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25/04/2011

Une île (3)

Mais le temps passait et il fallait se remettre en route. En face de nous, une forêt touffue recouvrait ce que nous avions d’abord pris pour une colline mais qui était en fait une montagne. D’ailleurs son sommet devait certainement constituer le point culminant de l’île et si nous voulions savoir ce qu’il y avait de l’autre côté, nous n’avions pas le choix, il allait falloir grimper et escalader ce versant. Ce ne fut pas facile, à vrai dire, car la pente était vraiment très forte et la végétation était plus dense encore que ce que nous avions traversé jusque là. Il fallut plusieurs fois nous aider de nos couteaux pour sectionner les lianes qui empêchaient notre passage. La chaleur était étouffante dans ce sous-bois et nous ne progressions pas vite. A un moment donné, le marin qui était en tête lança un cri : « Arrêtez ! » A vingt centimètres de son visage, un énorme serpent se balançait. Quelle bête ! Il devait bien faire dix mètres de long ! En t0ut cas on n’en voyait pas la fin et sa queue se perdait dans les hautes branches. Il ne bougeait pas et nous observait d’un œil sournois et fixe, à moitié fermé. Que faire ? Un pas de plus et il allait se précipiter sur l’homme de tête et l’étouffer dans ses anneaux. D’un autre côté, si nous reculions en lui tournant le dos, la situation risquait d’être la même. Nous sommes donc restés immobiles, aussi immobiles que le monstre. Il se fit un grand silence. Seuls, dans les lointains, une bande de perroquets jacassaient, mais, par contraste, leurs cris éloignés ne faisaient qu’accentuer le silence qui régnait ici. On s’observait de part et d’autre. On sentait qu’il allait se passer quelque chose et que le moindre mouvement, même involontaire, allait déclencher une catastrophe.

Dix secondes se passèrent ainsi, puis vingt, trente, quarante. Quand on arriva à une minute, nous avions tous les nerfs à vif et nous allions craquer. C’est alors que l’homme de tête, lentement, très lentement, se saisit du long couteau qui pendait à sa ceinture. Le serpent eut un clignement des yeux, ce qui voulait dire qu’il avait compris le danger et qu’il allait attaquer le premier. Mais ce fut le marin qui prit l’initiative. D’un geste vif et imprévu, il plaqua une main contre la tête du monstre, qu’il maintint de force, et de l’autre il lui enfonça le couteau dans la gorge. La bête se débattit et remua de tous côtés mais le marin continua à enfoncer le couteau, s’en servant comme d’une scie. Il y eut encore un soubresaut plus fort que les autres puis l’animal s’abattit à terre, tandis que dans les hauteurs de l’arbre, des mètres et des mètres d’anneaux gluants continuaient de glisser vers le sol. Quand tout le serpent fut là, il représentait une masse de chair d’environ un mètre cube. Même mort, nous n’osions nous en approcher car son corps continuait d’être agité par de petites contractions. Nous le contournâmes, tout en conservant une prudente distance entre lui et nous, puis nous poursuivîmes notre route.

Il nous fallut encore bien une bonne heure avant d’atteindre le sommet. Cette montagne devait s’élever à plus de huit cents mètres d’altitude, peut-être mille. En partant du niveau de la mer comme nous l’avions fait, le moins que l’on pût dire c’est que ce n’était pas une promenade de tout repos. Mais enfin, avec du courage et de la détermination, nous étions arrivés à nos fins et c’était ce qui comptait. D’autant plus que ce que nous vîmes alors nous coupa le souffle.

Autant le versant que nous venions de gravir était boisé, autant celui qui s’étendait devant nous était découvert et tout pelé. Parsemé d’une végétation timide et basse qui ressemblait à notre maquis méditerranéen, il descendait en pente douce vers la mer. Et là, le long de l’océan, une plaine fertile s’étendait, avec des cultures, un village et même une espèce château dont la silhouette imposante se dressait au bord d’une falaise. Incroyable ! Nous étions donc sauvés ! Nous qui croyions avoir échoué sur une île déserte, voilà que nous retrouvions la civilisation. Un cri de joie s’empara de notre petite équipe et c’est en courant que nous nous précipitâmes vers le village. Pourtant, nous n’étions pas encore au bout de nos surprises. 

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07:00 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature

Commentaires

Brrrrrr ! joliment raconté, on s'y croit !

Écrit par : Débla | 28/04/2011

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