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13/08/2008

De la télévision française

Ce qu’il y a de bien, avec les jeux olympiques, c’est qu’on n’est plus obligé d’ouvrir sa télévision puisque de toute façon on sait qu’on va perdre son temps. Comme avant ces jeux il y a déjà eu du foot, du tennis et un Tour de France, cela fait donc un bon moment que je n’allume plus ladite télévision. Sauf pour les informations, bien entendu, mais j’ai là tort, je dois bien l’avouer, puisque de toute façon il s’agit surtout de désinformation.

Pour s’en convaincre, il ne faut même pas faire l’effort d’essayer de décrypter ce qu’on nous dit pour tenter de repérer les mensonges, il suffit de regarder qui se trouve en coulisses.

Ce qu’il faut savoir, c’est que Monsieur Bouygues, propriétaire de TF1, a nommé JC Dassier à la direction de l’information de la chaîne la plus regardée des Français et Laurence Ferrari comme présentatrice du 20 heures (le journal le plus regardé de la chaîne la plus regardée).

Cette brave dame a ainsi remplacé celui qu’on croyait indéboulonnable, en l’occurrence PPDA (lequel avait pourtant, tel Talleyrand, traversé bien des régimes politiques mais qui cette fois ne s’est pas montré assez prompt, sans doute, pour aller féliciter le nouveau maître de l’Elysée).

Mais que vient faire le Président dans tout cela, me direz-vous. Après tout TF1 est une chaîne privée et le petit Nicolas est le président de tous les Français, alors ? Et bien, ce serait oublier que Monsieur Bouygues était le témoin dudit président (du temps où il n’était pas encore président) lors d’un de ses nombreux mariages. Je crois que c’est celui avec Cécilia car Monsieur Bouygues est aussi parrain de leur fils Louis (curieux, pour un futur président de la République de choisir le prénom favori des rois de France pour son rejeton, mais bon, passons).

Par ailleurs, JC Dassier est le père d’Arnaud Dassier, conseiller pour la communication Internet de Nicolas (et même de l’UMP, cette grande famille politique)

Quant à Laurent Solly, directeur adjoint de la campagne électorale de Sarkozy (du temps où celui-ci voulait devenir président mais ne l’était pas encore, vous me suivez ?), il a été nommé par Bouygues lui-même au même poste (directeur-adjoint) mais à TF1. Logique, me direz-vous. Quelqu’un qui est parvenu à faire élire un bonhomme comme Sarkozy (en faisant croire qu’il allait travailler pour la France et les Français et qui plus est qu’il allait se lever tôt pour cela) parviendra bien à faire monter l’audimat d’une chaîne de télévision. Or l’audimat, c’est important pour Bouygues. D’une part cela lui rapporte de l’argent et puis cela permet d’augmenter la visibilité de son ami Nicolas (dont il reste le parrain du fils, même si Cécilia, elle, est partie écouter une autre musique ailleurs).

Et la jolie Ferrari, dans tout cela ? Comment est-elle arrivée là ? Et bien les mauvaises langues prétendent (ce sont les Anglais qui le disent, mais vous savez comme moi qu’il n’y a rien de plus faux et fourbe qu’un Anglais quand il parle des affaires du bon royaume de France) que notre petit Nicolas aurait eu une liaison avec elle quand les liens sacrés du mariage qu’il avait contracté avec Cécilia commençaient à s’effilocher (sans cela, ce n’est pas lui qui aurait tenté quoi que ce soit, bien entendu et la morale est sauve)

Ceci dit, les Anglais ont beau habiter la perfide Albion, il est certain qu’une source proche de l’Elysée a fait allusion à un week-end à Marrakech durant lequel Nicolas et la belle Ferrari (mais non pas la voiture !) se seraient rencontrés. On dit même que c’est après ce week-end qu’elle aurait décidé de divorcer et de quitter son mari, Thomas Hughes . Simple coïncidence, sans aucun doute et tout cela, ce ne sont que des calomnies. La preuve, les journaux qui en avaient parlé ont aussitôt été condamnés en justice (et n’allez pas me ressortir l’histoire des vacances de la ministre de la Justice aux States avec le Président nouvellement élu. D’ailleurs Cécilia était encore là et en tant que première dame de France, on la voit mal tenir le flambeau).

Mais qui est Thomas Hugues ? Et bien, jusqu’en juillet 2006, c’est lui qui remplaçait PPDA (plus communément connu sous le pseudonyme de Patrick Poivre d’Arvor) pour le JT de 20 heures durant le week-end ou pendant les vacances dudit PPDA (lequel les consacrait comme chacun sait à écrire des livres qui connaissent aujourd’hui un succès bien mérité, succès pour lequel la célébrité bien établie de l’auteur n’a joué en rien, bien entendu).

Et après juillet 2006, vous demandez-vous ? Et bien, après cette date, le pauvre Thomas est évincé de son poste (il a donc finalement tout perdu, son emploi et sa femme) et est remplacé par Harry Roselmack, le premier journaliste de couleur noire à occuper un poste aussi important (et on viendra encore dire que Sarkozy est raciste alors que c’est lui qui l’a placé là. La preuve : il avait deviné avant tout le monde que Roselmack allait occuper ce poste)

Bon, c’était la rubrique « people » de Marche romane, une fois n’est pas coutume. Mais si vous faites comme moi et que vous ne regardez plus que rarement la télévision, cela ne sert à rien de venir lire des blogues comme celui-ci puisque, comme vous le voyez, le niveau est encore plus bas que sur le petit écran.

Commentaires

Feuilly, vous me sidérez ! Comment pouvez-vous ainsi jouer sur tant de subtiles variations ? J'avoue que j'ai une nette préférence pour vos réflexions littéraires ou artistiques mais cela me rassure de croiser ce matin, des mots qui vous plantent, les yeux bien ouverts, dans l'actualité, ici, de l'information télévisée. Et ce que vous dîtes ne me laisse pas indifférente à l'heure où nous parlons de la liberté d'expression en Chine... Nos démocraties font dans l'enrobage "soft" des vertiges du pouvoir...
Il vous faut beaucoup de courage et d'indépendance d'esprit pour risquer, ici, ces paroles d'homme épris de liberté et de justice. Vous êtes un sacré bonhomme !!! inclassable, surprenant, très attachant... Mais où ? Où ? va nous entraîner votre prochain billet ? Je vois que vous profitez de la protection... des dieux... qu'on vous a largement distribuée sur une autre plage de votre blog !
Très bonne journée.
Je vais bien penser à vous au moment du JT !!! peut-être même vais-je éteidre la télé, mais pour l'instant, j'ai rendez-vous avec une émission sur FC qui me ravit depuis le début de la semaine... Passouline et De Gaulle... Hum ! De quoi vous faire des infidélités !

Écrit par : Christiane | 14/08/2008

Beaucoup de courage et d'indépendance ? Non, il suffit simplement d'être révolté par ce que l'on voit.

Le prochain billet? Attention, vous me tendez un piège sans vous en rendre compte. Je veux rester moi-même et surtout ne pas commencer à écrire des billets pour surprendre les lecteurs ou pour gonfler l'audimat (ce serait un comble!).

Protection des dieux? Même mieux: du seul Dieu officiel, reconnu par l'Eglise apostolique et romaine ainsi que par son pape, dont tout le monde sait qu'il est infaillible, alors...

Écrit par : Feuilly | 14/08/2008

Un peu de people ne fait pas de mal de temps en temps !
Personnellement, comme je ne regarde pas les émissions qui en font et lis encore moins la presse spécialisée dans ce domaine, aussi j'ai trouvé un site qui résume le tout et permet de choisir ce juste ce qu'on veut :

http://www.purepeople.com/

Je ne sais pas si les lecteurs de Marche Romane seront adeptes...(ou alors , en douce) ;-)

Écrit par : Cigale | 14/08/2008

Vous pourriez le voir et ne pas l'exprimer...
Pas besoin de vous forcer pour surprendre, c'est naturel chez vous ! Tout me surprend...
Des dieux ? J'ai toujours pensé que cette multitude de saints et d'élus était une façon de redonner une parole plurielle au Dieu unique, (enfin déjà triple)...
Et puis notre rapport à la mort reste très Grèce ancienne et mythologique...
"Marche romane" ces deux mots m'emportent dans le pays du langage, la langue de résistance, aux confins de l'intime et du public...un travail d'exploration dans l'héritage des mots. Votre langue ne rend pas vaine l'écriture dans ces pages où l'inquiétude et le manque se font jour, comme aujourd'hui. L'imprévisible est toujours au rendez-vous dans une forme continue qui est la matière de votre écriture, c'est cela que j'ai voulu exprimer. Elle n'est pas gouvernée par des règles établies et donc me surprendra toujours. Vous menez de jour en jour un travail obstiné, responsable, ne se cachant pas derrière la culture, circulant librement dans ce trouble présent.
(Excusez-moi, j'écris lentement car je m'arrête de temps à autre pour écouter cette émission que j'aime où se mène aussi un énorme travail d'élucidation.)
Vous êtes engagé dans l'expérience et pourtant vous êtes aussi celui qui observe à distance. Rien ne semble vous dessaisir de votre liberté de pensée. Vous vous isolez et êtes au coeur du monde...
Enfin, des trucs comme ça quand je pense à vous à travers ce blog...

Écrit par : Christiane | 14/08/2008

Diable, si j'étais écrivain et que vous fussiez critique littéraire, nous ferions de grandes choses!

Engagé ou "au bord du monde" (pour reprendre l'expression d'une amie qui m'est chère)? Il faut savoir conserver une certaine distance, en effet, mais le risque c'est qu'on n'est jamais vraiment au coeur des événements, qu'on se contente d'observer de loin sans y participer tout à fait.

Écrit par : Feuilly | 14/08/2008

C'est toute la différence avec ce long temps d'absence où vous vous êtes reposé. Vous m'aviez invité à me promener dans vos écrits, ce que j'ai fait un temps et puis j'ai eu l'impression d'être dans une maison vide et j'errais dans une bibliothèque magnifique mais privée de son hôte.
C'est la magie du blog, savoir, sans que vous n'en ayez l'obligation, que vous pouvez réagir et là il se passe quelque chose d'étrange au niveau du temps, quelque chose de très troublant : vous restez "arrêté" dans un billet clos, là-haut, et une parole imprévue, souvent teintée d'humour, plus proche de la conversation, vient à notre rencontre, faite de vous et de la parole de l'autre et ça bouge et c'est vivant et ça prend des risques, d'autres risques, celui de marcher sur la même route, celui d'être "au coeur de l'évènement"...
Je pense que vous écrivez, ailleurs... Votre langue est à l'étroit, ici, bonne pour notre faim mais manquant d'espace et de temps. Il y a du navigateur au long cours chez vous et ce blog...ce sont un peu vos escales...
Enfin, je sens cela comme cela et vos escales, j'aime beaucoup !

Écrit par : Christiane | 14/08/2008

Du marin au long cours? Peut-être en effet. Mais je constate que vous aimez l'image du bateau (cf. "il est bon, parfois, que les marins s'en aillent en mer...") Vous tenez cela du "Bateau ivre"?

Écrit par : Feuilly | 14/08/2008

Peut-être parce que l'océan n'appartient à personne...
Je pense souvent à ces caravelles immobilisées, loin des vents, les voiles molles et défaites, les marins prêts à renoncer à leur voyage et ce capitaine têtu qui la voulait cette terre inconnue et ce cri dans la brume : Terre !
La suite , hélas, n'a pas été à la hauteur de ce beau rêve : pillages et conversions forcées, maladies apportées par les conquistadors...
Alors vite Rimbaud !
" J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
...
J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants."

Écrit par : Christiane | 15/08/2008

"Je suis un grand bateau descendant la Garonne" chantait Ferré.

Écrit par : Feuilly | 15/08/2008

Parce qu'en plus, vous aimez Ferré. Là, vous me faites vraiment plaisir ! Je vais essayer de trouver les paroles de cette chanson...

Écrit par : Christiane | 15/08/2008

"Le bonheur ça vient toujours après la peine..."
et ce retour chargé de rêves...
cette caravelle...
Toujours à l'amble, ami de la nuit !
Et sur la Garonne, terre des troubadours et de soleil, voix de Nougaro...Jazz et Toulouse...
Ferré et Nougaro...les bateaux, la musique...les nuits du sud... Pablo Casals... Prades...Pau...
Encore ! Encore !

Écrit par : Christiane | 15/08/2008

Pour ceux qui ne connaîtraient pas:

Le Bateau Espagnol



J'étais un grand bateau descendant la Garonne
Farci de contrebande et bourré d'Espagnols
Les gens qui regardaient saluaient la Madone
Que j'avais attachée en poupe par le col
Un jour je m'en irai très loin en Amérique
Donner des tonnes d'or aux nègres du coton
Je serai le bateau pensant et prophétique
Et Bordeaux croulera sous mes vastes pontons

Qu'il est long le chemin d'Amérique
Qu'il est long le chemin de l'amour
Le bonheur ça vient toujours après la peine
T'en fais pas mon ami, je reviendrai
Puisque les voyages forment la jeunesse
T'en fais pas mon ami, je vieillirai.

Rassasié d'or ancien ployant sous les tropiques
Un jour m'en reviendrai les voiles en avant
Porteur de blés nouveaux avec mes coups de triques
Tout seul mieux qu'un marin, je violerai le vent
Harnaché d'Espagnols remontant la Garonne
Je rentrerai chez nous éclatant de lueurs
Les gens s'écarteront saluant la Madone
En poupe par le col et d'une autre couleur

Qu'il est doux le chemin de l'Espagne
Qu'il est doux le chemin du retour
Le bonheur ça vient toujours après la peine
T'en fais pas mon ami je reviendrai
Puisque les voyages forment la jeunesse
J' te dirai mon ami : à ton tour !
À ton tour...

Écrit par : Feuilly | 15/08/2008

Cela c'est vraiment un grand bonheur ! Merci

Écrit par : Christiane | 15/08/2008

Je viens de lire votre longue réponse à Julia. C'est bien que vous ayez pris le temps d'aller jusqu'au bout de ce dialogue et du malaise qu'il avait créé. Dans un autre domaine que celui de la télévision vous fouillez dans l'apparence des choses pour trouver ce qui est l'écharde. J'aime qu'il y ait tant de lenteur dans le cheminement de votre pensée. L'émotion, et longtemps après ce travail d'élucidation tout empreint d'humanité et de clarté. J'aime votre réaction d'athée à ces deux façons d'être, celle de Julia et celle de Dominique Autié. L'une est enfouie dans une émotion-gratitude qui lui ôte la mesure de la réflexion et l'expose peut-être à une certaine vulnérabilité, l'autre a posé sa réflexion au coeur même d'une recherche intellectuelle intransigeante et c'est un chemin de crête (qui l'a mené certainement à rencontrer une réponse). Et nous voilà dans la pauvreté de la lucidité au seuil du mystère de la vie et de la mort. Je partage la même interrogation que vous, dans les mêmes termes avec, toutefois, un... frôlement que je me garde bien d'exposer à la raison... Je l'enfouis dans une poésie et une émotion qui me le gardent bien mystérieux et rayonnant comme du ...rien palpitant au coeur du silence et du bruit de ce monde...
Je trouve vraiment épatant le temps que vous avez pris, avec tant de douceur, puis de fermeté, pour mettre en mots, ce qui aurait pu rester une pensée informe et irritée. Voilà, en partie, ce qui me vaut de m'attarder chez vous et d'y laisser ces petites choses qui sont des "atomes" de pensées arrachées à la nuit. Des dormeuses (sylphes du sommeil) m'avaient entraînée dans cette obscure no man's land de l'endormissement où j'aime à lâcher prise , tomber dans cette sorte d'engourdissement où, contrairement à la télévision, une main impatiente ne peut d'un geste éteindre l'écran des rêves ! Il faut assumer ces traces de l'inconscient lorsque l'on s'en souvient et faire avec, au réveil. Moment propice au soupesage des mots... Bonne fin ou de nuit ou de travail.

Écrit par : Christiane | 16/08/2008

oh là là Feuilly...

En aparté à Christiane, et avec une écriture comme celle-là, vous ne tenez pas de blog ???

Écrit par : Pivoine | 18/08/2008

ô, chouette, Pivoine, vous voilà revenue !
Pour répondre à votre suggestion, non, je ne tiens pas de blog. Il y a déjà tant à lire ! J'aime lire, les uns et les autres et écrire des petites choses, deci, delà...
Un blog m'effraierait, par trop de solitude et par le temps à passer à soliloquer. J'aurai l'impression d'être Robinson se parlant dans son île déserte. Ici, je parle à Feuilly, à Pivoine et c'est très agréable...et surtout je vous lis...et j'aime tant savoir, pour mieux comprendre, ce que mes amis pensent des livres, de l'actualité, de l'art. Ils m'aident beaucoup à oser écrire ces petites choses...

Écrit par : Christiane | 18/08/2008

Mais ce blogue ne serait pas un soliloque, nous irions vous rendre visite...

Écrit par : Feuilly | 19/08/2008

Bonsoir Feuilly,
quelle joie de vous retrouver, chaque soir.
Quand j'avais quinze ans, j'écrivais, je n'arrêtais pas d'écrire. C'était une question de survie ... Un soir, en rentrant, quelqu'un que j'aimais avait lu et déchiré toutes les pages de mes cahiers. J'ai su que mes mots, ma langue pouvaient apporter du malheur, que je n'avais pas le droit de changer le monde avec mes mots... J'ai ressenti cette intrusion comme un viol... et tous les livres que j'ai écrit pendant 40 ans, je les ai écrits dans ma tête. Et puis, elle est morte... peu à peu , des mots venus de ces années d'enfermement ont surgi à l'improviste, surtout dans la correspondance avec des êtres que j'aimais et en qui j'avais confiance. Mais toujours, cette impression que je ne devais pas écrire, que ça ferait du malheur... Alors, un blog, vraiment, c'est inimaginable....
Bon, parlons d'autre chose.
Feuilly, j'ai lu , par hasard dans un très beau roman "La maison aux orties" de V.Khoury-Ghata, des lignes qui m'ont attristée, concernant Cioran (que vous m'avez fait découvrir). Je me permets de vous les copier, ici. Pourriez-vous me dire si sa fin de vie a été une telle désolation ?
" Lorsqu'il fut atteint de la maladie d'Alzheimer sur ses vieux jours, sa femme ne voulut plus de lui chez elle et le plaça dans une maison de santé où M. allait le voir. Cioran le suppliait de le ramener chez lui.
"Mort seul et malheureux à l'image de ce qu'il écrivait"

Écrit par : Christiane | 19/08/2008

Je savais qu'il avait été atteint de cette maladie, lui si lucide!

Je ne sais pas quelle fut l'attitude de son épouse. Ceci dit, je ne juge pas, ayant connu cela de près. Il n'est vraiment pas facile de s'occuper de quelqu'un atteint d'Alzheimer.

Par contre, voici ce que je trouve sur Google:

"En 2005, lors du déménagement de son ancien appartement jusqu’alors occupé par sa compagne Simone Boué, les porteurs du libraire diligenté retrouvèrent, cachés, trente cahiers de son journal intime. Le tribunal de Paris en interdit en référé la vente à l’hôtel Drouot, en décembre, à la demande des exécuteurs testamentaires. Depuis, aucune solution juridique ne semble avoir été trouvée. Terrible et ultime pied de nez de la postérité, que ce conflit judiciaire rattrapant le dernier des cyniques antiques. Il avait vécu, comme Diogène, dans le dénuement matériel et l’indifférence au monde extérieur. Et voilà que ses successeurs sombrent, en son nom, dans une affaire de gros sous et de droits de propriété intellectuelle et morale.Cioran avait raison : la vraie morale a de tout temps été menacée par le moralisme des doctrinaires, des mercantiles et des abrutis."

Pour le reste, quelle triste expérience que celle de vos carnets intimes. Et pourtant n'est-ce point à la même personne que vous portiez des fleurs au cimetière? Allons, oubliez tout cela et écrivez, vos phrases sont remplies d'images.

Écrit par : Feuilly | 19/08/2008

Oui, bien sûr... Les roses lui vont bien... et elle les aimait.
Vous êtes bien accueillant pour ces mots "sans domicile fixe" !
(Pour l'instant, les autres, ont élu domicile aux bas des étagères, au fond des armoires, bien muselés et pas très rassurés sur le sort qui les attend si un jour je décide de les détruire...)
Quand je pense aux carnets de Cioran. Ce que vous m'apprenez, là, est terrible...

Écrit par : Christiane | 19/08/2008

Oui, lui si lucide, sombrer ainsi dans l'inconscience... C'est un peu comme Beethoven qui devenait sourd.

Écrit par : Feuilly | 19/08/2008

C'est étrange, quelque chose est cassé dans la transmission ! Le fil des commentaires inscrit une parole de vous, ici, à 8 heures et ouvrant votre blogue, je ne la trouve pas ...
Etes-vous en train d'humer votre tasse de café ? De regarder, à la fenêtre, le temps qui nous attend ? C'est rare de vous trouver ici, de bon matin ! J'étais en train de relire, les traces de cette nuit. Heureuse d'avoir relu Pivoine. Mais vos autres amis, où sont-ils ? Peut-être que mes paroles les gênent ?

Écrit par : Christiane | 19/08/2008

Sans doute un problème chez Hautetfort, cela arrive de temps à autre.

J'espère que vos paroles ne les gênent pas. Si quelqu'un doit avoir un problème, c'est moi. J’apprécie à leur juste valeur tous vos commentaires, si bien écrits et très haut en couleurs, mais par contre ma modestie naturelle s’accoutume mal de vos nombreux éloges, assurément bien immérités. Peut-être est-ce cela qui les dérange ? Plus lucides, ils se lassent peut-être de lire les propos dithyrambiques par lesquels vous encensez le maître des lieux ? Pour continuer à être lucide et sensible, il faut savoir demeurer humble et ne point trop écouter le chant des sirènes (tiens, encore l’océan et la haute mer).

Écrit par : Feuilly | 19/08/2008

Oh, là, là ! Qu'est-ce que c'est que ce voyage des mots, ce matin ? Voilà, espiègles qu'ils apparaissent ici, maintenant, après avoir fait une escale chez moi !
Je vais vous raconter une mort surprenante pour aller dans le sens inverse de votre tristesse.
C'était en septembre 2005. Je sortais avec un ami, très proche, du théâtre de l'Atelier. Nous avions vu une pièce terrible de Strinberg.
Dans le métro, vers minuit, en rentrant, il est tombé, comme ça, sans avertir. Les pompiers, le SAMU, n'ont rien pu faire : coma irréversible. Il est mort cinq jours plus tard sans avoir repris conscience.
Et maintenant, cher Feuilly, voilà le surnaturel ou le hasard...
Avant d'entrer dans le théatre, nous marchions dans une de ces petites rues étroites de Montmartre, sur ces trottoirs où l'on se suit, faute de pouvoir y avancer de paire. Et bien, lui qui ne m'avait jamais parlé de sa mort l'a fait. - Tu sais, m'a-t-il dit, j'aimerais mourir par un beau soir tel que celui-là. La journée a été belle... Mourir, d'un coup, comme cela sans souffrir et surtout sans connaître ce qui me terrifie : la malasie d'Alzheimer, la perte de conscience, l'hébétude, la dépendance décadente d'un mouroir dans un hôpital, l'aspect d'un corps et d'une intelligence dégradée à offrir à ceux que nous aimons.
Plus tard, alors que j'étais seule avec lui, dans cette chambre, en réanimation et qu'il gisait inerte et branché de partout, je lui parlais longuement, lui répétais ces mots et lui disais, - Vas-t-en, maintenant, allez pars . Tu as fait le plus difficile. Ne reviens pas. Les toubibs, ici, disent que tu serais un "légume", que ton coeur a cessé de battre trop longtemps, que ton cerveau en a été détruit...( Il était resté 10 minutes sans réponse malgré les massages cardiaques et les chocs électriques ).
Je ne sais s'il m'entendait, j'ai fait comme si...
Plus tard, à son enterrement, j'étais ailleurs, comme dans un vaste espace où il naviguait libre, les ailes déployées...
Il a eu plus de chance que Cioran...

Écrit par : Christiane | 19/08/2008

Quelle coïncidence, en effet. Parler ainsi de sa mort quelques heures avant de sombrer. Mais cela a dû être dur pour vous. Quelle perte brutale pour ceux qui restent.

Écrit par : Feuilly | 19/08/2008

Encenser ? On encense que les morts ! et vous êtes bien vivant ! Donc, je ne vais plus rien écrire de votre façon d'écrire, seulement faire écho à ce que vous dîtes, ce que je croyais faire. Et puis le trop plein qui a été, ça sera à garder pour vous faire oublier les éditeurs...
Faites vous plaisir pour une fois, aimez que l'on apprécie votre écriture et votre pensée : c'est gratuit et sincère, mais puisque vous le souhaitez, je vais modérer le "flux" de mes commentaires !!!

Écrit par : Christiane | 19/08/2008

"Dur", n'est pas le mot qui convient, cela a été un vrai cauchemar, un chagrin inexprimable, une perte dont je porte encore l'effroi, surtout quand je repasse (très souvent) dans ce couloir de métro et que je revis les minutes d'angoisse où je ne savais plus ce qu'il fallait souhaiter, car je voyais le visage du médecin du SAMU s'assombrir, au fur et à mesure que les minutes passaient et que le coeur arrêté n'en finissait pas de ne plus irriguer son cerveau, parce que j'avais sa fille en ligne et que je n'avais aucune bonne nouvelle à lui donner...
Parce que la nuit qui s'est écoulée, après, a eu le goût des larmes, parce que dans ce petit coin tranquille du cimetière Montparnasse, pas très loin de la tombe de Gainsbourg, repose cet homme dont je n'ai pu croiser le dernier regard...Parce que les expos depuis, c'est seule, les théatres aussi, nos ballades dans Paris aussi, nos conversations interminables dans les cafés qui devenaient ceux de Vienne, aussi... Tout me manque mais
il
est
mort
comme il l'avait souhaité
après 80 ans d'une vie éblouissante...
et tout est bien ainsi...

Écrit par : Christiane | 19/08/2008

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