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28/09/2007

Soleil noir

Nous parlions l’autre jour ici-même, à propos de l’oxymore, de l’expression « soleil noir », employée par Nerval dans El Desdichado. Sur son blogue, Angèle Paoli cite justement un poème étrange et angoissant de Théophile de Viau reprenant précisément cette expression. Nerval n’est donc pas l’inventeur.

http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2007/09/25-sep...


UN CORBEAU DEVANT MOI CROASSE

Un corbeau devant moi croasse,
Une ombre offusque mes regards,
Deux belettes et deux renards
Traversent l'endroit où je passe :
Les pieds faillent à mon cheval,
Mon laquais tombe du haut mal,
J'entends craqueter le tonnerre,
Un esprit se présente à moi,
J'ois Charon qui m'appelle à soi,
Je vois le centre de la terre.

Ce ruisseau remonte en sa source,
Un boeuf gravit sur un clocher,
Le sang coule de ce rocher,
Un aspic s'accouple d'une ourse,
Sur le haut d'une vieille tour
Un serpent déchire un vautour,
Le feu brûle dedans la glace,
Le Soleil est devenu noir,
Je vois la Lune qui va choir,
Cet arbre est sorti de sa place.

Théophile de Viau, Œuvres poétiques, 1621