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24/08/2007

Néologismes

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Le Robert 2008 vient de sortir. Pierre Assouline, sur son blogue (où je ne vais jamais), nous donne quelques-uns des néologismes acceptés par le dictionnaire. C’est ainsi qu’on apprend que quelques régionalismes feront désormais partie de la langue française :

« … en Belgique (carabistouille, brol, babelutte, jouer avec ses pieds…), au Luxembourg (auditoire pour salle de cours, et contournement pour périphérique), en Suisse (grimpion, se miner le plot, bringues…), en Afrique (ambianceur désignant le boute-en-train, deuxième bureau la maîtresse d’un homme marié, matabiche pour pot-de-vin, et faire couloir pour chercher à obtenir une faveur), au Québec (faire la baboune pour bouder, avoir de la façon pour être poli, chanter la pomme pour courtiser), aux Antilles (habitation pour exploitation agricole)… »

Il n’y a pas si longtemps, il me semble, que les dictionnaires se risquent en dehors de l’hexagone, ce qui nous amène à une réflexion sur la frilosité du français.

Le gros problème du français c’est en effet sa rigidité par rapport aux nouveautés.
Cela tient sans doute au poids du bon usage. Dans les autres langues, il me semble que les locuteurs s'expriment naturellement sans penser à mal. En français au contraire nous craignons toujours de commettre une faute, même les plus cultivés d'entre nous. Peut-être est-ce le regard de Richelieu, ce fondateur de l'Académie, qui continue à peser sur nous. On a l'impression que la moindre faute de langue est aussitôt sanctionnée par la société et passible de prison. Je dis cela, mais je suis le tout premier à essayer de respecter ce bon usage. Il y a même un certain plaisir à y parvenir. D'ailleurs nous tous sur nos blogues, ne faisons pas autre chose que de tenter de trouver le mot juste, la bonne définition, la nuance pertinente etc.

Malheureusement je crois que cette norme qui est imposée au français nous handicape dans l'apprentissage des autres langues. S'est-on déjà demandé pourquoi les Français semblent si peu doués pour les langues étrangères? Il y a à mon avis plusieurs raisons:

1) Le prestige passé du français continue à donner l'impression à ses locuteurs que cette langue se suffit à elle-même, y compris sur le plan international. Malheureusement c’est là une réalité dépassée, dont seuls les anglophones peuvent désormais se prévaloir pour leur propre langue.
2) Je me suis laissé dire que le nombre de sons (et leur complexité) était moins important en français par rapport à d’autres langues. Un Vietnamien aurait donc plus « facile » en apprenant le français (car il retrouverait des sons qu’il connaît déjà dans sa propre langue ou des sons moins complexes que ceux auxquels il est habitué) qu’un Français en apprenant le vietnamien.
3) Le poids du bon usage fait qu’un locuteur francophone a peur de « se lancer » dans l’élaboration d’une phrase dans une autre langue. A l’inverse les Allemands ou les Hollandais oseront davantage. Ils font des fautes ? Aucune importance, on les comprend tout de même. Et puis personne ne va se mettre à rire de leurs fautes. Du coup, petit à petit, ils progressent dans leur apprentissage. Nous, de peur de commettre le moindre impair, nous préférons nous taire. Et nous n’apprenons rien.

Pour revenir aux termes techniques (car c’est finalement là qu’on retrouve la plupart des nouveautés), il faudrait absolument créer rapidement des néologismes. L’Académie le tente bien, mais avec un tel retard que les mots qu’elle propose sont déjà passés dans l’usage (ex. : effeuillage pour streap-tease). L’initiative devrait donc venir des locuteurs eux-mêmes (ainsi j’utilise « courriel » de préférence à « mail », tentant ainsi d’imposer mon choix à d’autres. Cela donne parfois de bons résultats). Mais là on se retrouve confronté à un double problème :

1) De quel droit est-ce que moi, simple usager, je me permettrais d’innover et donc de modifier cette langue que j’ai reçue en héritage ? C’est de nouveau le poids du bon usage et de la norme.
2) Beaucoup de locuteurs francophones restent à ce point fascinés par la langue anglaise, qui leur semble symboliser la société idéale (et de fait, c’est bien ce type de société commerciale qu’on veut nous imposer. L’individu qui y souscrit est donc valorisé), qu’ils se croient obligés, par snobisme, d’employer systématiquement le terme anglais quand celui-ci existe. Or il existe souvent un mot français correspondant.

Commentaires

Quelques remarques décousues, je n'ai pas envie d'écrire un long texte construit mais de rebondir sur quelques détail.

Il n'y a pas si longtemps. Oui et non. Le PR a commencé dès ses débuts qui coïncident d'ailleurs avec l'émergence de l'intérêt pour les français régionaux (tout premier colloque au Québec en 77). Mais cela se faisait sans systématisme. Le nombre d'entrées chaque année a augmenté depuis environ dix ans. Le PLI a suivi, avec un peu plus de réticence et de tri.

Il faut aussi voir derrière cette démarche une entreprise commerciale (cahiers spéciaux pour le Québec, tiré à part pour la Picardie). On considère ces pays ou ces régions comme des niches de clientèle qu'il faut soigner, on démarche spécialement la presse locale. Les expressions régionales choisies ne sont pas toujours les plus usuelles, mais elles sont prises dans une base de données fournies par des informateurs locaux en fonction de critères un peu obscurs, souvent pour leur côté exotique ou leur sonorité, leur couleur. Et il peut y avoir des manques flagrants.

Carabistouille : ce mot figurait dans le PLI au début du siècle dernier, il avait été éliminé, et il figure parmi les cent mots à sauver de Pivot. Il possède une grande vie sur la Toile, plusieurs sites se nomment ainsi. Brols : même problème, la Toile lui a donné une visibilité très grande.

Grimpion : ce mot a connu une fortune il y a deux ans grâce à une chronique du Monde et puis le Temps l'a expliqué aussi à la même époque. Phénomène de mode.

Ambianceur : on le retrouve en fait de plus en plus souvent dans beaucoup d'articles européens qui parlent de la communauté africaine en Europe. Le deuxième bureau est le sujet de plaisanteries ou de jeux en Europe depuis bien longtemps. Ce n'est pas parce que ces mots sont utilisés en Afrique qu'ils ont été relevés, mais parce qu'ils figure maintenant dans le parler hexagonal. Je ne suis pas persuadé que l'on se soit éloignés du francocentrisme.

Écrit par : Dominique | 26/08/2007

Moi j'aime bien "Chanter la pomme".

Écrit par : mélody | 04/01/2009

"Chanter la pomme". Oui, c'est joli Mélody. Une allusion à Adam et Eve? L'étape obligatoire avant de croquer la pomme?

Écrit par : Feuilly | 04/01/2009

Les commentaires sont fermés.