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29/02/2008

Classiques Garnier

Fondées en 1833, les éditions Garnier Frères se sont éteintes en 1983. J’appréciais surtout la collection des «Classiques G arnier», ces gros livres jaunes abondamment annotés. Il s’agissait tout de même d’éditions scientifiques sérieuses dont le prix de revient était nettement inférieur à celui de la Pléiade. Avec des couvertures souples en carton (mais qui résistent), ces livres étaient plus faciles à emporter que leurs prestigieux concurrents sur papier bible, lesquels, par leur côté tape à l’œil, semblent condamnés à être lus dans l’intimité de votre bibliothèque plutôt que dans un train.

Imaginés en 1893, ces livres jaunes de Garnier voulaient fournir de la littérature à prix modique. Jean Giono se souvenait de cette époque: «Euripide, Eschyle, Sophocle, Aristophane, Virgile, coûtaient 0,95 F dans les Classiques Garnier. Avec mes deux francs, j'avais deux de ces gens-là et il me restait deux sous.»

Au cours du XXe siècle, la tendance à l'érudition va l’emporter sur l’aspect social (ils n’étaient quand même pas bon marché non plus). Puis, il y eut la concurrence des livres de poche proprement dits, dont l'appareil critique a eu tendance à se développer (notes, introduction, dossier en fin de volume, etc.)

Bref, rachetés en 1998 par la société Classiques Garnier Multimédia (filiale d'Infomédia), les Classiques disparaîtront en juillet de la même année pour être relancés en septembre, toujours sur le même principe : édition de référence et textes puisés dans le patrimoine littéraire. Le format, paraît-il, avait changé (je n’en possède aucun de cette époque) : nouvelle maquette et surtout expérience multimédia (un CD accompagne le volume afin, je suppose, d’entendre la voix de l’écrivain quand c’est possible ou celle d’un grand critique quand ce ne l’est pas).

Ainsi, j’ai trouvé dans Google :

Les plus grandes oeuvres de la littérature française : le cédérom
Paris, Classiques Garnier multimédia, 2002, 335 p., + 1 CD-ROM


Ce CD-Rom réunit 168 textes écrits par 77 auteurs, du Chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes (1170) au Diable au corps de Radiguet (1923). Une vingtaine sont lus par le comédien Jacques Bonnaffé. On accède à une oeuvre en choisissant une période, son auteur ou son titre, tous classés par ordre alphabétique.

Pour chaque texte est aussi mentionnée l'édition choisie. Il est également possible d'effectuer une recherche d'occurrence sur un mot ou une partie de mot. Tous les textes, imprimables, peuvent être copiés sur le disque dur, à condition d'ajouter manuellement le suffixe de l'extension voulue.


Bon, concrètement, cela signifie que la collection a voulu se mettre au goût du jour en misant sur un public plus large (dans l’exemple cité, il s’agit manifestement d’une anthologie) et des moyens de communication modernes (le CD-room).

Ce choix a-t-il été judicieux ? Il semblerait que non. A ma connaissance, les « classiques Garnier » ont disparu de la circulation sans faire de bruit. On ne les trouve plus dans les librairies, même les bonnes. C’est un pan de l’histoire de l’édition qui disparaît. Un pan de notre jeunesse aussi.

Maintenant, il se pourrait bien que le fonds ait été repris une nouvelle fois par un autre éditeur et que les livres soient toujours publiés sous un autre nom et sous un autre format. Si quelqu’un est au courant de quelque chose, qu’il se manifeste.



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Commentaires

Je ne suis au courant de rien, mais j'ai beaucoup aimé cet article. C'est le genre d'article qui me plaît tout particulièrement...

(On en trouve quelques-uns, de classiques Garnier, chez les bouquinistes... Et solderies diverses).

J'ai "Le roman comique", de Scarron, dans cette édition...

Mais quel est le rapport avec les bouquins de Poche (disparus eux aussi) de Garnier-Flammarion?

Écrit par : Pivoine | 01/03/2008

Garnier-Flammarion? Qui a dit que cette collection avait disapru? Elle appartient à Flammarion (qui regroupe Casterman, Librio, J'ai Lu et Arhaud).

J'ai simplement dit que le fait d'inclure des notes dans les livres de poche (en général), avait rendu moins nécessaires les Classiques Garnier.

Écrit par : Feuilly | 01/03/2008

Cet article répond justement à une question que je me posais en constatant moi aussi la disparition des Classiques Garnier des rayons. Il semble que la collection omnibus, et surtout la collection bouquins de Robert Laffont aient pris une sorte de relai, même si l'appareillage critique n'est pas de la même qualité chez ces deux-ci.

Écrit par : solko | 03/03/2008

La collection Bouquins?
Oui, c'est vrai, finalement. Mais je la voyais plus comme une collection offrant des oeuvres complètes à un prix abordable (ce qui était finalement le cas des classiques Garnier au début, comme le montrait bien la remarque de Giono).

Écrit par : Feuilly | 03/03/2008

C'est vrai que je n'avais pas fait attention que ces livres avaient disparu. Pour ma part, j'en n'ai jamais eu en ma possession. En revanche, malgré que la collection ait disparu en 1983, je me rappelle en avoir vu dans les librairies que je fréquentais bien après. De toute façon, l'époque veut que beaucoup de choses disparaissent pour refaire tout en mieux (soi-disant).

Écrit par : dasola | 04/03/2008

Bienvenue Dasola. Comme je vois que vous aimez le cinéma, je précise que le "Manuscrit trouvé a Saragosse" a fait l'objet d'un film du polonais Wojciech Has J. en 1964. Je n'ai pas vu ce film.

Écrit par : Feuilly | 04/03/2008

Les éditions Garnier n'ont pas disparu. Il est vrai que la tentative de relance dans les années 90 avec de nouveaux auteurs et de nouvelles notes n'a pas été un succès commercial, parce que la présence des volumes était discrète en librairie et que la collection était moins étoffée que l'ancienne. Toutefois, l'ancienne collection existe aussi sur la Toile : la maison Bibliopolis qui possède Garnier (et non GF ex-Garnier-Flammarion, propriété de Flammarion*, donc de Rizzoli) a mis les textes en ligne sur le site de Gallica-Classiques qu'il ne faut pas confondre avec Gallica tout seul. On peut donc y lire tout Chateaubriand ou tout Balzac selon le texte qui avait été publié par la maison Garnier.

* Flammarion dans les années 80 a cessé de publier les versions de poche des Classiques Garnier et a mis en vente ses propres éditions de classiques avec un nouvel appareil critique, de nouvelles traductions.

Écrit par : Dominique | 11/03/2008

Mais en librairie, il n'y a plus rien, ni les anciens Classiques Garnier (jaunes), ni les nouveaux. Pourquoi ne pas relancer une collection qui ferait de l'ombre à la Pléiade?

Écrit par : Feuilly | 12/03/2008

Ah, ça, c'est drôle ! le livre dont je vous parlais, dans la nuit, c'est un "Garnier", achevé d'imprimer le5/01/1972, par une imprimerie qui existe peut-être encore : "Tardy Quercy Auvergne" à Bourges. A l'intérieur, un prix au crayon : 11,00... Une monnaie que j'utilisais, trois mois avant la naissance de ma fille. Je me souviens , à l'époque, m'être replongée dans Giono, pour préparer cette naissance dans... une joie qui ...demeurerait.... Et ce livre se préparait à être acheté par cette dame , amoureuse de l'écriture... qui maintenant est morte, mais pas le livre... Cette édition est illustrée de la totalité des croquis de Stendhal et de huit reproductions hors-texte et maintenant, Henri Beyle est mort, mais pas ses livres...et je passe toutes les semaines devant sa tombe... c'est toujours , pour moi, un moment de partage avec je ne sais quoi de lui...
J'ouvre au hasard...On verra ce qu'il en sort...
page 339
...Je choisis le bas de la page...
"Cependant souvent je rêvais avec transport à nos montagnes du Dauphiné ; et Mlle Victorine passait plusieurs mois chaque année à la Grande-Chartreuse, où ses ancêtres avaient reçu Saint-Bruno en 1100. La Grande-Chartreuse était la seule montagne que je connusse ; il me semble que j'y étais déjà allé une ou deux fois avec Bigillion et Rémy."
Quand je pense qu'un autre lecteur trouverait ce passage , mineur...
Croyez-vous au hasard ?

Écrit par : Christiane | 08/07/2008

Diable, encore la Grande-Chartreuse, c'est troublant, en effet.

Écrit par : Feuilly | 08/07/2008

" Oh ! vent, ne t'arrête pas,
Souffle ma petite jonque
jusqu'aux Trois Monts
du pays des Immortels !"

Li Qingzhao - "Les Fleurs du cannelier
(Traduit du chinois par Zheng Su - Editions : "Orphée / La Différence...
Collection dirigée par Claude Michel Cluny...
Il écrit sur la quatrième de couverture :

" La poésie est la première parole. Mythes, épopées, oracles, voix des mystères et des mystiques, puis de l'amour, de l'indignation, de la révolte, de l'espoir ou de l'humour, de la vie quotidienne et de la solitude. Introuvables ou retraduites, classiques ou contemporaines, familières ou méconnues, ce sont ces vois innombrables que la collection "Orphée" souhaite faire entendre parce que plus que jamais elles sont nôtres. "

Les paroles se glissent les unes dans les autres et donnent du sens à notre rencontre épistolaire. C'est effectivement troublant !

Écrit par : Christiane | 08/07/2008

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