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08/05/2007

La littérature, une ouverture sur le monde ou sur soi?

Les propos de Jean d’Ormesson me laissent perplexe. Je ne veux pas parler, ici, du déterminisme social qui fait que chaque individu adopte telle ou telle position politique, car c’est finalement inévitable. Non, je veux parler du rapport à l’écriture.

Ainsi, certains, dans la blogosphère, disent clairement qu’il n’y a de littérature que de droite. Autrement dit, un écrivain de gauche ne serait pas un écrivain dans la mesure où il ne ferait que parler du social et donc qu’il se contenterait de dénoncer des injustices. Je veux bien, mais cela signifierait que la littérature n’a pas à être engagée, qu’elle n’a pas à jeter un regard sur le monde, qu’elle n’a pas à dénoncer quoi que ce soit. Pourtant, tout un chacun concède habituellement aux artistes (et donc aux écrivains) un sixième sens qui leur permet de « sentir » une situation et donc prévoir avant leurs contemporains ce qui va se passer. Refuser systématiquement qu’une œuvre s’ouvre sur le monde c’est, me semble-t-il, la priver d’une grande partie de son importance.

D’un autre côté, on comprend quelque part qu’un livre se doive de faire appel à l’introspection. Raconter simplement ce qui se passe autour de soi, c’est faire œuvre de journalisme. Par contre, réfléchir, entrer en soi, écouter le silence, permet précisément d’entrer dans le monde des dieux et de tenter d’en percer le mystère. On n’imagine pas un Philippe Jaccottet écrire ses poèmes au milieu d’une manifestation. Cette « oreille intérieure » qui recherche au plus profond de l’individu ce qui y est caché est assurément aux sources même de l’inspiration et de la création. Car chacun écrit avec ses tripes et il n’a rien d’autre à dire que ce qu’il est. Ecrire serait donc un acte anatomique, visant à exprimer au grand jour notre personnalité la plus profonde.

Mais cette capacité d’introspection est le propre de tous les hommes et pas d’une classe sociale déterminée. Evidemment, plus votre éducation et votre culture vous auront exercé à cette activité, plus vous y excellerez. Et quand Marcel Proust pouvait se souvenir avec bonheur des madeleines qu’il dégustait lorsqu’il était enfant, un Jules Vallès, par exemple, nous rapportait une réalité tout autre.

13:59 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

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