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20/08/2007

La fin (faim) des haricots.

Le mot haricot viendrait du mot ayacotl (langue aztèque).
Parmi les variétés de haricots, citons la Mogette, qui est un haricot blanc, de l’espèce Phaseolus vulgaris. C’est une spécialité de la Vendée. Elle est parfois orthographiée mojhette ou mojette. Ce mot a une origine dialectale, en l’occurrence poitevine.
Notons à ce propos que la position fondamentale de l’Etat français envers les dialectes a souvent été de les éradiquer. S’ils étaient tolérés dans l’Ancien Régime, il n’en a plus été de même au moment de la Révolution. Tout citoyen ayant les mêmes droits et obligations, il ne convenait pas que certains se singularisassent par un langage différent. Les locuteurs eux-mêmes ont fait alors l’effort de parler en français car en continuant à s’exprimer en patois on aurait pu les considérer comme de dangereux réactionnaires. Ensuite vint l’enseignement obligatoire qui généralisa l’usage de la langue française au détriment des parlers locaux. Il aura fallu l’influence de l’Union européenne (voir la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires) pour que contraint et forcé l’Etat central reconnaisse les richesses des langues locales.

http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/lgfrance/lgfrance...

Mais revenons à notre mogette. Le Poitevin-saintongeais (parlanjhe) n’existe plus comme tel et on distingue désormais le poitevin proprement-dit du saintongeais. Tous deux appartiennent à la langue d’oïl. Pourtant c’est dans ces régions que l’influence de la langue d’oc s’est le plus manifestée. Des spécialistes considèrent même que ces patois appartenaient à l’origine à la langue d’oc avant de passer ensuite dans la sphère des parlers d’oïl. Pour comprendre, il faut remonter à la conquête de César. A cette époque, le Poitou est rattaché à la province d’Aquitaine, tandis que la langue gauloise originelle disparaît petit à petit et que naît le bas-latin (dérivé non du latin classique, mais du latin parlé), employé par cette nouvelle société gallo-romaine qui est en train d’émerger.

Puis ce fut l’époque des invasions barbares. Le Poitou fut quant à lui sous l’influence wisigothique, comme le reste de l’Aquitaine, ce qui le rattache une nouvelle fois aux parlers du Sud. Notons que ces envahisseurs germaniques ne furent pas en état d’imposer leur langue du fait qu’ils étaient peu nombreux. Le peuple continua donc de s’exprimer en bas-latin (lequel commençait cependant à être différent d’une région à une autre puisqu’il n’y avait plus d’unité politique). Celui-ci, cependant, dut subir l’influence de ces langues germaniques, mais sous la forme d’un simple superstrat. On parle alors, pour la France, non plus de bas-latin, mais de gallo-roman. Celui-ci, parlé par le peuple, se diversifia donc de village à village, tandis que le clergé continuait à employer le latin.

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En 987, en île de France, Hugues Capet parlait en francien (langue romane) et non plus en francique (langue germanique du peuple franc). Dans la France féodale du X° et XI° siècle, les ducs de Poitiers et Comtes d’Aquitaine avaient un pouvoir comparable à celui du roi de France, trop faible pour unifier son pays au-delà de la région parisienne. Cependant, après être passé sous domination anglaise (suite au mariage d’Aliénor d’aquitaine avec Henri II Plantagenêt), le Poitou redeviendra une dernière fois indépendant avant d’être définitivement rattaché à la couronne de France. N’étant plus autonome, il n’avait plus de raison de se singulariser par une langue spécifique. Le français l’emporta donc définitivement et les mots occitans demeurèrent sous forme de substrat.

La réalité est encore un peu plus complexe. Au sens propre, le poitevin est un dialecte frère du francien (parlé par le roi de France). Il appartient donc bien à la langue d’oïl. Pourtant, à la cour du Comte de Poitiers, on préférait l’occitan, sans doute pour des raisons de richesse culturelle (poésie des troubadours, etc.) Il y aurait donc eu interpénétration des langues d’oc et d’oïl dans cette région. On peut même supposer que le poitevin primitif offrait lu aussi des ressemblances avec ces deux langues.

Aujourd’hui, c’est dans le pays gabaye que la langue poitevine a le mieux résister à l’influence du français. Le pays gabaye (grande gavacherie) se situe entre la Saintonge et l’Entre-deux-Mers (Blaye) Les Gavaches ou Gabayes étaient des gens de langue d’oïl (appelés ainsi par les gens de langue d’Oc ou Gascons), qui s’étaient implantes là après les pertes humaines dues à la guerre de Cent ans. C’est donc dans cette région que le saintongeais primitif a le mieux survécu. Le terme gavache viendrait de l’espagnol gavacho (« canaille ») et désignerait ceux qui viennent du Nord (donc, les Français pour les Espagnols, les Languedociens pour les Catalans, les Auvergnats pour les Languedociens, etc.)
Dans le vocabulaire gabaye, on retrouve des mots comme

Aive (eau)
A’cet heure (maintenant)
Drôle (garçon)
Drôlesse (fille)

Termes que l’on retrouve aussi dans le Sud du département des Deux-Sèvres (Niort). Notons encore que le patois saintongeais a fortement influencé le québécois, l’acadien et le cajun.

Terminons par où nous avons commencé, c’est-à-dire avec nos mogettes. Ce mot est manifestement d’origine méridionale puisqu’on le retrouve en Comminges (Haute-Garonne). Là, on parle de moungelades (réunions de village autour d'un plat de haricot - moungetes - et de mouton).

Commentaires

Pour définir cet esprit (à propos de la révolution), un copain (connu sur internet) emploie parfois le terme "Jacobin". J'aime bien, c'est tout à fait inusité, dans nos régions du nord... Mais ça dit bien ce que ça veut dire.

Le fameux prof qui me parlait du structuralisme était aussi un prof d'histoire. Le point de vue était que l'histoire peut porter sur les périodes transitoires, où l'on vit la fin d'une civilisation et le commencement d'une autre.

Ainsi, la fin de l'empire romain, les invasions barbares, etc. et, la salade que forment les anciens Celtes, mâtinés de culture latine (fût-elle orale), et de diverses influences... coexiste avec la naissance de la civilisation française (va-t-on dire pour faire court).

Evidemment, l'étude des langues, (de façon historique), permet de mesurer, ou de compter les jalons, qui parsèment le temps et l'espace entre le point de départ et le point d'arrivée (ou l'inverse, ça dépend du point de vue où l'on se place).

Moi qui n'aime pas les haricots !

Et pourtant, vous ne me croirez pas, mais le dessin que je commence est une composition de plusieurs "litres" de haricots... Rouges, roses et blancs !

Écrit par : pivoine | 20/08/2007

Tout ça va me donner envie de manger des haricots et pourtant, je ne raffole pas des légumes secs !

Écrit par : pivoine | 20/08/2007

Pour drôle au sens d'enfant, j'ai l'impression que c'est répandu sur une large bande ouest de la France, car on le trouve jusqu'en Bretagne.

Écrit par : Dominique | 21/08/2007

Jusqu'en Bretagne? Celle du Sud-Ouest alors, car je ne l'ai jamais entendu dans les Côtes d'Armor.

Écrit par : Feuilly | 21/08/2007

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