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12/10/2007

Vocabulaire

Je trouve sur un « blogami » (comme on dit en bon français) le terme bien connu « seriner ».
Encore faut-il en connaître l’étymologie.

Seriner veut dire :

- « jouer avec une serinette »
- « instruire un oiseau au moyen d’une serinette »
- « faire entrer une chose dans la tête de quelqu’un à force de la lui répéter. »

Il faut savoir, bien entendu, qu’une serinette est « une boîte à musique dont on joue par le moyen d’une manivelle et dont le principal usage est d’instruire les serins et les autres oiseaux.»

C’est donc le serin qui a donné son nom à l’objet qui l’éduque. Ceci étant dit, on aurait pu croire que cet oiseau sifflait naturellement. Il semblerait bien que l’être humain ait voulu lui faire émettre des sons et des mélodies qui plaisaient d’abord à ses oreilles, ce qui est un bel exemple d’anthropocentrisme.

Le serin, soit dit en passant, est un passereau à plumage ordinairement jaune et à bec conique. Il est originaire des Canaries. « Euréka », me direz-vous, il s’agit du canari. En effet, nous parlons ici de notre bon vieux canari, qui est ainsi désigné parce qu’il est originaire de ces îles si chères au cœur des anciens navigateurs (qui pouvaient s’y ravitailler en fruits et légumes frais avant d’entreprendre la longue traversée de l’Atlantique).

Tout se complique cependant quand on veut aller plus loin dans la connaissance de cet oiseau. On apprend en effet qu’à l’origine (donc aux Canaries) il possède un plumage marbré de vert et de brun (qui lui permet de se camoufler dans les arbres de son environnement naturel) et qu’il est donc proche de notre verdier d’Europe.

Le canari serait finalement un serin dont la couleur est verte ! En fait, seuls les oiseaux nés en captivité sont jaunes (on parle d’ailleurs de « jaune canari »), car les éleveurs sont arrivés à obtenir des variations de couleurs par croisements successifs. Il paraît qu’il existe même des canaris rouges dont la couleur dépend de l’alimentation. Pour les canaris de couleur orangée, ils sont issus du croisement du canari classique avec le tarin rouge du Venezuela. On se retrouve donc avec une multitude de races parallèles, les unes étant plus recherchées pour leur chant, les autres pour leurs couleurs. Il parait que les meilleurs canaris chantent leurs trilles le bec fermé, uniquement en gonflant la gorge.

Né en captivité, condamné à vivre en cage, le canari est devenu jaune pour notre plaisir. Pour la même raison, on lui impose des cours de chants afin qu’il charme nos oreilles à partir de sa prison dorée. Rien d’étonnant à ce que ce soient les bateaux négriers qui en firent la découverte. Ce pauvre oiseau a été bien peu récompensé de sa collaboration forcée puisqu’en langage familier un « serin » désigne quelqu’un de niais (quelqu’un à qui il faut répéter cent fois la même chose, à l’aide d’une serinette, sans doute).

A côté du serin, d’autres oiseaux ont enrichi la langue. Ne parle-t-on pas de roupie (et non de roupille, comme l'a justement fait remarquer un commentateur) de sansonnet », de « cervelle de moineau », de « canard boiteux », de « poule mouillée », etc. ? Mais on peut aussi avoir la « chair de poule », «avoir des mollets de coq », « être gai comme un pinson », être « un aigle », « bayer (et non bailler) aux corneilles ». On peut aussi « clouer le bec à quelqu’un » ou « faire le pied de grue », « casser trois pattes à un canard » ou être « voleur comme une pie ». Ayant une « tête de linotte », j’oublie certainement quelques expressions…



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Commentaires

Leçons de vocabulaire et billets politiques au vitriol (excusez le côté classique de cette dernière expression) : c'est bon, moi, je sais pourquoi je viens et reviens dans les parages.

Écrit par : Franswa P. | 12/10/2007

Je suppose que vous n’avez jamais lu ce billet de mon ami Georges : http://lesliaisonsdangeureuses.blogspirit.com/archive/2007/02/14/le-rire-sexuel-ou-la-traduction-erautomatique.html
Il décrit en substance les hilarants contresens effectués par les traducteurs automatiques, en particulier dans le cas des pages pornographiques anglophones. Ainsi le mot « tits » est traduit par mésange. Cela est d’autant plus délicieux que le vocabulaire érotique est pauvre en images et périphrases lorsqu’il s’agit d’évoquer le mamelon. Que pensez-vous donc de cela...

"Je plongeai mon visage dans son décolleté prodigieux. Mes baisers fiévreux embrasèrent sa gorge alors que mes doigts taquins dégrafaient son corsage. Ils progressèrent tant et si bien qu'ils parvinrent à libérer ses mésanges de leur cage de dentelle, et entre mes lèvres gourmandes elles s'envolèrent à tire d'aile."

Écrit par : Vagant | 13/10/2007

Etonnant en effet.
Traduttore trattore.
Alors si, en plus, il s'agit de traduction automatique...

Écrit par : Feuilly | 13/10/2007

C'est curieux, mais j'ai toujours dit "roupie de sansonnet", comme la monnaie indienne. Serais je depuis toujours dans l'erreur ?? Eclairez moi et qu'est-ce donc que cette roupille ??

Écrit par : Mikael | 18/10/2007

Rassurez-vous, c'est vous qui avez raison. Il s'agit bien de "roupie" de sansonnet. On rencontre aussi l'expression "ce n'est pas de la roupie de singe". Voilà ce que c'est que d'écrire trop vite sur écran. Mea culpa.

Roupie est d'origine inconnue nous dit le Robert historique. Certains ont proposé le latin ruppita d'après le grec rupos (crasse, saleté), mais rien n'est moins sûr. Un adjectif "roupieux" est attesté dès le XIII° siècle pour désigner une personne qui a la goutte au nez.

A ne pas confondre avec l'unité monétaire de l'Inde, empruntée elle à l'hindoustani "rupiya" en passant par le portugais "rupia".

De son côté, "roupiller" vient d'une onomatopée ("roupp") pour désigner un ronflement saccadé.

Écrit par : Feuilly | 18/10/2007

Ah, merci de me rassurer et pour ces précisions très instructives.

Écrit par : Mikael | 19/10/2007

Désolée de vous décevoir, mais la serinette n'est en aucun cas une boite à musique, mais un petit orgue (instrument à vent) miniature couvrant une octave et accordé à la tessiture du serin. Elle était un objet de salon avec un répertoire pour serin, mais aussi ave de petits extraits de musique de chambre ou de vaudeville.

Écrit par : serinette | 06/04/2008

Je veux bien, mais s'il y a une manivelle qui fait tourner un cylindre (avec la mélodie) au moyen d'une vis sans fin, pour moi c'est une boite à musique.

Écrit par : Feuilly | 07/04/2008

Les commentaires sont fermés.