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10/04/2008

Du cheval caparaçonné, de la tortue et de sa carapace.

Valclair, sur son blogue, a employé cette tournure : « je me suis caparaçonné dans de tels réflexes individualistes que.. »

Ce que j’aime bien avec ce verbe «caparaçonner» (recouvert d’un caparaçon) c’est qu’indirectement il renvoie, par une sorte de métonymie euphonique, au mot carapace (celle de la tortue qui se protège).
Il est vrai que dans son sens premier ce verbe a signifié «recouvrir entièrement» ( Il avait les pieds caparaçonnés d'épaisses chaussures). Evidemment, le verbe a fini par prendre le sens de « se protéger moralement, s'endurcir » (Il s'est caparaçonné contre les critiques). Quoi qu’on en dise, on retrouve l’image de la tortue qui se protège.

Ceci dit, cela n’a rien d’étonnant. Le Robert historique nous apprend que carapace vient de l’espagnol carapacho (,quelquefois altéré en caparacho sans doute sous l’influence de capa : manteau).
Le mot carapacho viendrait du préroman « karapp » dont les variantes »kal » et donc « gal » se retrouveraient dans « galapago », tortue (et qui a aussi donné calebasse)
D’autres linguistes y voient plutôt l’influence directe du provençal « caparasso » (sorte de manteau), capa devenant cara par métathèse.

Pour le mot caparaçon lui-même Le Robert historique nous dit qu’il viendrait de l’ancien espagnol « caparasson » (ornement protecteur ou ornemental du cheval), lui-même provenant soit de « capa » (manteau) soit du préroman « karapp », comme il a été dit (ici, il rejette le mot provençal, qui serait de formation postérieure et calquée sur le français)

Ceci dit, dans l’exemple de notre ami Valclair, je me demande s’il a bien fait d’employer la préposition « dans » avec la forme réfléchie du verbe. En effet, dans ce cas, le verbe signifie

- soit « s’affubler d’un vêtement encombrant et ridicule (plutôt suivi de « avec » ou « au moyen de »)
- soit « s’endurcir » (on attendrait alors préposition «contre»).

Manifestement, c’est l’idée d’être entièrement recouvert qu’il a voulu mettre en évidence et non celle d’endurcissement. Dès lors, j’aurais eu tendance à employer le forme non réfléchie (je suis caparaçonné de tels réflexes ou par de tels réflexes). Mais bon, allez reprendre Valclair et sa prose toujours si limpide, ce serait assez malvenu.

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