28/06/2015
La France, le français et les langues régionales.
J’avais écrit autrefois un article sur les langues régionales et on avait pu le lire ici même sur Marche romane. En substance je disais toute l’affection que je pouvais avoir pour les langues régionales, tout en insistant sur le danger qu’il y avait à les reconnaître trop. En effet, sous prétexte de défendre les minorités culturelles, l’Europe visait surtout à affaiblir politiquement les Etats. Que serait la France si un Breton ne se sentait pas d’abord Français et s’il ne pouvait pas s’entretenir avec un Marseillais qui lui ne voudrait parler qu’en Occitan ? Car reconnaître les langues régionales peut aller loin (accès à l’administration, à la justice, etc.). Tout en reconnaissant que tous les patois méritaient certes le titre de langue à part entière, j’insistais sur le danger qu’il y avait à leur donner un statut officiel.
C’est le seul article qui a été censuré, Hautetfort me demandant de le retirer sous menace de fermeture de mon site. Le prétexte était que j’avais utilisé une carte géographique pour illustrer la répartition des langues régionales en France et que cette carte était propriété de l’agence France presse. Pour ne pas tout perdre, j’ai retiré l’article, mais je reste persuadé que ce qui était visé, ce n’était pas l’origine de la carte mais le contenu de mon article.
Bref, puisque je ne peux plus m’exprimer sur ce sujet, pourtant capital et qui me tient à coeur, je suppose que j’ai quand même le droit de citer les articles des autres. En voici un qui reprend en substance ce que j’avais dit, tout en insistant sur le rôle trouble de l’Allemagne dans ce jeu. J’ajouterai qu’il ne faut pas perdre de vue que l’Europe qui cherche à affaiblir les langues officielles de ses Etats membres (français, espagnol, italien) au profit de leurs différentes langues régionales, ne s’exprimera bientôt plus qu’en anglais. Curieux paradoxe, n’est –il pas vrai ?
Pour lire l'article, c'est ici.
01:03 Publié dans Langue française | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : langue française, patois, langues régionales
Commentaires
Vègn’ tot chal,
Dji so tot seû a l’ mohone.
N’a pus nouk qui m’ tèlèphone.
Dispôy qu’èll’a fêt s’ paquèt, li vîl Europe
Dj’a vôrmint ine påye di rwè.
D'après Elmore D., album "Back to Hestà" (retour à Herstal)
Trad du wallon liégeois :
Viens ici
Je suis tout seul à la maison
Il n'y a plus personne qui me téléphone
Depuis qu'elle est parité, la vieille Europe (je rajoute ici)
J'ai vraiment une paix de roi.
Écrit par : cleanthe | 28/06/2015
Merci infiniment de ce rappel du danger qu'il y aurait pour les Etats à ratifier la Charte des langues régionales.
Je mets ici le lien de l'argumentation du député européen Mélenchon. Si l'on fait abstraction du caractère emporté du personnage et de sa fâcheuse propension à la polémique personnelle, on pourra lire avec beaucoup d'intérêt les arguments qu'il développe.
http://europe.jean-luc-melenchon.fr/2013/09/19/encore-une-fois-la-charte-des-langues-regionales/
Écrit par : Michèle | 28/06/2015
Quant au séminaire de la JEV qui s'est tenu à Tarbes en avril 2007, auquel il est fait allusion dans l'article que tu cites, j'irai regarder dans les archives départementales s'il y a eu des articles dans la presse locale.
Écrit par : Michèle | 28/06/2015
Oui et non... Voilà bien un commentaire de Normand, écrit en français:)
Les langues régionales sont-elles un danger pour l'hégémonie de l 'Etat ? Oui, sans doute.
Mais que t'apporte l'hégémonie de l'Etat ? Le flicage, une kyrielle de lois plus ou moins liberticides, une norme qui n'est pas forcément la tienne, l'obligation d'appartenir à, de faire allégeance à...
Un gars du Pas-de-Calaisou ou un Bourguignon n'a pas la même conceptualisation de son monde q'un gars de Marseille ou de Perpignan, quoi qu'en dise Paris.
J'en veux pour preuve que la langue officielle, celle du dictionnaire, a ménagé la chèvre et le chou en laissant passé des mots de la langue vernaculaire.
C'est pourquoi j'aime, dans mes textes comme "Zozo" , laisser passer des mots de cette langue, de " cette conscience parlée" , parce que ce qu on à dire certains de mes personnages, la façon dont ils le disent, n'aurait aucun sens dans la langue de la Sorbonne.
Ceci dit, je n'ai pas encore lu l'article en lien..
Écrit par : Bertrand | 28/06/2015
Oui et non... Voilà bien un commentaire de Normand, écrit en français:)
Les langues régionales sont-elles un danger pour l'hégémonie de l 'Etat ? Oui, sans doute.
Mais que t'apporte l'hégémonie de l'Etat ? Le flicage, une kyrielle de lois plus ou moins liberticides, une norme qui n'est pas forcément la tienne, l'obligation d'appartenir à, de faire allégeance à...
Un gars du Pas-de-Calaisou ou un Bourguignon n'a pas la même conceptualisation de son monde q'un gars de Marseille ou de Perpignan, quoi qu'en dise Paris.
J'en veux pour preuve que la langue officielle, celle du dictionnaire, a ménagé la chèvre et le chou en laissant passé des mots de la langue vernaculaire.
C'est pourquoi j'aime, dans mes textes comme "Zozo" , laisser passer des mots de cette langue, de " cette conscience parlée" , parce que ce qu on à dire certains de mes personnages, la façon dont ils le disent, n'aurait aucun sens dans la langue de la Sorbonne.
Ceci dit, je n'ai pas encore lu l'article en lien ..
Écrit par : Bertrand | 28/06/2015
en laissant passer
Cétait du patois:))))))
Écrit par : Bertrand | 28/06/2015
Bertrand, je pense que la république protège les langues régionales, il n'y a qu'à voir tout ce qui est mis en œuvre dans l'enseignement.
Et Zozo qui est une merveille est la preuve vivante de la richesse de la langue dans toutes ses couleurs.
Ce qui est en question, c'est ce qui est écrit dans la Charte, les droits attachés à tel ou tel particularisme...
Écrit par : Michèle | 28/06/2015
J'ajoute que j'avais, à l'époque, copié/collé ton article dans mes archives (j'étais super sérieuse :) et il y avait aussi des commentaires, notamment un certain Petrus qui faisait allusion à une œuvre en patois écrite par un arrière-arrière grand-oncle, seul témoignage recensé du patois chantemerlois. S'il repasse par là ce serait bien qu'il nous redonne le lien qu'il semble avoir donné à l'époque et que je n'ai pas engrangé.
Écrit par : Michèle | 29/06/2015
Je m'adresse évidemment à toi Feuilly pour l'article en question. On pourrait croire que je continue à m'adresser à Bertrand à qui je parlais dans mon commentaire précédent. Pardon pour ces rajouts intempestifs :)))
Écrit par : Michèle | 29/06/2015
Je suis un peu débordé, désolé de répondre aussi tardivement.
@ Cléanthe : merci pour le patois liégeois. J’adore toutes ces langues populaires/ Mon propos dans cet article (rappelons-le) n’est pas de critiquer ces patois qui seraient eux aussi devenus des langues si la situation politique de leur région avait été différente (on le sent déjà très fort avec le catalan, quand Perpignan appartenait aux rois de Majorque et que toute cette contrée formait un petit état).
@ Michèle : tu nous diras pour le congrès de Tarbes… L’Etat protège les langues régionales (voir l’enseignement). C’est bien et c’est souhaitable. Mais je ne voudrais pas que demain ces langues aient droit de cité dans l’administration ou la justice. Impossible me diras-tu… Impossible aujourd’hui, oui, mais regarde le catalan à Barcelone… Et justement, ces patois conviennent bien pour un certain type d’échanges, pas forcément pour un autre.f
@ Bertrand : que m'apporte l'hégémonie de l'Etat ? Rien sans doute. Mais se réjouir de sa disparition au profit de la grande Europe libérale, c’est aller de Charybde en Scylla. Bien sûr que chaque région a sa spécificité et c’est heureux. C’est ce que l’on recherche en vacances : de l’authentique et pas du conformisme parisien (malheureusement tout est souvent devenu du folklore pour touristes).
Écrit par : Feuilly | 29/06/2015
J'ai trouvé, aux Archives départementales, l'article de La Nouvelle République des Pyrénées qui fait état du séminaire européen sur les langues minoritaires, ayant réuni à Tarbes (Tarba) une centaine de participants, de 24 langues de 15 pays. L'article est à la p. 5 de la NR du samedi 14 avril 2007. Je t'en envoie la photo et le texte (qui ne va pas bien loin, restant très anecdotique).
Écrit par : Michèle | 16/07/2015
Merci, Michèle.
Écrit par : Feuilly | 19/07/2015
Parce que les lectures ne valent que partagées :
http://www.causeur.fr/les-larmes-de-durutti-3444.html
Écrit par : Michèle | 17/09/2015
Merci pour ce lien, il vaut le détour.
Écrit par : Feuilly | 17/09/2015
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