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25/04/2007

Littérature et politique

"Vous vaincrez, parce que vous possédez plus de force brutale qu'il ne vous faut. Mais vous ne convaincrez pas. Car, pour convaincre, il faudrait que vous persuadiez."

 

« Je ferai, s’il le faut, fusiller la moitié de l’Espagne » avait dit Franco. Et tout le monde d’approuver. Tout le monde sauf un seul.  Resté à Salamanque à la tête de son université, en territoire nationaliste, le vieux philosophe Unamuno va se faire entendre.

Ce jour-là, il y avait une réception dans le grand amphithéâtre de l’Université. De nombreux  représentants du parti franquiste étaient présents. Le général Millan Astray, mutilé de guerre, décoré, prend la parole. Il critique vivement le Pays basque et la Catalogne. Ses partisans applaudissent à tout rompre et hurlent ‘Viva la muerte ». 

Alors Unamuno se lève lentement et dit : «Il y a des circonstances où se taire est mentir. Je viens d'entendre un cri morbide et dénué de sens : vive la mort ! Ce paradoxe barbare est pour moi répugnant. Le général Millan Astray est un infirme. Ce n'est pas discourtois. Cervantes l'était aussi. Malheureusement, il y a aujourd'hui, en Espagne, beaucoup trop d'infirmes. Je souffre à la pensée que le général Millan Astray pourrait fixer les bases d'une psychologie de masse. Un infirme qui n'a pas la grandeur d'âme d'un Cervantes recherche habituellement son soulagement dans les mutilations qu'il peut faire subir autour de lui.» 

Puis il ajoute sa célèbre phrase : « Vous vaincrez, parce que vous possédez plus de force brutale qu'il ne vous faut. Mais vous ne convaincrez pas. Car, pour convaincre, il faudrait que vous persuadiez. Or, pour persuader, il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la Raison et le Droit dans la lutte. Je considère comme inutile de vous exhorter à songer à l'Espagne. J'ai terminé.»

 
Assigné à résidence dans sa maison, Unamuno mourra quelques semaines plus tard.