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29/03/2019

Amazonie

Ivre, le bateau qui remontait le fleuve,

Eclaboussé d’écume.

Ivres, les marins, qui chantaient et dansaient,

Sur le pont de tous les espoirs.

Ivre aussi, le capitaine,

La main sur une cuisse nue

Et qui cherchait l’éternel port.

 

Il remonte le fleuve, le grand navire,

Sous un soleil radieux

Et fend de son éperon les eaux boueuses des dernières pluies.

Dans les cales, tous les tonneaux sont en perce

Et le vin noir coule dans les jarres.

 

Il vogue vers la source, le beau bateau,

Tandis que dans la forêt, des yeux noirs le regardent passer.

Les voiles claquent, effrayant les grands oiseaux tapis dans les roseaux.

Dans sa cabine, le capitaine a déposé son couteau cranté.

Il caresse l’esclave à la peau brune,

Enlevée hier dans un village de la côte.

Il lui murmure des mots étranges et improbables

Et cherche dans les broussailles

Sa blessure primitive.

 

En a-t-il connu des deltas

Et même des triangles des Bermudes,

Mais maintenant, il s’agit de remonter le temps

Jusqu’aux origines du monde.

 

Les cheveux noirs et fous,

Le regard sombre,

La peau incroyablement nue et brillante,

Cette sirène possède toute la beauté du diable…

 

Il caresse une courbe, se désaltère à la source,

Mais ne voit pas la main brune qui tâtonne et s’empare du couteau.

Arrêté dans sa course, le navire s’est immobilisé dans la mangrove.

Sortant de l’ombre, dix indiens nus avancent sur leur pirogue.

Ils portent sur le front l’insigne vengeur du dieu du fleuve.

Littérature

 

 

 

17:42 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature