26/09/2011
Aphorismes (5)
On travaille pour vivre et puis on finit par vivre pour travailler.
Les enfants sont encore si près du moment de leur création qu’ils conservent en mémoire l’image de l’impossible.
Dire que j’aurais pu naître dans le corps d’un chien ou d’un oiseau. Mes pensées, sans doute, auraient été fort différentes. Mais qu’est-ce que cela aurait changé sur le plan de l’univers ?
Le jour, on s’agite, on vaque à ses occupations. Mais la nuit, il suffit de lever la tête vers le ciel pour découvrir tous ces mondes où nous n’irons jamais. On se sent alors emporté dans le grand vide sidéral et on se demande quel sens cela peut bien avoir.
Il existe des étoiles qui sont éteintes depuis plus de mille ans déjà quand leur lumière nous parvient. On se dit alors que tout ce que nous voyons n’est finalement qu’illusion.
Ces étoiles mortes sont à notre image : un bref éclat dans la nuit noire. Et puis plus rien.
Il y a dans les yeux de certains chiens un monde de bonté qu’on serait bien en peine de trouver ailleurs.
L’animal est comme nous, un être vivant perdu dans l’abîme intersidéral. Il aime, il souffre, puis il meurt. La seule différence, c’est qu’il ne sait pas écrire.
La musique est comme une porte ouverte sur un autre monde. Un monde qui s’articule autour du silence.
La peinture, elle, fige le temps dans un moment d’éternité.
L’araignée semble si fragile, pendue à son fil. Pourtant c’est un prédateur redoutable. Un peu comme l’homme, quoi.
On se demanderait bien pourquoi l’espèce humaine est la seule dont la population s’accroit sans cesse, au point de mettre la planète en danger. Les autres espèces, elles, disparaissent lentement mais inexorablement.
Quand homo sapiens aura rayé de la terre tous les animaux, continuera-t-il encore à se multiplier à l’infini, courant ainsi à sa propre perte ?
La croyance dans le progrès, telle que l’homme des Lumières la concevait, est sans doute ce qui est en train de nous détruire.
07:00 Publié dans Actualité et société | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : aphorismes
Commentaires
Encore un texte magnifique. Je trouve que vous excellez quand vous livrez des réflexions mélancoliques.
Vous dites à propos de l’animal : « Il aime, il souffre, puis il meurt». Jusqu’à présent je pensais que les sentiments (amour, haine, souffrance…) nous distinguent de l’animal.
Écrit par : Halagu | 28/09/2011
Je confirme ce que dit Feuilly: les animaux (de compagnie certainement) aiment, souffrent et meurent. La seule chose qui les distingue de nous, c'est qu'ils n'ont pas une intelligence verbale: ils sont donc incapable d'exprimer non leurs sentiments, mais leurs ressentis. Et nous qui disposons de l'intelligence verbale, avons parfois toutes les peines du monde à exprimer nos ressentis (profonds)... Cela -transformé- ferait aussi un bel aphorisme !
J'aime beaucoup tout cela...
Écrit par : Pivoine | 28/09/2011
@ Halagu : sans doute est-ce dans ma nature d'être un peu mélancolique. le monde ne va pas comme on voudrait qu'il aille et on ne peut rien y changer. Certains s'acharnent dans l'action militante, d'autres ne veulent rien voir et oublient, d'autres encore conservent la nostalgie de ce qui aurait pu être.
Pour ce qui est de l'animal, cela demanderait un long développement. J'y reviendrai dans un billet. Nul ne peut nier cependant que l'animal souffre (physiquement mais parfois aussi affectivement) et qu'il finisse par mourir. Quant aux sentiments qu'il peut éprouver et que l'homme lui refuse, il faudrait se poser la question de savoir pourquoi justement l'être humain lui refuse ce privilège. Ne serait-ce pas parce qu'il aurait trop peur de ressembler à l'animal? Epistémologiquement parlant, il lui faudrait mettre une barrière entre l'animal et lui. Reste à voir si cette barrière n'est pas arbitraire. Mais nous y reviendrons car c'est toute la définition de l'homme qui se cache là-derrière.
Écrit par : Feuilly | 28/09/2011
@ Pïvoine : c'est effectivement aux animaux évolués que je pense, ceux que l"'on connaît le mieux. Je ne me prononcerai pas sur l'état amoureux d'une limace ou sur la peine ressentie par un ver de terre. Par cnotre, un chien, un singe, un cheval...
Écrit par : Feuilly | 28/09/2011
Vous dites : « Ne serait-ce pas parce qu'il (l’homme) aurait trop peur de ressembler à l'animal? ». C’est sûrement ce qui m’a fait réagir, c’est peut-être une réaction de protection. Notre inquiétude devant la possibilité de rejoindre la condition animale est légitime. Tout au long de notre vie notre apprentissage n’est justifié que par le désir d’améliorer notre lot acquis à la naissance (en dehors de l’inné), lot de départ que nous partageons, justement, avec les animaux. Je n’irai pas plus loin, le sujet est passionnant et mérite effectivement un développement ; j’attendrai votre billet…
Je voudrais simplement dire à Pivoine que la parole est un acquis primordial qui nous distingue de l’animal. Je n’ose imaginer l’état d’évolution d’une planète peuplée, dés l’origine, uniquement d’êtres humains irrémédiablement muets. Cela peut faire le sujet d’un roman ou d’un film ! Une autre différence de taille : l’homme a conscience de sa finitude et cette certitude, acquise grâce à sa maturité mentale, est un moteur remarquable qui l’écarte de l’inaction et l’éloigne de l’animal.
Écrit par : Halagu | 28/09/2011
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