17/09/2007
Utopie sociale?
On a souvent contesté les arguments avancés par les criminels nazis, lesquels se défendaient en disant qu’ils n’avaient fait qu’obéir aux ordres. Au regard des atrocités commises par le régime de Hitler, une telle ligne de défense nous semble bien fragile. Il nous paraît évident, en effet, que ces gens devaient se révolter et désobéir ou en tout cas mettre tout en œuvre pour limiter au maximum l’application d’ordres aussi injustes.
A y réfléchir d’un peu plus près, cependant, on se rend compte que cette attitude de désobéissance civile n’est pas aussi facile qu’on le croit à mettre en place. Certes, avec le recul historique qui est le nôtre, il nous semble évident qu’il aurait fallu faire ceci ou ne pas faire cela. Pourtant, de nos jours, même si beaucoup constatent que le monde dans lequel ils vivent n’évolue pas dans la bonne direction, les décisions politiques étant uniquement prises en fonction des thèses économiques néolibérales à la mode, peu de personnes osent une critique ouverte de la situation. Quant aux quelques courageux qui s’aventurent dans cette voie de la contestation, ils sont rapidement diabolisés, un peu comme l’étaient autrefois aux Etats-Unis les gens soucieux de justice sociale, qui étaient aussitôt catalogués de communistes.
Ainsi en va-t-il des alter mondialistes, qu’on présente facilement comme des doux rêveurs. Une bande d’illuminés en quelque sorte, qui ne parviennent même pas à se mettre d’accord entre eux.
Ainsi en va-t-il également des tenants d’une culture anti-OGN. Des bandits, finalement, qui saccagent des champs pourtant cultivés avec toutes les autorisations voulues et qui refusent finalement le progrès de la science. Des attardés, en quelque sorte, qui luttent à contre-courant pour une agriculture dépassée.
Ainsi en va-t-il encore des opposants au néolibéralisme ambiant. Des attardés eux aussi, qui ne comprennent pas que la France va rater le train du XXI° siècle si elle veut s’accrocher à un état social désuet. Car celui-ci est définitivement mort, étant impossible à financer. Seuls s’en sortiront les pays (et les individus) qui iront de l’avant, osant prendre des risques et récoltant les fruits mérités de leur travail. Assez de tous ces fainéants qui veulent profiter de la société et qui voudraient qu’on leur rembourse leurs médicaments alors qu’ils ont eu le toupet de tomber malade.
Pourtant, quand on reprend ces trois groupes d’opposition, on se rend compte :
Que les alter mondialistes, s’ils sont parfois inconséquents, ont cependant en commun de ne pas vouloir d’une société qui mise tout sur le profit, ce qui est un point de vue légitime.
Que les faucheurs d’ONG sont peut-être fous, mais qu’aucun scientifique n’a pu leur donner une réponse satisfaisante quant à la nocivité ou non de ces nouvelles plantes.
Que les frondeurs anti-libéraux ne font que réclamer un peu de dignité pour les hommes (et les femmes bien entendu) et que réduire en esclavage 90% d’une population pour que les 10% qui restent s’enrichissent scandaleusement ne peut être acceptable sur le plan de l’éthique. Sans compter qu’il n’est pas si sûr que l’Etat social ne puisse perdurer. Plutôt que de faire des dépenses excessives et de tout privatiser (ce qui appauvrit l’Etat à moyen terme en le privant de pas mal de recettes), il conviendrait plutôt de constituer des fonds de pensions ou de sécurité sociale. Evidemment, à partir du moment où on veut qu’une firme privée fasse 100% de bénéfice et qu’elle ne paie plus d’impôts (afin de rester concurrentielle nous dit-on, ce qui apporte de l’eau au moulin des alter mondialistes qui ne veulent pas précisément de cette course à la concurrence) alors il est clair que l’Etat n’a plus d’argent à redistribuer à ses citoyens (sauf ce qu’il aura prélevé sur le salaire de ces mêmes citoyens ou bien en leur imposant une TVA dite sociale).
Le paradoxe ; c’est que l’Union européenne a tout fait pour permettre aux firmes de se délocaliser ou de s’implanter ailleurs (libre circulation des personnes et des biens) et puis après, devant cet état de fait, elle nous dit qu’il faut accepter des baisses de salaires et des horaires accrus sinon on verra ces mêmes firmes quitter notre beau pays. Elle oublie de dire que c’est elle qui a fortement contribué à légaliser la situation actuelle. Avant les syndicats pouvaient encore contraindre un patron à négocier. Aujourd’hui ce n’est plus possible. Où sont les perdants ? Ce sont ceux qui ont dit non au référendum sur l’Europe. Et ce sont les mêmes qui ont voté pour l’ami Sarkozy. Comprenne qui pourra.
15:41 Publié dans Actualité et société | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Tenez, à propos d"Europe et de ses choix magnifiques :
http://lexildesmots@hautetfort.com
Écrit par : Redonnet | 18/09/2007
Je me suis évidemment planté dans l'URL
http://lexildesmots.hautetfort.com/
Écrit par : redonnet | 18/09/2007
Oui, oui, je l'avais déjà lu.
Quant à l'ami Sarkozy, il devient plus agressif que Bush lui-même, en demandant à Kouchner de menacer l'Iran. Il est clair qu'il cherche avant tout à se mettre en avant (et à défendre Israël, bien entendu). L'Iran était étonné d'une telle position qui ne correspondait pas à l'attitude habituelle de la France au Moyen-Orient.
Écrit par : Feuilly | 18/09/2007
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