04/07/2007
Le mur
Quelques petites citations extraites du Contrat social
«Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir.»
«Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n’ont rien.»
«Renoncer à sa liberté c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs.»
«Ou le luxe est l'effet des richesses, ou il les rend nécessaires ; il corrompt à la fois le riche et le pauvre, l'un par la possession, l'autre par la convoitise.»
«S'il faut obéir par la force on n'a pas besoin d'obéir par devoir et si l'on n'est plus forcé d'obéir on n'y est plus obligé.»
«L'homme est né libre, et partout il est dans les fers. Tel se croit maître des autres, qui ne laisse pas d’être plus esclave qu’eux.»
«Souvenez-vous que les murs des villes ne se forment que du débris des maisons des champs. »
A propos de murs, Rousseau n’aurait sans doute jamais imaginé qu’on pût construire un mur dans une ville comme Berlin. La chute de ce mur a été saluée comme elle se devait. Le problème, c’est que depuis on en a construit d’autres, avec un but sensiblement différent. Celui de Berlin voulait empêcher les habitants de l’Est de fuir le régime dictatorial communiste. Celui que l’on érige en ce moment en Palestine ou celui que l’on va ériger entre les Etats-Unis et le Mexique, visent au contraire à protéger ceux qui sont à « l’intérieur ». Il ne s’agit plus d’empêcher de sortir, mais bien d’empêcher d’entrer. Symbole d’une société où l’argent domine tout, ces murs permettent de rester entre soi, entre bourgeois bien pensants, tout en laissant à l’extérieur ceux que l’on ne désire surtout pas voir entrer. Il fut un temps, pourtant, où le Texas appartenait encore au Mexique. Il fut un temps, pourtant, où la Palestine appartenait d’abord aux Palestiniens.
09:42 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature, Rousseau
Commentaires
"Il ne s’agit plus d’empêcher de sortir, mais bien d’empêcher d’entrer." Oui, c'est le retour au château fort du moyen âge. Dehors tous les manants ! Et l'on nous parle de progrès ? Depuis les cavernes, l'homme n'a fait que prolonger sa main, l'adapter à plus de consommation, que prendre possession de la terre.
Il commence à peine à se demander s'il y en aura pour tous (la réponse est non, malheureusement).
La technique peut faire croire - à qui le veut bien - que l'homme est plus fort que la nature. Les ouragans, inondations et autres tsunamis nous démontrent le contraire.
Ni l'homme ni la nature ne sont bons. Notre chère liberté se mesurera toujours à cette aune.
Écrit par : Martine Layani | 04/07/2007
Justement, je me proposais de parler demain des rapports entre la technique et la nature (toujours dans le cadre de JJ Rousseau).
Il reste bien peu de nature, malheureusement. On nous parle du réchauffement climatique. On en parle tellement que je me demande si ce n'est pas encore un truc pour nous taxer davantage. Certes ce réchauffement semble indéniable, mais est-il d’origine humaine ou cosmique ? Après tout, ce ne serait pas la première fois que notre bonne vieille terre connaîtrait de fortes variations (voir ère glaciaire, etc.) Ce qui est sûr, c’est que ceux qui se sont enrichis en polluant vont encore s’enrichir en dépolluant. Et devinez qui va payer ?
Écrit par : Feuilly | 04/07/2007
Le problème, c'est que... payer, là, ne suffira pas. La terre se fiche de l'argent qu'on VA dépenser pour essayer de NOUS sauver.
Écrit par : Martine Layani | 04/07/2007
Peut-être même est-ce une défense de la nature pour tenter d'éliminer un élément perturbateur. Notre surnombre et notre bêtise conduiraient à notre perte. Ce ne serait que provisoirement que nous serions parvenus, via la science, a ralentir le processus de notre élimination (progrès médicaux, etc.). Mais ce même progrès scientifique finira par nous anéantir pour de bon.
Écrit par : Feuilly | 05/07/2007
Avec tous ces murs qui se montent entre états, on peut s'interroger sur la valeur du discours promouvant l'ouverture sur le monde, l'abolition des barrières linguistiques et culturelles, la libre circulation des biens et services? Le Global Village? Peuh!
Écrit par : Kate | 13/08/2007
La libre circulation des biens et des services c'est d'abord l'abolition des règles nationales (lesquelles avaient pour fonction de protéger les citoyens) afin de permettre à certains de vendre et d'acheter où ils veulent et comme ils veulent. Le but final est bien entendu de leur permettre de s'enrichir au maximum. Une fois ce stade atteint, on retrouve la problématique du mur. Les riches s'enferment dans leur villa, entourée de barbelés et gardée par des vigiles.
Nous sommes loin du "Contrat social" tel que Rousseau l'avait envisagé. Nous retombons plutôt dans une jungle primitive où le plus fort l'emporte. Un monde sans règles dans lequel le sauvage n'est pas aussi bon qu'on l'avait imaginé. Il est plutôt rapace, sanguinaire et désireux d'exploiter son semblable.
Quant aux discours sur l'abolition des barrières culturelles et linguistiques, ils ne servent qu'à manipuler les peuples. En les obligeant à perfre leur identité et en les contraignant à s'ouvrir aux autres, cela permet simplement la création du vaste marché mondial.
Heureux de vous lire, Kate, vous devriez venir plus souvent.
Écrit par : Feuilly | 13/08/2007
En ce début d'année 2010, il me paraît bon de relire certains billets...
Écrit par : Michèle | 03/01/2010
Rien n'a changé, en effet, les murs sont toujours là, partout dans le monde et en Palestine en particulier.
Écrit par : Feuilly | 03/01/2010
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