamais imaginé que cela aurait pu se faire.

Bref, j’arrête pour ce matin afin de ne pas gâcher votre journée. Et puis Cigale va encore dire que je suis pessimiste. Elle n’a pas tort. Oublions un peu tous ces problèmes et vivons pour nous. Mais si on agit de la sorte, on joue à l‘autruche et on laisse faire les puissants de ce monde. Alors ? Quelle attitude convient-il de prendre ? Et surtout, quels moyens d’action pourrions-nous envisager pour que le monde ressemble à ce que nous voudrions qu’il soit ? Nous en avons peu. Râler ici sur Internet ? Cela ne débouchera sur rien.

Écrit par : Feuilly | 22/08/2008

Même si c'est tout petit, "râler" sur internet , cela éveille des consciences... Je n'avais pas fait tout ce chemin ! Je crois aussi que la paix se cultive d'abord en soi et dans notre rencontre avec les autres, ceux qui nous entourent. Il y a là une sacrée école de vérité pour savoir si nos paroles ne sont pas que du vent. Rencontrer l'autre dans sa différence avec respect et désir de le connaître et si cela se présente, en faire un ami.
Je ne vous trouve pas pessimiste mais lucide. Heureusement, il nous reste une source vive : la poésie du regard, le rêve, l'être ensemble, la faim de lire, parfois la joie d'écrire des choses inachevées et poser dans cet inachevé, nos espérances fragiles. Et cigale ? Il ne faudrait pas que la pluie l'ait fait fuir !

Écrit par : Christiane | 22/08/2008

Bien-sûr, que c'était de l'humour, Christiane.
Mal placé...Et si je vous ai froissée, Christiane, je vous prie de m'en excuser.
Votre discussion en appelle bien d'autres.
Croire en l'homme et à la paix, n'est pas une utopie mais une nécessité de survie. Le plus désespéré des hommes est un homme qui espère, sans quoi son désespoir, par effet de dialectique, n'aurait aucun sens, charnel, intellectuel, vivant.
L'espoir n'est pas la naïveté ou la croyance béate. On attend pas la révolution des hommes comme on attend l'autobus.
Personnellement, et je l'ai écrit sans ambages sur mon blog, je ne pense pas que nous ayons avancé d'un pouce dans les consciences depuis la fin du 19eme siècle et même au-delà.
Les comédiens qui ont le micro aujourd'hui, dont l'autre moine spirituel sujet central ici du débat, ne font que s'arranger contradictoirement des aberrations du monde.
Mais regardez et écoutez.
La guerre. Le soubresaut inné de la folie des hommes ? Non, nécessité inhérente à une certaine conception de la vie humaine sur cette planète.
Tant qu'il y aura des hommes enfermés, emprisonnés, embrigadés dans une vison économique de la vie, les canons et les sabres verseront le sang.
Depuis 1945, où ne s'est-on pas étripé de par le monde ? Où ? je vous le demande bien.
Indochine, Vietnam, Algérie, Afghanistan, Palestine, Liban Tchétchénie, Iran, Irak, les Balkans, j'en passe et de tout aussi barbares, et aujourd'hui la Géorgie.
Même la Belgique, c'est dire, s'enfonce dans la haine intestine....
Tout ça en 65 ans. C'est à dire sans relâche et partout.

L'espoir ça n'est pas être pacifiste bêlant. L'espoir est de concevoir que seul un bouleversement violent du monde mettra fin à la violence.
La force brutale est la seule réponse fiable à donner. Les principes de non-violence ne font que pérenniser la violence des états.

Le reste n'est que prières, incantations, vœux pieux et autres matoiseries des engages politiques qui, pour leur survie en tant que tels, ont tout intérêt à ce que les mascarade perdurent.

Viva Anarchia !

Écrit par : Redonnet | 22/08/2008

Oui, c'est sans doute cela le plus intéressant: rencontrer l'autre (cet autre univers) et parfois trouver des points de dialogue.

Internet permet en tout cas de dialoguer, d'exprimer des idées, "d'éveiller des consciences", c'est déjà beaucoup. Il pemret aussi de se sentir moins seul quand on rencontre des personnes qui ont plus ou moins les mêmes idées que vous. cela permet de ne pas se sentir isolé et donc de repartir du bon pied.

Inversément on rencontre parfois des êtres qui sont tellement à l'opposé de ce que nous sommes, qu'on n'imaginait même pas que cela puisse exister. Mais il est bon de le savoir, afin de comprendre comment va le monde.

Écrit par : Feuilly | 22/08/2008

Heureuse de vous lire Redonnet.( Faut-il vous appeler comme cela ?). Pas de problème ! C'est moi qui ai manqué d'humour.
Votre anarchie est musclée, mais l'enjeu est de taille ! Dans votre campement,
je me verrais bien faire le café, soigner les bosses, peindre des lettres sur des calicots, écrire des poèmes pour le repos des guerriers et dans celui de Feuilly,
boire du café, très lentement, lire des poèmes, écouter tomber la pluie ou l'écouter s'il n'est pas en train d'écrire et dans mon campement,
j'ai posé un instant mes livres et carnets pour lire cet écran d'ordinateur, pendant que l'odeur du café envahit la maison et ce que je lis de ces deux "copains" (au goût de Brassens) me met le coeur en joie. 1+1+1+1+1+1+1+1...etc....

Écrit par : Christiane | 22/08/2008

Heureux de vous voir revenue à un certain apaisement, Christiane. Je préfère cela.

Donc, notre ami Redonnet (cela me fait étrange aussi de l’appeler par son nom) prône carrément des actions violentes pour sortir du gouffre où nous nous trouvons. Comment allez-vous concilier cela avec votre pacifisme et celui du Dalaï Lama ?

Il n’a peut-être pas tort, car à force de nous conduire nous-mêmes comme des moutons, cela a donné l’habitude à ceux qui nous dirigent de nous mener à l’abattoir. Mais quelle violence ? Celle des islamistes ? Celle des brigades rouges qui a fait fuir les parents de C. Bruni ? La violence fait toujours des victimes (des dégâts collatéraux, comme on dit dans les guerres du golfe). Mais il est probable que sans elle on n’arrive à rien. 1789 a commencé et a fini dans le sang. Et tout ce carnage pour en arriver à l’Empire. Pourtant ce fut nécessaire, sinon on en serait encore à l’Ancien Régime. C’est la dialectique de l’Histoire, sans aucun doute.

Le problème, c’est l’argent en fait. Pourquoi l’économique doit-il toujours primer sur tout ? Notre époque est particulièrement pitoyable à ce sujet, mais cela a toujours existé. Même en plein Moyen-Age, cette époque si spirituelle et complètement tournée vers un au-delà, les usuriers faisaient fortune. Pour partir en croisade, Godefroid de Bouillon a dû vendre son château et les seigneurs s’endettaient pour acheter des armures pour leurs tournois.

Pourtant, nous, il me semble que quelques livres et quelques poèmes feraient notre bonheur. Le reste…

Écrit par : Feuilly | 22/08/2008

Et pour ce qui est de "soigner les bosses", je sais que vous l'avez déjà fait, Christiane, Google gardant mémoire de tous nos actes.

Écrit par : Feuilly | 22/08/2008

Ah !....
Quant au premier point, je ne sais pas... La vie est plus imprévisible que nous. Elle nous met dans des situations où nous sommes invités à faire des choix. Jusqu'à présent, j'ai pu exprimer ma colère en étant solidaire des êtres que le hasard avait placés sur mon chemin. là il ne m'était demandé que de répondre "présent" et d'inventer des façons d'ensoleiller la vie. Si demain, on me demande plus et si j'ai confiance dans ceux qui m'entourent peut-être que je pourrais agir autrement mais sans passer par la violence... Comment ? Je ne sais... Un jour à la fois, c'est une marche (romane ?) qui me convient, où je peux joindre la réflexion, l'action et le temps d'aimer qui est sève de tout...

Écrit par : Christiane | 22/08/2008

J'ai mis du temps pour vous répondre car ma fille vient de passer. Elle profite de ses derniers jours de congé pour lire le journal de Virginia Woolf.... Autour d'un café nous avons parlé de ce grand livre. Comme elle sculpte, (quand elle ne milite pas avec ses copains communistes, où quand elle ne travaille pas dans ce centre culturel où elle donne tant ), elle aime trouver dans ce journal le regard de cette femme sur sa création.
Nous avons bu un café très chaud et dont l'arôme était celui d'une tendresse pudique et partagée.

Écrit par : Christiane | 22/08/2008

La violence n'est pas - forcément - l'affrontement physique et même, cet affrontement physique, si je relis un peu l'histoire, est toujours trahi à la fin, dans ses premiers engagements.
Tu fais allusion à la Révolution francaise. Sa seule période révolutionnaire est représentée par les enragés de 93. Si le Directoire ne s'était pas assoupi et vautré dans la corruption, le 18 brumaire n'aurait pu avoir lieu. Je schématise à outrance.
C'est un poncif, mais je le dis quand même : Une révolution commence quand les fusils se taisent.
La violence aujourd'hui serait de dire : Stop, "nous existons" et de partir d'un immense éclat de rire devant toutes les couleuvres qu'on nous fait avaler, des couleuvres vieilles comme le monde mais que la forme moderne et spectaculaire du mensonge rendent plus insidieuses et moins faciles à identifier.
La violence serait de commencer par affirmer notre dignité en refusant d'aller participer aux mascarades électorales. De reprendre en mains la destinée de nos propres vies, d'en reconquérir, individuellement, toute la poésie en ne mandatant personne pour lui indiquer les chemins à suivre..etc..
Que serait le pouvoir s'il n'était béni par des bulletins de vote ? RIEN. Parce qu'ils ne détiennent légitimité de tous leurs crimes et de la soloperie de leurs lois que sur la foi de deux dimanches électoraux, bouclés, à de rares exceptions près, bien avant le bouclage des urnes.
Toutes les " forces" en présence lors d'une élection sont complices d'une même tricherie, d'un même projet d'accablement de la vie par la voie royale qu'on nomme, à bien injuste titre, démocratie.
Juste un souvenir : En 68, les élements les plus révolutionnaires des évènements ( ou ceux que le spectacle mettait au hit-parade) étaient traités à la Une de l'Humanité, d'agents sionistes ! Si ce n'était d'une dramatique bêtise, il faudrait en rire !

Post scriptum : Je m'appelle Bertand. Ce qui n'étonnera pas Feuilly....
Amicalement

Écrit par : Redonnet | 22/08/2008

Bertrand,
J'aime vraiment beaucoup cette violence-là, mais pour le vote, les femmes ont tellement lutté pour avoir ce droit que je serais plutôt favorable à un vote blanc ou un vote contre !
Votre analyse de la portée du vote et de la tricherie de "toutes les forces en présence"...j'ai encore quelques illusions ! N'allez pas trop vite, car j'ai tenu un bureau de vote aux dernières élections municipales et quand je voyais des anciens, un peu tremblants, signer le registre et y tenant, bien que leur vote n'était pas forcément celui que j'aurais souhaité et que je devinais, je trouvais encourageant de les voir là, idem pour les jeunes un peu novices et cette population de nos banlieues si fière de pouvoir voter pour le choix d'un élu municipal.
Entre deux, aux heures lentes où le bureau était vide, j'ai fait quelques croquis d'un vieux pommier qui avait été épargné lors de la construction de l'école, vestige d'un temps où cette terre était couvertes de jardins ouvriers et de vergers...
En 68 ? J'ai un peu honte de le dire, mais au fond de la Normandie, titulaire de mon premier poste d'institutrice, dans une petite classe unique accotée à une forêt, je faisais des bouquets de jacinthes des bois et je lisais Virginia Woolf ! La terre a tourné plusieurs fois autour du soleil avant que je m'inquiète de l'actualité politique ! D'où mon extrême lenteur à atteindre la lucidité. Mon premier émoi (et ne bondissez pas) : plonger dans cet extraordinaire destin d'un homme nommé De Gaulle. En 68, j'errais, par la pensée sur ces plages irlandaises, sur cette lande sauvage et désolée...en cueillant mes jacinthes et il avait pour moi le visage de Don Quichotte...
Bertrand, si vous avez le temps de donner des cours de rattrapage !!! mais j'avoue avoir un faible pour vos cours...d'eau, alors, nous ne sommes pas sortis d'une longue, très longue patience de votre part et de celle de mon ami Feuilly.
Tiens, une petite faim de nourritures terrestres !

Écrit par : Christiane | 22/08/2008

Je m'excuse de répondre tardivement à ce billet mais j'étais très occupée ces derniers temps (et pourtant je souhaitais répondre).

Je reprends la base du billet c'est à dire ce que Feuilly appelle " Le grand Lama ".

Et je dois avouer que je suis assez interloquée pour ne pas dire choquée des propos tenus ici ou là sur ce personnage (Aédia, si tu passes par là ...)

Je tiens à préciser tout de suite que je suis actuellement athée, même si j'ai eu dans ma folle jeunesse ma petite période "religieuse". Période pendant laquelle je me suis intéressée de près à certaines religions dont l'hindouisme et le bouddhisme tantrique (c'est à dire Tibétain).

Parler de dictature possible - et même probable selon certains - en ce qui concerne le Dalaï-Lama laisse perplexe. C'est vraiment bien mal connaitre la philosophie bouddhique !

Relisez Alexandra David-Neel (Voyage d'une parisienne à Lhassa) ! Considérez que le Tibet avant l'invasion chinoise était peut-être le seul peuple qui vivait encore comme il y a 2000 ans... Quelle richesse culturelle !

Féodal ! C'est grave docteur ? Pourquoi les peuples devraient-ils tous vivre de façon identique ? Féodal ! Oui, certainement pour un Occidental du XXIe siècle. Mais pas pour un Tibétain.

Alors j'entends d'ici la question : "Doit-on laisser les peuples vivre comme au temps des cavernes ? " Ce jugement rappelle étrangement ce qui s'appelle "colonisation" vous ne trouvez pas ?
Les Espagnols découvrant le Nouveau Monde n'ont-ils pas tentés de rendre les "sauvages tellement différents d'eux " qui peuplaient cette terre en personnes civilisées, à leur image (en fait non parce qu'ils les ont tous massacrés !) ?

Maintenant le mal est fait. La Chine a pollué le Tibet qui ne sera plus jamais comme avant. Ce que je trouve dramatique, c'est que les Tibétains ont perdu leur âme (leur identité profonde pour ceux qui préfèrent ;-).

Ils ne sont pas libres chez eux; ils sont les esclaves des Chinois dont ils ont reçu en cadeau la violence, l'alcool et la prostitution (tiens, ça me rappelle quelque chose...) Les reportage que je vois à ce sujet m'anéantissent un peu plus à chaque fois. C'est ça la vraie domination : détruire l'identité culturelle d'un peuple.

Alors oui, le Dalaï-Lama apparait maintenant comme un pantin qui erre de pays en pays en tentant désespérément de faire reconnaître sa cause (perdue à jamais pour moi). Oui il est sujet de récupérations politiques abjectes. Mais de grâce, un peu de respect pour lui et le peuple tibétain !

Écrit par : Cigale | 22/08/2008

Cigale,
quel plaisir de vous retrouver, j'ai hâte de lire la réponse qui vous sera donnée, encore que je commence à saisir la démarche de Feuilly.

Écrit par : Christiane | 22/08/2008

"ne se pose pas la question de savoir quel régime politique le Dalaï Lama instaurerait au Tibet s’il devait un jour être au pouvoir"

extrait disponible sur www.tibetan.fr

"Depuis 2001, le Premier ministre (Kalon Tripa) est élu au suffrage universel par tous les Tibétains en exil en âge de voter. Le Premier ministre choisit ses ministres dont chaque membre doit recevoir l’approbation du Parlement. Le gouvernement est donc collectivement responsable devant le Parlement."

Je crois qu'on ne peut faire l'impasse la-dessus. Les aspirations des tibétains en exil et de leur chef ont toujours été démocratiques. La reine d'angleterre est également chef de l'église anglicane, et personne ne prétende que le royaume uni soit une théocratie.

Écrit par : Mikael | 22/08/2008

@ Cigale:

Ah ah, je vous attendais impatiemment, Cigale, sachant que vous viendriez défendre ici la spiritualité orientale. Vous voilà donc « assez interloquée » et même « choquée ». Diable !

Prenons les choses par le commencement. Vous êtes « actuellement athée » mais ne l’avez pas toujours été. Soit. Moi non plus. Mais vous avouez, en vous excusant, que de telles opinions remontaient à votre « folle jeunesse », ce qui, reconnaissez-le, jette déjà un certain discrédit sur le phénomène religieux que vous venez pourtant défendre tout en le condamnant déjà. Etrange.

Ensuite, vous précisez que votre spécialité était (il faut bien employer l’imparfait puisque vous avez renoncé à ces croyances) le bouddhisme tantrique. Pas n’importe quel bouddhisme, donc, mais spécifiquement celui du Tibet. Etant donné votre âge avoué sur votre site (deux ans en plus que moi), on peut donc facilement en déduire que c’est à la fin des années soixante-dix que vous avez vécu votre épisode spirituel (je ne dirai pas mystique), donc à une époque où, après mai soixante-huit, la mode était encore à cette philosophie orientale. Je ne dis pas cela pour minimiser votre approche, chère Cigale, encore moins pour la ridiculiser (après tout, ces moines auraient peut-être bien des choses à nous apprendre sur la patience et la tolérance), mais simplement pour souligner qu’il y a eu à cette époque un engouement certain pour cette manière d’aborder la vie. Le fait que cela fut une mode et qu’elle est un peu passée nous permet donc déjà de relativiser le contenu mêrme de cette philosophie. Ce qui semblait vrai et évident n’est plus forcément considéré comme tel aujourd’hui. Vous-même, d’ailleurs, reconnaissez avoir pris certaines distances. Certes, pour les moines, cela ne change rien et leur approche n’a pas varié, mais avouez que ce qui vous semblait fondamental à dix-huit ou vingt ans (âge où il est bon, en effet, de se poser des questions sur le sens de la vie) l’est moins aujourd’hui. Vous en avez conservé, cependant, une certaine manière d’être et d’aborder la réalité, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose d’ailleurs (votre attitude « zen » s’est souvent opposée à mon pessimisme). Vous avez retenu quelques recettes existentielles et vous imaginez que les moines ont la même approche que vous, un peu bon enfant. Malheureusement, eux, ce sont de vrais religieux et il est à craindre qu’ils ne se contentent pas d’une telle approche mais qu’ils se montrent beaucoup plus intransigeants sur le contenu de leur foi.

Donc, en résumé :

- Vous défendez ici une religion à laquelle vous ne croyez plus vraiment vous-même

- Vous ne la voyez d’ailleurs plus comme une religion (ce qu’elle est, cependant) mais comme un art de vivre.
- Vous êtes persuadée qu’une telle approche philosophique et spirituelle est à l’opposé du christianisme ou de l’islamisme et que la dose de tolérance qu’elle comporte nous met à l’abri de toute dérive si un régime théocratique devait se mettre en place.

Certes, je vous comprends et il est certain que si je devais choisir je préférerais l’approche tibétaine à l’intégrisme musulman ou au christianisme avec son dieu cloué sur un instrument de torture.

Mais...

Mais il n’en reste pas moins que c’est une religion, qu’on le veuille ou non et que déjà je suis méfiant, par nature d’abord, par expérience ensuite (relisons l’Histoire et tous ses massacres religieux). Sans doute, de toutes les religions du monde, celle-ci est la plus respectable, mais elle demeure une religion. Or nous savons tous qu’une religion peut tout de même avoir de bons côtés (voir le message d‘amour que comporte le christianisme) mais que la manière dont les prêtres l’imposent a souvent de quoi inquiéter. Donc, je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas m’inquiéter si jamais la Dalaï Lama revenait au pouvoir. Lui-même, certes, est tellement occidentalisé et il est tellement tolérant qu’il n’y a sans doute pas grand chose à craindre de sa personne. Mais les autres ? Tous les autres, qui ont été brimés par les Chinois ? Ne vont-ils pas prendre leur revanche en imposant un régime qui sera tout à leur profit ?

Relisez ce que je disais des moines birmans. Ils vivent de la mendicité et s’ils se sont révoltés contre le régime, c’est parce que celui-ci avait tellement appauvri la population que celle-ci ne pouvait plus rien leur donner. Leur combat était donc un combat contre la faim (la leur) et non un combat pour la démocratie. Je ne vois pas ce que le Tibet gagnerait à nourrir 15% de sa population à ne rien faire. Ce qui ne veut pas dire que je préférerais un régime de type occidental. Bien au contraire, puisque j’ai dit que note but est de grignoter la Chine dite communiste pour étendre notre zone de libre échange.

Puisque nous avons à peu près le même âge, vous n’êtes pas sans vous souvenir, jolie Cigale, de la chute du Shah d’Iran, qu’on a présenté comme un affreux dictateur (en réalité, on lui reprochait d’avoir voulu conserver pour son pays une bonne partie des recettes du pétrole). Puis vinrent les Ayatollahs et on fut bien surpris que leur régime était bien plus néfaste encore. Ceci dit, ne nous faisons pas d’illusion : on l’a présenté comme cela parce que les Ayatollahs se sont opposés à l’Occident mais la loi islamique règne aussi en Arabie et là personne ne trouve rien à redire.

Mais revenons à notre problème. Je veux simplement souligner que notre grand Lama est sans doute bien sympathique, mais qu’on ne sait tout de même pas comment son régime pourrait évoluer.

Vous dites que ce n’est jamais lui qui instaurerait une dictature. Probablement. Mais vous étiez d’accord pour dire qu’on se servait de lui. Que se passera-t-il après ? L’économie de marché est-il tout ce que l’on peut rêver ? Ne me dites pas cela, vous qui étiez adepte du bouddhisme tantrique. De toute façon, si ce n’est pas un régime théocratique, ce sera un régime occidental. Dans ce dernier cas, je ne pense pas que nous ferons plus de cas de la pensée religieuse antique et de cette culture millénaire. Notre matérialisme s’accommodera très mal de cette spiritualité, les moines se sentiront brimés et trompés et soit ils reviendront à une théocratie, soit ils disparaîtront.

« le Tibet avant l'invasion chinoise était peut-être le seul peuple qui vivait encore comme il y a 2000 ans... » dites-vous. Vous voudriez donc qu’ils continuent dans cette voie ? Je ne suis pas contre, étant fort réservé sur les bien faits que l’Occident peut leur apporter. Mais soit vous accepter le régime théocratique qui va avec la tradition (et les traditions, vous savez… Regardez ce que cela donne en Afrique : pratique de l’excision, etc.) soit vous modernisez le pays en l’occidentalisant. Votre Lama sera le moyen qui aura permis d’atteindre une des deux solutions. Il n’y en a pas d’autres.

Je vous suis donc quand vous dites qu’obliger le Tibet à vivre comme nous, c’est le coloniser. C’est bien pour cela que je dénonce le fait qu’on se sert du Dalaï Lama pour parvenir à d’autres fins que celles qu’il souhaiterait (mais il est intelligent et sait qu’il obtiendra plus de l’Occident que du régime chinois athée). Nous détruirons le Tibet au moins autant que la Chine n’ a pu le faire, pas comme les Espagnols avec les Indiens, mais autrement.

Donc, j’en déduis que de votre point de vue vous auriez voulu que le Tibet restât moyenâgeux. Le vouliez-vous pour eux ou pour vous, par respect pour vos souvenirs de jeune fille, du temps où vous vous sentiez attirée par cette approche existentielle basée sur la spiritualité ? N’est-ce pas votre jeunesse et celle que vous fûtes que vous voulez en fait préserver ? Je dis cela, Cigale, sans animosité aucune et au contraire avec beaucoup de compréhension, croyez-le.

Mais le mal est fait. « La Chine a pollué le Tibet ». Tout à fait. On a voulu détruire leur culture comme d’autres ont voulu détruire celle de l’Irak (rappelez-vous la destruction et le pillage des musées de Bagdad).

« Ce que je trouve dramatique, c'est que les Tibétains ont perdu leur âme, leur identité profonde ». Sans doute. Et ce n’est malheureusement pas la libre circulation des biens et des personnes qui améliorerait la situation s’ils devaient un jour rejoindre notre camp.

Maintenant je ne sais pas ce qui se passe là-bas. Je n’en sais que ce que l’on veut bien nous en dire. On disait aussi autrefois que la Chine communiste était un pays horrible. Forcément, personne n’aurait envie de vivre sous une dictature, fût-elle communiste. Mais en attendant la Chine aussi était en plein Moyen-Age quand elle était sous la coupe des Occidentaux. La population y mourait de faim. Après Mao, dont je ne suis certainement pas un adepte fanatique, ils avaient tout de même leur bol de riz à manger. Il ne faut pas critiquer trop vite, en fait. On voit souvent les travers d’un régime, on oublie ses points positifs.

« Ils ne sont pas libres chez eux » De fait. Mais les Kurdes le sont-ils ? Les Irakiens le sont-ils ? Les Palestiniens le sont-ils ? Ce n’est donc pas beaucoup mieux de notre côté.

« Les reportages que je vois à ce sujet m'anéantissent un peu plus à chaque fois ». J’entends bien. Mais attention, n’oubliez jamais que le but est de vous faire pleurer.

« Mais de grâce, un peu de respect pour lui et le peuple tibétain ! » Là, je m’insurge. Où avez-vous vu que je lui manquais de respect ? Voici mes propres mots : « La deuxième chose qui m’étonne dans notre attitude à son égard, c’est qu’on ne le défende pas plus, puisqu’on lui a volé son état. » Et quant aux droits de l’homme en général et aux droits des Tibétains en particulier, j’ai bien ironisé sur l’attitude de Sarkozy, qui ne s’en sert que pour faire pression et obtenir des contrats commerciaux.

Ouf, ce fut une longue réponse, Cigale, vous me donnez bien du travail.

Amicalement.

Écrit par : Feuilly | 23/08/2008

Eh bien, vous avez du souffle !

Écrit par : Christiane | 23/08/2008

@ Mikaël

"Depuis 2001, le Premier ministre (Kalon Tripa) est élu au suffrage universel par tous les Tibétains en exil » Très bien. Encore faudrait-il savoir qui sont ces exilés. Sur le site que vous citez, je trouve ceci, qui est la version chinoise, forcément tronquée, mais s’il y avait du vrai ?

« Pour les autorités chinoises, les motivations des Tibétains réfugiés à l’étranger sont bien simples : « au cours de ces dernières années, des anciens gros propriétaires de serfs en exil à l’étranger, bénéficiant de l’appui des forces anti chinoises internationales, ont attaqué la réforme démocratique en se faisant passer pour des défenseurs des droits de l’homme. Par-là, ils cherchent à tromper l’opinion publique et à restaurer leur paradis perdu »

Voilà qui est troublant. Les mots « propriétaires de serfs » renvoient au Moyen Age que je redoutais un peu et quant à ces pseudo-défenseurs des droits de l’homme, cela correspond à ce que je disais : on nous manipule et on se sert du Dalaï Lama. Serais-je donc plus chinois que les chinois ?

Ceci dit, ce que vous me dites me rassure à moitié. Ce sera donc un régime démocratique et non une théocratie. C’est déjà cela. Mais cela veut dire libre échange etc. Donc quelques riches (ceux qui sont en exil aujourd’hui) et beaucoup de pauvres (les anciens serfs que l’on va vite exploiter) qu’on ne retrouvera pas parmi les chefs d’entreprises. Ils pourront toujours s’exiler au Népal voisin. On vient d’y chasser le roi et mettre sur un pied un gouvernement avec quelques ministres maoïstes (non, je plaisante, évidemment).

Écrit par : Feuilly | 23/08/2008

Du souffle et de la clarté dans vos idées !

Écrit par : Christiane | 23/08/2008

Sur le site dont Mikaël a donné l’adresse, je trouve aussi ceci (outre le fait que le Dalaï Lama, dans sa jeunesse, appréciait le marxisme et Mao)

« Depuis l’arrivée des Tibétains en exil, plus de 200 monastères ont été construits en Inde et au Népal, qui redonnent vie aux établissements dévastés par l’occupant chinois. Les trois grands monastères de Lhassa notamment, Drépoung, Ganden et Séra, sont reconstitués à l’étranger. Environ 20 000 moines et nonnes peuvent ainsi recevoir la formation traditionnelle, assurant la préservation du bouddhisme tibétain »

Diable, mes craintes commencent à se préciser.

Par contre il est prévu de séparer le spirituel et le temporel, ce dont je me réjouis. Mais on lit aussi que « cette décision, mal comprise de la part des Tibétains, rompt avec une tradition séculaire. Le Dalaï-Lama estime en effet que, si le Tibet veut devenir un membre à part entière de la communauté des nations, il ne faut plus qu’il dépende d’une seule personne mais qu’il soit le reflet de la conscience collective des masses tibétaines. »

Donc, le Dalaï Lama est plus moderne que son peuple. J’avais dit plus haut qu’il était occidentalisé. Le peuple voudra la tradition moyenâgeuse et lui apportera la modernité (et le libéralisme ?). Voilà un beau conflit interne qui se dessine.

http://www.tibetan.fr/?la-democratisation-du-tibet-en

Écrit par : Feuilly | 23/08/2008

Nom d'une pipe ! ceci n'est pas un Magritte ! mais le noeud de Moebius !
Est-ce le dernier volet de cette saga, cher ami ? On ne pourra pas dire que vous ne répondez pas aux questions que l'on vous pose !!!
La nuit est belle. Ils doivent dormir... Heureusement car s'ils posaient une malheureuse question subsidiaire...cela risquerait de mener votre réponse jusqu'au matin !
Vous êtes incroyable ! (ceci n'est pas ...un compliment, bien entendu !)

Écrit par : Christiane | 23/08/2008

@ Cigale :
Je cite : Et je dois avouer que je suis assez interloquée pour ne pas dire choquée des propos tenus ici ou là sur ce personnage (Aédia, si tu passes par là ...)
J'ai pour habitude de dire ce que je pense après avoir mûrement réfléchi ( souvent politiquement incorrect ) sans pour autant croire détenir la science infuse. J'admets donc parfaitement que l'on puisse non seulement être d'un autre avis que le mien et par conséquent choqué. Comme Feuilly a répondu de manière fort détaillée aux divergences qui peuvent naître de sa façon de penser, donc de la mienne, je n'ai rien à ajouter, sauf que je suis désolée que notre façon d'appréhender la situation du Tibet ne soit pas plus claire pour d'autres...

Écrit par : Aédia | 23/08/2008

Feuilly,
comme je ne sais pas où inscrire ce message, je le place ici. Mettez-le ou bon vous semble.
Grâce à vos liens vers cinq autres blogues, j'ai pu, tour à tour, découvrir les sites de Bertrand Redonnet, de Dominique Autié et d'Angèle Paoli.
J'ai donc pu commander et recevoir ce livre rare qu'elle a écrit , "Lalla ou le chant des sables". Je suis encore sous le charme de ce...roman-poème, magnifiquement transformé en livre précieux par le choix de l'éditeur et de l'imprimeur. Merci de m'ouvrir à l'écriture rare de ces trois auteurs.
Christiane

Écrit par : Christiane | 23/08/2008

J'ai oublié JKL, parole puissante, car je ne me souvenais plus que le chemin de lecture avait pris naissance chez vous. Pour les autres, je n'ai pas encore exploré car je prends le temps de me promener dans ces sites inconnus comme on découvre une nouvelle géographie des mots, avec de nombreux arrêts pour réfléchir. (Surtout qu'il me faut du temps pour qu'une langue nouvelle me devienne reconnaissable.) Quand le paysage en devient familier je m'avance sans crainte dans la forêt des mots et j'écoute, comme je l'ai fait chez vous, ces dernières semaines. J'aime lire suffisamment de "billets" pour oublier que je suis sur un blogue et pour entrer dans un dialogue, la difficulté, alors, étant,( malgré la joie et le désir d'apprendre, de réfléchir et de dire), de ne pas oublier que ce lieu est à tous et parfois de faire des efforts "surhumains" pour se taire ! Bonne journée.

Écrit par : Christiane | 23/08/2008

@ Feuilly : merci pour cette réponse détaillée à laquelle je répondrai dès que possible.

@ Aédia : tu sais (ou pas) que je partage très souvent tes idées et ta façon d'appréhender la politique. J'ai même fait de la pub pour toi sur mon blog lorsque tu as repris la plume dernièrement (et il est même possible que ce soit à ce moment là que Feuilly t'a découverte), mais en ce qui concerne le Tibet, je crois que nos avis divergeront toujours. Ce n'est pas une question de clarté des propos mais bien d'une appréhension différente du problème.

Écrit par : Cigale | 23/08/2008

@ Cigale : Merci pour la pub, mais je ne savais pas.
En ce qui concerne le Tubet, je comprends ta position mais je la trouve " angélique" et un peu trop cloisonnée en ce qui concerne l'aspect politique de la fonction de Dalaï Lama. Donner à choisir aux Tibétains entre un Tibet féodal ou un Tibet marchand sous domination US me paraît monstrueux mais n'engage que moi. Etant a-croissante autant par écologie que par conviction politique, l'alternative proposée aux Tibétains me semble terriblement perverse...

Écrit par : Aédia | 23/08/2008

@ Aédia : de rien.
"Angélique" tu as raison et j'aurais même dit naïve ! Mais que veux-tu, je ne suis au final qu'une petite cigale perchée sur sa branche passant son temps à faire de la musique sans bien comprendre ce qui se passe autour d'elle.

@ Feuilly : la réponse arrive, je la laisse macérer.

En tout cas, félicitations ! Vous êtes passé VIB et faites parti des blogs les plus commentés... :-D

Écrit par : Cigale | 23/08/2008

@Cigale : Je fus cigale en mon jeune temps, moi aussi...et sans devenir fourmi laborieuse à oeillères bien des évènements m'ont percutée et ont coupé mon chant léger...Je ne suis pas sûre de ne pas regretter " le temps d'avant " mais la lucidité ne s'accommode que de rêves concrets voire réalisables. Beaucoup, nonobstant, me traitent d'utopiste. L'utopie, peut-être, puise t-elle sa source dans un rêve possible ?

Écrit par : Aédia | 23/08/2008

D'abord merci pour cette longue réponse.
Je dois dire cependant que c'est la première fois que je fais moi-même un commentaire aussi long sur un blog. Je n'aime pas "discuter" par écrit, cela me demande beaucoup de temps et d'énergie ! Ce n'est pas pour rien que mon blog s'appelle babillages...

Quelques généralités :

" Folle jeunesse" est une expression employée pour faire mon intéressante ! Ma jeunesse ne fut pas folle et même plutôt assez sage.

Je suis de confession catholique, les religions dont je parle, hindouisme et bouddhisme ne m'ont jamais séduite en tant que religions mais plutôt comme philosophies (de vie), en cela vous avez raison. De même quand je dis séduite, c'était plus par la découverte et l'approfondissement par les lectures pour les raisons que vous avez fort bien perçues, que par le côté pratique (non je ne me suis jamais promenée dans les rues en robe orange en chantant Are Krishna en sautant avec un tambourin dans les mains). Enfin, je n'ai pas renié le catholicisme dont je faisais partie, je cherchais plutôt le lien qui unissait toutes ces religions en pensant qu'il n'y avait qu'un unique Dieu que les religions cherchaient par des chemins différents.

Mais vous avez toujours raison en disant que c'était la mode de l'époque.

Feuilly: Le fait que cela fut une mode et qu’elle est un peu passée nous permet donc déjà de relativiser le contenu même de cette philosophie.

Cigale : Qui dit mode dit éphémère. Ce sont les Occidentaux qui sont allés chercher ces philosophies dont ils se sont nourris (certains) pendant un temps. Le fait que le courant de pensée orientaliste soit passé de mode en Occident n'enlève rien à l'authenticité des dites philosophies. Elles existent en tant que telles avec ou sans l'Occident.

F: Vous êtes persuadée qu’une telle approche philosophique et spirituelle est à l’opposé du christianisme ou de l’islamisme et que la dose de tolérance qu’elle comporte nous met à l’abri de toute dérive si un régime théocratique devait se mettre en place.

C : Je n'ai jamais opposé les religions et je ne pense pas que certaines soient meilleures que d'autres. Comprenons bien : les religions "à leur source", pas ce que les hommes en ont fait ou interprété (suivez mon regard).
Quant à l'éventuel régime théocratique tibétain, pourquoi pas oui...j'aurais tendance à faire confiance au Dalaï-Lama...Mais nous parlons dans le vide car la Chine ne lâchera jamais ce qu'elle considère comme sa province.

F : Je ne vois pas ce que le Tibet gagnerait à nourrir 15% de sa population à ne rien faire.

C : Mais les moines ne font pas rien cher Feuilly : ils prient ! :-D
Ils prient pour le salut de votre âme qui plus est, vous pouvez les remercier mécréant !
(je veux dire par cette boutade que c'est là le fond du problème cette différence de vues qui change la perception et donne une interprétation différente)


F : Vous dites que ce n’est jamais lui qui instaurerait une dictature. Probablement. Mais vous étiez d’accord pour dire qu’on se servait de lui. Que se passera-t-il après ?

C : On se sert de lui parce qu'il le veut bien, dans l'espoir de retrouver un jour son pays.
Pour le reste faites lui confiance et gageons qu'il saura trouver un juste milieu entre le respect des traditions, sa culture millénaire et ce qu'il aura retenu de ses voyages et qui pourrait profiter à son peuple.

F : Donc, j’en déduis que de votre point de vue vous auriez voulu que le Tibet restât moyenâgeux. Le vouliez-vous pour eux ou pour vous, par respect pour vos souvenirs de jeune fille, du temps où vous vous sentiez attirée par cette approche existentielle basée sur la spiritualité ? N’est-ce pas votre jeunesse et celle que vous fûtes que vous voulez en fait préserver ?

C : Comment peut-on vouloir du devenir d'un pays pour SOI ?? Franchement je ne comprends pas la question.

Non je ne regrette pas ma jeunesse (je suis mieux dans ma vie actuelle); ce que je pourrais éventuellement regretter c'est le temps qui passe et l'échéance qui arrivera on ne sait quand... Vous voyez, vous me contaminez avec vos idées noires habituelles ;-)

F: Mais le mal est fait. « La Chine a pollué le Tibet ». Tout à fait. On a voulu détruire leur culture comme d’autres ont voulu détruire celle de l’Irak (rappelez-vous la destruction et le pillage des musées de Bagdad).

C : En effet, et chaque destruction de témoignage du passé l'est irrémédiablement. Quelle tristesse et quel gâchis ! Les écologistes sont les premiers à crier lorsqu'une espèce animale tend à disparaître (par la faute de l'homme). C'est un peu pareil, à la nuance près que l'humain passera toujours avant l'animal pour moi.

F : « Ce que je trouve dramatique, c'est que les Tibétains ont perdu leur âme, leur identité profonde ». Sans doute. Et ce n’est malheureusement pas la libre circulation des biens et des personnes qui améliorerait la situation s’ils devaient un jour rejoindre notre camp.

C : Pourquoi voulez-vous qu'ils rejoignent "notre camp" ? Cela fait des millénaires qu'ils vivent sur les hauts plateaux dans un style de vie adaptée à leur situation, ils n'ont pas besoin de nous ni de notre façon de vivre ! Je me trompe peut-être, mais je n'ai pas l'impression que ce peuple était malheureux. Ils avaient même trouvé un certain équilibre.

Alors oui, ils vivent dans une crasse impensable, oui le seul moyen d'étudier est de devenir moine, oui ils travaillent (durement) la terre ou font de l'élevage ou du négoce, oui ils se chauffent à la bouse de yac et alors ? Pourquoi devraient-ils absolument entrer dans une société de consommation dont ils sont à des années lumière ?

Certes maintenant qu'ils ont aperçu "la civilisation" par le biais de l'invasion chinoise, ils ne voudront probablement pas retourner au "féodal". Et on les comprend ! Quand je disais que le ver était dans le fruit...

F : On disait aussi autrefois que la Chine communiste était un pays horrible. Forcément, personne n’aurait envie de vivre sous une dictature, fût-elle communiste. Mais en attendant la Chine aussi était en plein Moyen-Age quand elle était sous la coupe des Occidentaux. La population y mourait de faim. Après Mao, dont je ne suis certainement pas un adepte fanatique, ils avaient tout de même leur bol de riz à manger. Il ne faut pas critiquer trop vite, en fait. On voit souvent les travers d’un régime, on oublie ses points positifs.

C: Hou la la ! Vous n'allez pas me convaincre en ce qui concerne Mao ! Mise à part la population qui avait son bol de riz (ce qui est déjà pas mal, j'en conviens), le reste ne fut que destruction (culture, religion, intellectuels...) et brimade pour ne pas dire plus.

F : « Les reportages que je vois à ce sujet m'anéantissent un peu plus à chaque fois ». J’entends bien. Mais attention, n’oubliez jamais que le but est de vous faire pleurer.

C : Certes et je me méfie des journalistes. Mais là, les images parlent d'elles-même...

F : « Mais de grâce, un peu de respect pour lui et le peuple tibétain ! » Là, je m’insurge. Où avez-vous vu que je lui manquais de respect ?

C : Le ton que vous employez est souvent plus qu'ironique...

Mais je dois avouer cependant que lorsque je regarde les vidéos sur le Dalaï-Lama, son attitude est tellement différente de celle que pourrait avoir un occidental dans le même cas que cela me met souvent mal à l'aise. Il ne fait pas crédible, toujours à rire et à passer pour décontracté. Quant au cérémonial qui va avec...(avez-vous vu Carlita tenir les mains jointes !) j'avoue que sorti du contexte, cela fait grand guignolesque... Je peux donc comprendre le ton ironique...

Écrit par : Cigale | 23/08/2008

@ Cigale

C’est bien via votre bogue, en effet, que j’ai connu celui d’Aedia. Pauvre petite Cigale, voilà que cela se retourne contre vous, comme quoi la vie est bien injuste, c’est ce que je disais, finalement.

Naïve ? Sans doute. Mais il est bon aussi qu’il y ait des cigales dans les branches, des cigales qui passent leur temps à faire de la musique. Cela réjouit notre cœur, que le monde a rempli de hargne.

Je ne change rien à ce que j’ai dit sur le Dalaï Lama (à la limite j’en rajoute : avec ses mains perpétuellement jointes, en toutes circonstances, je crois qu’il joue à fond la carte de son statut religieux pour qu’on le remarque et qu’on lui accorde un certain crédit). Mais d’un autre côté, je comprends que vous puissiez être choquée par mes propos dans la mesure où c’est par cette recherche que vous fîtes à vingt ans que vous avez, semble-t-il, trouvé un certain équilibre, une certaine tranquillité, une sorte d’apaisement que l’on retrouve aussi dans la musique, finalement.

Dans le fond, nous ne parlions pas de la même chose. Je voyais l’aspect politique et vous songiez à l’équilibre intérieur. C’est un peu comme si je m’extasiais devant un poème et que vous veniez me dire du mal du poète qui l’a écrit.

J’ai déjà souligné que j’adore la musique dite spirituelle, par l’équilibre qu’elle procure, par les univers qu’elle fait découvrir. Certains y voient Dieu, moi j’y vois l’harmonie du monde, un instant rêvée par les hommes et de savoir que ce sont des hommes qui ont composé cela me le rend encore plus beau. Cela me fait penser à un poème de Jaccottet, sur Purcell :

« Ecoute, comment se peut-il
Que notre voix troublée se mêle ainsi
Aux étoiles ?

Il lui a fait gravir le ciel
Sur des degrés de verre
Par la grâce juvénile de son art.

Jaccottet, « Pensées sous les nuages »


Ou bien encore ceci, qui exprime encore mieux ce que je voulais dire :

« Il nous a fait entendre le passage des brebis
qui se pressent dans la poussière de l’été céleste
et dont nous n’avons jamais bu le lait

Il les a rassemblées dans la bergerie nocturne
où de la paille brille entre les pierres.
La barrière sonore est refermée :
Fraîcheur de ces paisibles herbes à jamais. »

Jaccottet, « Pensées sous les nuages »


Donc j’imagine que c’est quelque chose de cet ordre que vous avez dû ressentir avec votre bouddhisme tibétain. Forcément, donc, vous souhaiteriez que le Tibet soit resté comme il était. Grave problème, déjà abordé par Claude Lévi-Strauss dans ses magnifiques « Mythologiques ». Il a recueilli dans les années 30 tous les contes des Indiens d’Amérique, les a analysés et qu’on apprécie ou non sa méthode structurale, a prouvé que ces gens avaient une réelle culture, tant leurs mythes révèlent une grande complexité de pensée. D’un côté, donc, on regrette un peu que ces peuples ne sont plus aujourd’hui comme en 1930. Ils existent encore (pour combien de temps ?) mais ont déjà subi l’influence de la civilisation (cela me frappe toujours de voir ainsi des photos de tribus primitives où des hommes à peu près nus posent devant des bassines en plastiques). Quelque chose a déjà, disparu et le reste va suivre. C’est notre Histoire à nous qui était écrite là à livre ouvert (nos ancêtres préhistoriques devaient beaucoup ressembler à cela). De plus, ces tribus renvoyaient, dans notre imaginaire, au paradis perdu, à l’Eden primitif, au mythe du bon sauvage de Rousseau (en fait, probablement à notre propre enfance). Je regrette donc qu’elles disparaissent comme vous regrettez la disparition de la culture tibétaine. Mais de quel droit, nous qui avons tout le confort, exigerions-nous que ces gens vivent durement au contact d’une nature hostile pour mourir de vieillesse à quarante ans ? D’un autre côté, quand on voit ce que nous leur offrons, on se dit qu’ils auraient mieux fait de reste comme ils étaient. Le dilemme qui se pose à eux est donc identique à celui des Tibétains.

Mais Lévi-Strauss allait plus loin encore. Il se demandait si, sur un plan moral, il avait le droit de cautionner les pratiques de ces peuples, qui, pour séduisantes qu’elles soient par certains côtés, comportent aussi des scènes de tortures, des mutilations, des brimades, etc. Grave problème. C’est un peu cela que je me posais comme question (et Aedia également). Allons-nous approuver que les Tibétains continuent à vivre comme au Moyen Age sous l’emprise des religieux ?

Question finalement vaine, comme notre débat, puisque la situation est autre (la Chine athée ou le libéralisme de marché).

Bon, je reviens maintenant à votre réponse (en essayant de faire court)


« Le fait que le courant de pensée orientaliste soit passé de mode en Occident n'enlève rien à l'authenticité des dites philosophies. » Bien entendu, mais cela veut dire que ce qui vous semblait à vous évident en 1970-1980 l’est beaucoup moins aujourd’hui et que donc vous défendez des idées auxquelles vous ne croyez plus vous-même qu’à moitié.

En fait, c’est une ruse de guerre pour déstabiliser l’adversaire, qui pour une fois se trouvait être vous.

« Quant à l'éventuel régime théocratique tibétain, pourquoi pas oui ». Non, il faut séparer l’Eglise et l’Etat. Le Dalaï lama le demande lui-même, avec le bon sens qui le caractérise. Rien n’empêchera le clergé de continuer à philosopher (et vous à vous intéresser à leur démarche) mais le pays ne doit pas être dirigé par eux. Cela me semble d’ailleurs un non-sens pour des prêtres qui prônent le détachement terrestre.

Pour le reste, vous avez raison, selon qu’on est ou non croyant, on aura sur ces choses des points de vue différents.

« …il aura retenu de ses voyages et qui pourrait profiter à son peuple. » Je n’en doute pas. Il avait même admiré Mao (beaucoup plus que vous, à première vue) avant que celui-ci ne le pousse à l’exil.

« Comment peut-on vouloir du devenir d'un pays pour SOI ?? Franchement je ne comprends pas la question » Ou vous ne voulez pas la comprendre. Je voulais dire que c’est moins cette philosophie en soi qui vous intéresse que le fait que c’est à vingt ans que vous l’avez pratiquée. En la défendant aujourd’hui, c’est donc peut-être moins cette philosophie elle-même qui est en cause que les souvenirs de vos belles années. Ce fut une démarche importante pour vous à un certain moment de votre vie, vous ne pouvez pas la renier, ce serait vous reniez vous-même. Donc, vous n’êtes sans doute pas objective dans ce débat.

« Pourquoi voulez-vous qu'ils rejoignent "notre camp" ? Cela fait des millénaires qu'ils vivent sur les hauts plateaux dans un style de vie adaptée à leur situation » Mais parce qu’ils n’ont pas le choix : la Chine athée ou le libre échange (qui, ne vous en faites pas, leur sera imposé et que le « grand Lama » transportera dans ses bagages bien malgré lui.

« Pourquoi devraient-ils absolument entrer dans une société de consommation dont ils sont à des années lumière ? » Mais diable, c’est ce que je me tue à vous dire. Je le regrette autant que vous. Ils ont le choix entre être soumis aux prêtres ou devenir des consommateurs.

« Hou la la ! Vous n'allez pas me convaincre en ce qui concerne Mao » Mais vous avez raison, ce fut horrible (comme en Roumanie, où on rasait les villages pour les remplacer par des HLM). Sur un plan humain et individuel, son action est contestable. Sur le plan politique, il a sorti les Chinoois du Moyen-Age et les voici demain à la tête du monde. Personnellement, je défendrai toujours les individus et jamais les Etats.

« je me méfie des journalistes. Mais là, les images parlent d'elles-mêmes... » Bien sûr, les faits sont là. Mais on ne nous les montre pas par hasard. Voyait-on des reportages sur le Chili quand Pinochet était au pouvoir ? Montrait-on les gens enlevés et exécutés ? Bien sûr tout ceci n’excuse pas la Chine, qui s’impose par la force.

« Le ton que vous employez est souvent plus qu'ironique... » Allons, je vous accorde ce point, je suis bon joueur. Ceci dit, vous me reprochiez l’autre jour de manquer d’humour…

Écrit par : Feuilly | 24/08/2008

« En tout cas, félicitations ! Vous êtes passé VIB et faites parti des blogs les plus commentés » VIB (BTI en bon français : blogue très intéressant). Mais non, je n’ai pas cet honneur.

Par contre je vois que JLK (Jean-Louis Kuffer) s’y trouve maintenant. Assurément il le mérite et je me demandais pourquoi il ne figurait pas dans cette liste, qui semblait réservée au seul Stalker.

Mais c’est vrai, je vois que nous sommes ce soir parmi les blogues les plus commentés. Tout le mérite revient à l’équipe, bravo à tous. Ceci dit, cela me fait bien rire ces classements. Il y a généralement ici peu de commentaires (on va dire cinq en moyenne en criant fort), ce qui me convient bien. Pour une fois que cela s’anime un peu et qu’on franchit les quarante, on nous propulse vers les sommets (pour mieux nous faire retomber demain). C’est assez grotesque.

Et puis qu’est-ce que le nombre a à voir là-dedans ? Ce qui compte c’est la qualité de notre débat, non ? C’est plutôt pour cela que j’ai envie de féliciter tous les participants. Nous ne sommes pas forcément d’accord, mais au moins nous en discutons honnêtement en essayent de réfléchir. C’est déjà beaucoup.

Par contre, je constate qu’il n’y a plus moyen de joindre des liens (adresse de messageries) dans les commentaires. Hautetfort devrait se pencher sur ce problème, plutôt que de nous décerner des médailles.

Écrit par : Feuilly | 24/08/2008

Ces "Pensées sous les nuages" de Jaccottet, comme c'est beau...
Il faut s'arrêter là et respirer la nuit...

Écrit par : Christiane | 24/08/2008

Oh, la, la je n'ai rien à enseigner.
Ca fait plus de cinquante balais que je tâtonne en chemin, alors je ne suis point un modèle et ce que je dis là, voyez-vous, je le porte en moi.
D'ici à prétendre que c'est la vérité, il y a des lustres.
Disons que s'il y a sur terre des chiens et des loups, je me sens plutôt loup et ne pourrait survivre dans celle d'un chien.

Là-dessus, sur la révolte, voila ce que disait Brassens.

http://fr.youtube.com/watch?v=iUAdmg6u3XM

Edifiant ! Quel Homme !

Écrit par : Redonnet | 25/08/2008

J'ai lu votre billet mais pas les commentaires je rentre d'un séjour et j'ai peu de temps.
Je partage tout à fait votre analyse très pertinente.
Le bouddhisme, et en particulier le bouddhisme tibétain bénéficie en France, -Europe ?- d'une sympathie immense.
Ce phénomène est très bien analysé par
Elisabeth Martens
universitaire belge, spécialiste des religions orientales qui a vécu au Tibet,
dans son livre qu'il faut lire absolument pour comprendre et qui s'appelle "Histoire du Bouddhisme tibétain" chez Harmattan.

Elle montre d'où vient ce qu'il faut bien appeler une théocratie liée à une société féodale jusqu'en 1959.
Quant à la sympathie particulière des Occidentaux, elle explique qu'il existe mythe du Tibet, en tant que pays idéal et imaginaire, dont les racines sont très anciennes. Mythe repris par le roman américain"Lost horizons" transposé au cinéma par Cappra dans un film Shangri La qui est un chef-d'oeuvre des années 30.
Puis est arrivée la vague mondiale de 68 où on a balancé le christianisme pour se tourner vers des spiritualités exotiques, dont le bouddhisme qui avait l'avantage d'être sans dieu...
Sans dieu mais pas sans églises !

Je suis allée au Tibet l'an dernier, tous les grands monastères ont été reconstruits et sont plein de moines, sous surveillance, certes.
Mais les moines ont retrouvé leur fonctionnement religieux et économique : ils vivent exclusivement, et plutôt bien, des offandes des pauvres pélerins qui viennent en pélérinages dans leurs monastères.
C'est respectable sans doute mais je me demande ce qu'on en penserait en France.

Quant au Dalaï-Lama, homme sympathique sans doute, il a une position en effet pas très nette : est-il religieux ou politique...
On dit qu'il restaurerait une démocratie au Tibet : donc c'est un politique.

Mais ce qui est évident, c'est qu'il est soutenu financièrement par les USA qui aimeraient bien avoir une zone d'influence dans cette partie du monde. Son frère, un ancien rimpotché, a créé aux Etats-Unis une radio libre financée par la CIA.

Par ailleurs on ne l'interroge jamais sur ses idées en matière de conception de vie privée et il est aussi réactionnaire que les fondamentalistes américains, homophobe et contre l'avortement...entre autres !

J'ajoute que les moines tibétains sont très islamophobes. Tout a fait au début de la révolte de mars, j'avais lu une dépêche de l'AFP informant d'agressions commises par des Tibétains (moines ?) contre les HUI qui sont des Chinois Han mais musulmans.

Mais lisez tous le livre d'Elizabeth Martens !

Écrit par : Rosa | 25/08/2008

Bon, j'ai quand même parcouru les commentaires.
Une fois de plus je me sens décalée...
mais j'ai l'habitude !
La Chine a pollué le Tibet...comme la France a pollué la Corse !
au dire des autonomistes qui ont autant de légitimité à revendiquer leur indépendance que n'en ont les Tibétains.

Écrit par : Rosa | 25/08/2008

Et bien gand merci Rosa, assurément vous apportez de l'eau à mon moulin. Ce que j'ai dit, je l'ai dit intuitivement, sans être jamais allé au Tibet, mais non seulement vous confirmez tout ce qui s'est dit ici (Moyen Age, théocratie, subsistance provenant des offrandes, mythe occidental de l'Eden perdu, etc.) mais en plus vous apportez des témoignanges du plus grand intérêt (manifeste soutien américain, CIA, etc.).

Écrit par : Feuilly | 25/08/2008

@ Feuilly sur sa réponse du 24

Pardon pour ma réponse un peu tardive.

Je reconnais que vous posez à travers Lévi-Strauss les bonnes questions.

Pas plus tard qu'hier AM, alors que je regarde très peu la télé, jamais en journée et surtout pas le dimanche, je suis tombée sur un reportage sur la 5 "La route du thé" qui retraçait l'histoire des caravanes (ici transportant du thé) à travers le Tibet (arrivée à Lhassa).

Vu que le film est en 3 volets et que je n'ai vu que la moitié du 3ème, je garde des réserves sur l'impression très mitigée qu'il m'a faite. Ça sent le politiquement correct (chinois) ce qui me dérange un peu pour ne pas dire beaucoup...
Bref, là n'est pas mon propos.

Une image m'a sidérée et fait revoir de façon significative mon "jugement" sur le devenir du Tibet.

A un moment donné, un des personnages de la caravane, perdu au milieu des grands espaces qu'il traverse, sort de sa poche ...un superbe téléphone portable, non pour téléphoner d'ailleurs (à mon avis "ça passe pas"... ;-) mais pour s'en servir de calculette pour son négoce.

Cette image fugace m'a fait comprendre que le Tibet est indéniablement et de façon irréversible en route vers la civilisation (dite) moderne. Ainsi que tout ce qui va avec...
Est-ce bien ? Est-ce mal ? En tout cas, c'est maintenant une évidence pour moi !

Alors gageons que dans quelques décennies, chaque foyer tibétain aura sa télévision sur laquelle il regardera le foot ou la starac en buvant des bières ou du coca.

Vive le progrès.

PS : j'avais rédigé cette réponse ailleurs et prend à l'instant connaissance de la réponse de Rosa dont je suis très intéressée par les propos ! Je vais effectivement chercher le livre dont elle parle.
Et je commence à comprendre ce que Feully et Aédia voulaient dire en ce qui concerne la politique.

Écrit par : Cigale | 25/08/2008

Intervention lumineuse de Rosa.

Écrit par : Christiane | 25/08/2008

Merci à vous même si Christiane exagère un peu son appréciation.
En attendant de lire le livre d'Elisabeth Martens je vous recommande cette page d'un sinologue bien mieux informé que moi et depuis plus longtemps :

http://yinquijote.spaces.live.com/blog/cns!3749B0B88A40F5E4!1033.entry

Écrit par : Rosa | 25/08/2008

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