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14/04/2009

Eloge du temps

Eloge du temps qui passe et qui grignote un peu plus notre vie, saison après saison ? Non, bien sûr, ce n’est pas de ce temps-là que je veux parler ici. Celui-là est mortifère et nous savons tous, en effet, qu’un certain nombre d’années nous est imparti et qu’il s’agit d’exploiter au mieux le peu qui nous est donné si nous voulons simplement « être » et avoir le temps d’affirmer ce que nous sommes (ou du moins tenter de le faire).

Ceci dit, nous ne connaissons pas le nombre exact de ces années, lequel varie d’un individu à l’autre, ce qui, finalement, fait ressembler notre existence à une loterie de mauvais goût et nous rend tous terriblement inégaux (les uns mourant à vingt ans quand d’autres finissent centenaires).

Mais laissons-là pour aujourd’hui ces considérations un peu morbides, j’aurai bien l’occasion d’y revenir une autre fois.

Non, le temps dont je voulais parler ici est un temps positif, celui que l’on se donne pour découvrir toute chose. Dans notre vie moderne et citadine, tout se fait en vitesse, depuis le petit déjeuner qu’on prend sur le pouce avant de s’engouffrer en courant dans un métro jusqu’au travail toujours plus performant que l’on accomplit sous l’œil inquisiteur d’un manager qui cherche à rentabiliser au maximum son personnel. La rapidité semble être devenue la qualité essentielle de notre société post-moderne.

Je suis toujours étonné (les rares fois où j’ai le temps de me promener à l’extérieur pendant mon temps de midi), de voir toutes ces personnes qui grignotent un sandwich en pleine rue, ne prenant même plus le temps de s’asseoir pour manger (ce qui arrange bien par ailleurs le vendeur de sandwiches, qui ne doit plus mettre une salle à la disposition de sa clientèle et qui se contente de vendre à même le trottoir un produit par ailleurs de mauvaise qualité).

Ce qui m’étonne aussi, c’est la solitude de ces gens pressés, qui ne regardent même plus les personnes qu’elles croisent et qui, forcément, ne parlent pas et ne dialoguent pas davantage. Quand je voulais faire l’éloge du temps, c’est de ce temps-là que je voulais parler. Celui que l’on se donne pour découvrir (l’autre, la nature, un sujet d’étude, etc.)

Je me souviens, enfant, de ces longues promenades dans les bois où il fallait attendre sous un arbre que cesse l’averse qui nous avait pris au dépourvu. J’entends encore le bruit des gouttes de pluie sur les feuilles et le grand silence qui nous entourait, impressionnant. Il n’y avait rien d’autre à faire qu’attendre que cesse la pluie, ce qui donnait le temps d’observer les alentours, où il ne se passait évidemment rien d’exceptionnel. Pourtant, petit à petit, mille choses venaient frapper mon esprit en éveil : le cri d’un oiseau indigné d’avoir été mouillé, le lent cheminement d’un escargot sur l’herbe humide, la senteur de la résine du pin contre lequel je m’appuyais, le cheminement d’une chenille en dessous d’une feuille, un craquement insolite dans le lointain, le bruit soudain et étonnant d’une tronçonneuse à l’autre bout de la forêt, signe que là-bas l’averse avait déjà cessé, le brouillard qui s’élevait des arbres mouillés, dans la chaleur du mois d’août, etc. Tout cela apprend à être patient et vous donne une philosophie de vie fondée sur l’observation.

Il en va de même dans les relations humaines. Je suis quelqu’un de lent, il me faut du temps, beaucoup de temps, pour accorder ma confiance à quelqu’un. Mais ce temps, précisément, il faut savoir se le donner, pour écouter l’autre, lire ses lettres, l’observer dans ses actions. Je ne suis pas de la génération SMS et m’étonne toujours de ces jeunes qui envoient message sur message (à qui ? Pour dire quoi ?) à des correspondants qui semblent aussi nombreux que superficiels. Nous vivons, paraît-il, dans une société de communication. Mais je crois que les lettres de madame de Sévigné permettaient une approche plus riche, plus exhaustive entre les deux protagonistes qui s’écrivaient que ces messages instantanés qui ne véhiculent aucun contenu. Certes, ces lettres classiques avaient le « défaut » d’être décalées par rapport à l’actualité et on n’apprenait un événement que trois ou quatre semaines après qu’il se fut produit, mais justement cela permettait de focaliser son attention sur la personne qui écrivait et non sur l’événement en lui-même, souvent futile par ailleurs. Ce n’est donc pas sur ce qui s’était passé que ces lettres donnaient des indications en premier, mais sur la manière dont le correspondant l’avait vécu et ressenti. Dès lors, son interlocuteur pouvait mieux percevoir sa personnalité et sa sensibilité, ses peurs et ses craintes aussi. Il se faisait donc de la personne une certaine idée qui collait au plus juste avec la réalité et ni la distance qui les séparait, ni le décalage temporel n’étaient finalement une entrave à une bonne compréhension de la personne.

L’avantage de nos sites et blogues respectifs, c’est qu’ils demandent justement du temps : du temps pour rédiger un billet, du temps pour commenter et du temps pour répondre. Rien de tout cela ne se fait en direct, dans la précipitation. Il en va de même pour les éventuels messages que nous nous envoyons les uns les autres. On espère toujours recevoir une réponse, mais on n’exige pas qu’elle soit rapide, car toujours il faut se donner le temps de la réflexion, la richesse même de la réponse en dépend.

Commentaires

Ce temps donné ne se perd pas, mais nous enrichit. Il n'est pas volé à l'écriture, il est l'écriture. Pas de fossé entre la littérature et la vie, les lettres de Madame de Sévigné en témoignent.
Merci pour cette réflexion que j'ai bien aimée. Natacha S.

Écrit par : Natacha | 14/04/2009

Quel luxe que le temps !

L'exemple de la pluie qui contre notre gré - et grâce à cela sans culpabilité - arrête notre course en avant est très parlant (et bien choisi). Quel bonheur alors d'avoir le loisir de ne rien faire et d'observer simplement le cours de la vie des autres :-)

Pour ce qui est de la communication, ne serait-ce pas tout simplement une question de génération, les jeunes étant à l'ère du zapping et de la vitesse ?

Écrit par : Cigale | 14/04/2009

Merci Natacha.
Une question de génération? Sans aucun doute Cigale, mais justement, est-ce bénéfique d'avoir tout misé sur la vitesse? Quand je vois les charpentes ou les meubles réalisés au XVII° ou XVIII° siècle par des artisans amoureux de leur métier et qui maîtrisaient à la perfection certaines techniques, je me dis que ces gens-là étaient peut-être plus heureux et qu'en tout cas ils savaient prendre le temps d'écouter.
Je n'ai pas spécialement une fascination sans borne pour le passé, mais tout de même, sur un plan strictement humain, je ne pense pas qu’on y ait gagné beaucoup d’être entré dans l’ère de la concurrence à tout prix, avec tout ce que cela implique.

Écrit par : Feuilly | 14/04/2009

Bonsoir Cher Feuilly,

Vos pensées sur le temps son écoulement, son usage, ses durées relatives, sa préciosité, son accélération, son assujettissement à la productivité, le gaspillage qu'en font certains me parlent et me renvoient à mes propres pensées.

Je suis, depuis que j'ai commencé pour le dernier tiers de ma vie mon travail artistique d'imagier et que parallèlement j'ai entrepris l'écriture, très attentif et sensible à mon rapport au temps et à celui qu'entretiennent mes contemporains proches et moins proches.

Mon temps de l'écriture est incompatible avec celui de la presque totalité des activités des gens qui m'entourent pour lesquels l'écriture est complètement étrangère, purement utilitaire et professionnelle. Le rapport au temps de l'écriture est incompréhensible pour presque la totalité de ceux qui m'entourent à part mes tout proches et mes amis écrivains.

Le temps du geste photographique et le temps de mon geste photographique font partie de toutes autres planètes temps à eux seuls. Je m'y sens aussi très seul dans ma planète temps photographique, malgré le partage de cette notion du temps avec des artistes qui travaillent dans le même sens que moi.

Le temps de la naissance des idées et le temps de la répétition et de l'exécution sont si différents, que parfois je m'y perds et j'exige au temps pour la naissance de l'idée le même temps que celui que j'exige pour une simple répétition... il s'en suit parfois un stress totalement inconvenant et improductif qui a pour effet d'augmenter encore le temps nécessaire à la gestation et à la naissance de l'idée nouvelle.

Le temps est semble-t-il une matière première assez rare et qu'il ne faut pas gaspiller, non pas au sens où l'entendent les gendarmes productivistes, mais les poètes et les artistes.

Contrairement à ce que beaucoup de mes contemporains proches pensent, l'artiste travaille aussi dans l'urgence, mais cette urgence n'est pas celle de la production, de la vente ou de l'exécution répétitive.

Cette urgence est liée à l'impérative réalité soit de la lumière, soit de l'écoulement du temps, soit de l'organisation de l'espace, soit de la plasticité de la matière, soit du flux de la naissance des idées sous l'effet de l'écriture ou de bien d'autres contingences encore.

Mon injonction préférée adressée à moi même ou à ceux que j'aime : Prends ton temps ! Prends tout ton temps !

Avec ma sympathie. Philip Seelen

Écrit par : Philip Seelen | 14/04/2009

Oui, Philip, la photographie a ceci de paradoxal qu'elle nécessite du temps (le temps pour flâner, à la recherche du paysage ou de l’objet à photographier, le temps de sentir l’ambiance d’un lieu, etc.) et en même temps, comme vous le dites, il faut savoir aller vite quand il le faut, car l’expression du personnage qu’on a cadré dans son viseur va s’estomper dans la seconde qui suit ou parce qu’un nuage va modifier la belle lumière qui éclairait un arbre ou un bâtiment.

Cette lenteur se retrouve dans l’écriture. Il faut d’abord s’imprégner de son sujet, puis, subitement, les mots viennent tout seuls et là on ne s‘arrête plus.

Écrit par : Feuilly | 14/04/2009

Très beau sujet, que tu abordes là...
Il en faudrait du temps et du temps pour dire tout ce que j'en pense.
L'image de la rue que tu donnes au début, je l'ai souvent vécue, dans les rues de Niort, entre midi et deux. Tous ces gens qui couraient derrière un sandwich frelaté ou une assiette de frites maculées de végétaline, aucun regard pour personne....
Affligeant tant s'asseoir à une table, commander, regarder une page du journal ou lire le petit livre que j'avais dans ma poche en attendant d'être servi, un petit ballon de rouge à mes côtés, laisser mon regard flâner dans le vide ou sur le vide des gens, tant tout ça était pour moi, vital....
Ce qui fait que, évidemment, j'étais toujours en déficit énorme au compteur du temps de travail (Système d'horaires variables avec pointeuse, c'est-à-dire le flicage présenté comme modernité d'auto-gestion de son temps))
Sale monde ! Oui, sale monde parce que les gens y sont sales, Feuilly ! Tous ces petits fonctionnaires besogneux préféraient sacrifier le plaisir de goûter, de regarder, d'échanger un mot avec le voisin de table ou le serveur, à l'avarice du temps gagné au travail.
Le monde n'a pas de logique autonome. Il est fait de gens qui le font ainsi...
J'en suis ressorti déprimé, abîmé, paumé de ce monde du travail.
Et puis, que je me disais, il y a je ne sais pas combien de millions de gens qui n'ont pas de boulot, qui en cherchent et les autres, petits privilégiés de l'aliénation quotidienne, qui n'ont même pas le temps de pisser décemment...
Ils n'avaient pas le temps de pisser décemment parce qu'ils avaient désappris à vivre avec leur corps. Mais le temps, ils l'avaient...Les heures avaient pour eux comme pour moi 60 minutes.
Et je le trouvais, moi, le temps.

Écrit par : Bertrand Redonnet | 15/04/2009

Disons qu’avec les rendements intensifs qui sont imposés partout (et les patrons eux-mêmes n’ont pas le choix, s’ils ne font pas cela, leur entreprise peut fermer dans l’année) ainsi que les compressions de personnel liées à la rentabilité font qu’il n’y aura bientôt plus qu’une minorité de la population qui trouvera encore du travail (mais en acceptant des rythmes parfois inhumains) tandis que les ¾ resteront sans emploi. Les premiers n’auront pas de temps, les seconds en auront, mais il sera vide et n’aura aucun sens.

A côté de l’horaire variable que tu cites, le management moderne a inventé mieux : on ne contrôle plus la présence, mais le résultat final. En soi, c’est logique, sauf quand on met la barre trop haut et que ce résultat est très difficile à atteindre. Je connais des personnes, plus lentes ou plus perfectionnistes, qui n’arrivent pas à suivre le rythme et qui en sont déjà à ramener du travail chez elles le samedi pour ne pas faire moins bien que leurs collègues et surtout pour ne pas être pénalisées et déclarées incompétentes.

Une autre trouvaille réside dans l’auto apprentissage. On invente une prime pour tous ceux qui réussiront un test sur une matière précise. L’employeur fourni les syllabi (pluriel de syllabus, non ?), à charge pour les employés d’assimiler tout cela pendant leurs loisirs. Le problème, c’est que le test ne porte finalement pas sur la matière étudiée ou qu’il s’en éloigne tellement que le taux de réussite ne dépasse pas les dix %. En attendant le personnel est devenu plus compétent mais n’en retire aucun avantage financier. Donc, si ces personnes avaient pu s’asseoir à midi pour manger leur sandwich, elles n’auraient pas pu rêver en regardant les gens passer, mais elles auraient eu le nez plongé dans leur syllabus.

Écrit par : Feuilly | 15/04/2009

J'ai aussi besoin de prendre mon temps pour me sentir en harmonie avec moi même.
J'ai du mal à trouver mes marques dans ce mode vie, dans cette époque de course contre la montre.
C'est pourquoi je refuse obstinément de parler par mns, ( il m'est arrivé de le faire , mais je n'aime pars ça ) ou par textos, je ne comprends pas ce nouveau langage qui ampute les mots, qui invente des abrégés pour aller de plus en plus vite ...
Mes amis(es) me disent toujours : tu t'es trompé de siècle en naissant en 1952 ..... Ils disent vrai .... Tout va trop vite, bien trop vite, nous ne prenons plus le temps de vivre .... J'essaie par tous mes moyens de ralentir le rythme , de m'inventer des petits moments où le temps semble se suspendre .... C'est dans ces moments là que je me sens moi même...La rêverie en fait partie...

Écrit par : Débla | 15/04/2009

La rêverie suppose du temps. Et que serait une vie sans rêverie?
Est-ce une perte de temps que de rêver? Non, plutôt une manière d'explorer tous les possibles et surtout une autre approche de la réalité, une intelligence "autre", qui permet de tout saisir par intuition.

Écrit par : Feuilly | 15/04/2009

Pas forcément du temps, la rêverie....
Si je fais la vaisselle, je pense à tout plein de choses, sauf à la vaisselle que je suis en train de faire...
D'où, quelquefois, de la casse...

Ou alors c'est une stratégie inconsciente pour en être dispensé (sourire).

Écrit par : Bertrand | 15/04/2009

Cette idée de lenteur est inscrite dans le nom-même de votre blogue. Et je me souviens de votre série de billets sur Rimbaud, où il en était aussi question. La marche, l'écriture, le temps, tout ceci va de pair.
Je n’ai jamais oublié le temps passé sur le Gaffiot, à chercher la possibilité d'un sens, à réfléchir à un cas, à un autre. Il suffisait parfois de marcher en effet, de mettre le corps en mouvement, pour que soudain une compréhension de la phrase à traduire se mette en place. Nous étions loin des SMS... J'évoque ceci à cause de ce que vous dites des lettres classiques. Un bon apprentissage du temps, dans tous les sens du terme, en effet.
Si dans les villes, les gens sont si pressés, n'est-ce pas aussi à cause du bruit ? Pour goûter la lenteur, il faut le silence nécessaire à sa perception. Le boucan fragmente le temps, donne l'impression qu'il passe vite. C'est d'ailleurs le principe du tic-tac de l'horloge. Illusion à laquelle il est difficile de résister quand on est dans la marmite. D'autant plus que le tic-tac avait, lui, l'avantage d'être monotone. Ce qui l'a remplacé dans la société (musique, infos, + bruit des machines...) et qui tente de divertir ne fait qu'exciter davantage les esprits.
Et puis je crois enfin que pour aimer "le temps lent", le silence, il faut aimer la solitude. Or, tout a été fait pour que les hommes et les femmes la désapprennent. Voire la haïssent. Alors qu'elle est si bonne conseillère.

Écrit par : solko | 15/04/2009

Le nom-même de mon blogue ? Attention, Solko, il y a confusion. Même si j’adore la marche et si celle-ci suppose en effet un certain rapport privilégié au temps, le mot « marche », dans l’intitulé de mon blogue, est à prendre au sens premier, tel qu’on le trouve dans la Chanson de Roland. Il désigne la province frontière d’un empire et est issu du francique « marka » signifiant précisément « frontière ». De là, le mot a désigné les districts militaires établis pour lutter contre les invasions barbares (les marches de Lorraine, par exemple) et de là encore, par extension, la zone périphérique d’un état, au voisinage d’un pays ennemi. Roland, le neveu de Charlemagne, était comte de la marche de Bretagne.

Le terme « marche », dans son sens classique, est un déverbal de « marcher » lequel vient lui aussi du francique, mais de « markon », signifiant « marquer, imprimer » (comme l’emprunte de pas que le promeneur laisse dans la boue).

Par contre, dans les billets sur Rimbaud, il s’agissait bien de la marche au sens classique, puisqu’on parlait du poète aux semelles de vent.

Le Gaffiot et tous les dictionnaires en général, m’ont toujours fait rêver. Enfant je les feuilletais pendant des heures (les images du petit Larousse) et cela n’a pas changé. Ne jamais ouvrir le Robert historique si l’on est pressé car un article renvoie à un autre, lequel renvoie à un troisième et ainsi de suite. Fascinant !

Les lettres classiques étaient elles aussi un excellent apprentissage et demandaient du temps, celui de la recherche et de la réflexion, ne serait-ce que sur l’ensemble des possibles (est-ce un datif ou un ablatif ?). Traduire un texte latin, c’est une promenade sur le chemin des possibles.

Et c’est vrai que la lenteur suppose le calme, comme dans mon exemple de l’averse de pluie. Car s’il y a bruit, il a déjà agitation. Je me souviens de ce temps de la campagne où le temps était géré par l’horloge de l’église, qui marquait imperturbablement les heures dans le grand silence qui régnait là par ailleurs.

La solitude ? Elle est mal vue, en effet. Pourtant il n’y a jamais eu autant de personnes seules (célibataires, divorcés, veuves, etc.) mais cette solitude-là est angoissante et mortifère. La vraie solitude positive est celle que l’on choisit soi-même.

Écrit par : Feuilly | 15/04/2009

Quand j’étais adolescent, je me disais parfois « je fais telle chose pour tuer le temps ». Je ne me rendais pas compte que c’était un privilège que d’avoir du temps à tuer. Et puis la technologie a bouleversé nos habitudes et le temps s’est rétréci et il est devenu insaisissable. Cette impression s’est généralisée et a atteint toutes les générations, puisque mes enfants, tout comme moi, ne maitrisent pas leur temps et ne connaissent pas « Celui que l’on se donne pour découvrir (l’autre, la nature, un sujet d’étude, etc.) » Je pense que cette situation est irréversible et, comme dit ma concierge, il faut faire avec….

Écrit par : Halagu | 15/04/2009

Sauf qu'on peut quand même décider de s'arrêter de temps à autre et rédiger cette note, par exemple, ou prendre la peine d'écrire un message à quelqu'un.

Écrit par : Feuilly | 15/04/2009

Je suis très sensible à cette idée que le temps consacré à ce qui nous est vital, à ce qui nous est le plus personnel, est un temps incompatible avec l'attention immédiate aux autres, même si ces autres sont au coeur de ce que nous faisons.

Et quelle difficulté croissante pour parvenir à ce que le temps qu'on prend, contienne tout ce que l'on voudrait qu'il contienne. Le choix (forcément exclusif) est parfois si frustrant qu'on en arriverait presque à la situation de l'âne de Buridan, qui mourait de faim en tentant de choisir entre deux bottes de foin.

Écrit par : michèle pambrun | 15/04/2009

Le temps consacré à ce qui nous est vital, à ce qui nous est le plus personnel : Ca c’est encore autre chose, c’est un temps que je qualifierais d’intérieur, un temps que l’on se consacre à soi-même (lecture, réflexion, introspection) et qui, en effet, est un peu incompatible avec l’attention que l’on porte aux autres. Dans ma note je parlais simplement de se donner du temps pour regarder, observer, flâner, rêver. Il s’agit alors d’une activité tournée vers soi-même, certes, mais aussi vers l’extérieur, vers les autres.

L’écriture, par contre, par la plongée en soi-même qu’elle implique, appartient à ce temps personnel dont tu parles, Michèle.

Quant aux choix auxquels il faut se résoudre car on n’a pas le temps de tout faire, on sait qu’il est souvent douloureux. Comme pour tous ces livres qu’on ne lira jamais…

Écrit par : Feuilly | 16/04/2009

Quand t'auras lu Zozo, t'auras tout lu, tu verras...(sourire modeste bien sûr)

Écrit par : Bertrand | 16/04/2009

Le mouvement parfois me rassure, me donne l’impression d’avancer, d’en finir enfin avec la journée. J’ai une vision verticale du temps, mes journées sont souvent et hélas fragmentées, chronométrées, puisque la nécessité m’y oblige.
Je ne prends pas le temps au sérieux, le temps qu’il faudrait, je l’admets . Vivre vite ne me procure pas, toutefois, l’illusion de vivre intensément. L’impatience des autres ( et la mienne aussi je l’avoue) en plus de la notion d’efficacité sont des poids, des charges, des devoirs selon…une pollution visible et sonore.
Par contre, du vendredi soir au dimanche, je fais en sorte de changer de « point de vue » . Je tente de vivre au jour le jour, m’attarde sur l’horizon tente de capter et reconnaître le « tant », les bons moments, et si j’ai de la chance parfois ce sont des instants beaux . Des extras fixés sur ma vie ordinaire.

Écrit par : ellesurlalune | 16/04/2009

"en finir enfin avec la journée" Serait-ce une corvée, cette journée? Dommage.

Et puis vivre vite ne vous procure pas "l’illusion de vivre intensément", vous le dites vous-même. Mais vous connaissez la cause de tout cela: nécessité et efficacité. C'est ce que je faisais remarquer ici, en fait: nous sommes tous plus ou moins victimes d'un système. Il importe donc de savoir casser ce rythme infernal de temps à autre.

Écrit par : Feuilly | 17/04/2009

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