17/08/2008
Réveil matinal
Chaque matin, au sortir de la nuit
Il faut, encore plongé dans les rêves,
Goûter ce noir nectar
Au parfum de tropiques.
Le humer lentement,
Et le respirer avec délice
Afin d’en percevoir
Le plus subtil parfum,
La quintessence aromatique.
Les yeux plongés dans le noir breuvage,
Encore ensommeillé
Et l’esprit plein de rêves,
On découvre alors un monde étrange
Et pourtant familier.
Mélange de songes évanouis et de pays lointains,
La boisson aux reflets métalliques
Vous emporte dans le monde que vous venez de quitter.
Les spectres de la nuit se devinent au fond de la tasse
Ainsi que les rêves évanouis et les désirs les plus fous.
Le passé défile et vos actions d’hier et d’avant-hier
Surgissent à la surface et s’évaporent lentement,
Emportées dans le parfum qui envahit la pièce.
Goûtez du bout des lèvres
Cette eau faite délice,
Sans vous presser jamais
Afin que tous vos souvenirs
Aient le temps de resurgir.
Puis regardez dehors,
Car connaître le temps qu’il fait
Est important pour celui qui voyage.
Ne vous dissipez pas.
Revenez aussitôt à la tasse fumante
Et contemplez-en les reflets.
Vos désirs et vos projets
Devraient déjà flotter en sa surface.
Si ce n’est point le cas,
Secouez lentement la tasse
En ayant soin de ne rien renverser
Afin de ne pas irriter les dieux.
Cette fois les projets seront là
Naviguant en ordre de bataille.
Une dernière fois, vous fermerez les yeux
Et respirerez fortement.
S’imposeront subitement des images d’outre-nuit,
Des contrées éloignées,
Des pays impossibles.
Buvez une gorgée, peut-être deux, et reposez la tasse.
Le présent, soudain, vous semblera accessible.
La nuit s’est dissipée, évanouie à jamais.
Reste le bel aujourd’hui et toutes les tâches à accomplir.
Prenez la route courageusement
Et si dehors il pleut,
Tout en marchant, repensez calmement
Au café matinal et à son parfum des tropiques.
Dans la moiteur de l’averse
Et l’odeur de la terre mouillée
Vous croirez vivre encore un réveil tranquille,
Quand vous étiez chez vous
Et que le goût du café vous aidait à oublier toute la nuit.
02:01 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : réveil matinal, café
Commentaires
Alors, enchanter la nuit ne vous suffit plus, voici que vous m'avez précédée dans ce matin de nid d'oiseau où je gis encore dans les plumes de l'oiselle de nuit (dixit mon oreiller) malgré ce goût immodéré que nous partageons pour ce brûlant et noir breuvage. Vous avez oublié cette odeur attendue, reconnue, invitant au voyage avant même que nos lèvres aient effleuré la tasse. Mais quand donc dormez-vous cher ami ? Je vous ai quitté avant l'aube et vous précédez le matin. Seriez-vous donc quelque oiseau nocturne fermant ses yeux d'or à l'éblouissement du soleil ? Pourtant vos images sont gorgées de lumière...
J'aime, quand même, vous imaginer endormi, abandonné à la barque des rêves, le dernier livre ouvert, encore, près de vous, mais la main ouverte l'ayant laissé glisser dans sa solitude. "Les images d'outre-nuit, des contrées éloignées des pays impossibles" ? Voilà que vous m'inventez avec vos mots... Je crois l'avoir écrit, ici ou là, quelque part en ces pages, avant votre fugue, je suis (suivre) en vous ce qui me précède. Comme un éclaireur, avec vos mots, vous coupez les ronces du chemin d'éveil et je pose mes pas dans les vôtres, trahissant la promesse que j'avais faite... de ne jamais plus écrire... mais les serments d'enfance doivent-ils nous museler toute une vie ? Il me semble que j'ai tenu mon serment assez longtemps pour être délivrée de ce sortilège...
Écrit par : Christiane | 17/08/2008
Je remonte au faîte ce ce poème magique. Non vous n'aviez pas oublié " de le humer lentement, de le respirer avec délice", c'est que je m'étais attardée au charme de la suite, déjà loin du réveil et plongeant avec vous dans ces étranges parfums de nuit...
Écrit par : Christiane | 17/08/2008
Le humer lentement au-dessus de la tasse. Mais on aurait aussi pu parler de l’odeur qui envahit toute la pièce quand le percolateur est à l’œuvre et qu’on attend patiemment qu’il ait fini son oeuvre.
Pour ce qui est de dormir... Mais le texte avait été écrit hier au soir, avant de répondre à vos nombreux commentaires .))
Écrit par : Feuilly | 17/08/2008
Ah, bien, cela me rassure. Vous savez ce commentaire s'est affiché à 0 heure ! Je trouve cela extraordinaire ! O heure ... un partage dans le temps qui n'existe pas pendant une seconde ! Pendant une seconde, votre parole a flotté sur ce fil du temps qui ne pouvait l'inscrire : quelle étrange chose... Cela n'arrive pas avec un sablier. Le temps est "écoulé" mais ici, vous l'avez inauguré, remis en marche, relancé vers un jour nouveau. C'est comme le premier pas de l'homme sur la lune, comme un enfant qui naît, comme un homme qui meurt... le premier signe sur une plage vierge du temps et justement, à propos d'un texte dont je n'arrivais pas à imaginer que vous puissiez l'avoir écrit au petit matin et vous qui l'installez dans une nuit que je croyais close et ...magnifique, il paraît à 0 heure !!! C'est de la pure poésie, qui vous va tellement bien...
Écrit par : Christiane | 18/08/2008
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