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05/04/2008

Petits calculs sur la vie chère (suite)

Cette fois, ce n’est pas moi qui le dis, mais le journal Le Monde : « la rue africaine ne parle que de cela : les prix des denrées quotidiennes sont devenus fous. En quelques mois, la conjonction des hausses du blé, du riz, de l'huile sur les marchés mondiaux, de médiocres récoltes locales et l'absence de contrôle des prix, a accru les tensions sociales et compromis la stabilité politique. »
Avec une hausse moyenne de huit pour cent en un an, les denrées alimentaires deviennent inabordables pour une large tranche de la population africaine, dont le salaire moyen est très bas.

Et les réactions sont partout les mêmes : « Beaucoup de gens ne mangent plus qu'un plat par jour", entend-on à Dakar. "Avec 1 500 francs CFA (2,25 euros) pour nourrir ma famille, je ne sais plus quoi faire", dit une ménagère sur un marché de Bamako, au Mali. » Les manifestations se succèdent, ayant déjà fait des morts. Les gouvernements promettent de baisser les taxes, afin de maintenir tant que bien mal un certain pouvoir d’achat. Mais diminuer les taxes, cela veut dire aussi appauvrir encore davantage des états déjà largement endettés et donc diminuer la possibilité qu’ils auraient de développer les infrastructures par exemple (et on sait à quel point celles-ci sont nécessaires pour le redressement de l’économie).
Un pays comme la Mauritanie, qui importe soixante-dix pour cent de son alimentation, court droit dans le mur. Vive le libéralisme, donc, la mondialisation et la politique du laisser-faire. Car non seulement cette économie mondiale qui nous dirige tous a fait lever tous les systèmes internes de régulation des prix au nom de la sacro-sainte concurrence (qui prouve bien maintenant son inefficacité), mais, pendant des décennies elle a encouragé en Afrique les cultures d'exportation comme le coton, au détriment évidemment des cultures vivrières. Du coup, il valait mieux acheter sur le marché mondial, à bas prix, des denrées alimentaires, et produire du coton que l’on vendait bien cher. Maintenant que tous ces pays sont devenus dépendants pour leur alimentation, voilà que ces denrées de première nécessité sont devenues inabordables, d’où la colère des populations.

Que faut-il faire quand le peuple commence à mourir de faim et que certains s’enrichissent exagérément ? Ma bonne dame, il suffit de relire ses manuels d’histoire : on fait la révolution. Et c’est bien ce qui risque d se passer, en effet. On n’en est pas encore vraiment là, mais des manifestations ont commencé à voir le jour un peu partout. L’étape suivante, ce sera la transformation de ces manifestations en émeute. Et après me direz-vous ? Après on n’ose imaginer ce qui pourrait se passer, mais ce qui est sûr c’est que même la Banque mondiale et le FMI craignent que les régimes politiques en place ne soient ébranlés.

La Banque mondiale, paraît-il « a fait amende honorable dans son dernier rapport annuel et a mis l'accent sur la renaissance des cultures vivrières. » Mais bien sûr il faudra des années pour reconstruire l’agriculture locale qu’on avait ainsi un peu vite démantelée. Merci à vous, messieurs les techniciens et merci aussi à vous, messieurs de la haute finance.

Evidemment, ce que je dis ici, ce ne sont que des mots. Mais il y a déjà aujourd’hui en Afrique des familles qui se contentent d’un seul repas par jour et cela c’est une réalité bien concrète..


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Commentaires

Note hélas prémonitoire. Voici ce qu'on peut lire cette après-midi dans le Monde:" quatre personnes ont péri dans le sud de Hati quand des manifestants dénonçant la hausse du cot de la vie ont affronté les forces de sécurité, a annoncé vendredi 4 avril un responsable local. "Quatre personnes au moins ont été tuées par balles et une vingtaine blessées" dans la ville des Cayes, à 190 kilomètres au sud de la capitale Port-au-Prince, a confirmé à l'AFP le sénateur haïtien Gabriel Fortuné, décrivant sur place une situation qui "dégénère".

Et quand nos politiciens, de droite comme de gauche, disent qu'ils veulent augmenter les bas salaires, c'est non seulement pour se faire élire, mais aussi pour éviter les émeutes. Avec l'allocation de chômage ou le RMI, on a juste assez pour ne pas mourir tout à fait de faim. Par contre, à l'étape suivante, on descend dans la rue, ou, comme Jean Valjean dans les Misérables, on se met à voler un pain.

Écrit par : Feuilly | 05/04/2008

Je ne sais même pas si on a de quoi se nourrir. J'ai un peu plus qu'une allocation de chomage et si je n'avais pas mon propre appart (qui d'ailleurs contribue à me mettre sur la paille) et mes amis, je ne sais pas comment je ferais...

Dans les moments de désespoir et de colère, on se dit qu'en effet, pour vivre "comment"? On n'a plus rien à perdre... Et c'est de là et uniquement de là que viennent mes idées noires.

Mais le pire, c'est que ce qui n'en est qu'au stade d'idée chez moi est la réalité pour tous ces gens...

Écrit par : Pivoine | 05/04/2008

Ce n'était pas tout à fait la même chose, mais un jour, en rentrant chez lui, mon grand-père a trouvé un hareng dans la rigole. C'était la guerre et le rationnement. Il a ramassé le hareng l'a ramené chez lui, ma grand-mère l'a nettoyé et ils l'ont mangé en plaignant celui qui l'avait laissé glisser...

Écrit par : Pivoine | 05/04/2008

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