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25/06/2008

Les étrangers

Fais bon accueil aux étrangers car toi aussi, tu seras un étranger (Roger Ikor, Les eaux mêlées)


Etrangers, vous m'avez accueilli comme un frère, Et fait asseoir dans vos banquets. (Victor Hugo, Odes et ballades)

Comme il avait un désir extraordinaire de s’instruire et de connaître les mœurs des étrangers, il abandonna sa patrie et tout ce qu’il avait pour voyager (Fénelon)

Ton christ est juif, ta pizza est italienne, ton café est brésilien, ta voiture est japonaise, ton écriture est latine, tes vacances sont turques, tes chiffres sot arabes et tu reproches à ton voisin d’être étranger ! (Julos Beaucarne)

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant
(Aragon, l’affiche rouge)


Il existe près des écluses un bas quartier de bohémiens
Dont la belle jeunesse s'use a démêler le tien du mien
En bandes on s'y rend en voiture ordinairement au mois d'août
Ils disent la bonne aventure pour des piments et du vin doux

On passe la nuit claire à boire on danse en frappant dans ses mains
On n'a pas le temps de le croire il fait grand jour et c'est demain
On revient d'une seule traite gai sans un sou vaguement gris
Avec des fleurs plein les charrettes son destin dans la paume écrit

J'ai pris la main d'une éphémère qui m'a suivi dans ma maison
Elle avait les yeux d'outremer elle en montrait la déraison
Elle avait la marche légère et de longues jambes de faon
J'aimais déjà les étrangères quand j'étais un petit enfant


(Aragon, l’Etrangère)

"Les centres de rétention seraient actuellement surpeuplés et la tension y serait de plus en plus vive, selon les organisations de défense des étrangers. Des objectifs chiffrés annuels d’expulsions ont été fixés à l’initiative du président Nicolas Sarkozy. Le gouvernement n’a pas atteint en 2007 l’objectif de 25 000 expulsions d’étrangers sans-papiers qu’il s’était fixé. Le Premier ministre François Fillon a déjà indiqué à la presse que l’objectif pour 2008 était de 26 000 expulsions. Le ministre de l’immigration, Brice Hortefeux, s’était félicité, jeudi, d’une progression des expulsions de clandestins, qui aurait augmenté de 80 % sur les cinq premiers mois de 2008." (Le Monde)


Sur l’affaire du centre de rétention administratif de Vincennes, lire ici

Commentaires

Merci pour ça, Feuilly.
Laisser parler la poésie et le combat des hommes face à cette veulerie est un excellent relais

Écrit par : Redonnet | 26/06/2008

nos petites armes, j'y ai longtemps cru.
Nous sommmes maintenant face à un boa qui les ingurgite et les recrache métarmophosées, et les revendique comme sienne.

Écrit par : brigetoun | 26/06/2008

De quelles petites armes parlez-vous? La poésie de combat?

Écrit par : Feuilly | 27/06/2008

C'est exactement ça, Brigetoun...Le boa s'y connaît bien en matière de récup et sait faire avaler des couleuvres...
Néanmoins, un boa ça peut aussi s'découper en morceaux...
Faut prendre son temps.
Ou alors lui mettre sa propre queue dans la gueule...Mais ça, il le fera tout seul.
Il a déjà commencé même.

Écrit par : Redonnet | 27/06/2008

C'est délicat cette façon de glisser poétiquement de l'étrangeté de l'autre à l'étranger qui crève de peur et de solitude dans un centre de rétention.
Quand j'aidais les jeunes mineurs, sans papiers, cueillis par la police des frontières à la descente des avions, un jour on m'a confié une enfant de huit ans qu'on avait arrachée à sa tante, incarcérée pour avoir tenté de la faire entrer "frauduleusement" en France !
Son bagage tenait dans un petit sac de plastique tout éventré. Elle était étrangement calme. Je m'approchais de ses mots alors que la "nounou" débonnaire à qui on l'avait confiée, baillait sur un des bancs du centre de rétention.
Je lui donnais des crayons de couleur mais elle me les tendis :- dessine, toi !
Alors, tandis que je dessinais à sa demande les animaux de sa lointaine Afrique, elle riait. Et son rire, un instant, nous entrainait très loin de ces grilles, de ces portes fermées, de cet univers de béton et de néon...
- Tu sais, me dit-elle, je n'ai pas pleuré. Mon père me l'a fait promettre. Je viens en France pour étudier. Chez moi les écoles ont brûlé...
Elle riait parce que mes dessins étaient malhabiles... On voit, disait-elle, que tu n'as jamais vu ,en vrai, des éléphants et des girafes.
Le lendemain quand je retournai en Zone d'attente, elle n'était plus là... On l'avait reconduite avec sa tante dans le pays des écoles brûlées, avec , je l'espère, les crayons de couleur qu'elle avait glissés dans son sac en plastique...

Écrit par : Christiane | 06/07/2008

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