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12/04/2007

Un peu d’histoire

Puisque nous sommes le 12 avril, souvenons-nous que le 12 avril 1204, les troupes de la IV° croisade s’emparèrent de Byzance. Le but initial de cette expédition n’était évidemment pas de conquérir la capitale chrétienne de l’Orient, mais de prendre pied en Egypte afin de délivrer ensuite Jérusalem (ou éventuellement d’échanger cette ville contre les ports égyptiens conquis). Il n’en fut rien.

En fait, tout est allé de travers dans cette croisade. Au début, déjà, on n’était parvenu à réunir que 10.000 chevaliers au lieu des 30.000 prévus, car les rois d’Occident, ayant sans doute mieux à faire, s’étaient rapidement désistés de leurs belles promesses. Puis, pour le transport par mer, au lieu d’affréter ses propres bateaux, on demanda l’aide des marchands vénitiens (bel exemple de transfert du public vers le privé, comme nous le connaissons aujourd’hui). Le Doge, en bon négociant qu’il était, réclama une somme considérable pour le transport (plus la moitié du butin escompté). Voyant que les croisés ne parvenaient pas à réunir cette somme, les Vénitiens leur proposèrent un petit arrangement (rien de neuf sous le soleil). Moyennant une remise partielle de leur dette, ils feraient un petit détour par la côte dalmate pour conquérir le port chrétien de Zara (aujourd’hui Zadar, en Croatie) et cela au profit de Venise. Les croisés acceptèrent et s’ils laissèrent la vie sauve aux Chrétiens de la ville, ils se partagèrent leurs biens avec la ville de Venise. On est donc loin de l’élan mystique qu’on imagine parfois. Le scandale, il est vrai, fut immense et le pape excommunia les croisés pour avoir osé profaner une terre chrétienne. C’était tout de même un comble pour des gens qui partaient délivrer le tombeau du Christ, mais bon, l’appât du gain a  toujours été le plus fort, que voulez-vous…

Le problème c’est que nos bons croisés ne sen tinrent pas là. Comme les Byzantins leur avaient demandé d’intervenir dans une querelle entre deux prétendants au trône (contre une belle récompense évidemment), ils font escale dans cette ville et imposent un des deux candidats (pour le plus grand profit de Venise, dont le commerce souffrait de ces troubles de succession). La population, qu’on n’avait pas consultée, se révolte et les croisés ripostent par une mise à sac totale. En plus, ils mettent sur le trône un des leurs, le comte de Flandre et de Hainaut, qui prend le titre de Baudouin I.  Celui-ci divise l’empire grec en petites principautés féodales et laissent les Vénitiens (encore eux) se tailler la part du lion (franchise commerciale, monopole de l’élection du patriarche).

De tout ceci on retiendra que les partisans de notre société néo-libérale contemporaine ont d’illustres devanciers et que toujours les intérêts privés de quelques-uns l’ont emporté sur l’intérêt général.

Quant à ceux qui voudraient que la constitution européenne insiste davantage sur le côté  chrétien de notre civilisation ils regretteront assurément cette prise de Byzance car sans elle le monde chrétien aurait sans doute conservé une aire d’influence beaucoup plus grande.

Heureusement qu’aujourd’hui Monsieur Bush a entrepris une nouvelle croisade et que dans celle-ci, enfin, les intérêts économiques n’entrent plus en ligne de compte…

Trêve de plaisanterie. Si on se place sur un plan purement spirituel, il reste que cette prise de Byzance a été une catastrophe puisque que les Eglises grecques et romaines ne sont toujours pas réconciliées. Mais les Eglises sont-elles ce qu’il y a de mieux pour permettre aux individus d’approfondir leur cheminement intérieur ? Ceci est un autre débat.

 

16:50 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)

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