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27/08/2007

Pauvre foi

La navigation sur Internet nous livre parfois bien des surprises. Voici ce que je découvre à l’instant :

« Mère Teresa, qui pourrait être canonisée, a souffert dans sa foi tout au long de sa vie et même douté de l’existence de Dieu, selon de nouvelles lettres de la religieuse, qui viennent d’être rendues publiques. « Jésus a un amour tout particulier pour vous. Pour moi, le silence et le vide sont si importants que je regarde et ne vois pas, que j’écoute et n’entends pas », a-t-elle écrit en 1979 à un confident. »

Ce n’est pas moi qui le dis, mais un journal chrétien, qui ajoute, sachant sans doute de quoi il parle :

« Où est ma foi — tout au fond de moi, où il n’y a rien d’autre que le vide et l’obscurité — mon Dieu — que cette souffrance inconnue est douloureuse — je n’ai pas la foi », a-t-elle écrit dans une lettre non datée adressée à Jésus.

Me voilà rassuré. Moi qui n’ai pas la foi et qui n’écris jamais de lettre à Jésus, voilà que je découvre qu’un des chantres du catholicisme doutait sérieusement de l’existence de Dieu. Du coup, cela me rend Mère Teresa beaucoup plus sympathique. D’abord elle nous apparaît ainsi plus humaine puisqu’elle a des doutes et en plus, le seul fait qu’elle ait ces doutes prouve qu’elle a réfléchi et qu’elle n’a pas accepté la vérité toute faite proposée par l’Eglise. Par ailleurs, son action humanitaire, qui est assurément exemplaire, prend un tout autre sens. Ce n’est donc pas pour accéder à un improbable paradis qu’elle a agi en faveur des pauvres, mais par pure humanité.
Je me suis d’ailleurs toujours demandé comment on pouvait côtoyer ainsi la misère la plus noire et continuer à croire en un Dieu juste et bon. Relisez à ce propos la phrase de Camus, dans la Peste, celle par laquelle le docteur Rieux interpelle le père Paneloux : « Je refuserai jusqu’à la mort d’aimer cette création où les enfants sont torturés. »Ceci étant dit, ces gens qui se dévouent jusqu’à l’abnégation pour leurs semblables sont assurément des héros, mais par la démesure de leur action ils m’inquiètent toujours un peu. N’y aurait-il pas chez eux comme une volonté de jouer aux martyrs afin de se grandir à leurs propres yeux et aux yeux des autres ? Difficile à dire. Difficile de juger aussi sans se faire aussitôt taxer de médisant. C’est vrai. Mais enfin, que serait Mère Teresa s’il n’y avait pas tous ces pauvres ? De là à dire que plus il y en a mieux c’est, il n’y a qu’un pas. D’ailleurs je ne comprends pas pourquoi ces religieux qui font dans l’humanitaire ne tiennent jamais un discours politique. En effet, ils pourraient dire que ce sont les régimes mis en place dans le tiers-monde (souvent avec la bénédiction de l‘Occident) qui sont en partie responsable de la misère des populations. Mais non, ils préfèrent dire d’un côté que Dieu est bon et de l’autre que c’est à nous, citoyens ordinaires, de nous bouger pour remédier à toute cette misère. Il est vrai que l’Eglise s’est rarement montrée révolutionnaire. Alors vous comprendrez pourquoi les révélations sur les doutes de mère Teresa (qu’on savait ne pas être une mystique mais plutôt une personne efficace dans la pratique) m’intéressent. D’autant qu’on apprend par-là qu’on pourrait très bien être canonisé sans avoir la foi. Tous les espoirs me sont donc encore permis.

Commentaires

Mais enfin, que serait Mère Teresa s’il n’y avait pas tous ces pauvres ?

Sans doute rien pour les autres...pour nous.

Mais pour elle, qu'aurait elle été pour elle même loin de cette souffrance ?
Peut être une femme heureuse et comblée par une vie simple.

Pourquoi toujours se poser la question du regard de l'autre, des autres. Il est possible aussi qu'elle n'en ait eu que faire....je le souhaite.

Écrit par : kloelle | 31/08/2007

Elle a manifestement trouvé dans l'abnégation personnelle et le dévouement pour les autres sa propre raison de vivre. En agissant de la sorte, elle a assurément eu une existence bien remplie, beaucoup plus que d’autres. Sans doute y a-t-elle trouvé son bonheur.

Mais cependant, il y a chez ces gens une sorte de démesure qui m’inquiète.

Écrit par : Feuilly | 31/08/2007

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