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18/10/2007

Ecriture

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La chambre mystérieuse


Elle n’avait pas connu sa mère, morte en lui donnant le jour et avait toujours vécu dans cette grande maison déserte au bord du fleuve. Une maison immense, d’un autre temps, en partie délabrée et qui ne comportait pas moins de quarante pièces. Son père en était le gardien et tentait de la maintenir en état. Le propriétaire, lui, on ne l‘avait même jamais vu. Tous les mois, le salaire tombait et c’était tout. Pour le reste, personne ne venait jamais ici.

Enfant, elle passait son temps à rêvasser le long du fleuve, au pied du grand escalier de pierres. Elle s’inventait des amies afin de pouvoir jouer à la marelle ou bien elle se perdait dans le labyrinthe de la maison. A chaque fois, elle venait buter sur une porte hermétiquement close, celle de la chambre secrète. On ne l’ouvrait jamais et elle ignorait ce qu’elle contenait. Son père en gardait la clef sur lui, solidement attachée par un cordon autour du cou. Quand elle lui posait des questions, il refusait de répondre, disant simplement qu’il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas savoir.

Quand elle eut vingt ans, elle vint plus souvent encore s’asseoir au bord du fleuve, où aucun bateau ne passait. Elle regardait les eaux grises qui disparaissaient à l’horizon, se dirigeant vers un monde qu’elle ne connaissait pas. Alors elle imaginait qu’un jour un grand voilier viendrait, avec un beau capitaine. Et qu’il l’emporterait vers les grands ports de l’Atlantique ou peut-être même jusqu’en Amérique.

Mais personne ne venait jamais, personne. Il n’y avait que le fleuve impassible et la grande maison avec sa chambre secrète toujours fermée sur son mystère. Le temps passa et son père devint si vieux qu’il décida d’aller dans un hospice. Ce jour-là, un petit canot vint accoster le long du quai, au pied des escaliers de pierres, dans un grand silence. Sans rien dire, son père monta dedans, ensuite il dévisagea sa fille une dernière fois. « Fais bien attention à toi », murmura-t-il. Puis, retirant le cordon qu’il avait autour du cou, il lui donna solennellement les clefs de la maison.


Pour "paroles plurielles"

14:53 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Littérature

Commentaires

Vous connaissez un court métrage d'animation intitulé "Père et fille" ?

Si non, ça va vous rappeler quelque chose...

http://fr.youtube.com/watch?v=RvmTsH4iHBo

Écrit par : Mikael | 18/10/2007

J’ai déjà écrit tout le bien que je pensais de votre prestation sur paroles plurielles. Allez-vous vous frotter à la consigne 56 aussi ?

Écrit par : Vagant | 19/10/2007

On va essayer de trouver le temps.

Écrit par : Feuilly | 19/10/2007

Les commentaires sont fermés.