Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/01/2008

De l'importance de l'étymologie

8664ed42881c61df8d0b2e6680b9dcd3.jpg

Tout le monde connaît de réputation l’église sainte Sophie de Constantinople. On sait que cette mosquée était à l’origine une église chrétienne, les musulmans ayant récupéré l’édifice à leur profit (exactement comme les Espagnols ont, de leur côté, transformé l’ancienne mosquée de Cordoba en cathédrale). Par contre, ce que l’on sait moins (en tout cas, j’avoue que moi je ne le savais pas), c’est que ce nom de Sophie ne renvoie pas à une sainte martyrisée dont les débuts du christianisme ont l’apanage. Non, ici il faut remonter à un étymon grec : aγία sοφία (Haghía Sophía), autrement dit la sainte sagesse (de Dieu). En d’autres termes, l’église avait été dédiée au Christ et c’est pour cette raison qu’elle avait été consacrée un vingt-cinq décembre (en 537, cela commence à dater).

C’est l’empereur Justinien, qui l’avait inaugurée. Il avait souhaité un monument grandiose afin d’asseoir le prestige de sa capitale, Constantinople, la nouvelle Rome (l’ancienne Rome venait de plier sous les coups des barbares : le dernier empereur, Romulus Augustule, ayant été déposé par Odoacre en 476). En voyant la magnificence du bâtiment, il se serait vanté d’avoir fait mieux que Salomon (lequel avait bâti le temple de Jérusalem, celui dont il ne reste que le fameux mur des lamentations).

Notons que Sainte Sophie est construite selon le plan rectangulaire des anciennes basiliques romaines et qu’elle fut en partie construite en récupérant les marbres et les colonnes des temples antiques. Elle est d’ailleurs située, paraît-il, sur l’emplacement d’un ancien temple dédié à Apollon. Comme quoi, ces lieux de cultes ont souvent cette caractéristique de traverser les siècles en s’adaptant sans vergogne aux nouvelles croyances. L’important n’est-il pas de croire, peu importe à quoi, finalement ?

Notons encore qu’un premier édifice avait été construit antérieurement et qu’il avait été commandé par Constantin, un peu après sa conversion au catholicisme. Détruit une première fois lors d’une émeute en 404, lorsque St Jean Chrysostome avait été contraint à l’exil (soit dit en passant, l’adjectif « Chrysostome » vient du grec χρυσόστομος , autrement dit « bouche d’or » car c’était un orateur de talent), il avait été reconstruit pour être de nouveau détruit en 532 lors d’une révolte contre Justinien précisément. Le peuple, irrité de la politique de l’empereur, lequel, pour faire simple, favorisait les riches (les grands marchands et les armateurs) au détriment des pauvres (petits artisans, boutiquiers, dockers, blanchisseurs, artisans, etc.), comme quoi il n’y a rien de nouveau sous le soleil et maître Sarkozy n’a rien inventé. Pour mâter l’émeute, Justinien avait donné l’ordre de massacrer les meneurs de ce que l’on appellerait aujourd’hui le parti populaire. Par malchance, un des dirigeants de l’autre parti fut aussi tué, ce qui amena une coalition de toute la population contre l’empereur. Toute une partie de la ville se retrouva en feu et si Justinien ne prit pas la fuite, c’est uniquement parce que le courage de sa femme fut nettement supérieur au sien. Finalement il mettra en pratique le fameux adage : diviser pour régner, en ramenant de son côté quelques chefs du parti des riches. La révolte finit dans le sang quand il demanda à son général, Bélisaire, de rétablir l’ordre. Aidé par des Germains, celui-ci massacra de 30.000 à 80.000 citoyens qui avaient trouvé refuge dans l’hippodrome. Le sceptre de Justinien était sauvé. Celui-ci pouvait bien rebâtir Sainte Sophie, c’est le moins qu’il pouvait faire, pour remercier Dieu d’avoir été de son côté.

13:39 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Sainte Sophie

Commentaires

Eh, l'ami Feuilly, je vous interpelle non pas sur votre texte mais sur une photo parue ce matin dans les actualites de "Voila" avec ce commentaire :

"Brice Hortefeux, Nicolas Sarkozy et Jean-Pierre Jouyet le 19 décembre 20078 à Paris" !!!!!!!!!!!!!!!!!!

Eh, ben, on n'a plus qu'a se pendre ! Meme les erreurs de frappe-lapsus s'en melent...Une catastrophe !

Écrit par : Redonnet | 09/01/2008

une petite précision,

le mur dit "des lamentations" est un vestige du mur d'enceinte du Temple d'Hérode (le second temple) datant de 576 av JC et non du temple de Salomon, dont il ne reste rien.

Toujours un plaisir de vous lire, par ailleurs,

bien à vous.

Écrit par : Mikael | 11/01/2008

Effectivement.
· Le Temple de Salomon aurait été construit au x°siècle av JC Il a été entièrement détruit par NABUCHODONOSOR II en 586 av. J.-C.
· Le Second Temple fut construit au retour de la captivité à Babylone et fut terminé vers – 515.
· Quant au temple d’Hérode, qui est en fait une extension massive du second Temple ,il date de – 19. Détruit par Titus en 70, il n’en reste que le fameux mur, dit mur occidental. Le terme « Mur des lamentations » est paraît-il impropre. Il a été imposé pour dépeindre les Juifs comme étant « pleurnicheurs ».

Diable, cela fait la deuxième fois que vous avez raison. C’est un plaisir d’avoir des lecteurs aussi attentifs.

Écrit par : Feuilly | 11/01/2008

Les commentaires sont fermés.