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10/06/2017

Du regard que l'on peut porter sur la nature.

Quand, à la fin du Moyen-Age, les érudits florentins redécouvrirent l’Antiquité et la langue latine, ils redécouvrirent en même temps la distinction que leurs ancêtres romains avaient faite entre la « vita activa » (celle des citadins banquiers, commerçants, hommes politiques) et la « vita contemplativa » (quand on se retire à la campagne pour méditer et se consacrer aux Arts).

Il faut dire que la situation en Italie était différente de celle de la Gaule. Alors que les seigneurs du nord des Alpes, repliés dans leurs châteaux-forts isolés, passaient leur temps à guerroyer entre eux, ceux de Toscane quittaient la campagne pour bâtir en ville de somptueux palais, après avoir mis en fermage toutes les terres qu’ils possédaient. Du coup, le fossé qui existait chez nous entre la ville et la campagne n’existait pas en Italie. Ces mêmes seigneurs, devenus citadins, revenaient avec plaisir en été dans leur « villa » campagnarde. La conséquence, c’est que la nature ne fut pas perçue comme sauvage ou menaçante, comme elle l’était en France à la même époque. Quant aux villes libres, celles où les bourgeois avaient supplanté les nobles, elles s’étendent elles aussi vers les campagnes, les habitants plaçant leur argent dans des revenus fonciers. Dans les deux cas, la distance entre la ville et la campagne est plus que ténue et cette dernière est perçue comme endroit privilégié pour le repos estival (« otium »). Boccace ne situe-t-il pas l’action de son Decameron à la campagne, loin de la peste qui sévit à Florence ?

 

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00:26 Publié dans Errance | Lien permanent | Commentaires (7)

Commentaires

Ah que j'aime quand tu te fais historien. C'est une veine que tu réussis parfaitement et je t'écouterais parler de "l'ancien monde" ad vitam aeternam :)

Ce qui est manifeste de ces temps-là, ce que dit ton texte, c'est que le paysan ( le fermier, l'esclave de la terre) comptait pour du beurre. Ni vita activa, ni vita contemplativa, rien, nada, peanuts...
C'est un peu cela encore aujourd'hui sauf que les sans-grades, les sans paroles, les sans-papiers, on les porte en nous car nous sommes tous de la même condition humaine, la mortelle, même si les imbéciles l'oublient, font comme s'ils étaient immortels. Et quand je dis imbéciles, je veux dire tous les nantis (ou qui se croient tels).

Écrit par : Michèle | 10/06/2017

J'aime beaucoup l'intervention de Michèle..
Je sais que j'ai une chance inouïe de profiter de ma « vita contemplativa » mais pour combien de temps encore ? :-)
La photo de la campagne toscane est superbe.
Bises célestes
¸¸.•*¨*• ☆

Écrit par : celestine | 10/06/2017

Merci Célestine de votre petit signe de connivence :)
Comment aimerions-nous la littérature si nous n'aimions les hommes (dont la moitié sont des femmes :) et en particulier ceux qui n'ont jamais la parole.

Et vous avez raison, profitons de notre "vita contemplativa" tant et autant que nous pouvons.

Écrit par : Michèle | 10/06/2017

Je vous laisse papoter, les filles, belle manière de permettre à la moitié de l"humanité de s'exprimer :))))))

Plus sérieusement : cette condition du monde rural au M-A m'a toujours bouleversé. Monde rural qui a perduré dans son fonctionnement jusqu'au début des années 1960, ne l'oublions pas.

Quant à la vite contemplative, la seule qui importe, j'y aspire de tout mon coeur; la vie professionnelle devenant franchement plus épuisante de jour en jour.

Écrit par : Feuilly | 11/06/2017

Alors, Feuilly, mais je pense que tu as des obligations... Va un jour à Hurtebise. Tu seras comblé.

Écrit par : Pivoine | 22/06/2017

Bien que, cela dépend des pays. Il faudrait aborder le cas de l'Angleterre : il y avait la "Season" à Londres, et l'été, ou les fins de semaine, on allait dans son domaine ou sa maison de campagne (ou chasser en Ecosse). Regarde dans le film de Woody Allen, Match Point. Ceci dit, la paysannerie anglaise était aussi mal lotie - toute la main d'oeuvre qui se louait à la journée, aussi bien dans les campagnes que dans les villes - en Angleterre qu'en France ou même en Belgique.

Ce n'est pas pour rien que j'ai des aïeux qui ont quitté leur campagne pour venir se "placer" à Bruxelles. L'une d'elles a commencé comme fille à la journée (et a été mère célibataire évidemment), puis s'est mariée et son acte de décès mentionnait qu'elle était plumassière...

Écrit par : Pivoine | 22/06/2017

Evidemment, la campagne italienne, proche de Florence par exemple, n'a rien de commun avec les régions de France... Comme les villas de Fiesole...

Écrit par : Pivoine | 22/06/2017

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