10/04/2007
Foi et colonialisme
La note précédente sur la civilisation précolombienne doit nous faire souvenir qu’il ne s’est pas trouvé beaucoup de monde pour défendre les Indiens au moment de la conquête espagnole. Une des seules voix à s’être manifestée est assurément celle de Bartolomé de Las Casas (1474-1566).
Ce théologien dominicain fera plus de quatorze fois la traversée entre les deux continents (ce qui, dans les conditions matérielles de l’époque, était un véritable exploit) afin de convaincre les autorités de se comporter avec un minimum d’humanité envers les populations indigènes. Le problème était de concilier les intérêts financiers de la nouvelle colonie avec son point de vue humanitaire. Il y parviendra en prouvant que pour être rentables, les exploitations américaines ont besoin de main d’œuvre et que ce n’est pas en faisant mourir les Indiens qu’elles pourront survivre. La métropole l’écoute un temps et prend des mesures en faveur de la population indigène. Sur place, malheureusement, ces directives sont peu appliquées et Las Casas lui-même doit faire face à l’hostilité des colons.
Revenu définitivement en Espagne, il n’arrêtera pas d’expliquer que cette conquête du nouveau monde n’est pas une guerre juste et que s’il fallait songer à évangéliser ces populations, il ne fallait pas le faire dans le sang et encore moins les réduire en esclavage dans le seul but de faire du profit. En démontrant qu’aucun roi indien n’a reconnu de son plein gré la domination espagnole, il prouve que celle-ci est illégale et que le pillage des temples aztèques ou incas s’apparente donc à un vol. On comprend que de tels propos ne lui ont pas fait que des amis.
Ce théologien dominicain fera plus de quatorze fois la traversée entre les deux continents (ce qui, dans les conditions matérielles de l’époque, était un véritable exploit) afin de convaincre les autorités de se comporter avec un minimum d’humanité envers les populations indigènes. Le problème était de concilier les intérêts financiers de la nouvelle colonie avec son point de vue humanitaire. Il y parviendra en prouvant que pour être rentables, les exploitations américaines ont besoin de main d’œuvre et que ce n’est pas en faisant mourir les Indiens qu’elles pourront survivre. La métropole l’écoute un temps et prend des mesures en faveur de la population indigène. Sur place, malheureusement, ces directives sont peu appliquées et Las Casas lui-même doit faire face à l’hostilité des colons.
Revenu définitivement en Espagne, il n’arrêtera pas d’expliquer que cette conquête du nouveau monde n’est pas une guerre juste et que s’il fallait songer à évangéliser ces populations, il ne fallait pas le faire dans le sang et encore moins les réduire en esclavage dans le seul but de faire du profit. En démontrant qu’aucun roi indien n’a reconnu de son plein gré la domination espagnole, il prouve que celle-ci est illégale et que le pillage des temples aztèques ou incas s’apparente donc à un vol. On comprend que de tels propos ne lui ont pas fait que des amis.
10:15 Publié dans Errance | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Sauf erreur de ma part, c'est bien lui qui est montré dans le film La Controverse de Valladolid, incarné par Marielle ? Ou bien dis-je une bêtise ?
Écrit par : Jacques Layani | 10/04/2007
C’est bien cela en effet, mais je n’ai pas vu ce film de Verhaeghe.
En fait, un certain Sepulveda (à ne pas confondre avec l’écrivain chilien contemporain, auteur du livre "Le vieux qui lisait des romans d’amour"), précepteur du futur Philippe II, soutenait que la guerre dans le nouveau monde était juste parce qu’inspirée par une intention pure. Les indigènes étant des idolâtres, il appartenait à l’Espagne de les convertir.
Tout ceci me fait penser au procès de Galilée, qui a donné le film "Galilée ou l’amour de Dieu", du même Verhaeghe et auquel JC carrière a également participé.
Écrit par : Feuilly | 10/04/2007
Bon, c'est donc bien ça. Sepulveda était joué par Trintignant. Formidable face-à-face avec Marielle.
Écrit par : Jacques Layani | 10/04/2007
Contente de retrouver ce billet.
La pièce de la Controverse est admirable servie par des acteurs de talent.
Un texte fort : mais cette Controverse, au cours de laquelle l'Église aurait reconnu que les Amérindiens avaient une âme, grâce à Las Casas, aurait "autorisé" l'esclavage des Noirs d'Afrique.
Écrit par : Rosa | 09/12/2008
Hélas oui.
Un bienfait est souvent suivi d'un malheur tout aussi grand.
Écrit par : Feuilly | 09/12/2008
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