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09/09/2016

Nocturne

Je voudrais dire le bruit de la pluie dans les petits matins,

Quand le café noir fume encore dans les tasses

Et que son goût âcre m’emporte bien loin.

 

Je voudrais dire les figures tristes croisées dans le métro

Quand les rêves se sont trompés d’aiguillages

Et que j’ai oublié le goût de tes baisers.

 

Je voudrais dire les grands bateaux blancs qui se perdent en mer

Quand le soleil se couche

Et engloutit tous nos espoirs.

 

Je voudrais dire.

 

Mais enfermé dans le silence immobile,

Je contemple les dernières étoiles mortes

Qui brillent au milieu de nulle part.

 

Là-bas, dans la brume nocturne,

On entend la rivière,

La belle rivière de nos enfances

Qui n’en finit plus de ronger les paysages.

 

Insomniaque à ma fenêtre

Je rêve du temps passé.

La nuit d’août s’achève.

Bientôt, les cerfs brameront dans les clairières de feu

Et l’automne venteux s’infiltrera sous les portes de ma mémoire.

 

Je voudrais dire, encore une fois,

L’immensité de la forêt,

Sa rumeur, ses soupirs et son éternel mystère.

 

Je voudrais dire les chemins parcourus par les aventuriers

Depuis les ruines de Carthage

Jusqu’aux steppes infinies de l’Asie centrale.

Je voudrais dire tant de choses…

 

Mais qui entendra ma voix ?

J’aurai beau crier du haut de la falaise,

Le bruit des vagues, toujours, l’emportera,

Monotone et éternelle clameur des mondes.

 

Demain est aussi loin qu’un pays étranger.

Seule existe la rumeur des feuillages dans la brise d’été,

Rumeur semblable au ressac de l’océan

Contre les murs du temps.

 

Tout près de moi, un oiseau de la nuit a frôlé les cimes

Puis s’est perdu dans l’immensité,

Emportant avec lui son cri mystérieux

Chargé de tous nos désespoirs.

 

Il faudrait dormir.

Minuit est passé depuis longtemps

Et la lune elle-même s’en est allée,

Poursuivant son éternelle course incompréhensible.

 

Le ciel, maintenant, est vide et noir.

Seule subsiste dans mon cœur une petite musique intérieure,

Sonate composée de quelques notes seulement,

Mais qui me dit de croire à la vie.

 

Alors je me souviens que les yeux des femmes brillent

Parfois, dans la pénombre des chambres.

Je voudrais dire leurs gestes tendres et gracieux,

Le son de leur voix,

Et le parfum qui imprègne leurs vêtements

Quand lentement elles se déshabillent

Et s’avancent nues dans l’immensité du monde.

 

Le vent se lève et il fait plus froid.

Bientôt le beau chêne près de la fenêtre perdra ses feuilles.

Celles-ci tomberont une à une, inexorablement,

Comme les minutes qui avancent au cadran de la vie.

Dans le ciel passeront des oiseaux en partance

Vers des cieux improbables.

 

Tout n’est que départ, mouvance et éternel recommencement.

Seul je demeure au milieu du silence.

Une ancienne blessure s’est rouverte,

Blessure d’amour qui saigne au milieu de la nuit

Et qui colore l’horizon d’une encre rouge.

 

Voilà le soleil qui se lève au-dessus des abîmes.

 

Littérature

00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature