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20/06/2008

Réflexion

«Tous les animaux sont égaux, mais certains animaux sont plus égaux que d'autres»
George Orwel

Belle citation, qu’il convient, cependant, de replacer dans son contexte.

Elle est extraite du livre « La ferme des animaux » (on connaît surtout Orwell pour « 1984 »)

Critique de la Révolution bolchevique (quand la foi en un monde meilleur se transforme en dictature stalinienne), ce livre n’en est pas pour autant une apologie du capitalisme.

En fait, cet auteur particulièrement clairvoyant était surtout pessimiste (conséquence souvent inévitable de cette première qualité) et il ne se faisait plus beaucoup d’illusions sur la nature humaine.

Notons qu’Orwell est un pseudonyme. De son vrai nom, l’écrivain s’appelait Éric Blair (on a connu des Blair moins clairvoyants) et il était né aux Indes en 1903. Il vécut dans différentes colonies britanniques avant de s’installer en France en 1936. En d’autres termes, ce fut un Anglais qui n’a pour ainsi dire jamais vécu en Angleterre. Opposé au colonialisme britannique, partisan de la justice sociale, scandalisé par les totalitarismes nazi et stalinien, il participa aussi à la guerre d’Espagne, où il fut instructeur au POUM (Partido Obrero de Unificación Marxista).

Blessé sur le front d’Aragon, Orwel, démobilisé, quittera l’Espagne clandestinement pour ne pas être arrêté. C’est que le POUM venait d’être dénoncé comme un « parti fasciste » par la propagande du PSUC et déclaré illégal le 16 juin 1937. Le PSUC (Partit Socialista Unificat de Catalunya), quant à lui, était un parti appartenant au Kominterm et était fédéré avec le Parti communiste espagnol (PCE).

Le POUM a aussi été accusé d'être une organisation trotskiste, ce qui est faux. En réalité le POUM était surtout anti-stalinien et il a dénoncé les procès de Moscou, ce que le PCE ne pouvait tolérer. Evidemment, le fait de critiquer ce qui se passait à Moscou alors que la Russie était le principal fournisseur d'armes a amené une crise grave dans le camp républicain, entre le POUM et les anarchistes d'une part et entre le POUM et le PCE d'autre part.

Mais revenons à Orwell. A la veille du conflit mondial de 40-45, il est dans le clan des pacifistes, estimant que cette guerre ne servira que les intérêts du capital. Toutefois, au moment où le PCFapprouve le pacte germano-soviétique et devient donc à son tour pacifiste, Orwell, toujours aussi indépendant d’esprit, se découvre une âme de patriote. C’est qu’il imagine que le renversement des fascismes en Europe va s’accompagner par une révolution sociale. On verra ce qu’il en sera par la suite dans le camp allié (notamment quand il ne sera plus question de libérer l’Espagne du franquisme).

« La ferme des animaux » a été écrite en 1944. Le livre est d’abord refusé par quatre éditeurs (il était sans doute trop tôt pour oser critiquer l’allié soviétique alors que l’Allemagne combattait encore) avant de paraître enfin en 1945.

Orwell est décédé en 1950 d’une tuberculose.





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