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03/09/2009

Les cercles magiques.

 

Sur la plage, l’enfant trace un cercle avec un bâton, puis un autre et encore un autre. Trois cercles concentriques qui délimitent un disque d’un mètre de diamètre environ, dont il aplanit maintenant délicatement la surface avec les mains. Puis il va chercher quelques branches de pins odorants qu’il dispose religieusement le long du premier cercle. Ensuite, il parcourt le rivage et revient avec des galets blancs, qu’il place uns à uns sur le périmètre du deuxième cercle. Le voilà maintenant parti tout la-bas, à la limite de plage et des grandes dunes qui circonscrivent l’espace marin. Je le distingue à peine, silhouette minuscule au pied d’un grand arbre. Puis le voilà qui revient en courant, rayonnant, car il a  trouvé ce qu’il cherchait. Tout autour du troisième cercle il dispose alors des feuilles d’eucalyptus, dont l’odeur entêtante envahit tout l’espace. Ensuite, très sérieusement, l’enfant se tient debout devant son chef d’œuvre et marmonne quelque chose, cela pourrait être une chanson ou une prière, on ne sait pas bien, mais ce sont des paroles qui pour lui prennent la tournure d’une formule magique, c’est évident. Puis, d’un bond, il saute à pieds joints au centre du cercle et reste là, tout penaud, étonné qu’il ne se passe rien.

 

Je souris de sa naïveté et replonge dans mon livre. Quelques instants plus tard, intrigué par le grand silence qui règne autour de moi, je lève les yeux et à ma grande surprise je constate que l’enfant a bel et bien disparu.

 

 

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00:37 Publié dans Prose | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature

Commentaires

Très belle allégorie puisée à la source du réel : On passe sa vie à ça, construire des mondes et des symboles, puis se placer au centre, voir si, de là, le monde va se transformer en rêve...
C'est en tout cas comme ça que je lis ton texte.

Écrit par : Bertrand | 03/09/2009

Je crois qu'on peut le lire comme cela, en effet. Et ici, le rêve fonctionne puisque l'enfant a disparu dans son monde imaginaire (à moins qu'il ne soit simplement parti, ce qui serait une explication rationnelle, mais c'est peu probable).

Écrit par : Feuilly | 03/09/2009

Parce que l'imaginaire de l'enfant alimente le tien...

Écrit par : bertrand | 03/09/2009

"étonné qu’il ne se passe rien" : il s'est passé pourtant un texte...

Écrit par : solko | 04/09/2009

Et quel texte !
Il vous cueille au plexus. Il vous entrebâille, il vous tord, il vous roule.
Et vous vous échouez là, à regarder l'enfant.

Écrit par : Michèle | 05/09/2009

Et cet enfant c'est un peu nous avec tous nos rêves, non? Lui au moins il a su les réaliser même si pour cela il a dû disparaître.

Écrit par : Feuilly | 05/09/2009

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