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25/11/2010

Ecrire, dit-il. Oui, mais comment?

J’ai beaucoup réfléchi au dernier commentaire de notre ami Halagu sur l’écriture naïve, telle que Flaubert la définissait.

Dans les naïfs, Flaubert plaçait Homère et Montaigne, par exemple. Des gens qui exprimaient ce qu’ils avaient à dire, sans trop se soucier de ce qu’on avait écrit autour d’eux ou avant eux et qui, avec un langage simple, non étudié, parvenaient à exprimer leurs idées. Leur force est là. Ils disent ce qu’ils ont à dire et du coup ils atteignent leur but.

A côté des naïfs, Flaubert admirait aussi les classiques, qui eux parvenaient à une sorte de concision et à un équilibre certain. Quant aux contemporains (en gros les romantiques), Flaubert les rejette car ils s’épanchent sans arrêt et tournent au sentimentalisme.

En tant qu’auteur, Flaubert essaie donc de concilier la force du message des naïfs avec la force du style des classiques. Et ce n’est pas facile, assurément. D’autant qu’il se rend compte que sa chronologie des écrivains n’est pas cohérente et que quelqu’un comme Hugo, bien qu’il soit romantique et contemporain, est aussi un naïf. Pris par l'urgence de son message, Hugo n'a pas le temps de s’interroger sur son style. Il écrit. 

Néanmoins il y a une chose triste, c'est de voir combien les grands hommes arrivent aisément à l'effet en dehors de l'Art même. Quoi de plus mal bâti que bien des choses de Rabelais, Cervantès, Molière et d'Hugo ? Mais quels coups de poings subits ! Quelle puissance dans un seul mot ! Nous, il faut entasser l'un sur l'autre un tas de petits cailloux pour faire nos pyramides qui ne vont pas à la centième partie des leurs, lesquelles sont d'un seul bloc (correspondance à Louise Colet).

Dès lors, le naïf travaillerait « en dehors de l'Art même » tandis que l'artiste (Flaubert) se bornerait à « faire du style ». Voilà de quoi décourager notre bon Normand qui passe des heures à modifier une phrase et à trouver le mot juste. Le génie, lui, se contenterait de suivre son tempérament sans penser à rien d’autre qu’à son message. En un mot, il n’a pas de style, mais n’en a pas besoin.

Flaubert classe donc dans ces génies Rabelais, Cervantès, Molière (bien que classique) et Hugo (bien que contemporain) Du côté des artistes (qui donc ne sont ni naïfs, ni classiques), il place par exemple Horace, La Bruyère et lui-même. Ceux-là recherchent la perfection du langage, mais atteignent bien difficilement la vérité. 

D’où sa fameuse phrase : « Quel homme eût été Balzac, s'il eût su écrire ! »

Qu’en penser ? A trop travailler une œuvre, on risque de la rendre artificielle et de s’éloigner de ce que l’on voulait signifier au départ. Inversement, on dit à juste titre que le génie n’existe pas et que tout est dans le travail. Quant à Céline, il s’exprimait ainsi :

Des écrivains, ne m'intéressent que les gens qui ont un style. S'ils n'ont pas de style, ils ne m'intéressent pas. Les histoires, y’en a plein la rue des histoires. J'en vois partout n'est-ce pas des histoires, plein les commissariats, plein les correctionnelles, plein votre vie, tout le monde a une histoire et mille histoires...

Des écrivains comme René Char ou Francis Ponge ont assurément porté leur attention sur le style. Tout est dans le jeu sur la langue et les mots. Ils peuvent même être parfois obscurs ou en tout cas difficiles à comprendre. Personnellement, je les trouve un peu froid, mais cette opinion n’engage que moi.

Par contre, quelqu’un comme Philippe Jaccottet me semble concilier à la fois la recherche sur la langue (trouver le mot juste) et l’expression du sens et de la sensibilité.  Ce qu’il dit m’émeut et en même temps j’ai conscience que les termes qu’il emploie sont exactement ceux qu’il fallait employer.

On dit aussi que tant qu’on veut faire de la littérature, on n’en fait pas. C’est quand on croit ne plus en faire qu’on en fait. Cela se comprend. Si je m’efforce d’employer des subjonctifs imparfaits ou si je ne m’exprime qu’au passé simple, pour faire bien, je suis surtout scolaire et ennuyeux. Quand j’oublie tout cela et que je parle simplement, pour atteindre ce que j’ai à dire (avec, pourquoi pas, des dialogues, des interjections, du langage parlé etc.), mon texte devient plus fort, je captive et on m’écoute.

Quelqu’un comme Giono conciliait les deux. Il y a des passages avec un vocabulaire fort riche, des phrases très recherchées et puis subitement on tombe dans des dialogues en langage parlé, qui font « vrai ».

Prenons maintenant quelqu'un comme Daudet et sa chèvre de Monsieur Seguin. Il aurait pu être ennuyeux à mourir en nous contant cette histoire d’une chèvre échappée de son enclos (c’est que le sujet est mince en soi). Mais, non, il parvient à nous captiver par la manière dont il rend la situation :

Ah ! qu'elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin ! Qu'elle était jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande ! Et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l'écuelle. Un amour de petite chèvre !

Le tout est de savoir si Daudet s’exprime ainsi naturellement (s’il est un naïf) ou si son texte est le fruit d’un long travail de correction. Le principal, pour nous lecteurs, c’est que cela semble naturel et aller de soi.

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07:00 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (52) | Tags : littérature

Commentaires

Il y aurait plein de choses à redire sur ce que tu dis là....
La première, pour moi, c'est d'abord que tu dis répondre à un commentaire d'Halagu, ce qui est sans doute vrai, mais j'ai surtout l'impression que tu prolonges notre débat sur L''Exil..
Juste deux points quand même.
- Pour talentueux que fût Céline, il dit là une connerie énorme, à mon sens : La littérature n'a pas forcément pour vocation de raconter une histoire !
ça tendrait même à être aujourd'hui tout à fait autre chose. Le roman,oui, qui n'est qu'une forme de littérature.
- Tu parles de l'emploi de l'imparfait du subjonctif ou du passé simple utilisés "pour faire bien"....C'est un peu une vision scolaire. L'emploi de ces deux temps et mode (n'en déplaise à ceux et celles qui pensent que l'imparfait du subjonctif est obsolète) s'impose parfois à la précision du récit.

Écrit par : Bertrand | 25/11/2010

Nous parlons de la littérature de langue française qui a, comme l'écrit Pierre Bergounioux dans son "Jusqu'à Faulkner"(Gallimard, 2002), "une force d'inertie emmagasinée pendant trois mille ans."
Bergounioux, toujours, rappelle qu'en "France du moins, existe un registre de langue soutenue, officiel, différentiel qui échelonne tous les autres. Alors qu'une particularité de la civilisation anglo-américaine réside, semble-t-il, dans la proximité relative du parler et de l'écrit et l'homogénéité de celui-ci. Le ton d'un Vanderbilt, du président Roosevelt ou d'un cultivateur des monts Ozark ne sonnent pas très différemment. Il faut une société curiale-absolutiste, des cercles savants, des académies, une longue et puissante tradition scolaire, politique, diplomatique, cinq cents ans, disons, pour élaborer l'instrument dont useront spontanément l'élève Rimbaud ou Marcel Proust."

Dans "Le pays de la littérature" (des serments de Strasbourg à l'enterrement de Sartre), Seuil, 2003, Pierre Lepape rappelle qu'en France "la littérature n'a jamais cessé de s'affronter à son propre mystère, bien avant que le mot "littérature" n'apparaisse au XVIIIe siècle, déjà double, désignant à la fois un objet - les oeuvres qui portent la marque de préoccupations esthétiques - et une institution, le corps des gens de lettres. (...)
En France, la littérature va de soi, elle n'a pas à se démontrer. C'est une nature, inscrite dans les caractères du génie national, enseignée dans les écoles comme la matière la plus prestigieuse (les autres ne sont qu'utiles), incarnée par de grands hommes, les écrivains, qui au long des siècles, en font exister l'essence. (...) C'est à Paris que se décide en dernier ressort ce qui est et ce qui n'est pas de la littérature.
Face à cette certitude, peu importent les faits. La France de 1980 est une puissance de second rang, son réseau de bibliothèques publiques est calamiteux, son système d'enseignement vient de s'effondrer, la langue française recule, mais le nombre de ses prix Nobel de littérature la place en tête de toutes les nations."

Sartre est le dernier des grands-écrivains-français (même s'il n'écrivait plus de littérature depuis longtemps) dont tout le monde connaissait le nom.

A partir de 1980 et depuis trois décennies, on est dans un espace mondialisé, morcelé, où l'image de l'universel s'efface, remplacée par celle de la mosaïque. Le travail de l'écrivain s'en trouve bouleversé. Des milliers d'histoires commencent.

Reste à parler de ce qui s'écrit aujourd'hui, depuis trois décennies. Vaste chantier...

Écrit par : Michèle | 25/11/2010

@ Bertrand : bien sûr que cela prolonge nos réflexions sur l’Exil. Mais c’est aussi la suite de la réflexion d’Halagu sur la force de l’écriture naïve. C’est le propre d’Internet, les idées se rencontrent et se télescopent.
Pour Céline, oui, il n’y a pas que le roman. Ceci dit, Le Voyage est tout de même aussi une histoire même si cela va évidemment bien plus loin.
Pour l'imparfait du subjonctif ou du passé simple, je suis le premier à utiliser ces temps et ces modes. Ce que je veux dire, c’est que certains, pour bien écrire, se forcent artificiellement mais cela reste, justement un exercice scolaire. Ou bien ils piochent dans le dictionnaire des mots inconnus de tous, etc. Ce n’est pas cela pour moi al littérature, mais parvenir à dire ce que l’on a envie de dire, exprimer ce que l’on ressent au plus profond, crier contre ce monde injuste et dessiner les contours d’un autre monde, qui serait plus beau.

@ Michèle : il est bien possible que la France ait une langue littéraire bien à elle. Cela s’explique par l’Histoire, la longue lignée d’écrivains qui ont précédé ceux d’aujourd’hui. Mais le déclin économique est réel, ce qui n’augure rien de bon pour le reste. Si demain, l’Inde ou la Chine sont les maîtres du monde, ce sont leurs écrivains que l’on lira, car ils seront porteurs d’une force, d’un message. Ici, on tourne un peu en rond, on s’auto-analyse, c’est tout. Sans doute n’y a-t-il plus rien à dire.

Écrit par : Feuilly | 25/11/2010

Je trouve Bertrand bien sévère avec Céline. Il faut placer la phrase citée par Feuilly dans le contexte culturel de l’époque. Les écrivains reprochaient à Céline d’avoir introduit dans la littérature un style nouveau, un style qui n’obéit pas aux codes en vigueur. Et Céline était, à juste titre, fier de son innovation. Cette phrase était une réaction épidermique, donc exacerbée, dirigée contre ses détracteurs pour repousser, maladroitement, la tyrannie des salons littéraires de l’époque. C’était un cri de douleur et d’indignation.
Je pense que le style correspond à une musicalité, une harmonie qui permet- en dehors d’autres critères- de distinguer l’écrivain d’un faiseur de livres. Céline utilisait, sans les polir, les mots qu’il puise d’un oral populaire, il les agençait de la plus belle manière pour produire enfin cette harmonie qui lui est propre. Lorsqu’on lit le Voyage, on entend la voix de l’auteur qui dit le texte. La lecture du « Voyage au bout de la nuit », par Fabrice Luchini au théâtre, a été, pendant huit ans, un succès phénoménal. Le succès était dû-en dehors du talent de Luchini- au caractère innovant du récit de Céline que l’on qualifie de « sonore ». A présent, il m’arrive de relire des passages du Voyage et, invariablement, la voix de Luchini me restitue en échos le texte. Ce n’est pas par hasard que Céline et Marcel Proust soient, parmi les écrivains du XXe siècle, les plus traduits et diffusés dans le monde. L’un et l’autre ont imposé des styles littéraires différents mais innovants. L’un a mis l’oral dans l’écrit pour créer une « musique » originale, l’autre a inventé les phrases qui s’étirent et vibrent pour créer autant d’harmoniques d’une mélodie envoutante. L’un et l’autre prouvent que la littérature est continuellement en gestation, que finalement le style n’est pas une notion universelle circonscrite, qu’il n’y a pas une écriture référentielle mais une écriture miroir de l’intelligence et de la sensibilité de l’écrivain, une écriture qui va à la rencontre de la sensibilité d’un lecteur pris au hasard, quelque part. La littérature continuera d’exister avec ou en dehors de Céline et Proust, ce n’est pas la reine qui fait la ruche.
Comment apprécier un style ? Il suffit simplement d’aimer les mots des autres, ces mots qu’on chantonne tout bas ou qu’on clame, de se laisser emporter par la musique et tout devient style. Une fois le livre refermé ou que le dernier chapitre de l’histoire lu à l’écran disparait, on se dit « voilà une écriture qui n’est pas ennuyeuse et qui répond à l’attente de Flaubert et de Céline.»

Écrit par : Halagu | 26/11/2010

Oui, le style doit sans doute être cela. Cette petite musique intérieure, propre à chaque écrivain et qu’on découvre en lisant leurs livres. Cette musique qui leur est propre et qui fait qu’on est toujours un peu triste quand on referme leur ouvrage et qu’on ne l’entend plus.
C’est sans doute à cela que faisait référence Proust en mettant dans la Recherche cette fameuse sonate de Vinteuil, laquelle représentait pour le héros la perfection artistique et esthétique par excellence. Son héros recherchait dans la musique ce que le lecteur recherche dans le livre de Proust. Cette sorte de résonnance intérieure qui dévoile l’artiste, qui dit qui il est et qui, paradoxalement permet au lecteur de se découvrir lui-même.

Écrit par : Feuilly | 26/11/2010

D'accord avec vous, Feuilly : le déclin économique est réel et cela n'augure rien de bon pour le reste. Pour moi, la littérature française (la grande, celle dont on parle ici) a longtemps été liée à deux éléments : l'aristocratie et le christianisme. Le déclin des deux fait que la littérature française n'est plus qu'une littérature démocratique parmi d'autres, pour dire "l'homme sans qualité" de notre temps, littérature traduisible, interchangeable avec une autre.
Certes, quelques bons écrivains demeurent. Mais la langue française est profondément vaincue. Quant à ce qu'on nomme la francophonie, ce n'en est qu'une pâle et terne imitation...

Écrit par : solko | 27/11/2010

@ Halagu : Céline est l''un des derniers grands écrivains de la langue française, qui assiste à sa décomposition et tente de lui donner un style, on est d'accord. Sans doute est-il pour cette raison l'un des derniers "intraduisibles"...
D'accord aussi avec ce que vous dites de Proust et de Céline. Pour moi, il faut y rajouter l'irlandais Joyce, et nous avons les trois écrivains "modernes" après quoi, en effet, en France comme ailleurs, on n'a fait que se répéter beaucoup, dans une littérature profondément engluée dans l'idéologie douce qui l'aura tuée.

Écrit par : solko | 27/11/2010

L’'aristocratie et le christianisme seraient donc les garants d’une bonne littérature ? Cela m’embête quand même un petit peu, ce que vous dites là, Solko.

D’abord, à l’âge classique, l’aristocratie n’était déjà plus ce qu’elle avait été. Certes elle paradait à Versailles, mais elle n’avait déjà plus aucune utilité si ce n’est dans les salons. Pourtant nos grands chefs-d’œuvre ont été écrits à cette époque.
Reste donc le Moyen-Age et c’est vrai que nous avons là de grandes œuvres, comme les chansons de geste. Mais pas seulement elles. Villon ou Rutebeuf ne me semblent pas issus de ce milieu privilégié.

Est-ce à dire qu’on n’a plus rien écrit de valable après le XVII° siècle ? Si, tant que le christianisme a eu une influence me répondrez-vous . Bof… N’y a-t-il aucune œuvre valable en dehors de l’aire chrétienne ?

Je crois que la démocratie n’a rien à voir là-dedans et la religion non plus. L’Athènes du siècle d’or a produit de belles oeuvres, la Rome de la République aussi.

Ce qui se passe, je crois, c’est que nous sommes en pleine décadence et qu’il n’y a plus aucun idéal qui conduit le peuple. Nous vivons dans une société marchande et le peuple ne pense plus qu’à son confort (« du pain et des jeux » en quelque sorte). Là est le problème. Personne n’est disposé à faire un effort pour quoi que ce soit, si ce n’est pour s’enrichir ou jouir de la vie. Donc, l’idéal manque. Mais celui-ci aurait pu être autre chose que religieux ou aristocratique.

Les peuples, à leur origine, vivent dans la légende. Puis après ils vivent conscients de leur force militaire et économique. Après vient le bienêtre qui tue tout. On ne fait plus que reproduire les œuvres passées en les adaptant ou en prenant avec elles une distance ironique.

Quant à la francophonie, il se pourrait bien pourtant que des oeuvres majeures sortent un jour des anciennes colonies, ces pays-là n’étant pas encore blasés de tout puisqu’ils n’ont pas encore grand-chose.

Écrit par : Feuilly | 27/11/2010

Et quand Rome fut décadente les oeuvres littéraires devinrent en effet plus faibles. On avait pourtant des empereurs à la tête de l’Etat et mêmes des empereurs chrétiens…

Écrit par : Feuilly | 27/11/2010

"Donc, l’idéal manque. Mais celui-ci aurait pu être autre chose que religieux ou aristocratique. " :

Il se trouve qu'historiquement parlant, c'est la religion et l'aristocratie qui ont diffusé leurs idéaux dans l'Europe. Quand je parle de liens entre la littérature d'une part et, d'autre part,la religion et l'aristocratie, ce n'est pas seulement dans l'imitation ou la glorification, mais c'est aussi dans la contestation.
Paul Bénichou a très bien montré à quel point le sacre de l'homme de lettres au XVIIIème puis au XIXème s'est fait dans l'imitation du clerc ou du prince. Un idéal qui tirait vers le haut.
Le dandy baudelairien ou aurevillien est encore aristocratique. Chez Proust comme chez Céline, dans les figures des poètes révoltés comme Verlaine ou Rimbaud s'affiche encore une forme de hauteur, par le style précisément, ou bien la mise à distance.
Quant à l'influence du christianisme en littérature, il faut enseigner dans le secondaire aujourd'hui pour s'en rendre compte !
Si la jeunesse de comprend plus la plupart des textes des XVIème, XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles, je vois bien que ce n'est pas parce qu'elle serait devenue stupide ou analphabète, mais que c'est parce qu'elle ne dispose plus des clés culturelles nécessaires. Essayez de lire les "Lettres Persanes" sans rien connaître de la Bible, vous allez au contre sens ! Quand on ne sait rien du salut, de la grâce, de la damnation, "les Fleurs du mal", pour ne citer que cet exemple, deviennent très ennuyeuses, autant que le roman gothique devient verbeux." La fin de Satan" de Hugo est imbuvable. Les soupirs de Madame Bovary comme ceux de madame de Morsauf sont incompréhensibles. Etc

Certes, l'idéal aurait pu être autre chose que religieux ou aristocratique ? Mais quoi ?
Qu'est-il chez les Grecs, cet idéal, sinon religieux et aristocratique ? Chez les latins qui les ont imités ? L'idéal manque parce que la bourgeoisie n'en a pas, et le peuple non plus. L'égalité en soi n'est pas un idéal ( sorti du pur juridique). La légende où vivent les peuples à leur origine repose sur des hauts faits, pas sur des faits quelconques.

Pour ce qui est de la francophonie, la langue dominante étant l'anglo-américain et bientôt le chinois et l'indien, je ne vois pas comment de grandes œuvres pourraient sortir de son giron. Ni pour dire quoi de si différent...

Écrit par : solko | 27/11/2010

Le chinois et l'hindi, pardon...

Écrit par : solko | 27/11/2010

Concernant la francophonie je pense comme Solko qu'il s'agit d'une "terne et pâle imitation". Il rejoint Balzac qui disait à propos de l'écriture: « Il faut avoir fouillé toute la vie sociale pour être un vrai romancier, vu que le roman est l’histoire privée des nations ». Pour fouiller dans la vie sociale française et saisir toutes ses nuances et ses subtilités, il faut sortir des entrailles de cette société.C'est dans ces conditions que l'écrivain peut raconter l'histoire de son peuple et devenir un grand témoin de son époque ( je pense à Faulkner, Zola,Tolstoï...)
Quant à James Joyce, Solko a encore raison, c'est un auteur majeur fascinant. Je saisis l'occasion pour donner une citation de cet écrivain qui s'oppose quelque peu au commentaire de Solko:"Je ne veux pas servir ce à quoi je ne crois plus, que cela s'appelle mon foyer, ma patrie ou mon église."

Écrit par : Halagu | 27/11/2010

@ Halagu : Mais je n'ai jamais dit que Joyce croyait à la famille, la patrie ou l'église. J'ai dit qu'il n'aurait jamais été Joyce sans eux, sans la culture qu'il reçut d'eux, sans sa révolte en l'occurence contre eux.
La scène parodique d'ouverture d'"Ulysse", quand Buck Mulligan mime une consécration de l'hostie avec son bol à raser est, de ce point de vue, plus qu'éclairante ! Et que peut y comprendre quelqu'un qui ne connait pas le rite catholique ? Des cacahuètes, une fois de plus ... Il referme le livre, hélas.

Écrit par : solko | 27/11/2010

@ Halagu : Balzac est de plain-pied avec les valeurs déclarées du capitalisme puisqu'il écrit d'abord pour s'enrichir. Il fait faillite avec une imprimerie, puis il veut exploiter une mine argentifère en Sardaigne, puis il barbouille des romans noirs à la mode sous la Restauration.
Et c'est effectivement en se tournant vers la réalité qu'il a sous les yeux que Balzac écrit sans discontinuer et compose pas moins de quatre-vingt-quinze romans qui composeront "La Comédie humaine" : partie prenante de son temps, acquis au mobile conscient de la nouvelle classe dominante, l'argent, il est sans réticences ni recul, sans l'idéalisme républicain qui rendent odieuses à Stendhal, comme à Flaubert plus tard, la cruauté, la bassesse de la société bourgeoise.
Mais on est encore dans le roman où l'écrivain projette les dispositions paisibles où il écrit sur les événements qu'il décrit. C'est-à-dire qu'il y a un écart entre ce qui se produit effectivement et ce qu'il en dit. Une sorte de gauchissement. Puisqu'il ramène le chaos de ces existences (soumises à l'appât du gain, à la profanation de l'amour filial, de la probité, de la simple humanité) aux principes narratifs de consécution et de non-contradiction.
Stendhal a le soupçon de cette contradiction (entre la réalité et l'image assagi qu'en donne la littérature) lorsque son récit dans "La Chartreuse", accuse la confusion, l'incohérence partielle où se trouve le personnage, Fabrice del Dongo, quand il entre dans la zone de feu des combats.

Pour ce qui est de Céline, il introduit carrément le langage populaire qui, dans une société de classes, est proscrit des situations officielles, de l'écrit.

@ Solko & Halagu : concernant la francophonie, quand on lit Xavier Hanotte, Lyonel Trouillot, Patrick Chamoiseau, Jean-Louis Kuffer, Jean-Pierre Ostende, Martin Provost, Nathalie Quintane, Jalel El Gharbi, Philippe Nauher, Bertrand Redonnet, Natacha Michel, Arnaud Maïsetti, Jérôme Mauche, Michèle Dujardin, Pascale Petit, et tant d'autres, on ne peut que saluer la force de la littérature francophone qui continue de s'inventer, les français de France étant bien entendu des francophones.

Écrit par : Michèle | 27/11/2010

@ Solko :
Je serais pour l'étude, dans les programmes scolaires,
de l'histoire de tous les textes dits "sacrés" : le Mahabharata, la Torah, la Bible, le Coran ;
de l'histoire des religions.
Je pense que le problème, si problème il y avait, viendrait peut-être des religions, ou des gens religieux, qui auraient du mal à envisager l'étude de ce qui - d'un point de vue religieux- ne se prête pas à l'étude puisque c'est "vérité révélée".

Écrit par : Michèle | 27/11/2010

@ Solko :Oui, jusqu’au XIX° siècle l’écrivain reste un prince non pas dans la mesure où il serait issu de l’aristocratie ou qu’il parlerait d’elle, mais simplement par le fait qu’il est différent du peuple. Il reste inaccessible par son savoir et la maîtrise de la langue. Par après, les grammairiens et les linguistes s’étant emparés de la langue et les sciences humaines des sujets traités dans les romans, le pauvre écrivain a perdu de sa superbe. Il est devenu un citoyen ordinaire.

Quant au christianisme, bien sûr que la culture religieuse est indispensable pour comprendre les oeuvres passées, parce qu’elle sont été écrites dans ce contexte-là tout simplement. Il ne faut pas dire le contraire, que c’est le christianisme qui a produit ces œuvres (si ce n’est évidemment que les questions qu’elles posaient faisaient référence à la morale chrétienne, forcément. Mais eussent-elles été créées dans un autre contexte qu’elles auraient certes posé d’autres questions, mais elles n’en auraient pas moins été de grandes œuvres).

« La légende où vivent les peuples à leur origine repose sur des hauts faits, pas sur des faits quelconques. » Là, on est bien d’accord, c’est d’ailleurs ce que je disais. A cette époque il y avait un idéal qui transcendait l’individu, lequel allait jusqu’à sacrifier son « moi » individuel pour cet idéal (la tragédie classique n’est pas autre chose, sinon pourquoi Rodrigue tuerait-il le père de Chimène ?).

Le problème, ce n’est pas l’émergence de la démocratie (d’ailleurs vous savez comme moi qu’elle n’existe plus vraiment et que les personnes pour lesquelles nous votons ne nous représentent plus mais sont les simples maillons de la mondialisation financière. La démocratie n’existe plus et cela ne nous a pas redonné de grandes œuvres pour autant ) mais la montée en puissance de l’esprit boutiquier. Aucun idéal là-dedans si ce n’est un égoïsme étroit. Comment faire une grande œuvre dans un tel contexte ? Vous me direz qu’il y a bien eu le « roman bourgeois » de Furetière…

Pour la francophonie, il est à craindre en effet que l’anglais ne s’impose partout avant que nos anciennes colonies puissent émerger politiquement et se trouver une place dans la littérature française.

Ceci dit, si on prend les colonies espagnoles, on a quand même eu des écrivains grandioses en Amérique du Sud qui valaient bien ceux d’Espagne.

@ Michèle : je ne suis pas certain qu’une étude scolaire des différentes religions permettrait de combler la lacune qu’évoque Solko. Personnellement, je suis peut-être athée mais j’ai reçu une culture religieuse et je l’ai assimilée de l’intérieur. J’ai souvent rencontré des gens qui avaient eu une autre formation (en gros laïque et franc-maçonne) et pour qui plein d’éléments culturels restaient incompréhensibles.

Donner un aperçu des différentes religions peut toujours être intéressant en soi (ne serait-ce que pour regarder autrement la religion dans laquelle on est né), mais cela ne permettra pas d’assimiler toute la symbolique qu’il y a derrière.

Écrit par : Feuilly | 28/11/2010

@ Feuilly :
Je reste persuadée que la connaissance que tu as ( "tu" générique, qui vaut à mon avis pour Solko aussi) de la Bible et qui te permet de mieux lire le reste de la littérature (Les Lettres persanes par exemple) ne te vient ni du "catéchisme", ni de la liturgie. Dans l'assimilation intérieure dont tu parles, entre la part affective de ce dans quoi on a baigné. Pour le reste, l'étude seule permet de connaître. Ou la présence de la bible à la maison. Et excuse-moi d'insister, ce n'est pas le propos des curés que de former les esprits et faire connaître. Leur propos c'est d'enfoncer la peur dans les crânes. Leur érudition, ils la gardent pour eux, je n'ai pas d'exemple du contraire.

Écrit par : Michèle | 28/11/2010

@ Michèle : "Leur propos c'est d'enfoncer la peur dans les crânes". Ca, je ne dis pas le contraire, mais c'est un autre débat. Enfoncer la peur mais aussi l'espoir irraisonné d’une vie éternelle, ce qui est encore plus grave à mes yeux.

Écrit par : Feuilly | 28/11/2010

@ Feuilly :
Le christianisme, comme l'aristocratie, sont quand même plus qu'un simple contexte. L'un et l'autre, pour le pire et le meilleur, ont exercé leur pression intérieure sur les auteurs. L'idéal de Corneille est bel et bien aristocratique (honneur) dans "Le Cid", chrétien dans "Polyeucte" (martyre).
Une approche structuraliste de ces oeuvres a pu nous pousser à les lire comme si on pouvait les transvaser d'un monde à l'autre, mais c'est un contre sens. Voyez la mise en scène pour le moins réductrice que Mnouchkine fit du "Tarfuffe" en le véhiculant manu-militari dans l'univers du Coran.
Dans la contestation des autorités du passé, la démocratie a produit ses grandes oeuvres, en effet. C'est durant ce moment un peu magique, celui que nous appelons "modernité", et qui aura été tué par ceux qui l'ont institutionnalisée. Après des siècles "d'héroîsme", nous aurons passé quelques décennies en compagnie de la figure de l'anti-héros (Bloom de Joyce et Bardamu de Céline en étant les figures les pus abouties depuis 80 ans). Et maintenant ?
Pour paraphraser votre titre, je vous dirai : Ecrire, oui. Mais quoi ? Ou plutôt qui ? (l'ère des mini autofictions est passée, je crois)
Ce qui est réjouissant, c'est que nous sommes un certain nombre à nous poser la question. Mais est-elle d'actualité pour le plus grand nombre ? Franchement ?

Écrit par : solko | 28/11/2010

Le fait de mettre en scène un anti-héros prouve déjà qu'on rejette les valeurs antérieures, auxquelles les héros traditionnels croyaient. Mais aujourd'hui même le anti-héros semble dépassé. Sommes-nous à la fin d'un monde?

Écrit par : Feuilly | 28/11/2010

@ Michèle :
C'est la proposition qu'a faite Régis Debray. Elle est en effet réalisable à l'intérieur de quelques écoles formant l'élite.
Mais appliquée à tous et rendue obligatoire, elle tient du voeu pieux et demeure proprement irréalisable. Pour deux raisons simples :
- soit vos élèves sont croyants, et aborderont avec scepticisme (pour le moins) l'étude d'un autre texte sacré que le leur. Soit ils ne le sont pas et ils ( avec la bénédiction de leurs parents) considéreront cette nouvelle charge qui ne sert pas leur insertion professionnelle comme proprement inutile.

- ensuite, c'est matériellement irréalisable : trouver un enseignant ayant lu complètement la Bible est déjà une gageure. Un enseignant ayant lu la Bible, la Torah & le Coran un défi. Si vous rajoutez le Mahâbhârata (dont au passage la lecture n'a de sens qu'en sanscrit), là, vous quittez le sol, vraiment.

A moins, comme je le disais au début, de réserver cet enseignement à quelques-uns. Mais vous retombez dans une morale aristocratique (les meilleurs).
Et le serpent se mord la queue.

Écrit par : solko | 28/11/2010

@ Feuilly : Je crois que oui.

Écrit par : solko | 28/11/2010

« C’est le propre d’Internet, les idées se rencontrent et se télescopent. » Vous avez raison, Feuilly! Beaucoup de sujets ont été effleurées et les commentaires qui sont nécessairement brefs, entrainent parfois des interprétations erronées. C’est le cas mon commentaire à propos de la francophonie, qui est un vaste sujet passionnant (j’espère qu’un jour vous traiterez ce sujet avec la sagacité que l’on vous connait). Je voudrais apporter une précision au commentaire de Michèle. Je n’ai jamais nié l’importance et l’apport des écrivains cités par elle, et la liste est encore longue. Samuel Beckett, Kateb Yacine, Tahar Ben Jalloun, etc… Ils ont tous choisi d’écrire en français, c’est leur langue de création et c’est tant mieux pour la langue française ; tous se nourrissent de l’imaginaire populaire de leur pays d’origine, ils gardent leur univers et c’est tant mieux pour le lecteur qui découvre cet univers. C’est une richesse et une contribution inestimable qui engagent le dialogue des cultures. Je suis contre une assimilation qui nous priverait d’une diversité providentielle, de cette dimension littéraire universelle. Maintenant réfléchissons à la situation suivante : pensez-vous qu’un orientaliste confirmé, un immense écrivain orientaliste, réussirait à « fouiller » dans la vie sociale égyptienne aussi bien que l’écrivain Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature ? Je pense qu’il aurait été l’ombre de cet écrivain exceptionnel, ce fils du Caire!

Écrit par : Halagu | 28/11/2010

Il se dit beaucoup de choses ici, j'arrive en retard et j'aurais bien voulu y mettre mon grain de sel.
Hélas, pas le temps, repris par un uiver brutal et précoce.
Priorités ailleurs.
Je dis à Halagu oui, bien sûr, j'ai été sévère avec Céline. espace contraignant du commentaire.

Mais une chose me peinequand même dans toutes ces considérations amphigouriques sur l'écriture : Aucun de vous n'a parlé du plaisir, de la joie, du bonheur d'écrire.
Si, moi, je n'éprouvais cette joie, si cette joie pouvait être occultée par les questions du pourquoi et du comment et de "qu'est-ce qu'on peut dire", je ferais autre chose qui me laisserait l'esprit plus libre et moins torturé face à cet autre chose.
Alors, messiuers, écrivez vos tripes et vos sensibilités, vos révoltes et vos espoirs.
Mais si vous cherchez à disséquer l'animal qui est en vous et qui veut être dit, laissez tomber.
Vous ressembleriez, dans ce cas-là, au cantonnier qui ne cesse d'aiguiser sa faux, qui la veut brillante, fine comme un rasoir, qui passe tout son temps à ça, tandis-que l'herbe folle envahit, grandit et finit par obstruer le fossé duquel il a l'entretien.
Dans un monde planifié pour le malheur des gens, écrire reste un bonheur.
Ecrire juste ?
Non. Juste écrire.
Il n'appartient pas à l'ecrivain de définir son appartenance à.
Pour cela, il y a des lecteurs.

Écrit par : Bertrand | 29/11/2010

Besoin et envie d'écrire en même temps, comment envisager le fait d'écrire autrement ?

Écrit par : ellesurlalune | 29/11/2010

@ Beetrand:
Juste écrire, on est bien d'accord. Mais disons que la réflexion sur l'écriture "naïve" méritiat bien quelques considérations, surtout qu'elle débouchait, d'une manière plus générale, sur les corrections à apporter à un manuscrit.

Écrit par : Feuilly | 29/11/2010

Nous ne sommes pas à la fin d'un monde, comme dit Solko, mais sur une charnière, un passage à un autre...
Sur toutes les charnières, sont des désarrois.
Laisser faire le souffle qui nous fait plaisir.
Ne pas bouder le peu qu'on ait.
A force de nous demander dans quel état nous errons, nous finirions par ne plus errer du tout.
Tel est mon sentiment. Qui ne vaut, bien sûr, qu'en tant que tel

Écrit par : Bertrand | 29/11/2010

@ ellesurlalune: bien sûr, besoin et envie d'écrire sont liés. C'est un bonheur en soi, sinon on n'écrirait pas. Comme c'est un bonheur de lire et sans toujours tout décortiquer, d'ailleurs. Obscurité en fut la preuve: les lecteurs sont venus pour connaître la suite de l'intrigue à partir du moment où ils avaient trouvé les personnages attachants. La récompense de "l'auteur" est là aussi, dans cet intérêt qu'il est parvenu à susciter chez ses lecteurs, dans le bonheur qu’il leur a donné.

Écrit par : Feuilly | 29/11/2010

Ce n’est pas donné à tout le monde d’écrire. Pour bien écrire, disons simplement pour créer, il faut avoir à la fois le sens de l’observation et de la poésie. L’hypotrophie de l’une ou de l’autre nous empêche de quitter le quai …

Écrit par : Halagu | 29/11/2010

@ Halagu (en réponse à votre avant-dernier commentaire):
je retiens votre intérêt pour la francophonie ou en tout cas votre désir pour que ce thème soit abordé ici un jour. Evidemment, avec quelqu’un comme Tahar Ben Jalloun, on pourrait encore dire qu’il a été sous l’influence du prestige de l’ancien pays colonisateur (comme Senghor d’ailleurs), d’où le choix du français pour écrire. Tout cela est complexe, évidemment. Cela provient peut-être de l’école d’ailleurs, qui nous donne du prestige de la langue et de la notion de culture une idée qui se transforme chez nous en un idéal à atteindre, du moins quand on n’est pas issu des classes les plus favorisées.

Oui, ce qui est bien, avec ces étrangers qui écrivent en français, c’est qu’ils parlent de leur pays et nous le font découvrir. Et ce qu’ils ont à dire nous parle peut-être plus, finalement, que les violences urbaines de nos cités, que des immigrés intégrés et naturalisés pourraient nous décrire s’ils le voulaient.

Quant à votre question, la réponse est claire : un orientaliste même confirmé restera moins bon, comme romancier, qu’un écrivain de souche qui connaît son pays de l’intérieur.
Et j’ai pris plus de plaisir à lire Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature, que Le Clezio, cet exilé quelque peu apatride qui semble surtout parler de lui-même.

Écrit par : Feuilly | 29/11/2010

@ Halagu: "pour créer, il faut avoir à la fois le sens de l’observation et de la poésie". Tout à fait. Mais comment rendre cela? Je veux dire par quelle langue, quelle écriture? Une écriture classique et académique, qui décortique avec souplesse et qui donne un bon compte-rendu des observations antérieures à l'écriture ou bien faut-il choisir un style différent, plus proche des sentiments et de l'émotion qui caractérisent la poésie? Ou, pour le dire autrement, comment être poétique dans un récit linéaire, qui raconte une histoire ?

Écrit par : Feuilly | 29/11/2010

Je pense que les romanciers n'arpentent pas les mêmes territoires de langue que les poètes. Et la question va bien au-delà de la question des personnages qui réservent des surprises à répétition au romancier.
La structure même d'un livre est partie prenante de son écriture.
Je pense à "W ou le souvenir d'enfance" de Perec où les chapitres alternent deux textes, l'un roman d'aventures tout entier imaginaire, l'autre le récit fragmentaire autobiographique d'une vie d'enfant pendant la guerre.
Ou "La tante Julia et le scribouillard" (La tia Julia y el escribidor, Mario Vargas Llosa, Lima, 1977 pour l'édition originale, Gallimard, coll. Du monde entier, 1979, traduit de l'espagnol par Albert Bensoussan; 480 p.) dont parle Philippe Didion dans ses Notules dominicales : chapitres impairs visiblement autobiographiques, pairs histoires inventées.
Ou "Atelier 62" de Martine Sonnet (Le temps qu'il fait, 2008), les chapitres en chiffres arabes sont la voix d'enfance, ceux en chiffres romains la voix de l'usine, de l'atelier du père chez Renault à Billancourt.
Et "Géographiques", de Bertrand Redonnet, le magnifique "Géographiques", l'unique, l'incomparable, où tous les personnages (poète, géographe, climatologue...) interviennent sans qu'une quelconque syntaxe prévienne du changement et ce n'est pas un hasard.
Et puis ces "romans" d'une vie dont la physionomie même des mots, (réécriture, césure, déformation-reformation), portent le sens et la trace...

Écrit par : Michèle | 29/11/2010

Je reprends :
Ce n'est pas une question de syntaxe dans Géographiques, non plus que de typographie, c'est quelque chose d'autre sur quoi je n'arrivais pas à mettre de mots et je les trouve là, en rappel, chez Philippe Nauher, commentant le livre :

"La poésie de Bertrand Redonnet : cette tension contradictoire de ceux qui disent, à peine visibles et pourtant fondus dans le paysage dont ils habitent encore les secrets. Les lecteurs habitués aux textes courts publiés sur son blog, y retrouvent cette légèreté du trait qui le caractérise : la retenue. (...)
Le discours de chacun, son dis-cursus, détour(nement) de la parole singulière, n'a pas besoin de tout l'appareillage des ordres littéraires. Il parle lui-même de divagations. Peut-on parler également de vagabondages. Rien de formaliste, en somme, parce qu'alors il y aurait un début, un milieu, une fin. Double fin : finitude et finalité. Or l'écrivain veut que de ces rencontres il n'y ait nul épuisement."

Voilà ce qu'un écrivain dit mieux qu'un lecteur ordinaire :)

Écrit par : Michèle | 29/11/2010

Toute la difficulté (et les ambiguïtés) réside(nt) dans le fait qu'on discute de deux choses à la fois: l'écriture -au moment où l'écrivain écrit -Homère se souciait-il d'être naïf ou non? Montaigne pensait-il à une quelconque classification quand il était dans sa tour et cherchait ou trouvait l'inspiration dans ses citations préférées -inscrites sur ses poutres?

De l'écriture donc, des classifications de l'autre. Nul ne peut savoir -une fois que l'oeuvre est écrite, comment elle sera reçue par le public. Ni comment elle sera appréciée dans l'avenir (et encore moins dans les écoles, les universités et les Lagarde & Michard !!!)

Même le fait de dire: pour moi, le dernier grand écrivain, c'est x, y, z, est encore discutable, et puis, il y a tellement de littératures que nous ne connaissons pas ou mal.

Donc, ce qu'il reste, effectivement, c'est, au moment où l'on écrit, se faire plaisir. En essayant d'atteindre un certain degré de satisfaction sur le plan du style. En sachant aussi qu'on peut n'être jamais content...

La confrontation de ce qu'on écrit -via un site internet comme ce blog est d'ailleurs un bon test sur l'accueil de l'oeuvre (roman ?)

(...)

Écrit par : Pivoine | 29/11/2010

Juste une parenthèse (concernant les discussions) - on EST dans la démocratie... Représentative, bien sûr (pas participative, ça se saurait!!!) Toutefois, ce n'est évidemment pas parce qu'on vit dans un système démocratique que celui-ci véhicule des valeurs démocratiques pour autant, au sens où on l'entend généralement...

Ceci parce qu'il y a une infinité de paramètres qui interviennent, économique notamment. Dans l'immédiat après-guerre, (même s'il y avait encore du rationnement un peu partout), on ne remettait pas en question la Sécurité sociale, à peine acquise d'ailleurs ! Tandis que depuis que la crise fait rage, on la remet franchement en question, or n'est-ce pas un des plus grands progrès démocratiques qui soient et aient été ?

Avec le respect des libertés fondamentales...

Écrit par : Pivoine | 29/11/2010

Et pour alimenter la discussion, mais en faisant un détour par un autre mode d'expression, la musique -et la musique rock- je lis en ce moment "Pink Floyd l'histoire selon Nick Mason". J'en suis à la naissance et aux débuts du groupe. On a donc ici un groupe d'étudiants en architecture passionnés de musique (et d'arrangements visuels), mais pas passionnés du tout par l'architecture, avec quelques (mauvais?) musiciens (en tout cas, Nick Mason le dit), et quelques génies (qui quittent le groupe ou s'enfoncent dans la drogue, comme Syd Barrett).

Mais l'intéressant est qu'il répète combien leur souci premier était de 1) trouver leur plaisir dans leurs réunions, puis dans leurs concerts, de 2) se produire pour faire vivre -dans le sens de faire durer- le groupe naissant et 3) gagner quelque chose pour acheter du matériel et continuer à faire de la musique. A ce moment-là, avec les concerts, les répétitions, les enregistrements et... Le métier, il est évident que les qualités musicales des musiciens s'améliorent.

Et puis, il y a aussi cette alchimie qui intervient "être au bon endroit au bon moment". Avec les bons intervenants ajouterais-je (en l'occurrence, pour eux, EMI). Et en quelques années, un succès fracassant, pour un groupe qui sort aussi bien des morceaux d'anthologie que des succès de hit-parade.

En-dehors de toute discussion sur la littérature française, sur le style, ou sur le genre, (on parle si souvent du roman...) Je trouve que c'est un très bon livre qui aborde aussi bien le mécanisme de la création que celui de la réception de l'oeuvre et... Et le reste de l'histoire, on la connaît...

Écrit par : Pivoine | 29/11/2010

Je n'ai pas lu les romans de Philippe Naher (je le découvre grâce à Michèle) mais j'espère qu'il utilise dans ces romans une écriture plus lisible. Je n'ai rien compris de ce passage cité par Michèle. J'arrive à comprendre même l'écriture de Montaigne et je n'arrive pas à comprendre certains contemporains. Alors Feuilly, vous vous demandez quelle langue, quelle écriture faut-il utiliser? Je pense qu'il faut se demander quelle langue, quelle écriture faut-il éviter. Un commentaire comme celui là s'adresse peut-être à un cercle d'initiés mais pas au commun des lecteurs. Désolé je suis seulement un lecteur.

Écrit par : Halagu | 29/11/2010

Très en retard dans la discussion...
Impossible de tout reprendre.
Je partage totalement le point de vue de Bertrand : nous sommes à la charnière entre deux mondes.
Désarroi et espérance...
Je ne vois pas pourquoi tout d'un coup, comme par hasard la période dans laquelle nous vivons, l'humanité serait devenue tout d'un coup stupide, odieuse, indigente...
Notre société vieillit et disparaît ? Et alors ! allons voir ailleurs...
Nous ne sommes pas le centre de la planète.
Très belle littérature asiatique par exemple !

Écrit par : Rosa | 29/11/2010

@ Michèle : c’est sûr qu’un poète n’est pas un romancier et qu’ils emploieront forcément des moyens différents pour s’exprimer.

@ Pivoine :
C’est sûr que les classifications n’ont jamais rien appris à personne, ni sur le plaisir de lire ni sur le plaisir d’écrire. Et ce que dit Flaubert a ses limites aussi. Car comment imaginer qu’Homère soit un écrivain naïf ? Déjà qu’il écrivait en vers, cela suppose un travail certain : 15 337 hexamètres dactyliques pour l’Iliade, ce n’est quand même pas rien (autre chose serait de savoir si Homère a ou non existé ou s’il ne s’est pas contenté de rassembler des morceaux épars de la littérature orale préexistante).

Mais puisque tu parles de poésie, je pourrais reposer ma question initiale : faut-il retravailler son texte 100 fois et en faire une œuvre où chaque mot peut être compris au deuxième ou au troisième degré, où chaque sonorité a été étudiée, où chaque rime est riche ? Ou bien faut-il se contenter d’une oeuvre plus simple, plus facile à écrire et à lire, mais qui finalement suscite plus d’émotion ? Je crois que ce qu’Halagu voulait dire dans son commentaire dans la note précédente, c’était cela : il faut corriger un manuscrit , mais à trop vouloir corriger, on risque parfois d’y perdre quelque chose.

Quant à savoir si un blog est « un bon test sur l'accueil de l'œuvre »… C’est un indice, oui, mais cela ne dit encore rien quant à la réaction d’un éditeur éventuel, qui lui aura d’autres critères qu’émotionnels. Il aura des considérations commerciales, certes, on n’arrête pas de le répéter, mais pas seulement. Il demandera une œuvre parfaite sur le plan de la langue (d’où ma question initiale : jusqu’où faut-il revoir un texte ?) mais aussi sur le plan de la structure de l’histoire racontée. Et là c’est plus délicat, car dès qu’on touche à la structure, tout peut s’effondrer.

Pour ce qui est de la pseudo-démocratie dans laquelle nous vivons, j’avais bien souligné que ce mot perd son sens un peu plus tous les jours.

Quant aux "Pink Floyd », c’est un bon exemple, en effet. Il faut de la passion, une certaine gratuité, un minimum de compétences, une volonté tout de même de ne pas stagner et de faire progresser le groupe, de l’exercice continuel afin de s’améliorer (d’où la réflexion de Bertrand plus haut : écrivez plutôt que de réfléchir sur ce que vous écrivez) et puis surtout « être au bon endroit au bon moment ». Et là, c’est le hasard qui joue ou le «feeling » du groupe qui sent qu’il est en phase avec son époque.

Personnellement, je ne me sens pas trop en phase avec mon époque, c’est déjà bien embêtant. En voici un autre exemple, poussé à l’extrême, repris chez notre amie Cigale :

http://babillagesprofonds.hautetfort.com/archive/2010/11/12/vdd76-incroyable-talent.html

Écrit par : Feuilly | 29/11/2010

Halagu, je me suis rendue compte après avoir posté, que l'extrait prélevé était illisible hors contexte. Seulement impossible de récupérer bien sûr. Donc toutes mes excuses, je suis la seule responsable de cet effet fâcheux.

Écrit par : Michèle | 29/11/2010

@ Halagu : quelle langue éviter? C'est vrai que personnellement j'essaie tojours d'être compréhensible, mais le risque, justement, c'est de manquer de style "littéraire", d'écrire comme on écrirait un article de presse.

@ Rosa: allons voir ailleurs... Hé, hé, on retrouve votre passion pour la Chine, là.

Écrit par : Feuilly | 29/11/2010

Je peux t'assurer que les éditeurs se soucient de la poésie comme d'une guigne. Ce n'est aucunement rentable... Soit eux-mêmes sont poètes et ont déjà bien assez avec leur oeuvre personnelle à éditer. Soit ils privilégient le roman et le recueil de nouvelles... A la rigueur, des poèmes, oui, mais d'auteurs qui se vendent déjà bien (fût-ce dans un cercle très restreint ou en compagnie d'artistes, car alors, on achète le bouquin pour les illustrations, pas pour les textes).

Ceci dit, il y a des éditeurs de poésie, mais franchir le portillon relève de l'épreuve de décathlon (au minimum!) et souvent, il faut y aller de sa poche, pour finalement, de bien maigres satisfactions. Il faut fréquenter des cercles littéraires, se faire connaître (en un mot comme en cent, faire la pute), s'accrocher, (s'ennuyer beaucoup aussi et finir par gaspiller des sous à acheter des oeuvres tout aussi ennuyeuses), et personnellement, je n'ai pas eu cette patience très longtemps o;)))

Au final, qu'est-ce que ça rapporte? A partir du moment où les corvées dépassent le plaisir initial, la bataille en vaut-elle encore la peine? Je me le demande...

En tout cas, j'ai gagné davantage à lire des blogamis qu'à fréquenter, 3 ans durant, des cercles littéraires où l'on ne se faisait même pas d'ami(s)... Même pas ça... Qui aurait fait un peu passer tout le reste !

Écrit par : Pivoine | 30/11/2010

Et est-ce que l'intérêt, pour l'artiste (ou l'écrivain, etc.) ne réside-t-il pas dans le fait justement de ne pas être en phase avec son époque? C'est plutôt "l'époque", qui oui ou non, est en phase avec ses artistes. Je pense qu'on est plus attiré par une personnalité qui sort du commun que par quelque chose de consensuel. Parfois, cela peut prendre des siècles, ce qui explique évidemment que le succès vient ... Bien après la mort de l'artiste (dans certains cas). Ou, au contraire, des oeuvres d'artistes, d'écrivains tombent en désuétude.

Je ne me sens pas non plus en phase avec cette époque, pas trop-trop. Du coup, j'ai choisi d'éliminer ce qui m'ennuie. Enfin, autant que faire se peut o;))) Au risque de rater quelque chose, peut-être, mais je ne le pense pas...

Écrit par : Pivoine | 30/11/2010

@ Pivoine : se faire connaître, se vendre, avoir des relations, etc. Bref, le côté public de l'écrivain, lui qui n'aime que la solitude, lui qui ne se plait qu'à écrire… On comprend pourquoi ce sont ceux qui sont à l’aise dans ce rôle qui percent. D’autres sont édités et ont le talent, mais restent inconnus. On n’y peut rien, nous sommes dans une société du spectacle.
Pour ce qui est d’être en phase avec son époque, c’est un grave problème. Comme tu le disais hier avec le groupe Pink Floyd, il faut arriver au bon moment. Ces musiciens auraient joué dans les années 50, on les aurait enfermés comme étant des fous furieux. Ils viendraient aujourd’hui qu’on les trouverait désuets, peut-être.
A tout prendre, mieux vaut être en avance sur son temps qu’en retard, on peut alors espérer une reconnaissance posthume (sourire). Déjà, cela ne risque pas de m’arriver, moi qui lis surtout les classiques…. Et puis, dans le fond, la reconnaissance, qu’est-ce qu’on s’en moque ? On n’ a qu’une vie, la sienne et c’est tout. Qu’est-ce que cela peut faire que des gens viennent vous applaudir ? S’ils sont nombreux, c’est déjà louche, c’est qu’ils n’ont rien compris à votre livre.
Quand je vois tout cela, je me dis que finalement ma petite expérience avec Obscurité était bien intéressante et bien sympathique.

Écrit par : Feuilly | 30/11/2010

Écrire ne veut pas dire nécessairement plaire a celui qui le lit.
De toute façon, le lecteur lira différemment selon son état d'âme
Nous sommes comme vous dites dans une société de spectacle tant bien si certains ont une reconnaissance ce que je trouve lamentable je parle de ces jeunes qui vivent dans la misère et qui écrivent leur premier livre pensant faire fortune.
Certains ont beaucoup de talent qu'importe la religion ça c'est un chemin personnel en passant je suis d'accord avec Bertrand sur certains points bof! la liberté d'écrire est plus enrichissante que la richesse et si ma mémoire est bonne feuilly ça fait longtemps que vous êtes dans le milieu..
Je ne manquerai pas de lire votre livre
Bien a vous
Bonne soirée

Écrit par : voyageuse | 01/12/2010

Longtemps que je suis dans le milieu? Ah bon et quel milieu?

Écrit par : Feuilly | 01/12/2010

Vous avez raison Voyageuse de dénoncer les misérables qui veulent quitter leur misère congénitale, héritage naturel d’une naissance vile et vulgaire. Nous les nantis, nous membres du club des auto-suffisants, nous les naissances illustres, nous ne pouvons admettre que les misérables sortent de leur tanière en brandissant avec un orgueil provocateur des livres gribouillés par leur soin et réclamant le statut d’auteur émancipateur. Ce faisant, ils deviendraient narcissiques au point de vouloir troquer leur état misérable et leur ignorance naturelle contre le savoir qui doit demeurer l’apanage de nos classes supérieures. Un tel orgueil insensé des classes inférieures ignorantes risque de rompre notre pacte social et de mettre en danger les forces universelles répartitrices de la chance et créatrices des classes sociales. Choisir le savoir contre l’obéissance, voilà le péché originel qui refait surface, quelle horreur! Nous ne pouvons rester impassibles devant pareille attitude ravageuses qui menacerait notre bien-être et l’intégrité de notre système social solidement établi depuis la fin des Lumières et la restauration de la guillotine.

Oh ! Divine Voyageuse, dites –moi quel est votre itinéraire et, pour vous prouver mon admiration, j’ôterai de votre chemin tous les avatars de la vie, en particulier la tendresse et la générosité.

Écrit par : halagu | 02/12/2010

Je ne vous connaissais pas cet humour corrisif, Halagu. Voilà en tout cas un commentaire dont on se souviendra.

Écrit par : Feuilly | 02/12/2010

Halagu c'est çà que je disais ce que l'on écrit peut être interpréter différemment.. et mon cher justement je me suis fait dire en deux fois que mon orgueil en a prit un coup ha!ha!
Oh!divin halagu dites moi votre itinéraire et je vous dirais le mien na! veuillez vous ma vie est très longue a raconter..
Avec toute mon admiration
Bonne journée
Je dois aller travailler

Écrit par : voyageuse | 02/12/2010

Ce qui m'inquiète le plus dans ces commentaires-là, c'est que voyageuse, qui répond par ailleurs à de multiples pseudos, soit d'accord avec moi.

Écrit par : Bertrand | 02/12/2010

Bertrand comme je dis souvent a ma maman ne pensez pas trop.. je dois être encore en retard pas de café a déguster ce matin.
Bon diner
Chez moi y a un beau soleil

Écrit par : voyageuse | 02/12/2010

A mon avis, ça relève du vétérinaire...

Écrit par : Bertrand | 03/12/2010

Les commentaires sont fermés.