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30/09/2017

Une Catalogne indépendante ?

Il y a quelques années de cela, j'avais rédigé un article sur mon blogue dans lequel je mettais en garde contre la politique européenne de défense des langues régionales. Non pas que je n'aime pas ces langues régionales, loin de là (j'ai d'ailleurs une formation de linguiste) mais j'y voyais un danger pour l'intégrité et l'unité des Etats. Eh bien, que vous le croyez ou non, mon article a été censuré par mon hébergeur Hautetfort (et ce fut bien le seul article qui l'a jamais été) avec menace de fermeture du blogue si je le remettais en ligne.

Je vois aujourd'hui que j'avais raison puisqu'il suffit de tourner les yeux vers la Catalogne pour se rendre compte de ce qui se passe. L'UE privilégie les Régions aux Etats (qui risqueraient de s'opposer à sa politique libérale de type anglo-saxon en maintenant par exemple une législation sociale). Elle pousse donc les différentes communautés à s'insurger et à rejeter le centralisme étatique. Or que pourra faire une petite région contre les grands marchés transatlantiques ? Rien du tout. On est donc en train de nous diviser pour mieux régner sur nous. Et cela au nom de la liberté. On a fait éclater la Yougoslavie et on fait maintenant éclater l'Irak et la Syrie en propulsant les Kurdes sur le devant de la scène. Finalement, il me semble qu'on pratique la même politique en Europe. On remet en cause 2.000 ans d'histoire car il a fallu toutes ces années pour arriver à la situation actuelle avec les pays que nous connaissons. Qui nous dit que demain on n'aura pas un nouveau duché de Bretagne, une Alsace autonome ou une république languedocienne ? Qui nous dit que tout cela n'est pas dirigé par des puissances occultes qui nous dépassent ? Ces révoltes au nom de la liberté, on les a déjà vues dans les pays arabes (les fameux printemps arabe, qui ont finalement abouti à la destruction de la Libye et de la Syrie) et en Ukraine. Alors méfions-nous


Commentaires

Je me souviens parfaitement de l'article que tu évoques. Nous étions plusieurs à être révoltés par cette censure.
Je suis heureuse de retrouver ici le genre de billets que j'appréciais particulièrement.
La question que tu souleves est particulièrement sensible et j'ai beaucoup de mal avec l'aveuglement de ceux qui avalent cette idée que privilégier les régions c'est marcher avec son temps. Aller de l'avant, contre un État jacobin. Je ne parle évidemment pas de la petite poignée de multinationales qui mènent le monde.

Écrit par : Michèle | 30/09/2017

Disons que partout dans le monde où l'Amérique (lire le capitalisme) a déstabilisé des régimes, elle s'est toujours appuyée sur des dissensions régionales, ethniques religieuses ou linguistiques. Voir le Kurdistan et ce qui se passe en Birmanie. Maintenant que la Catalogne soit différente du reste de l'Espagne, on n'en a jamais douté puisque'elle a sa propre langue. Et finalement qu'est-ce qui fait un peuple, qui l'unit, si ce n'est sa langue ? Voit la situation artificielle qui caractérise le Belgique. C'est un problème très complexe.

Écrit par : Feuilly | 30/09/2017

Bien sûr que c'est complexe. C'est pourquoi il est important de savoir d'où l'on parle et ce que l'on veut. Savoir des peuples libres, capables de s'autodéterminer.
Je pense à la Pologne, que je ne connais pas, dont je ne connais pas non plus l'histoire (ça fait beaucoup d'ignorance tout ça), mais dont, grâce au blogue et aux livres de Bertrand, je commence d'entrevoir quelque chose. Son roman, récemment paru, "La Pomme ne tombe pas loin du pommier" est poignant de ce point de vue-là.
Il vous empoigne et ne vous lâche plus.

Écrit par : Michèle | 01/10/2017

J'ai hâte de le lire.

Écrit par : Feuilly | 01/10/2017

Du point de vue économique ''une petite région ne peut rien contre les grands marchés transatlantiques'' c’est un fait ! Et, en guise de remède, on a implanté la mondialisation. Or l'origine du mal que vous évoquez est le remède lui-même. En effet, la société (ou le groupe) qui se sent menacée de dissolution par la mondialisation, tend à se réfugier dans ses sources culturelles (linguistiques en particulier), elle se ''renationalise'' pour échapper à la globalisation dissolvante. Nous assistons à l'émergence d'un désir de différentiation qui aboutira de plus en plus à la fragmentation des nations et au renfermement des groupes sur eux même (les Kurdes, les catalans, les berbères, les chiites et sunnites, les Cyrénaïques, etc...ont le même réflexe et la même démarche). Le désir de différentiation des sociétés et microsociétés, est considéré comme une alternative ou mieux un remède à la centralisation, à la mondialisation et en fin de compte à l'uniformisation. Les séparatistes font voler en éclats le principe qui tend à abolir toute singularité ou toute particularité locale au profit d’une société ouverte, universaliste. La mondialisation étant incapable de dissoudre les divergences culturelles, elle ne fait qu’exaspérer les réflexes archaïques qui sont ancrés dans la structure et le fonctionnement des groupes humains.
Ce phénomène de repli peut certainement coïncider avec les intérêts ''de puissances occultes'', c'est un humus fertile aisément exploitable, il suffit de l'accompagner, laisser croître les divisions et révoltes ici et là pour, en fin de compte, mieux régner.

Écrit par : Halagu | 03/10/2017

@ Halagu. Tout à fait. Au départ est la mondialisation (et la perte de prestige des Etats). En réaction, les citoyens se réfugient dans ce qui leur est propre (langue et culture). Leur réflexe est logique et sincère. Je dis simplement que le comble, c'est que la Finance mondiale se plait certainement à exacerber ces régionalismes car elle va y trouver son profit (alors qu'au départ il s'agit d'une réaction contre cette mondialisation elle-même).

Par ailleurs, voici un article intéressant qui explique un peu comment on en est arrivé là avec la Catalogne: http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20141114tribc166e7f73/l-independantisme-catalan-est-il-un-egoisme.html

Écrit par : Feuilly | 03/10/2017

Halagu c'est toujours un bonheur de vous lire :)

Là où il y a une erreur majeure, c'est pour le communautarisme de penser qu'ils sauvent leur identité à ainsi se regrouper et vouloir pour le groupe des droits et des devoirs distincts de ceux communs à tous les hommes.
Il n'y a pas pire négation de la liberté de l'individu que de l'assigner ainsi à des particularités. C'est ainsi qu'on fait porter certaines tenues vestimentaires à des jeunes filles, ou qu'on fait des mariages arrangés, ou etc.

L'un des fondements des Etats de droit, c'est que le corps politique est formé uniquement par des individus. Leur pari c'est qu'on peut et qu'on doit transcender la vision morcelée et tribale de la société ; c'est qu'on peut et qu'on doit unifier par une loi commune reposant sur des principes universels une mosaïque qui nécessairement tend vers un régime maffieux. Le communautarisme, c'est l'officialisation de la différence des droits.

Or le droit fondamental de tout individu c'est le droit à vivre séparé.
On peut s'assembler en vertu de ressemblances, d'affinités, d'origines, de goûts, de tout caractère commun, et ça s'appelle former communauté, mais cela reste dans le strict respect du droit de chacun à sa singularité, à ce qui le fait différer.
Une telle association (politique au sens large, c'est-à-dire qui ne repose sur aucun lien qui lui soit extérieur) considère que le droit de l'individu est toujours fondamental, prioritaire sur tout droit collectif, et qu'un droit collectif n'a de sens que s'il accroît le doit de l'individu ou du moins s'il ne lui est pas contraire.

Écrit par : Michèle | 05/10/2017

C'est le principe de la république française : mêmes droits et devoirs pour tous les citoyens. Mais l'Europe, en imposant des Régions (dont les moyens financiers diffèrent) crée déjà des inégalités.
Maintenant, ce qui unit tous les Catalans, c'est la langue, évidemment. Idem pour les Flamands, qui regardent de très près ce qui se passe en Catalogne.

Écrit par : Feuilly | 05/10/2017

Diviser pour mieux régner, une devise vieille comme mes robes...
Alors quand les peuples donnent eux mêmes les cordes pour se faire battre...
¸¸.•*¨*•

Écrit par : celestine | 05/10/2017

"Et finalement qu'est-ce qui fait un peuple, qui l'unit, si ce n'est sa langue ?" dis-tu

Oui, souviens-toi de l'Ukraine :

http://lexildesmots.hautetfort.com/archive/2014/05/09/vivre-ensemble-5365522.html

Écrit par : Bertrand | 05/10/2017

@ Célestine : les peuples sont de bonne foi et leurs raisons ne manquent pas toujours de pertinence, mais ils sont souvent manipulés à leur insu (et finalement, s'ils arrivent à leurs fins, c'est parce que leur victoire va profiter à d'autres). Voir ici : http://www.voltairenet.org/article198083.html

@ Bertrand : oui langue impose une manière voir le monde. Les Grecs l'avaient déjà compris, qui qualifiaient les Perses de "barbares". Barbares, ils ne l'étaient certes pas, mais ils portaient un autre regard sur le monde car leur culture était différente.

Écrit par : Feuilly | 05/10/2017

Le Portugal s'est séparé de l'Espagne, il a sauvé son histoire, sa culture et sa langue, et l'Espagne a survécu. La Catalogne a eu une histoire en dehors de l'Espagne, elle a une culture et une langue originales à sauvegarder (l'usage du catalan a été interdit pendant toute la période franquiste). Elle peut, me semble-t-il, avoir son indépendance sans mettre en péril l'avenir et la souveraineté du reste du pays.

Écrit par : Halagu | 06/10/2017

@ Halagu : certes, sauf qu'après cela, la Galice puis le Pays basque suivront. Pour peu que ceux du nord rejettent l'Andalousie, il ne restera plus rien. Mais d'un autre côté l'Espagne a toujours été moins centralisée que la France. Je raisonne donc en tant que francophone (ni en Suisse ni en Belge pour le coup).

Écrit par : Feuilly | 06/10/2017

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